Alexandre le Grand
Les Macédoniens étaient un peuple de barbares vivant aux limites du monde grec. Au IVe siècle avant J.-C., si la noblesse macédonienne avait adopté les coutumes et la culture grecque, surtout athénienne, le reste du pays avait lui conservé sa culture traditionnelle. La cour de Macédoine était réputée pour ses intrigues. En 359 avant J.-C., le plus jeune frère de Perdiccas III, Philippe, prend le pouvoir. Âgé seulement de 24 ans, il devient Philippe II de Macédoine.
1 – LE RÈGNE DE PHILIPPE II
Philippe cherche d’abord à renforcer son pouvoir intérieur : il fait assassiner sa mère mais reste régent, le roi restant Amyntas III. Il réorganise l’armée macédonienne, la lance contre les Illyriens dès – 358 et les vainc, suivi des autres tribus de cette région. C’est ensuite vers la Grèce qu’il se tourne, car celle-ci est affaiblie. En – 357, Philippe II prend la ville d’Amphipolis et les mines d’or. Cette même année, il épouse Olympias. Son fils Alexandre naît en – 356.
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Il attend la bonne opportunité pour s’en prendre aux cités grecques. Elle lui est fournie par la guerre sacrée. Le conseil des « cités mineures » qui protégeaient traditionnellement Delphes était surtout contrôlé par Thèbes ; il fit pression pour que les Phocidiens payent un lourd impôt. Les Phocidiens se révoltèrent et prirent Delphes en – 355. Thèbes demanda l’aide de Philippe II rendit sa liberté à Delphes, non sans avoir obtenu la fidélité des Thébains. Il continua sur sa lancée et pris la totalité de la Thrace. Démosthène tente de mobiliser les Athéniens contre Philippe qui, de son côté, finit par déposer Amyntas et se fait couronner roi de Macédoine.
C’est une nouvelle guerre sacrée, en – 339, qui donne l’occasion à Philippe II de prendre définitivement le contrôle de toute la Grèce : Philippe II entre en Grèce centrale. Voyant cela, Thèbes tente une alliance avec Athènes pour défaire les armées macédoniennes, mais Philippe les bat à Chéronée en – 338.
À la suite de cette victoire, Philippe II va créer la ligue de Corinthe, créant un équilibre entre la liberté des cités nécessaire à leur prospérité, tout en les maintenant suffisamment sous son joug. Philippe II annonce qu’il fera la guerre aux Perses, ennemis héréditaires de la Grèce.
En – 336, Philippe est assassiné par un soldat, et son fils devient roi : Alexandre III.
2 – L’AVÈNEMENT D’ALEXANDRE III
Alexandre a été entraîné à l’art de la guerre et éduqué par Aristote. Beaucoup suspectent que l’assassinat de Philippe a été ordonné par Alexandre ou sa mère, voyant leur pouvoir menacé par le second mariage de Philippe.
2.1 – La conquête du monde grec
En 335 avant J.-C., il mène une campagne victorieuse dans les Balkans, allant jusqu’au Danube pour soumettre les tribus du nord et de l’Ouest. Une rumeur court en Grèce selon laquelle Alexandre est mort. Thèbes se rebelle, suivie par Athènes. Alexandre détruit Thèbes et les Athéniens abandonnent leur rébellion et envoient à Alexandre une lettre dans laquelle ils le félicitent pour sa victoire. En quelques mois, Alexandre a définitivement consolidé l’autorité macédonienne dans toute la Grèce.
Pourquoi se tourner plus vers les cités grecques que vers le nord de l’Europe ?
D’abord pour des raisons géographiques : la Grèce est peuplée, aménagée, cultivée, habitée depuis longtemps ; il y a une organisation économique et politique qui est une cible facile. Ensuite, il y a des raisons politiques. Les cités grecques constituent le pouvoir ancien de la région. Elles sont toujours une menace, et en prenant le pas sur un pouvoir ancien et reconnu, on établit d’autant plus son autorité. Enfin, pour une raison culturelle. les Macédoniens se sont tournés rapidement vers la culture grecque parce qu’elle a toujours représenté un aspect positif.
