La complexité croissante du droit positif est un fait établi. La nécessité d’une hiérarchie des normes demeure fondamentale pour garantir la cohérence et la prééminence des normes constitutionnelles.
La place de la Constitution au sommet de la hiérarchie des normes a été renforcée en France par des décisions telles que l’introduction de la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) en 2008. La QPC permet aux citoyens de contester une loi qui porterait atteinte à leurs droits fondamentaux garantis par la Constitution.
Les 2 procédures de révision constitutionnelle
Article 11 : Utilisations dérogatoires
Procédure normale de l’article 89 : L’article 89 reste la procédure standard pour les révisions constitutionnelles. La majorité des révisions postérieures à 1969 ont utilisé cette procédure.
La révision de la Constitution française repose sur un processus strictement encadré par des limitations formelles et substantives, et sur un mécanisme nécessitant un consensus entre les pouvoirs publics.
Trois situations encadrent le moment où la révision de la Constitution est impossible :
Limites textuelles :
Limite jurisprudentielle :
L’initiative appartient exclusivement aux pouvoirs publics, à savoir l’exécutif et le législatif. Le peuple ne peut pas initier une révision constitutionnelle.
Au sein de l’exécutif :
Au sein du législatif :
Une fois l’initiative prise, le consensus est indispensable au sein du Parlement. Contrairement à d’autres domaines, le bicaméralisme est strictement égalitaire dans la procédure de révision.
La méthode d’approbation dépend de l’origine de la révision, qu’il s’agisse d’un projet ou d’une proposition de loi constitutionnelle :
Proposition de loi constitutionnelle :
Projet de loi constitutionnelle :
Depuis la promulgation de la Constitution de la Ve République en 1958, celle-ci a fait l’objet de 25 révisions jusqu’en mars 2024. Entre 1958 et 1991, seules cinq révisions ont été adoptées, reflétant une période de relative stabilité constitutionnelle. Cependant, de 1992 à 2024, le rythme s’est accéléré avec 20 révisions supplémentaires, soit une moyenne d’environ une révision tous les 1,6 ans. voir le site du Conseil constitutionnel
Cette intensification des révisions constitutionnelles depuis 1992 s’explique principalement par deux facteurs :
Mise en conformité avec le droit international et européen : L’intégration européenne et les engagements internationaux ont nécessité l’adaptation de la Constitution française pour permettre la ratification de traités majeurs et l’harmonisation avec les normes supranationales. Par exemple, la révision du 25 juin 1992 a permis la ratification du traité de Maastricht, et celle du 1ᵉʳ mars 2005 a intégré la Charte de l’environnement dans le bloc de constitutionnalité.
Modernisation de la vie politique et approfondissement de l’État de droit : Des réformes ont été entreprises pour améliorer le fonctionnement des institutions démocratiques, renforcer la séparation des pouvoirs et garantir les droits fondamentaux. La révision du 23 juillet 2008, par exemple, a introduit la question prioritaire de constitutionnalité, offrant aux citoyens un nouveau moyen de contester la constitutionnalité des lois. voir la fiche du Conseil constitutionnel
L’article 54 de la Constitution prévoit un mécanisme permettant de vérifier la conformité des engagements internationaux avec la Constitution française. Avant la ratification d’un traité, le Conseil constitutionnel peut être saisi pour évaluer cette conformité. Si le Conseil constate une contrariété entre le traité et la Constitution, la ratification ne peut avoir lieu qu’après une révision constitutionnelle. Ce processus n’est pas obligatoire, mais sans révision, le traité ne peut être ratifié. Ce mécanisme a été activé à plusieurs reprises depuis 1958.
26 juin 1992 : Traité de Maastricht
25 janvier 1993 : Convention de Schengen sur le droit d’asile
25 janvier 1999 : Traité d’Amsterdam
8 juillet 1999 : Traité de Rome sur la Cour pénale internationale (CPI)
25 mars 2003 : Mandat d’arrêt européen
1er mars 2005 : Traité établissant une Constitution pour l’Europe
4 février 2008 : Traité de Lisbonne
Depuis 1958, la Constitution française a été révisée à plusieurs reprises pour moderniser la vie politique et approfondir l’État de droit. Voici les principales révisions :
29 octobre 1974 : Extension de la saisine du Conseil constitutionnel à 60 députés ou sénateurs, renforçant ainsi le contrôle de constitutionnalité.
Juillet 1993 :
4 août 1995 :
8 juillet 1999 :Inscription dans la Constitution du principe de parité, garantissant l’égal accès des femmes et des hommes aux fonctions électives et mandats électoraux.
2 octobre 2000 : Introduction du quinquennat présidentiel pour aligner la durée du mandat présidentiel avec celle des législatives.
28 mars 2003 : Renforcement de la décentralisation avec l’inscription de l’autonomie financière des collectivités territoriales et la possibilité pour celles-ci d’organiser des référendums locaux.
1er mars 2005 :Intégration de la Charte de l’environnement dans le bloc de constitutionnalité, reconnaissant le droit à un environnement sain et le principe de précaution.
23 février 2007 : Réformes multiples :
23 juillet 2008 : Révision d’envergure modifiant ou ajoutant 39 articles, visant à rééquilibrer les pouvoirs entre le Président de la République et le Parlement :
23 juillet 2015 : Révision constitutionnelle concernant la Nouvelle-Calédonie, précisant les modalités d’organisation des consultations d’autodétermination.
8 juillet 2018 (annonce mais non aboutie) : Le président Emmanuel Macron propose une révision constitutionnelle ambitieuse visant à réduire le nombre de parlementaires, introduire une dose de proportionnelle aux législatives et limiter le cumul des mandats dans le temps. Ce projet est bloqué par la crise des Gilets jaunes et les tensions parlementaires.
2021 : Projet de révision pour inscrire dans l’article 1er de la Constitution la préservation de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique. Cette proposition, issue de la Convention citoyenne pour le climat, n’a pas obtenu l’aval nécessaire au Congrès.
Synthèse des méthodes de révision
Congrès de Versailles : Tous les présidents de la Ve République ont privilégié cette méthode pour obtenir les 3/5 des suffrages des parlementaires réunis en Congrès.
Référendum : Utilisé une seule fois, par Jacques Chirac, pour l’adoption de la réforme sur le quinquennat en 2000.
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