SCIENCE POLITIQUE
La science politique est définie comme l’étude systématique des mécanismes gouvernementaux par l’application de méthodes scientifiques aux événements politiques.
Avant le XXe siècle, ce que nous appelons maintenant « science politique » s’apparentait plutôt à la philosophie, à l’histoire politique ou à l’étude du droit constitutionnel, les deux derniers comprenant la description des institutions politiques.
Voici le plan du cours de science politique :
Introduction :
La science politique est une science qui apporte des discours concret et précis. « La science réside dans la coordination des faits, elle présente les faits de manière structurée et cohérente. » donc la science politique est amenée à utiliser des modèles (représentation simplifiée de la réalité, qui permet d’articuler les faits les uns aux autres, afin de mieux comprendre leurs enchainements.)
La science est universelle et au sens où on a certainement un rapport aux valeurs, l’enjeu de ce cours c’est d’arriver à se dégager de ces valeurs pour arriver à produire des discours qui soient scientifiques, qui aient la rigueur de la science et qui puissent être reconnus comme valide à la fois par des personnes de droite ou de gauche ais qui vont s’accorder sur le constat du rapport est vrai.
Max Weber, Du savant et du politique ; « ce sont deux choses différentes d’une part de prendre position en politique, et d’autre part d’analyser scientifiquement des formations politique et des formations de partis dans l’amphithéâtre lorsqu’il est question de démocratie. »
Trois sections dans le cours,
Chapitre 1 : la participation politique
La participation politique là aussi peut être définie de plusieurs façons différentes. A minima on peut considérer la participation politique comme l’ensemble des actions pour lesquelles la masse des citoyens entre en contact avec le monde séparé du pouvoir en respectant certaines contraintes rituelles.
La démocratie n’a pas toujours été représentative, ainsi la démocratie athénienne est qualifiée de démocratie directe, dans laquelle l’assemblée du peuple jouait un rôle important. En même temps, Bernard Manin montre que l’assemblée n’exerce pas tous les pouvoirs, que certaines tâches pouvaient être confiées aux citoyens par tirage au sort et le tirage au sort dans la démocratie athénienne était justifié par l’idée selon laquelle toute fonction politique pouvait être exercé par des non socialiste. C’était aussi justifié par l’idée qu’il devait y avoir une rotation dans l’exercice du pouvoir, et aussi par l’idée que les citoyens qui se portaient candidat devaient avoir une probabilité équivalente d’accéder à la fonction. En même temps des pratiques de vote existaient aussi ponctuellement à Athènes mais surtout aussi à Rome, on retrouve le vote dans le fonctionnement de l’Eglise catholique au Moyen-âge, à la Renaissance, et s’il y avait déjà des pratiques de vote avant le 18e siècle, le vote n’avait pas le sens qu’il a acquis par la suite puisque Bernard Manin montre qu’une rupture est apparue avec les trois Révolutions fondatrices que sont la révolution anglaise de 1688, la révolution américaine 1776 et la révolution française 1789.
Bernard Manin, né le 19 avril 1951, est un politologue français travaillant dans le domaine de la pensée politique et connu pour ses travaux sur le libéralisme et la démocratie représentative Pour Bernard Manin ces révolutions ont fondé le gouvernement représentatif en abandonnant tout recours au tirage au sort et en accordant une place centrale dans le fonctionnement de la démocratie à l’élection. La notion de représentation repose sur l’idée d’une dissociation entre les gouvernants et les gouvernés. La notion de représentation suppose donc qu’à l’intérieur de la société, existent certains individus auxquels on confie le soin de la diriger et le choix des représentants va passer par l’élection. Pour Bernard Malin ce qui caractérise les gouvernements représentatifs c’est que les gouvernants sont désignés par l’élection à intervalle régulier, les gouvernants conservent dans leurs décisions une certaine indépendance par rapport aux électeurs, les gouvernés peuvent exprimer leurs opinions et leurs volontés politiques sans que celles-ci soient soumises au contrôle des gouvernants. Enfin, les décisions publiques sont soumises à l’épreuve de la discussion. Le vote devient donc central, dans la démocratie représentative en même temps le vote est une activité encadrée par un ensemble de règles techniques, juridiques, qui lui donnent son contenu. Le vote dépend du type de scrutin, il peut être majoritaire, proportionnel ou mixte. Il peut dépendre du découpage des circonscriptions, il peut dépendre de l’existence ou non d’un second tour. Il dépend aussi des dispositions limitant l’accès à la candidature.