2.2 – Les premières campagnes orientales
Alexandre et son armée traverse le détroit des Dardanelles en 334 avant J.-C. pour se lancer à l’assaut de l’Empire perse. Alexandre pratique des en l’honneur des Dieux mais aussi des Grecs qui l’ont précédés dans la lutte contre l’Empire perse.
Bataille du Granique, avec 34.000 M contre 38.000 P à victoire totale des M. Alexandre capture les ports, empêchant à la flotte perse de débarquer.
2.3 – La conquête de la Perse
En – 333, Alexandre atteint la Syrie. 500.000 P et 40.000 M se font face dans le golfe d’Issos. Alexandre charge directement Darius, le mettant en déroute (et avec lui toute l’armée perse). En – 332, il prend les villes de Tyr et de Gaza, puis l’ensemble de la Syrie et de la Phénicie. Il envahit ensuite l’Égypte et fonde Alexandrie. Il commence sa marche dans les profondeurs de l’Empire mésopotamien parce qu’il a mis la main sur toutes les routes maritimes des Perses. Il franchit le Tigre et l’Euphrate et rencontre pour la troisième fois les armées de Darius III à Gaugamèles. (45.000 M contre 90.000 P). À nouveau, Alexandre charge Darius, qui craque et fuit, mettant pour la dernière fois son armée en déroute : aucune autre armée ne sera plus levée pour s’opposer aux Macédoniens, qui entrent à Babylone en octobre – 331, puis à Persépolis début – 330. Darius, toujours en fuite, est assassiné.
2.4 – Alexandre et son Empire
Il cherche à capturer l’ensemble de l’empire perse, puis à l’étendre, et pendant quatre ans, il s’enfonce en l’Iran, en Afghanistan, au Pakistan mais aussi en Inde. Il ne rencontre aucune réelle résistance. Sa dernière grande bataille, il la livre en Inde près du fleuve Hydaspès, contre les armées du roi hindou Porus, en – 326. Les M l’emportent mais le coût est très lourd. La vision politique d’Alexandre apparaît très en avance sur son temps, car son but ultime était de former une alliance entre les Grecs, les Macédoniens et les Perses, dans l’union des cultures et des talents. Il veut faire coexister les cultures dans un souci d’égalité (chacun des trois peuples était employé dans l’administration impériale ; il encouragea l’émigration des grecs et la colonisation par les soldats macédoniens…). Pour certains historiens, ces objectifs d’Alexandre ont failli parce qu’il s’est attiré les foudres de tous les peuples en tentant de les mélanger.
3 – LE MONDE D’ALEXANDRE
À sa mort, le rêve d’Alexandre tourna court, malheureusement, parce que ses généraux se disputèrent l’Empire, le divisant entre eux. Les provinces les plus vastes restent sous le contrôle M : l’Égypte, l’Anatolie, la Syrie, la Palestine, la plus grande partie de l’Asie mineure… Cette immense région fut englobée dans une sphère d’influence politique et culturelle grecque. Le Grec devint rapidement la langue vernaculaire pour une large part du monde et surtout la langue du commerce, de la diplomatie et des arts. La philosophie spéculative, en particulier le stoïcisme et l’épicurisme se propagèrent dans toutes les élites de ce monde. Des croyances et pratiques religieuses nouvelles, grâce à la langue commune et à la tolérance des dirigeants de ce vaste ensemble multiculturel, se développèrent. Il y eut aussi d’importantes évolutions démographiques, en particulier des déplacements de population. De la Grèce classique, ce monde puisa l’organisation urbaine de la société, avec des cités-Etats en partie autonomes. C’est le terreau de l’Empire romain, mais aussi du christianisme : un monde ouvert et dont la culture collective permet les échanges.
Si Alexandre n’avait pu mener ses conquêtes ? La mort d’Alexandre aurait très certainement rendu le trône de Macédoine à ses vieux démons, les intrigues et les complots, et les cités grecques, en particulier Athènes, auraient saisi cette opportunité pour reprendre le contrôle de la Grèce. Le monde aurait été alors largement moins apaisé, l’Empire perse se heurtant à Athènes et Athènes à Carthage. La philosophie grecque aurait eut une bien moins grande aura, remplacée dans les terres conquises par les Perses. Dans ce monde, il n’y aurait pas eu de culture commune, pas de canon, moins d’échanges. Dans un monde divisé entre Rome et Babylone, la société serait devenue bien plus figée.