Le circuit économique

Le circuit économique.

La schématisation de l’activité économique à l’aide d’un circuit se fait en trois étapes par ordre de difficulté croissante. Un circuit économique est la représentation schématique d’une activité économique entre différents acteurs. Cette activité est représentée par les flux d’échanges entre ces acteurs. Ces flux sont soient réels ou monétaires.

§1) Une économie à deux agents.

Les agents considérés sont les entreprises et les ménages. Deux hypothèses sont successivement traitées. Dans la première les ménages consomment tout leur revenu. Dans la seconde ils constituent une épargne.

A )Les ménages consomment tout leur revenu.

Considérons une économie dans laquelle les ménages consomment tout ce qu’ils gagnent et les entreprises versent sous forme de revenus la totalité de la valeur de leur production.

Dans le cas présent, on va considérer que les entreprises produisent et vendent des biens et des services (pain, voyages touristiques…) pour un montant de 1000 euros.

Cette production représente un flux réel de biens et services.

Les ménages achètent ces biens et services grâce aux revenus de 1000 euros versés par les entreprises. Ces achats sont appelés dépenses de consommations ou demande de consommation ; ils constituent un flux monétaire.

Pour produire des biens de consommation d’une valeur de 1000, les entreprises ont besoin de facteurs de production (le travail seulement dans cet exemple). Les ménages vendent leur force de travail en contrepartie d’un revenu de 1000 qui leur permet de consommer pour le même montant. La vente de la force de travail est un flux réel ; le revenu perçu est un flux monétaire.

Compte tenu des hypothèses retenues (les ménages consomment tout leur revenu ; les entreprises versent sous forme de salaires la totalité de la valeur de production) on a les égalités suivantes :

Revenu = Y = Valeur du travail fourni,

= Production de biens et services,

= Dépenses de consommation : C.

On peut donc écrire :

Y = C

Production = Consommation

Revenu = Consommation

Et par déduction logique :

Production = Revenu.

Le circuit des échanges peut donc être appréhendé sous deux optiques différentes : celle de la production et celle du revenu.

L’optique de la production ou du produit ne prend en considération que les flux réels.

Production (offre de biens et services) = Valeur des facteurs (offre des facteurs).

L’optique du revenu ne prend en considération que les flux monétaires.

Revenu = Dépenses de consommation

La consommation, telle qu’elle vient d’être présentée est une consommation finale : elle concerne des biens et des services vendus sur un marché, mais qui ne font pas l’objet d’une revente. Il existe une autre notion que l’on appelle, la consommation intermédiaire qui représente un bien qui va être utilisé pour un autre bien.

B) L’épargne et l’investissement.

Supposons maintenant que les ménages ne dépensent pas tout leur revenu. Par définition, en économie, ce qui n’est pas consommé constitue l’épargne :

Epargne = Non consommation.

Que font les ménages de cette épargne ?.

Ils peuvent acheter des actions ou des obligations émises par les entreprises. Ces dernières utilisent cette épargne pour acheter des biens d’investissement (terrains, machines, équipements,…).

Les ménages peuvent placer cette non-consommation dans des institutions financières. Elle est ensuite prêtée aux entreprises qui en ont besoin pour investir.

On peut s’appuyer sur un exemple chiffré :

Le revenu des ménages se décompose en deux emplois : 750 en consommation, 250 en épargne ;

L’épargne investie directement (actions, obligations) ou indirectement (institutions financières) sert aux entreprises à acheter des biens d’investissement pour un montant de 250.

De même que les dépenses de consommation constituaient une demande de la part des ménages, l’investissement constitue une demande de la part des entreprises. Les biens d’investissement sont des biens « finals » car ils sont achetés sur un marché, mais ne sont pas revendus.

Qu’est ce que l’investissement ?.

En économie, les investissements sont des biens achetés par les entreprises pour produire d’autres biens (notamment les biens de consommation). Ils viennent grossir régulièrement le stock de capital des firmes.

Il est traditionnel de distinguer deux catégories d’investissement :

l’investissement en capital fixe : achats de bâtiments et machines par exemple ;

la formation de stocks (variation de stocks) : ce sont des produits utilisés ou non vendus à la fin d’une période donnée (matières premières, biens de consommation…) : ils sont considérés comme un investissement car les entreprises, du fait des stocks, ont de l’argent immobilisé (« investi ») au même titre que celui qui l’est en machines ou en bureaux.

