Seconde guerre mondiale : l’entrée en guerre des États-Unis et URSS

La Seconde guerre mondiale et l’entrée en guerre des États-Unis et URSS

Au printemps 1941, c’est le déclenchement de l’opération Barbarossa, c’est-à-dire l’attaque surprise de l’URSS par les forces allemandes, et à la fin de 1941, le 7 décembre, l’attaque surprise (comme à Port Arthur en 1905) de la grande base navale américaine d’Honolulu à Pearl Harbour et la destruction de la flotte américaine du pacifique.

Fin 1941 les deux fronts sont reliés, à la fois par l’entrée en guerre de l’URSS malgré elle et par l’entrée en guerre des Etats-Unis malgré eux, mais par fusion des deux théâtres.

Une mondialisation, globalisation (anglicisme), est une des réalités du monde actuel mais c’est une vieille histoire qui n’est pas seulement économique. Prend la forme d’une mondialisation stratégique, militaire. La Seconde Guerre Mondiale = moment essentiel de cette évolution.

Étudier cette période est étudier beaucoup de choses en même temps, implique de jongler avec les chronologies. Ordre logique donc aussi.

Deux axes progresses parallèlement : la guerre proprement dite, mais aussi la diplomatie. La guerre et la paix avancent ensemble. Pendant la guerre, on discute, non pas nécessairement avec l’autre mais au moins avec ses alliés et on envisage l’après-guerre avant même qu’elle se termine.

A. L’année du basculement

Jusqu’en 1941 en effet, deux guerres, deux chronologies un peu distinctes mais parallèles se développent.

– L’une en Europe à partir de l’Allemagne essentiellement

– l’autre en Asie a partir du Japon.

1941 est l’année où ces deux conflits se rejoignent, où les deux théâtres tout en restant distincts forment une seule guerre. C’est bien sur par l’entrée en guerre et des États-Unis et de l’URSS que les choses sont passées. Avant de parler de l’entrée en guerre de l’URSS puis des États-Unis, précisons que les États-Unis tout en restant neutre (qu’ils affichaient pendant cette période, et la population américaine était dans ce sens), les États-unienne étaient engagés économiquement (non militairement) et la tendance s’est affirmée au fil des mois : la sortie du nouvel isolationnisme américain. Sous quel forme ? Prêt de matériel au Royaume-Uni (début 1941), institution d’un service militaire, et après la réélection de Roosevelt le 5 novembre 1940 les décisions peuvent être prises plus facilement. L’un des éléments phares de cette tendance à la sortie de l’isolationnisme, de cette tendance à s’engager dans la guerre, était la loi « prêt-bail », votée par le congrès le 11 mars 1941, loi qui permet effectivement aux États-Unis de fournir dans des conditions de montage financier tout à fait exceptionnel du matériel de guerre et autre. La formule américaine alors est affichée de la manière suivante : « nous devons être le grand arsenal des démocraties ». Les États-Unis choisissent leur camp certes mais ne s’engagent pas tout de suite en guerre. Deux entrées en guerre successive donc qui vont mondialiser le confit.

Côté russe. Tout d’abord c’est l’attaque sur l’URSS au printemps 1941. en principe un accord de non agression, le pacte germano-soviétique d’août 1939, qui n’a donc même pas 2 ans, qui va être violé le 26 juin 1941 par l’opération Barbarossa. Pourquoi l’URSS et pourquoi cette date ? Parce qu’il y a eu échec contre l’Angleterre. La bataille d’Angleterre, aérienne, face à laquelle les britanniques et Churchill ont fait face avec compétence, dignité, etc., a été perdue de fait par Hitler et donc il recherche d’autres directions. Il se retourne donc contre l’URSS. Pourquoi cette date ? C’était une décision importante, lui même déclarant que c’était la décision la plus importante de sa vie. Pourquoi le 22 juin ? Ça correspond au premier anniversaire de l’armistice franco-allemand. Est-ce voulu ? On l’ignore, mais on attaque l’URSS au printemps, quand les conditions climatiques le permettent. On n’attaque pas l’URSS en hiver. Le « général hiver » est plus fort que tout le monde et que toutes les armées. Des signes multiples avaient plus ou moins annoncés cette entrée en guerre et les services secrets américains et anglais s’y attendaient, tout comme les services secrets russes.

