Coran, Sunna, Qyas, Ijtihad, Ijma, 5 sources du droit musulman

Les sources du droit musulman (Coran, Sunna, Qyas, Ijtihad, Ijma)

Le droit musulman est un système de devoirs comprenant des obligations rituelles, morales et légales, toutes soumises à l’autorité du même impératif religieux. En principe, le droit musulman ne s’applique qu’aux musulmans [1]. Le droit musulman est basé sur le Coran, la Sunna (les actes et les paroles du prophète Mahomet), l’Ijma (consensus de la communauté) et le Qiyas (analogie juridique) [2].

Le droit musulman comporte différentes sources :

  • – les sources légales originelles,
  • – les sources légales dérivées,
  • – les sources spontanées,
  • – le règlement et la loi.

Concernant les sources spontanées (coutume, jurisprudence), ainsi que le règlement et la loi sont étudiés dans ce lien : https://cours-de-droit.net/coutume-loi-jurisprudence-en-droit-musulman/

Le droit musulman, appelé aussi droit islamique ou sharia, est fondé sur des sources sacrées qui régissent la vie des croyants. Quelles sont les différentes sources du droit musulman? On distingue  les sources légales originelles et les sources dérivées

– Les sources légales originelles du droit musulman

  • – Le Coran est le livre sacré de l’islam et la première source du droit musulman [2]. Les normes juridiques contenues dans le Coran sont considérées comme la parole de Dieu et ne peuvent être modifiées ou abrogées.
  •  -La Sunna désigne les pratiques et les enseignements du prophète Muhammad, qui sont rapportés dans les Hadiths. La Sunna est la deuxième source du droit musulman [1]. Les Hadiths sont des recueils de traditions orales qui ont été transmis de génération en génération jusqu’à nos jours. Les juristes musulmans se réfèrent à la Sunna pour interpréter le Coran et pour élaborer des règles juridiques qui n’y sont pas explicitement mentionnées.

Les sources légales dérivées du droit musulman

  • – L’Ijma désigne le consensus de la communauté des savants musulmans sur une question juridique donnée. L’Ijma est la troisième source du droit musulman. L’Ijma est considéré comme une source de droit contraignante car il représente l’accord de la communauté des savants musulmans.
  • – Le Qiyas désigne l’analogie juridique. Le Qiyas est la quatrième source du droit musulman [1]. Le Qiyas consiste à appliquer une règle juridique établie à un cas similaire qui n’est pas explicitement mentionné dans les sources du droit musulman. Le Qiyas est considéré comme une source de droit importante car il permet de développer le droit musulman et de répondre aux nouvelles situations.

A. Les sources légales originelles du droit musulman

Elles constituent ce qu’on appelle shar ou sharia  (ou charia)

« La charia rassemble l’ensemble des règles révélées par Dieu à Muhammad et qui s’appliquent à la vie religieuse et sociale des musulmans à l’intérieur de la communauté » Extr. de : Vocabulaire de l’Islam / D. Sourdel et J. Sourdel-Thomine, PUF, 2002.- (Que sais-je?)

1) Le Coran, la première source du droit musulman

Il y a d’abord le Coran qui selon la foi musulmane a été transmis par Allah, dieu unique, à Mahomet, au cours de révélations successives. Le Coran se divise en chapitres qu’on appelle les sourates (il y en a 114) qui se divisent elles-mêmes en versets (6219 au total). L’impression que donne ce texte à la différence par exemple de ce qu’étaient au départ les codes et de ce qu’ils sont toujours, c’est qu’il n’a pas d’ordonnancement logique. Le Coran est en partie seulement composé de prescriptions juridiques : 600 versets concernent le droit, soit 1/10 de la totalité.