En reprenant les deux optiques du circuit des échanges, nous pouvons écrire :

Production = Y = Revenu

¯ ¯

Demande de biens de consommation : C = Y = Achat de biens de =C

Consommation

Demande de biens d’investissement : I = Y = Epargne : S

Ce qui peut s’écrire sous forme d’équations : C + I = Y = C+ S

En reprenant les valeurs chiffrées nous avons :

750 + 250 = 1000 = 750 + 250 .

Cette égalité signifie que :

– la production de biens de consommation et d’investissement est égale à la vente et à la demande de ces deux catégories de biens ;

– la valeur de la production est égale aux revenus distribués pour assurer la rémunération des facteurs ;

les revenus sont employés à l’achat de biens de consommation et à la constitution de l’épargne (non-consommation).

Cette égalité peut être reformulée pour faire apparaître la relation entre l’épargne et l’investissement. En soustrayant C de chaque membre de l’égalité, nous obtenons :

I = Y – C = S.

C’est-à-dire I = S.

L’égalité de l’épargne et de l’investissement découle des définitions précédentes :

Production – Consommation = Investissement.

Production = Revenu

Revenu – Consommation = Epargne.

Cette égalité signifie que les investissements sont financés par la constitution d’une épargne générée par les entreprises ou les ménages. L’épargne des entreprises est directement utilisée pour l’autofinancement des investissements. Celle des ménages doit être empruntée pour assurer le financement des investissements en l’absence d’autofinancement, hypothèse retenue dans notre circuit simplifié.

§2) Une économie à trois agents

L’Etat est le troisième acteur introduit dans le circuit économique. L’Etat (les administrations publiques, d’une manière plus générale) modifie le circuit et les activités économiques.

– L’Etat prélève des impôts et taxes uniquement sur les ménages dans l’exemple retenu : T = 150.

– L’Etat effectue deux types de dépenses :

des achats de biens et services aux entreprises (fournitures de bureau, avions, automobiles, etc.) ; ces achats, que nous appelons dépenses publiques ou demande publique, génèrent une activité de production et sont à l’origine d’une distribution de revenus : G = 100 ;

des paiements de transferts aux ménages (indemnités de chômage, allocations familiales, etc.) sans la production en contrepartie de biens et services : F = 50.

Au total, l’Etat modifie la situation des ménages pour un montant net de – 150 +50 = – 100. En supposant que seule la consommation est affectée, cette dernière passe à 650.

Les deux optiques du circuit des échanges sont désormais :

Production = Y = Revenu

Demande de consommation : C = Achat de consommation : C + Demande d’investissement : I = Y = + Epargne : S + Demande publique : G = + Impôts : T – Transferts : F On obtient donc au niveau de l’équation C+ I + G = Y = C + S + T – F

En reprenant les valeurs chiffrées nous avons :

650 + 250 + 100 = 1000 = 650 + 250 + 150 – 50.

L’intégration de l’Etat modifie les égalités du circuit des échanges. La production se décompose maintenant en trois emplois ou trois types de demande finale :

Y = C + I + G.

Le revenu, issu de la production et des transferts, est employé pour les achats de consommation, le paiement des impôts et la constitution de l’épargne :

Y + F = C + T + S.

Cette relation peut s’écrire :

Y = C + S + T – F.

§3) Une économie ouverte sur l’extérieur.

Dans le cadre de l’économie simplifiée qui sert de base au raisonnement, ne sont prises en considération que les exportations et les importations c’est-à-dire les échanges de biens et de services entre la nation et l’ensemble des autres pays.

– Les exportations (X) sont des biens et services produits sur le territoire nationale et envoyés à l’extérieur. Elles créent des revenus dans l’économie nationale, mais ne font pas partie des dépenses de consommation ou d’investissement intérieures. Elles constituent la demande étrangère. Les exportations sont un emploi de la production nationale.

– Les importations (M) sont des biens et services qui viennent grossir la production nationale mais qui ne créent pas de revenu dans l’économie nationale.

L’introduction des relations commerciales avec le reste du monde modifie le circuit des échanges :

Y + M = C + I + G + X

Production totale = Demande finale totale

Offre totale = Demande globale

Si le revenu créé par les exportations est supérieur à celui dépensé en importations, l’effet net ( X-M) constitue un accroissement de la production et du revenu intérieurs. Les exportations nettes ( X-M) sont alors une composante de la demande finale :

Y = C + I + G + ( X-M).

Cette conceptualisation d’un circuit économique, pour nécessaire qu’elle soit, ne saurait satisfaire ceux qui sont chargés d’orienter la politique économique d’une nation. Ces responsables de la politique économique ne peuvent agir que s’ils disposent de concepts opérationnels, c’est-à-dire mesurables.

Pour illustrer toute cette série d’équations, on peut dresser un schéma montrant avec précision le circuit économique.