La légitimité de la fonction royale et sa finalité

La fonction royale : fondements, finalité

Dès la fin du VIIe des théoriciens se sont penchés sur la notion de la fonction royale en étudiant d’une part ce qu’elle représentait et d’autre part les manifestations de cette fonction.
Continuité jusqu’au Xe et du Xe au XIIe véritable creux dans les théories politiques.

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  • 1. Les fondements de la fonction royale

On réfléchit sur la manière dont les contemporains se représentaient la royauté et la personne du roi.
Ce n’est plus le sacre qui fait le roi mais il contribue à légitimer le roi. Pour être légitime, le roi se doit de posséder un certain nombre de vertus, indispensables à l’idéal du bon prince.

A. Le sacre

Le sacre est étroitement lié à la question du régime politique. Il est propre à la monarchie. A la fin du MA et au début de l’époque moderne, la grande majorité des contemporains sont d’accords sur la forme que doit recouvrir le régime politique. La monarchie est largement plébiscitée.
En Italie à cette époque il existe deux types de régimes : la Res publica de Venise (régime politique oligarchique). Dante, penseur italien, livre ses conceptions politiques dans l’ouvrage De monarchia. Il plaide pour une monarchie universelle qui reviendrait au peuple romain et serait représentée par un empereur et qui serait indépendante du pape : « Ce qui peut être fait par un seul est mieux fait par un seul que par plusieurs. »
La justification de la monarchie va reposer sur une présentation organique de l’Etat, que les théoriciens assimilent à un corps. Ce corps possède une tête, le roi. Les membres représentent le peuple.
Le royaume se doit de n’être gouverné que par une seule personne, le roi.
Ces conceptions politiques sont élaborées au VIIe.
Isidore de Séville, évêque de l’Espagne de Séville, développe déjà ce type de conception. Pour lui « il n’est pas de puissance qui souffre le partage » ; il oppose très fréquemment le gouvernement droit, juste, qu’il nomme la monarquia, au gouvernement dévoyé, mauvais, la tyrannie. La philosophie politique d’Isidore répugne à un partage du pouvoir, parce que celui ci n’est pas conforme à l’unicité divine.
La pensée chrétienne a imprimé sa marque sur le pouvoir politique. Le pouvoir royal a l’aspect d’un officium = fonction dont la finalité est de réaliser dans l’ordre terrestre un ordre politique directement inspiré des principes divins.
C’est par la cérémonie du sacre que le roi est investi de sa fonction royale. La cérémonie fait du roi un mandataire divin dans le but d’assurer le bien commun, l’utilité commune.
Ce n’est plus le sacre qui fait le roi, c’est l’hérédité dynastique s’est imposée. Jean Bodin au XVIe affirme que « le roi ne laisse pas d’être roi sans le couronnement et la consécration », c’est à dire que le roi n’a pas besoin du sacre pour être roi. Cela soustrait le roi de l’influence des clercs et des évêques.
Le sacre continue cependant d’avoir un prestige tout à fait particulier, qui confère l’autorité à chaque roi sacré, autorité qui place le roi au dessus de la communauté des hommes. Le sacre n’est pas une cérémonie purement ornementale, tout au long de l’époque moderne, les théoriciens et même la population du royaume continuent de penser que la source première et ultime du pouvoir est en Dieu.
A l’appui de cette affirmation, les théologiens vont affirmer qu’il n’est de pouvoir qui ne vienne de Dieu (Saint Paul Epitre aux Romains 13,1). Il est une question que ne règlent pas les textes : à qui s’adresse cette délégation divine et quelle est son étendue ? Cette question va diviser le roi et l’Eglise puisque l’un comme l’autre se déclare investi directement par Dieu, ce qui va conduire à de très nombreux conflits.
Pour essayer d’affirmer la prééminence du roi de France sur le pape et les évêques, les légistes royaux vont modifier progressivement la cérémonie du sacre pour y incorporer de nouveaux rituels.



