La composition des États généraux
L’ouverture des États généraux à Versailles, le 5 mai 1789, marquera le début de la Révolution française. Plus de 1100 députés sont présents dans la salle spécialement construite pour les États généraux. Le roi ouvre la séance par un discours qui ne satisfait pas les députés du tiers état.Conscients des attentes du pays, les députés du tiers État exigent une constitution qui limite les pouvoirs du roi, détaille les droits du peuple et envisage l’abolition des privilèges du clergé et de la noblesse.
Sous l’Ancien Régime, on appelle « les États généraux » des assemblées extraordinaires qui réunissent des représentants de toutes les provinces, appartenant aux 3 ordres de la société : clergé, noblesse et tiers État (le peuple). Les États généraux sont convoqués par le roi pour traiter, par exemple, d’une crise politique, d’une guerre, d’une question militaire ou fiscale.
Or, en 1789, la France est face à une situation financière et politique catastrophique, Louis XVI est donc obligé de réunir les États généraux. Ils n’avait pas été réuni depuis 1614. Seuls les États généraux peuvent décider de lever de nouveaux impôts et d’engager des réformes.
—> Les députés élus sont en général des hommes d’âge mur (46 ans en moyenne) qui ont déjà une certaine expérience de la vie politique et bien que la population française soit en grande partie rurale, près de 2/3 des députés résident dans des agglomérations de + de 2000 habitants, ce qu’on considère comme des villes. Ceci aura des effets politiques importants dans la mesure où les députés ne comprennent pas les besoins des ruraux et en particulier leur attachement à la religion. Les députés ne représentent pas nécessairement l’ordre dont ils sont issus et c’est ainsi que l’Abbé Sieyès représente le Tiers Etat et non le clergé dont il est membre.
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- Le Second Empire : l’Empire autoritaire (1852 – 1870)
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La sociologie des trois chambres
- a) Le clergé
—> On constate parmi les membres du clergé une surreprésentation des simples curés de paroisse par rapport aux évêques et par rapport aux moines et cela s’explique par la forte mobilisation politique qui fait que le clergé désigne des membres du bas clergé.
=>Cette surreprésentation ne les empêchera pas en définitif d’être dominés par les évêques
—> La plupart des députés évêques appartiennent à la noblesse ancienne et naturellement ils vont s’allier à la haute noblesse de l’ordre de la noblesse. Les députés curés pour leur part viennent de famille de notables mais il faut remarquer qu’un certain nombre d’entre eux sont issus des tranches inférieures de la société. C’est dans le clergé et non pas dans le Tiers Etat qu’on trouve des députés d’origine sociale modeste avec cette conséquence que certains députés du clergé ont des difficultés matérielles et financières pour se loger, se nourrir et c’est la raison pour laquelle on introduit plus tard une indemnité parlementaire afin de leur permettre de subsister à Paris.
- b) La noblesse
—> On constate d’abord qu’une forte majorité des députés nobles appartient à la noblesse ancienne (roturiers entrés dans la noblesse avant le 17e siècle) et même pour certain à la haute noblesse. On constate ensuite la faible représentation des nobles magistrats notamment des parlementaires et à plus forte raison on ne trouve guère de députés nobles venus de la haute administration car la noblesse est hostile à la haute administration (despotisme ministériel). La gde majorité des députés st des militaires et ceci aura une incidence nette sur la mentalité de ceux-ci car ils sont animés de l’idéal du commandement hiérarchique et de l’emprunt de la notion d’honneur.
- c) Le Tiers Etat
—> Parmi les députés du Tiers Etat, le groupe le plus nombreux est celui des hommes de loi tels que les juristes de profession notamment des magistrats, des juges et des avocats (Robespierre est le + célèbre). De façon générale, beaucoup de députés du Tiers Etat ont fait des études de droit et vont être imprégnés d’une mentalité de juriste, ce qui sera favorable à la bonne organisation des débats et au travail législatif. En revanche, on peut constater que ces députés juristes sont souvent éloignés des réalités concrètes et il faut enfin remarquer que cette présence des juristes à l’Assemblée restera une caractéristique du Parlement en France jusqu’à la Ve République. Par ailleurs, on trouve également des membres de profession intellectuelle notamment des profs d’université mais on trouve aussi des représentants du grand commerce et de l’industrie. En revanche, il n’y a aucun artisan ni petit commerçant et ceci explique pourquoi ceux-ci ont encadré la révolution des populations des villes.
—> On constate que si parmi les députés on trouve quelques cultivateurs importants, on ne trouve cependant aucun petit paysan et on peut donc dire que les députés du Tiers Etat sont issus de la bourgeoisie et beaucoup dont des propriétaires fonciers (ils possèdent des terres), + précisément beaucoup sont presque à la frontière de la chambre de la noblesse car ils ont une richesse, une culture pratiquement = aux nobles. Or, ces députés vont beaucoup ressentir l’espèce de mépris de la part des députés nobles. On constate qu’au sein de l’Assemblée Nationale, le conflit aigu entre les députés du Tiers Etat et de la noblesse n’a pas un fondement économique (qui serait capitaliste VS féodaux) mais psychologique (sentiment de mépris).
=>La sociologie des députés ne va guère évoluer dans les assemblées suivantes
La culture des députés
- a) La formation intellectuelle des députés
—> La grande majorité des députés a fait des études secondaires (enseignement de la théorique notamment) —> Beaucoup de députés du Tiers ont fait des études de droit et beaucoup de membres du clergé ont fait des études de théologie et philosophie. Quant aux députés de la noblesse, on constate qu’ils sont issus de la noblesse militaire et n’ont donc pas fréquenté l’université, ils ont été plutôt formés dans ce qu’on appelle les académies militaires. Ces députés de la noblesse militaire ressentent une sorte d’infériorité intellectuelle par rapport aux 2 autres chambres et ceci les gênera en particulier pour argumenter dans les débats de l’Assemblée.
=>Cependant, parmi les députés de la haute noblesse, on trouve de grands orateurs qui marqueront la politique.
- b) Les idées des députés
—> Le problème est de savoir si ces députés sont imprégnés de la philosophie des Lumières. Ces députés baignent dans un certain climat intellectuel dominé par les idées à la mode propagées par les Lumières (idée de nature, de droit naturel, de raison, de liberté, de nation…) Les députés ont fréquenté les lieux de culture des Lumières notamment les académies provinciales et la franc-maçonnerie, or on constate que seulement 4% des députés sont membres des académies provinciales et 20% de la franc-maçonnerie.
=>Il faut préciser qu’à cette époque la franc-maçonnerie n’est pas marquée politiquement comme elle le sera sous la IIIe République et ses députés auront des positions politiques différentes voire opposées.
—> Les idées abstraites des Lumières ont eu une grande influence directe sur l’attitude politique des députés au sein de l’Assemblée alors que normalement ils ne sont pas animés par des idées abstraites. Les orientations idéologiques des députés au cours de la révolution seront fonction des circonstances politiques et en particulier de l’interaction entre les groupes de députés puis entre les députés et la population, notamment le peuple de Paris. S’il existe une minorité de députés très attachés à la religion, on peut dire que, surtout parmi les nobles et le Tiers, domine l’indifférence à l’égard de la religion et on trouve un noyau hostile à la religion et au clergé.