LA CHARGE DE LA PREUVE
En droit, la charge de la preuve (ou fardeau de la preuve) désigne la responsabilité qui incombe à une partie de prouver un fait ou une prétention. Si cette preuve n’est pas apportée, la partie qui en a la charge risque de perdre son procès. En d’autres termes, assumer cette charge implique de prendre le risque de ne pas réussir à convaincre le juge, ce qui pourrait entraîner une décision défavorable.
On distingue deux types de système :
- dans un système inquisitoire, le juge est l’acteur principal de la recherche des preuves,
- dans un système accusatoire, ce sont les parties qui doivent prendre l’initiative de rapporter la preuve nécessaire, le juge jouant un rôle de garant et parfois d’assistant pour éclaircir certains points du litige.
Le rôle du juge : Différence entre procédure accusatoire et inquisitoire
Le rôle du juge varie considérablement selon que l’on se trouve dans un système de procédure accusatoire ou inquisitoire, et il existe des distinctions marquées entre les deux approches.
- Procédure inquisitoire : Utilisée principalement en matière pénale, la procédure inquisitoire confère au juge un rôle actif. Il est au cœur de la recherche de la vérité et conduit lui-même les investigations. Le juge, dans ce cadre, prend l’initiative de rechercher des preuves et contrôle l’ensemble du processus, en dirigeant l’enquête et le procès. Les parties sont alors moins impliquées dans la production de preuves.
- Procédure accusatoire : En matière civile et commerciale, la procédure accusatoire repose sur un principe de neutralité du juge. Selon l’article 9 du Code de procédure civile, il revient aux parties de prouver les faits sur lesquels elles fondent leurs prétentions. Le rôle du juge est principalement passif, observant les arguments et les preuves présentées par les parties. Cependant, cette neutralité est relative. Avec le temps, le rôle du juge a évolué pour inclure des interventions plus proactives. Par exemple, il peut ordonner des mesures d’instruction ou désigner un expert pour éclaircir certains aspects d’un litige. Ce rôle croissant du juge dans la recherche de la vérité illustre une certaine coopération entre le juge et les parties, bien que l’initiative de la preuve reste entre les mains de ces dernières.
Le principe – La preuve incombe au demandeur
Le principe de la charge de la preuve est énoncé à l’article 1353 alinéa 1er du Code civil. Il stipule que celui qui réclame l’exécution d’une obligation doit en apporter la preuve. En d’autres termes, la partie qui formule une demande en justice (le demandeur) doit prouver les faits qui fondent sa prétention.
Exemple : Une personne qui réclame une somme d’argent en vertu d’un contrat doit prouver l’existence du contrat et son contenu. Si le demandeur parvient à prouver cela, la charge de la preuve se déplace alors vers le défendeur. Ce dernier, s’il conteste l’obligation de payer, doit prouver qu’il s’est libéré de cette obligation. C’est ce que précise l’alinéa 2 de l’article 1353 : « réciproquement, celui qui se prétend libéré doit justifier le paiement ou le fait qui a produit l’extinction de son obligation ».
Ainsi, la charge de la preuve peut évoluer durant le procès : une fois que le demandeur a prouvé l’existence d’une obligation, le défendeur doit prouver qu’il s’en est libéré. Ce mécanisme montre que la responsabilité de prouver peut circuler entre les parties au fur et à mesure que les faits sont établis.
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L’exception – Les présomptions légales
Les présomptions légales, prévues par l’article 1354 du Code civil, constituent une exception au principe de la charge de la preuve. Une présomption légale permet de dispense la partie en bénéficiant d’apporter la preuve, car la loi tient pour établi certains faits ou actes. Cette présomption simplifie la tâche pour celui qui en bénéficie.
Exemple : Dans certains cas, la loi peut présumer qu’une personne est responsable d’un dommage, sans qu’il soit nécessaire pour la victime de prouver cette responsabilité. C’est à la personne accusée de prouver le contraire.
Les présomptions légales peuvent même provoquer un renversement de la charge de la preuve. Dans cette hypothèse, au lieu que ce soit le demandeur qui doive prouver le fait litigieux, ce sera son adversaire qui devra démontrer le contraire. Ce mécanisme est essentiel dans certaines situations pour rétablir un équilibre entre les parties, notamment lorsque la charge initiale de la preuve serait trop difficile à assumer pour l’une des parties.
En résumé, si le principe général impose la charge de la preuve au demandeur, les présomptions légales permettent, dans certains cas, de libérer une partie de cette obligation ou même de la transférer à son adversaire.
Questions fréquentes sur la charge de la preuve
Qu’est-ce que la charge de la preuve en droit ?
La charge de la preuve, ou le fardeau de la preuve, désigne l’obligation pour une partie de prouver les faits qu’elle avance. Si cette partie ne parvient pas à apporter les preuves nécessaires, elle risque de perdre son procès.
Quelle est la différence entre une procédure accusatoire et inquisitoire ?
Dans une procédure accusatoire (utilisée en matière civile et commerciale), le juge est neutre et les parties doivent elles-mêmes apporter les preuves. Dans une procédure inquisitoire (utilisée en matière pénale), le juge joue un rôle actif dans la recherche des preuves et mène lui-même l’enquête.
Qui doit apporter la preuve dans un procès ?
Selon l’article 1353 du Code civil, la preuve incombe au demandeur, c’est-à-dire à la partie qui réclame l’exécution d’une obligation. Si le demandeur prouve l’existence d’un contrat, par exemple, il revient ensuite au défendeur de prouver qu’il a payé ou qu’il est libéré de son obligation.
Qu’est-ce qu’une présomption légale ?
Une présomption légale, prévue à l’article 1354 du Code civil, est une règle selon laquelle la loi attache une certitude à certains faits ou actes, ce qui dispense la personne bénéficiaire de rapporter la preuve. Elle peut aussi entraîner un renversement de la charge de la preuve, obligeant l’adversaire à prouver le contraire.
La charge de la preuve peut-elle changer au cours du procès ?
Oui, la charge de la preuve peut se déplacer. Par exemple, après que le demandeur a prouvé l’existence d’une obligation, c’est au défendeur de prouver qu’il s’en est libéré, comme le précise l’article 1353, alinéa 2, du Code civil.