Le développement de la cérémonie :

C’est sous le règne de Charles V que la cérémonie du sacre va revêtir une nouvelle apparence. Les légistes vont compléter et préciser l’organisation de la cérémonie, ils vont modifier l’ancien ordo qui remontait à l’époque de St Louis.
Le roi Charles V veut une cérémonie plus éclatante, et les légistes vont chercher à accentuer le rapprochement entre le sacre royal et la consécration épiscopale, dans le but d’affirmer la prééminence royale.
On va voir apparaît en 1374 pour la première fois un traité du sacre sous la plume de Jean Golein. Un autre traité sera rédigé par Jean Foucqart en 1478.
La cérémonie du sacre se déroule désormais en trois temps : la première étape consiste dans le serment par lequel le roi s’engage à l’égard de son peuple mais également de l’Eglise à protéger et à faire régner la paix et la justice. A partir du règne de Charles V le roi s’engage à respecter le principe de l’inaliénabilité du domaine de la couronne. La deuxième étape consiste dans l’onction et la bénédiction des insignes royaux : l’onction se fait sur la tête du roi au moyen du saint chrême et sur les mains. La dernière étape consiste dans le couronnement du roi.
Lorsque le roi s’engage à ne pas aliéner des parties de son domaine, il se donne en contrepartie le droit de punir, de poursuivre, ceux qui auraient été tentés de porter atteinte aux droits du domaine de la couronne. Le serment du sacre finalement donnait la possibilité au roi de révoquer les aliénations, même très anciennes. Le sacre transforme le pouvoir royal et contribue dans le même temps à le renforcer.
C’est sous Charles V que la liturgie du scare est établie définitivement. La cérémonie apporte une dimension sacramentelle au roi, elle contribue à le purifier et à le sanctifier. Le sacre fait du roi le représentant de Dieu sur Terre. On va parler du roi comme d’un vicaire de Dieu. Ce vicariat va faire du roi de France un des héritiers des rois de l’Ancien Testament.
Le roi a deux corps : la personne du roi se dédouble et à coté du corps charnel, mortel, au moment du sacre nait un autre corps mystique, allégorique, qui participe de la royauté divine du christ et donne au roi une mission proche de celle du christ ; c’est le salut des hommes.
Le roi est à l’image de Dieu : il a deux natures, une d’ordre divin pour l’éternité qui était ointe et qui retourne à Dieu après avoir accompli sa mission, et une humaine qui a pris naissance dans le corps du roi.
Les théologiens élaborent cette notion de corps mystique qui passe d’un individu à un autre sans être aliéné. Chaque roi participe donc du même corps mystique, ce qui permet de justifier la notion de continuité.
Ces réflexions ont un retentissement au sein de la population.
Les populations reconnaissent cette puissance mystique de roi, et c’est ce qui lui donne sa légitimité. Les développements des théologiens renforcent l’idée que le peuple se fait de la puissance sacrale des rois de la dynastie capétienne. La puissance thaumaturge des rois nait dans l’imaginaire populaire dès le début du XIIe sous les règnes de Philippe 1er et de Louis VI.
Idée que l’onction apporte au roi un pouvoir de guérison. Dans l’imaginaire paysan on pense que ces facultés de guérison relèvent d’un pouvoir magique dont les rois au moment de mourir se transmettent la formule de manière secrète. Ce pouvoir de guérison attire vers la personne royale les dévotions populaires.
A l’origine il y a de très fortes croyances qui confèrent au roi une sacralité païenne, sacralité que les théologiens vont essayer de christianiser et on va attribuer au sacre un certain nombre de vertus dont le roi va s’emparer, et notamment une vertu de guérison d’une maladie particulière qui entrainait une stérilité.
Cette légitimité populaire est extrêmement importante, et la cérémonie du sacre a cette finalité de faire adhérer les sujets à la fonction royale.
A la fin du Moyen-Age, Charles V est le premier à déclarer que s’il peut guérir les écrouelles par le simple toucher c’est grâce à l’onction.
En marge de la cérémonie du sacre des festivités sont organisées par la royauté pour le peuple : occasion pour le roi d’obtenir l’adhésion de ses sujets. Au fondement religieux de son pouvoir le roi va ajouter une légitimité populaire liée au soutien de la masse de ses sujets. Cet enracinement populaire va contribuer à son autorité.