Côté américain. A partir de juin 1941, l’URSS est dans la guerre, et la guerre profite assez rapidement. Succès militaires apparent pour l’Allemagne, échec politique. Mais c’est l’attaque sur Pearl Harbour qui déclenche la guerre dans cette partie du monde. Le port des perles est la base militaire dans les îles Hawaii à Honolulu, base de la flotte du pacifique : lieu important, puissant à tout niveau, et les japonais ont beaucoup hésité sur la stratégie à suivre : attaquer ou non les Etats-Unis dans une période où l’on est dans un blocus sur certains produits en particulier pétrolier. Les partisans de la guerre l’emportent à Tokyo et le général Tojo, qui en était le leader devient premier ministre le 15 octobre 1941 : tournant politique. Accessoirement il est aussi ministre de la guerre. Les choses se passent comme avec un semblant de politesse en ce sens que le Japon fait des propositions de négociations aux États-Unis, propositions non prises en compte et au sérieux par les américains. Le 26 novembre 1941, une flotte japonaise quitte les îles Kouriles en direction de Hawaii, très secrètement. A l’époque il n’y a pas cette horde de satellites et les infos de ce type ne sont pas connues. Le 7 décembre, presque 2 semaines plus tard, la flotte est sur zone et par surprise des porte-avions décollent des aéronefs qui vont bombarder par surprise et couler des bateaux américains. Le lendemain, c’est-à-dire le 8 décembre (et pour montrer à quel point l’ensemble était coordonnée), les troupes japonaises entrent en Malaisie (au sud de la Chine en Asie du sud-est), avaient traversés le Siam (pays allié) et comptent aller plus loin.

Juin 1941 et décembre 1941 marquent le passage à la guerre mondiale avec quand même quelques déclarations de guerre. Dans tous les cas la surprise était un élément de la victoire. Le Japon déclare la guerre aux États-Unis, Royaume-Uni, Pays Bas, les Etats-Unis déclare la guerre à l’Allemagne, Italie, Japon. L’Allemagne elle-même le 11 décembre déclare la guerre aux États-Unis.

B. L’Axe dominant

L’axe Rome-Tokyo-Berlin domine sur les deux terrains dans un premier temps, et on a un peu le sentiment d’être dans un monde un peu simplifié, avec d’un coté des espaces dominés par l’Allemagne et le Japon (de grands espaces) à l’intérieur desquels les États anciens (normaux si l’on peut dire) s’estompent, et quelques parties de la planète qui y échappent : continent américain, une bonne partie de l’Afrique, l’Océanie. Les deux agresseurs vont vite. L’extension allemande se fait certes vers l’est mais aussi vers le sud, vers le sud d’ailleurs avant l’entrée en guerre contre l’URSS et cela avait alerté les observateurs. Les forces allemandes entrent dans les Balkans (Bulgarie, Roumanie alliés), la Yougoslavie n’était pas alliée et capitule le 25 avril 1941. Quelques jours après la Grèce est occupée, jusqu’à l’île de Crète en méditerranée au mois de mai.

Donc en URSS c’est une offensive éclair, mais en même temps une longue guerre d’usure qui commence en juin 1941. Les forces allemandes paraissent un peu hésiter sur la direction à prendre. Dans ce genre de cas, deux solutions : soit on prend la capitale, soit on va vers des régions dont on a besoin des ressources. Les allemands font un peu des deux : ils vont vers Moscou mais s’arrêtent à proximité ; ils vont plutôt vers l’Ukraine, c’est-à-dire vers le sud de l’URSS, qui évidemment renferme les principales richesses de charbon et d’hydrocarbure de l’époque en URSS, essentielles pour faire la guerre. L’armée allemande ne délaye pas le reste et en particulier file sur Leningrad l’ancienne capitale sur les bords de la mer baltique, et entreprend le siège le 3 septembre. C’est le seul port soviétique qui donne sur l’ouest. Le siège dure au moins 3 ans, épisode tragique de la Seconde Guerre Mondiale, car les habitants de Leningrad n’ont plus à rien à manger ni même de quoi se chauffer. Période qui laisse une empreinte profonde dans la mémoire russe. Toute l’Europe en tout cas est bientôt dominée par l’Allemagne, toute sauf bien sûr le Royaume-Uni seul qui fait face. Le bastion britannique, et quelques pays neutres tout de même, qui sont l’Irlande (l’Eire), et puis trois pays neutres qui sont le Portugal, la Suisse et en Europe du Nord la Suède.

En Asie, l’expansion japonaise, passée Pearl Harbour, se fait vers le sud, puisque la Chine n’est pas simplement occupée : il faut aller plus loin, vers les ressources. Le Japon domine 8 millions de km² qui lui donnent accès à des ressources absolument considérables et dont on a fort besoin à l’époque. Par exemple le caoutchouc naturel, produit à partir de l’hévéa. 93% de ce caoutchouc est en Asie du sud. Le Japon met la main sur ces ressources. Une bonne partie de l’étain mondial, qui sert à un certain nombre d’opération de soudures sans lesquelles le reste de la métallurgie ne fonctionne pas bien. Le pétrole : beaucoup pétrole dans les indes néerlandaises.

