Arrêt Benjamin, CE 19 mai 1933

Arrêt Benjamin, CE 19 mai 1933 (Police – Liberté de réunion)

René Benjamin devait donner une conférence littéraire à Nevers. Les instituteurs syndiqués firent savoir au maire qu’ils s’opposeraient par tous les moyens à la conférence de cet homme. A la suite de quoi, le maire de Nevers prit un arrêté interdisant la conférence de René Benjamin. La conférence publique fut substituée en conférence privée, et là encore le maire l’interdit. René Benjamin déféra au Conseil d’État les deux arrêtés d’interdiction.

La liberté de réunion est une des mieux garanties par la loi. Le législateur a exclu toute mesure de police préventive qui pût être de nature à entraver la liberté de réunion. Cependant, cela doit être concilié avec le devoir qui incombe à l’autorité municipale de maintenir l’ordre public. Il en résulte qu’en cas de nécessité, l’interdiction préventive pourra être licite mais il faudra pour cela que la menace pour l’ordre public soit particulièrement grave et que le maire ne dispose pas des forces de police nécessaires pour permettre à la réunion de se tenir tout en assurant le maintien de l’ordre.

Or en l’espèce, le maire aurait pu éviter tout désordre en faisant appel à la gendarmerie et à la garde mobile. Cet arrêt Benjamin respecte la formule du Commissaire du gouvernement dans l’arrêt Baldy: « La liberté est la règle, la restriction de police l’exception ».

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