B. Les vertus royales

Le sacre confère au roi une prééminence sur les autres hommes. Encore faut-il que le comportement du roi soit à la hauteur de la mission qui lui a été confiée.
Dès le XIIIe on voit souffrir un certain nombre d’ouvrages destinés à instruire le roi sur le chemin de la vertu ; ce genre littéraire prend le nom de miroir des princes. Ces miroirs des princes remontent à l’époque carolingienne.
C’est à partir du règne de Philippe Auguste qu’on va commencer à rappeler au roi les qualités du bon prince. Le genre du miroir va connaître une explosion et va être particulièrement destiné aux rois. Dans ces miroirs des princes on va esquisser une image que les rois doivent tenter d’imiter pour l’offrir comme modèle aux autres. Toute une littérature va naitre visant à réfléchir sur le pouvoir royal. Nombreux sont les auteurs qui vont tenter de donner une image idéale de la fonction royale.
Les théoriciens du roi vont comprendre l’intérêt de ce mouvement et vont alors s’employer à diffuser des œuvres faisant état des vertus du bon prince de manière à façonner l’idéologie royale.

1. Les miroirs des princes

Au XIIIe les auteurs des miroirs sont des ecclésiastiques et on retrouve dans leurs récits les conceptions chrétiennes du pouvoir. Le pouvoir du roi sur les hommes est lié au pêché originel et le roi n’obtient sa légitimité que parce que la fonction royale a pour finalité élevée de préparer les hommes au salut. Le roi doit donc accompagner les hommes à la rédemption en corrigeant les mauvais et en aidant les bons. Le roi ne peut accomplir cette tache qu’en ayant une attitude exemplaire.
Chez tous ces auteurs la fonction de correction du roi est intimement liée à sa conduite personnelle
A partir de la fin du XIIIe et du début du XIVe les auteurs des miroirs vont apporter de nouvelles réflexions, fruits des préoccupations de l’époque. Ces nouvelles réflexions vont prendre en compte les réalités politiques et même la dimension administrative de la gestion du royaume. Progressivement ces œuvres vont mettre en avant les particularités de la royauté capétienne de manière à la distinguer des autres royautés et à l’intégrer dans une dimension nationale.
Vincent de Beauvais (1263) donne une conception organique de la res publica. Volonté de renforcer la fonction royale mais aussi de s’ouvrir aux réalités administratives de l’époque et d’intégrer dans ce corps toutes les composantes de la res publica.
En 1277 Gilles de Rome va aller beaucoup plus loin en intégrant à son œuvre les principes de la philosophie politique d’Aristote. Il écrit pour le futur roi Philippe IV le Bel dont il est le récepteur et apporte une dimension tout à fait nouvelle à la fonction royale. Les théologiens vont s’emparer de l’œuvre d’Aristote et vont y puiser des idées essentielles, parmi lesquelles celle que l’homme est naturellement fait pour le bonheur mais qu’il ne peut y aspirer qu’en pratiquant la vertu, le bien. Il ne s’agit pas d’un bonheur individualiste mais d’un bonheur qui est le résultat d’une pratique du bien, et Aristote considère que l’homme est par nature appelé à vivre en communauté, qu’il ne peut réaliser sa perfection que parmi ses semblables. La communauté par excellence est la cité, préfiguration de l’Etat, qui répond à deux aspirations profondes : la vie en commun et la recherche du bien commun puisque selon Aristote « c’est le bien suprême entre tous que vise la communauté qui est la plus éminente de toutes ». La cité n’est pas le résultat d’un pacte puisqu’elle est inscrite dans un ordre naturel auquel l’homme obéit pour se réaliser.
A partir de la redécouverte d’Aristote, les théoriciens ne vont plus seulement penser l’Etat à partir de ceux qui gouvernent mais en tenant compte aussi des gouvernés. En fait, selon les conceptions aristotéliciennes il ne faut pas entendre la cité comme assurant le bien parfait des citoyens à la manière individualiste et moderne ; Aristote identifie le bonheur à la vertu, qui ne peut être atteinte que par une vie noble, par l’activité de l’intelligence et par la sagesse équilibrée d’une vie contemplative. Cette vie noble, ces vertus, sont faites pour la cité. Selon Aristote il faut de bons citoyens pour que la cité soit bonne, et non une bonne cité pour avoir de bons citoyens.
Désormais de nombreux traités en dehors des miroirs des princes vont exprimer une pensée construite sur le politique et ces nouveaux ouvrages vont être davantage axés sur des considérations de pratique politique que sur des considérations visant à rappeler au prince les vertus personnelles qu’il doit avoir en lui.
Les crises et les conflits qui émaillent les XIVe et XVe siècles vont donner lieu à toute une littérature de propagande qui va atteindre son apogée dans l’ouvrage d’Evrard de Tremaugon. Dans son ouvrage, une perfection logique est atteinte.
Au lendemain du règne de Charles V les œuvres éthiques et morales vont renaitre quelque peu avec tous les grands sermons prononcés devant le roi.