Par ailleurs, ce que montrent les analyses historiques sur le gouvernement représentatif c’est que le choix de l’élection comme mode de désignation des représentants, n’a pas été un choix guidé par des préoccupations démocratiques, au contraire, les choix qui ont fait que l’élection a été préférée comme le mode prioritaire de désignation des représentants étaient motivés par le désir de porter une élite au pouvoir. Une élite qui pourrait être désignée par l’élection. Au 19e siècle, le corps électoral a été élargi dans les pays occidentaux, par exemple seuls les hommes composaient le corps électoral c’est-à-dire 15% de la population adulte. On constate aussi l’émergence de nouveau mode de participation politique, par exemple la grève, la manifestation aussi apparait comme une forme non conventionnelle de participation politique. Les citoyens vont inventer de nouveaux modes de participation politique. Un certain nombre d’auteurs s’accordent pour dire qu’il y a eu trois phases de la démocratie représentative.
Pour Bernard Manin à partir du moment où la démocratie représentative a été instituée elle s’est développée en suivant trois phases :
La phase du parlementarisme correspond à une phase dans laquelle il n’y avait pas forcément de coïncidence entre les préférences des élus qui étaient des notables, et les préférences des électeurs.
La deuxième phase, correspond à la phase de la démocratie des partis, à partir de la deuxième moitié du 19e siècle, les partis vont jouer un rôle croissant dans le fonctionnement de la démocratie représentative. Ils vont retraduire les clivages sociaux, linguistiques et religieux. Les auteurs s’identifient aux partis qui défendent leurs intérêts, dans cette phase il y a de très nombreux débats politiques à l’intérieur des partis, et les partis jouent un rôle fondamental dans l’expression de la politique.
Bernard Manin dit qu’à cette phase de démocratie des partis aurait succédé une troisième phase. Une phase dans laquelle les électrices et les électeurs ont des moyens directs d’expression qui leur permette de court-circuiter les partis. Les discussions politiques ont lieu dans un espace public médiatique. L’idée de Bernard Manin étant de dire que cette phase serait en rapport avec l’émergence d’un citoyen informé, qui se serait autonomisé par rapport aux partis et qui disposerait des médias comme moyen d’action (ex ; pour faire émerger un problème et qu’il soit pris en compte, plus utile de recourir aux médias, ex ; la façon dont les médias sont sollicités pour relayer un problème social).
Toutefois, on assiste à un retour des formes participatives de la démocratie.
Depuis une quarantaine d’années on assiste à une réapparition de formes plus participatives et plus délibératives de la démocratie. La démocratie est considérée comme participative lorsqu’elle permet la participation de tous au processus de décision lui-même sans faire appel à des représentants. L’idée qui l’anime est celle que tous les individus ont les qualités nécessaires pour participer à l’exercice du pouvoir. On peut considérer que la démocratie se fait participative à travers le recours au référendum. Au niveau local on voit aussi ré-émerger des formes de démocraties participatives, on voit aussi se développer des formes délibératives de la démocratie. Dans les années 80 s’est développée une littérature ventant les mérite de la démocratie délibérative.
