CE 30 mai 1930, Arrêt Chambre syndicale du commerce en détail de Nevers, (Liberté du commerce et de l’industrie – Concurrence entre personnes publiques et entreprises privées)
Le Conseil municipal de Nevers avait autorisé le maire à créer un service municipal de ravitaillement en denrées de toutes sortes. Cette entreprise avait concédé. La municipalité espérait ainsi enrayer la montée du coût de la vie. Saisi par les commerçants, le préfet avait refusé de déclarer nulle cette décision. Son refus fut déféré au Conseil d’État.
La jurisprudence n’avait admis jusqu’alors l’érection en service public par les collectivités locales de certaines activités commerciales ou industrielles que s’il n’y avait aucun autre moyen de satisfaire les besoins de la population. Or deux textes de 1926 manifestaient le désir du gouvernement de favoriser à l’avenir les interventions économiques des communes.
Cependant, comme le soulignait le commissaire du gouvernement Josse, « que l’intérêt public puisse être entendu plus largement qu’autrefois d’accord, mais nous ne sommes pas fondés à conclure que les décrets de 1926 dérogent aux principes ».
Le Conseil d’État appliqua effectivement aux faits de l’espèce les principes qui régissaient sa jurisprudence avant la publication des décrets et constatant que la ville de Nevers n’invoquait aucune circonstance particulière mais seulement la vie chère, il annula les délibérations attaquées.
Depuis lors l’évolution de la société a comporté un double mouvement: elle a d’abord été favorable à une extension des initiatives publiques dans le domaine industriel et commercial; mais aussi elle a permis de les admettre à condition qu’elles s’exercent à égalité avec les initiatives privées.
L’arrêt du Conseil d’État Ordre des avocats au barreau de Paris, de 2006, fait la synthèse des solutions auxquelles la jurisprudence est aujourd’hui parvenue: outre « les activités nécessaires à la réalisation des missions de service public dont elles sont investies » et pour lesquelles elles « bénéficient… de prérogatives de puissance publique », les personnes publiques, « si elles entendent, indépendamment des ces missions, prendre en charge une activité économique… ne peuvent le faire que dans le respect tant de la liberté du commerce et de l’industrie que du droit de la concurrence ».
En schématisant, on peut dire qu’on est passé de l’interdiction à la liberté, et de la liberté à l’égalité.
- Arrêt Société Tropic, CE 16 juillet 2007
- Arrêt Société KPMG, CE 24 mars 2006
- Arrêt Association AC ! CE 11 mai 2004
- Arrêt Duvignères, CE 18 décembre 2002
- Arrêt Société Yonne funéraire… CE 3 novembre 1997
- Arrêt Société Lambda, CE 6 décembre 1996
- Arrêt Morsang-sur-Orge, CE 27 octobre 1995
- Arrêt Nicolo, CE 20 octobre 1989
- Arrêt Alitalia, CE 3 février 1989
- Arrêt Air France c/ Époux Barbier, TC 15 janvier 1968
- Arrêt Société des films Lutetia, CE 18 décembre 1959
- Arrêt Syndicat des ingénieurs-conseil, CE 1959
- Arrêt Époux Bertin, CE 20 avril 1956
- Arrêt Effimieff, TC 28 mars 1955
- Arrêt Barel, CE 28 mai 1954
- Arrêt Teissier, CE 13 mars 1953
- Arrêt Daudignac, CE 22 juin 1951
- Arrêt Société des concerts du conservatoire, CE 9 mai 1951
- Arrêt Dehaene, 7 juillet 1950
- Arrêt Dame Lamotte, CE 17 février 1950
- Arrêt Journal l’Aurore, CE 25 juin 1948
- Arrêt Trompier-Gravier, CE 5 mai 1944
- Arrêt Bouguen, CE 2 avril 1943
- Arrêt Monpeurt, CE 31 juillet 1942
- Arrêt Caisse primaire « Aide et protection », CE 13 Mai 1938
- Arrêt Jamart, CE 7 février 1936
- Arrêt Benjamin, CE 19 mai 1933
- Arrêt Chambre syndicale du commerce en détail de Nevers
- Arrêt Lafrégeyre, CE 26 janvier 1923
- Arrêt Bac d’Eloka (Société commerciale de l’Ouest africain)
- Arrêt Labonne, CE 8 aout 1919
- Arrêt Heyriès, CE 28 juin 1918
- Arrêt Compagnie générale d’éclairage de Bordeaux CE 30 mars 1916
- Arrêt Téry, CE 20 juin 2013
- Arrêt Société des granits porphyroïdes des Vosges, CE 1912
- Arrêt Compagnie des tramways, CE 11 mars 1910
- Arrêt Croix de Seguey-Tivoli, CE 21 déc. 1906
- Arrêt Tomaso Grecco, CE 10 février 1905
- Arrêt Terrier, Conseil d’État 6 février 1903
- Arrêt Société immobilière de Saint-Just, TC 2 décembre1902
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