2. Le contenu des vertus royales

Chronologiquement, les première qualités mises en place par les théoriciens du pouvoir royal sont des qualités personnelles : le roi doit se distinguer par son comportement vertueux, sa sagesse et ses bonnes œuvres. Le comportement du prince doit donc être exemplaire au regard des principes chrétiens.
A partir du XIVe, les auteurs insistent aussi sur la nécessité pour le prince d’avoir eu une formation intellectuelle lui permettant de faire face à la complexité de plus en plus grande de la gestion du royaume. On ne recommande donc plus seulement au roi la lecture des livres saints, mais aussi les auteurs latins, toute une série de livres d’histoires, l’histoire romaine. En fait, les lectures du futur roi sont de plus en plus orientées vers l’acquisition d’un savoir et d’une sagesse pratiques.
La formation du roi est de plus en plus tournée vers la prudencia, vertu de discernement permettant à celui qui la détient d’agir en pleine connaissance de cause et de choisir ainsi la meilleure voie pour parvenir à ses fins.
A la fin du XIVe, la doctrine va commencer à séparer le roi des autres laïques en faisant du roi un prélat, un clerc, bras droit de l’Eglise et premier du royaume après le pape. Vers 1390 Jean Gerson écrit que le roi de France est très chrétien ; il utilise pour se faire le superlatif latin « christianissimus ».
Celui-ci va devenir un titre du roi de France et ce qualificatif est conféré au roi de France et à lui seul.
Une idéologie royale se met en place, tendant à relier la dynastie des capétiens Valois aux anciennes dynasties françaises. C’est à ce moment là que l’on va élaborer l’idée selon laquelle en se convertissant Clovis a fait de la France « la fille ainée de l’Eglise ». On va présenter la France comme la terre où la foi catholique est la plus ancienne. Cette ancienneté va faire dire aux théologiens royaux que la foi en France est plus parfaite et plus pure qu’ailleurs.
Cette construction de la France comme fille ainée de l’Eglise va apporter l’idée que le sacre témoigne du caractère surnaturel de la royauté capétienne, et c’est ce surnaturel qui permet au roi d’arborer ce titre de très chrétien.
Au Moyen-âge la légende n’est pas considérée comme suspicion : c’est « ce qui doit être lu ». La légende contribue pour les médiévaux à éclairer la réalité.

  • 2. Les finalités de la fonction royale

La finalité du pouvoir a toujours été identifiée à l’utilité commune. Celle ci ne passe plus seulement par la justice et la paix, elle commence à s’occuper du bien être de ses sujets.
œuvres de Christine de Pisan fait état de cette nouvelle finalité du pouvoir (garantisse une bonne vie, un bien être matériel) les obligations qui incombent au roi du fait de sa fonction royale procèdent du serment du sacre, que le roi prononce dans le cadre de la cérémonie, avant l’onction, et après la cérémonie dans la cathédrale de paris lorsque le roi revient de son sacre à Reims.
Deux élément principaux de ces obligations : défense de l’Eglise et justice.

