Hobbes et l’État

Le regard du philosophe Hobbes sur le concept d’État

C’est un regard plutôt philosophique, Hobbes va être à l’origine de la théorie du contractualisme et à l’époque de Hobbes société civile et Etat étaient la même chose. Hobbes occupe dans notre cours une place essentielle. Il a correspondu avec un certain nombre de grands penseurs de son temps, et il va écrire le Léviathan à la suite des grands bouleversements politiques qui vont transformer la vision du Monde. Hobbes va être l’équivalent de ce qu’ont apporté des scientifiques comme Copernic ou Galilée. L’ouvre principale de Hobbes est le Léviathan.

Le Léviathan est composé de quatre parties ; 1. De l’Homme, 2. De l’Etat, 3. De l’Etat chrétien, et 4. Du royaume des ténèbres.

Hobbes a passé sa vie en Angleterre et en France, il a connu des périodes très sombres qui ont animés ces deux pays. Hobbes a été particulièrement frappé par les remous de son temps, il en a tiré des principes élémentaires, il a été frappé par la violence de ses contemporains. Et ce constat va marquer toute la philosophie de Hobbes, très pessimiste. Le trait essentiel de l’œuvre de Hobbes, c’est l’instinct de conservation. L’homme lutte sans cesse envers et contre tous. Hobbes écrit d’ailleurs « je mets au premier rang à titre d’inclinaison générale de l’Humanité un désir perpétuel et sans trêve, d’acquérir pouvoirs après pouvoirs et ce désir ne cesse qu’à la mort. » Hobbes n’est pas pessimiste de la nature humaine pour rien, il appuie cette analyse sur la peur de l’avenir qui est ancrée chez l’Homme. Cette vie est un fleuve furieux, elle peut faire passer de la richesse à la pauvreté, de la puissance à l’esclavage.

Hobbes analyse cette recherche inextinguible par cette peur de l’avenir. Hobbes va écrire «  que la cause n’en n’est pas toujours qu’on espère un plaisir, mais plutôt qu’on veut rendre sûr le bien-être, les statuts dont on jouit présentement. » Pourtant il y a un problème, c’est comment peut-on passer d’un état de nature de l’Homme où chacun se bat à une société. Premier constat, l’Homme ne s’assemble jamais par nature, il n’y a chez l’Homme aucune disposition sociale chez l’Homme. Hobbes va rompre la tradition, cette sociabilité pour Hobbes n’est qu’un calcul. Dans cette perspective, d’où vient l’Etat ? Qu’est-ce que l’Etat ? Pour penser l’Etat, Hobbes va partir de cet instinct de calcul des hommes en faisant œuvre de philosophe.

  • 1. Contractualisme et naissance de l’Etat

Hobbes est le premier à opposer société civile et Etat de nature, l’Etat de nature ne renvoie qu’à la situation des hommes qui vivent en dehors de la société civile. Cet Etat va naître précisément du passage de l’Etat de nature où règnent les luttes intestines, à un Etat de société. Ce passage s’effectue dans le cadre d’un contrat de sujétion mutuel. Hobbes nous parle d’un contrat primitif qui sera reprise par d’autres théories politiques.

 Chez Hobbes les Hommes s’associent par calcul, et de cette théorie du calcul il fera le cœur de sa théorie, la cause finale, le but, le dessein que poursuivent les hommes c’est le souci de pourvoir à leur propre préservation. Par ce calcul chaque individu renonce aux droits qu’il avait dans l’Etat de nature, mais cette liberté totale créait un état de guerre perpétuelle de chacun contre chacun. Cette union s’appuie sur un contrat qui institue la république ou res publica, qui fait du souverain le bénéficiaire de ce transfert de droit de la multitude des individus. Hobbes est assez souple quant aux formes que ce souverain peut prendre, ce peut être un monarque ou une assemblée. Dans un passage du Léviathan, ce mécanisme du contrat est bien expliquée « j’autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne mon droit de me gouverner moi-même à cette condition que tu lui abandonnes ton droit et que tu autorises toutes les actions de la même manière. »

  • 2. L’Etat : un « homme artificiel »

L’union ainsi formée est appelée une cité, ou une société civile, ou une personne civile. Cette personnification de l’Etat s’opère à travers des mécanismes abstraits. Une personne dont la volonté par l’accord de nombreux hommes doit être tenue pour la volonté de tous. Deux éléments de définition qui peuvent être utiles. Hobbes va initier un mouvement, qui sera constant par la suite, le mouvement qui visa à personnifier l’Etat. Il s’agirait de créer un « homme artificiel » selon l’expression de Hobbes lui-même.

Avec la multitude des individus qui participent à cet état civil apparait une personne qui est en quelque sorte leur représentant. Hobbes va choisir le terme de Léviathan. Léviathan dans la Bible était un monstre marin dans l’origine primitive de la création. Pour Hobbes il va appeler Léviathan « république ou Etat qui n’est autre chose qu’un homme artificiel quoique de stature et de force plus grande que l’Homme naturel pour la défense, et la mission de cet Etat c’est d’assurer par ce surcroit de puissance la défense et la protection de ceux qui l’ont conçus. Personne civile, homme artificiel, Pufendorf aussi avait essayé d’imiter son raisonnement.

Les hommes en s’associant créent une espèce de dieu mortel, cette association fait que le souverain a un droit absolu, et il hérite du droit qui était propre à chacun dans l’Etat de nature en concentrant la puissance. L’Etat constitué, cet homme artificiel est doté d’une force surhumaine, qui n’a d’égale que celle d’un Dieu. L’Etat n’est jamais qu’un concept produit par l’imaginaire humain, l’Etat peut aussi s’écrouler que si les hommes qui l composent retournent à l’Etat de nature. Pour lui ce n’est pas chronologique nécessairement, il peut y avoir des conflits, une dégénérescence qui vont réduire l’Etat à l’état de nature.

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