2) La Sunna, la deuxième source du droit musulman

La deuxième source légale est la Sunna. La Sunna est la tradition relative au comportement du prophète et parfois relative à ceux qui ont précédé le prophète. Cette tradition est faite de récits qui sont appelés hadiths. Cette tradition pose bien évidemment un problème de fiabilité. Il y a le risque de tomber sur un hadith tendancieux. À partir du IIIe siècle de l’Hégire (commençant lorsque Mahomet se rend à Médine), la connaissance des hadiths est devenue une véritable science. On vérifie pour chacun d’entre-eux d’abord la chaîne de transmission, ensuite la cohérence par rapport à l’ensemble. On a ainsi établi une sorte de distinction ou de typologie entre les hadiths parfaits, les hadiths bon et les hadiths faibles. À partir de là, on a fabriqué des recueils de textes qui constituent une sorte de codification ajoutée au Coran.

Reste à dégager le sens des règles que contiennent le Coran et la Sunna. En effet, le langage utilisé dans ces textes est souvent un langage métaphorique, qui parle par images. Certains des termes employés sont polysémiques. L’interprétation du texte peut se trouver dans les hadiths qui complètent le Coran mais eux aussi doivent faire l’objet d’une analyse, d’une exégèse. Il y a dans le meilleur des cas des textes qui sont clairs et qui sont mêmes explicites. Par exemple, dans le Coran, ces versets : « Dieu a permis la vente et il a interdit l’usure » ; « épousez comme il vous plaira, deux, trois ou quatre femmes ». Certains termes demeurent obscurs et parfois incompréhensibles. Il peut y avoir contradiction entre des textes. On est amené ainsi à combiner des textes pour en dégager une règle. Ainsi, le verset « Tranchez les mains du voleur et de la voleuse, ce sera une rétribution pour ce qu’ils ont commis et un châtiment de Dieu ». Ce verset paraît clair mais on en a atténué la portée en le combinant avec d’autres dispositions sur le montant du vol qui était contenu dans des hadiths. Il faut préciser aussi que dès l’origine même, la question s’est posée de savoir s’il fallait prendre la parole coranique telle quelle ou s’il convenait de la replacer dans le contexte qui avait permis sa révélation.

B. Les sources légales dérivées du droit musulman

1) L’idjma

Ces sources légales dérivées sont d’abord l’idjma :

il s’agit de l’assentiment général de la communauté musulmane ou plus précisément des juristes. D’une certaine façon, l’idjma serait un prolongement de la révélation divine. Ce serait la dernière manifestation de cette inspiration divine. Bien évidemment, avec l’extension du monde musulman, une discussion est née sur l’ampleur temporelle et géographique de cet idjma. La discussion a été relayée par les divisions qui sont apparues au sein des écoles islamiques. On peut considérer aujourd’hui que cette source conserve une valeur symbolique.

2) Kiyas

La deuxième source légale dérivée est la déduction analogique : kiyas.

L’analogie est la ressemblance entre deux êtres ou entre deux choses. La méthode analogique a été utilisée en grammaire, en médecine et en philosophie. Cette méthode est utilisée aussi en droit et elle consiste à ce qu’une règle posée par un texte pour un problème soit étendue à un problème similaire. Cependant, ce mécanisme analogique n’a pas la même valeur qu’un verset du Coran, qu’un hadith ou qu’une solution d’idjma. La règle peut néanmoins devenir ensuite une solution d’ijma.

3) idjtihad

La troisième source légale dérivée concerne la création de la règle de droit : idjtihad. Cette possibilité de créer des règles de droit est prévue par le Coran. Les premiers califes étaient des juristes. C’est l’opinion collective des juristes, l’idjma, qui peut fonder une règle obligatoire. Il y a une valorisation au début de l’ère islamique, après la mort du prophète, de celui qui crée la loi. Il est auréolé de sagesse et de savoir. Le terme utilisé pour le désigner est celui de mudjtahid.

C. Les sources spontanées (coutume et jurisprudence)  et règlement et loi

Coutume, loi et jurisprudence en droit musulman

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