A. La défense de l’Eglise

Le roi s’engage à procurer la paix aux églises du royaume, à maintenir les privilèges canoniques et à faire respecter le catholicisme en tout lieu, ce qui revient à promettre de chasser les hérétiques du royaume.
Cette obligation d’œuvrer pour le bien et la défense de l’Eglise fait parti des fins de la fonction royale dès l’époque carolingienne, à partir du moment où le sacre fait son apparition.
Cette obligation prend de l’ampleur du fait des relations conflictuelles opposant le roi de France au pape. A partir du XIVe défendre l’Eglise de France revient à protéger les libertés de cette même Eglise et à rétablir les droits de l’Eglise de France contre les empiètements du siège édifical, jugés excessifs par la royauté et les évêques de France.
A partir du XIVe, crise majeure en Occident : grand schisme 1378-1417.
Cette crise survient en pleine guerre de cent ans et résulte d’une certaine manière de la transformation du système féodal en France vers une souveraineté du roi de France. La crise trouve son origine un siècle auparavant : conflit opposant le roi Philippe IV le Bel et le pape. Ce conflit va se résoudre en apparence au bénéfice du roi mais il aura des répercussions.
Ce grand schisme est aussi une crise profonde de la pensée religieuse – plusieurs papes sont élus en même temps, l’un à Rome et l’autre en Avignon. Ces élections multiples et successives divisent la chrétienté et l’Eglise va s’en trouver considérablement affaiblie. A partir de 1406 l’Eglise de France va revendiquer le rétablissement de ses anciennes libertés et demander à être sous l’autorité du roi et pas sous celle de pape. Dans le cadre de ce grand schisme le rôle du roi va être de protéger l’Eglise de France pour freiner les empiètements de Rome sur l’organisation ecclésiastique de la France.
A partir de la fin du XIIIe il est acquis que le roi de France doit agir dans le domaine ecclésiastique et spirituel.

B. La fonction de justice

Cette finalité de la fonction royale est très ancienne : on trouve son origine dans la tradition vétérotestamentaire (relative à l’Ancien testament). La prérogative de faire régner la justice appartenait au roi : juger était perçu comme une fonction divine confiée au roi le jour de son sacre. Cette fonction était symbolisée par la main de justice que le roi tenait dans la main gauche. C’était en fait un signe davidique évoquant le deuxième roi d’Israël, David, dont le nom voulait dire ‘main forte’. Cet emblème a été repris par les carolingiens pour souligner que le roi carolingien était un nouveau David. Le roi était aux yeux de ses sujets le juge suprême chargé de dispenser la paix et l’équité. Sur quelques représentations royales de la fin du MA, le roi est présenté en majesté et tient dans la main gauche le spectre davidique alors que les féodaux sont représentés en posture guerrière : le roi se doit donc d’être avant tout un justicier.
Du déclin de la royauté jusqu’aux premiers temps du renouveau royal, la justice royale est concurrencée par d’autres justices (seigneuriales, ecclésiastiques, municipales), qui exercent une part de cette justice auparavant incombée uniquement au roi.
L’idée que ces juridictions secondaires tiennent leurs prérogatives du roi commence peu à peu à s’imposer. Autour de 1260, on affirme l’autorité du roi sur tous les sujets de son royaume et on peut lire dans un recueil de coutume que « tous sont sous la main du roi ».
Quelques années plus tard en 1283 Philippe de Beaumanoir alors qu’il met par écrit les coutumes de Beauvaisis affirme que le roi a la générale garde de tout son royaume : le roi du fait de son autorité contrôle les autres puissances tout particulièrement en matière judiciaire. Le roi détient donc la prérogative royale de faire la justice.
Ces théories s’appuient sur le renouveau juridique. La justice royale connaît un véritable essor. Cet engouement pour la justice royale va entrainer a mise en place de nouveaux moyens qui vont permettre à la justice royale de subordonner les justices seigneuriales.
Au tout début du XVIIe cette conception de la justice sera reprise par le juriste Loysel sous forme d’un adage « Toute justice émane du roi ». Ainsi sera affirmée la prééminence du roi en matière de justice, et au XVIIe cette figure de roi justicier sera totalement affirmée.
Les trois derniers siècles du MA sont l’époque à laquelle se dessine une nouvelle vision de la puissance royale envisagée dans sa permanence et incarnée par le roi qui en est le dépositaire. Cette conception d’une puissance prééminente placée entre les mains du roi annonce l’avènement de l’Etat ; à partir du XVIe on va présenter l’Etat incarné par le roi comme l’unique puissance habilitée à sanctionner mais également à émettre des ordres, à administrer le royaume et on va évoquer le fait que le roi doit administrer le royaume dans l’intérêt commun, général, et cet intérêt passe par la maitrise de la justice afin d’assurer au peuple la paix, l’équité et la prospérité.