Qui reste une puissance maîtresse en Asie du sud-est ? A nouveau l’Angleterre mais pas pour longtemps. Des cuirassés anglais sont coulés au large de la Malaisie dès le 8 décembre 1941. Et date importante, le grand port britannique de Singapour, verrou du pacifique, est investi le 15 décembre par les forces japonaises. Les britanniques attendaient les japonais par la mer, et sont arrivés à vélo par la terre. Les anglais apprécient mal l’avancé des japonais. Les japonais débarquent également aux philippines où les américains résistent. MacArthur en est le gouverneur à l’époque, mais en mai 1941 les forces américaines se rendent. C’est le célèbre « je reviendrai » de MacArthur. Début 1942, presque finalement, c’est-à-dire entre janvier et mars, l’île de Bornéo et des indes néerlandaises sont investies par les japonais.

C. L’ « ordre nouveau »

C’est cet ordre nouveau (expression de l’époque) qui s’installe, s’abat, sur à la fois l’Europe et à la fois l’Asie. Les deux théâtres étaient liés par ce pacte tripartite du 27 septembre 1940, associant Rome-Berlin-Tokyo. De quel ordre nouveau s’agit il ? Doit-on parler au singulier ou au pluriel ? Y a-t-il un ordre nouveau qui concerne l’Europe, ou des nuances entre les deux ?

Ce qui est commun est l’aspect économique de l’ordre nouveau : c’est celui de pillage. L’Europe est mise au pillage organisé par le régime allemand, l’Asie orientale et du sud-est idem par les japonais. Marchandises et travailleurs convergent vers l’Allemagne (la relève en 1942, puis le STO). En Asie des contingents des « riz » remontent vers le Japon. Appropriation du pétrole indonésien. La grande île de Sumatra est une grande composante de Sumatra et est détachée de l’Indonésie. Sur le plan idéologique, c’est le nationalisme voire l’ultranationalisme qui dans les deux cas apparaît la valeur partagée et dominante, avec l’idée de races, donc d’inégalité entre les hommes, l’idée de nations et de civilisations supérieures. Mais il y a bien sûr des nuances entre les deux qu’il faut préciser : le monde n’est pas tout à fait aussi simple.

Le nouvel ordre en Europe est sensé faire la place belle à l’espace vital nécessaire à l’Allemagne et l’Italie, et les pays occupés ou contrôlés ne le sont jamais avec le même statut : pays occupés, pays collaborateurs, pays alliés. Il y a tout une gamme de statuts de pays qui d’une manière ou d’une autre restent dominés. La collaboration est le mot d’ordre car il faut mobiliser les forces politiques y compris des pays occupés, mais la soumission est totale et l’anticommunisme une règle. Quand Laval va défendre l’idée de relève, il va justifier l’idée qu’il souhaite la victoire de l’Allemagne (discours prononcé quand les premiers trains emmènent les premiers travailleurs en Allemagne). Il ajoute que « sans elle, ce serait la victoire du communisme ». C’est donc l’anticommunisme qui est le ressort de l’Europe.

En Asie d’une certaine manière c’est un peu pareil puisque les pays soumis/alliés ont des statuts divers : pays alliés, occupés, associés, etc. le ressort ici n’est pas l’anticommunisme viscéral mais plutôt le ressort anti-blanc : « l’Asie aux asiatiques ». C’est le droit au Japon de prendre en main la destiné de l’Asie. Aucun ne se sent asiatique au sens que nous donnons à ce terme mais les japonais surfent sur ce terme, c’est-à-dire la nécessité de chasser les puissances occidentales de cette partie du monde. En Indonésie, les certains mouvements nationalistes s’appuient sur le Japon pour mettre en place un mouvement de décolonisation. Mise en place d’une structure plus organisée, en Asie qu’en Europe d’ailleurs. Création de la Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale. Un ministère est créé à cette fin en novembre 1942 à Tokyo, et une conférence se réunit en mai 1943 qui va poser les fondements de cette Sphère de coprospérité de la grande Asie orientale, qui montre aussi le souci des japonais d’associer un certain nombre de forces politique nationales à l’entreprise. Il y a des chinois et ce gouvernement fantoches (cf. supra), des philippins, des birmans, des thaïlandais. Effectivement il y a l’ébauche d’une grande Asie qui se met en place. Le Japon semble en mesure d’établir son protectorat sur l’ensemble de l’Asie orientale par ce biais.

Ce qui est intéressant c’est que cette guerre est à peine commencée les conditions sont mises en place pour qu’elle se termine par l’autre camp.