La démocratie délibérative est un principe qui renvoie à la confrontation libre et publique d’arguments entre des individus doués de raison. Qui se situent sur un pied d’égalité et dans un respect mutuel parvenant à un consensus sur la définition de l’intérêt général et de l’intérêt commun. Cette forme de démocratie a aussi été développée dans les pays occidentaux à travers des processus de concertation et d’association du public aux décisions avec le développement des comités d’usagers, des conseils de quartiers. Par exemple, la loi Barnier de 1985 instituait la « commission nationale du débat public ». La participation politique s’est aussi diversifiée, elle peut se traduire par des activités directes, comme le vote. On peut aussi identifier dans la participation politique, d’autres comportements conventionnels, qui sont liés à des processus de décision institutionnalisés comme s’inscrire sur les listes électorales, prendre part à des discussions politique, adhérer à un parti, et puis on distingue un troisième ensemble de pratique de participation, avec les modes d’expression non conventionnels comme signer une pétition, participer à une manifestation, occuper un bâtiment public. Ce sont des modes d’expression politique.
La démocratie représentative s’est progressivement développée autour du principe de légalité politique. Or, ce que montrent les chercheurs qui ont gravité autour de Pierre Bourdieu, c’est que l’égalité politique est une égalité formelle qui cohabite avec l’existence réelle d’une société inégalitaire, et la hiérarchie sociale est organisée autour de la catégorie socioprofessionnelle. Or, ce que montrent ces travaux Bourdieusiens, c’est que plus on s’élève dans la hiérarchie sociale plus la participation politique tend à s’élever, ainsi Daniel Gaxie affirme que la société serait divisée entre participants professionnels et actifs de la politique d’un côté, et d’autre part les citoyens à l’écart de la politique qui ne participent pas à la vie politique et qui ne seraient que des spectateurs indifférents. (Daniel Gaxie est un politiste français né en 1947. Après avoir été professeur de science politique à l’université de Picardie, il entre en 1989 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, au sein du département de science politique de la Sorbonne).
Comment expliquer cet écart entre ceux qui participent à la vie politique et les indifférents ? Daniel Gaxie s’inspire des travaux de Pierre Bourdieu, et ce dernier a montré comment participer à la vie politique est une forme d’aptitude qui suppose de comprendre l’univers politique, qui suppose de faire la différence entre les prises de position des personnels politiques, cela suppose de comprendre l’activité des partis politiques, ça suppose d’être capable de justifier ses choix et ses préférences or ce que montrent les chercheurs bourdieusien c’est que ce sentiment de compétence n’est pas uniformément réparti dans la population et qu’un très grand nombre de citoyens peuvent avoir un sentiment d’incompétence politique, et pour Daniel Gaxie et les bourdieusiens, le sentiment d’incompétence à la politique renvoie à l’incapacité des citoyens à entrer dans les catégories de jugement et d’expression qui leur sont imposés. Ex ; des tickets modérateurs.
Pierre Bourdieu ( 1er aout 1930 – 23 janvier 2002) est l’un des sociologues français les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle.
Pour les boudieusiens le fait de participer à la politique est liée à plus ou moins un vif sentiment de compétence, et donc plus on se sent compétent, plus on va participer à la politique. A l’inverse lorsque ce sentiment de compétence n’existe pas, le citoyen exprime son impuissance et s’exclue de la vie politique.
Pour Gaxie et les bourdieusiens, il y aurait deux groupes dans la société, d’un côté le groupe des dominants et le groupe des dominés de l’autre.
Le livre de Gaxie remet en question la légitimité du système démocratique et de son corollaire, le suffrage universel. Selon lui, le système actuel a, en pratique, beaucoup de nombreux communs avec le système censitaire qui existait dans le passé.
Pour Pierre Bourdieu et Daniel Gaxie, la participation politique ne serait qu’un leurre idéologique, car elle ne serait que la simple expression de ce sentiment de compétence social, et les individus dominés socialement seraient exclus de la participation politique. Donc finalement les catégories du monde politique, le langage abstrait du monde politique jouerait un rôle fonctionnel équivalent au rôle d’un impôt. D’où le terme de « cens caché », qui exclurait les dominés de la participation politique. Cette exclusion, selon Gaxie ne résulterait pas d’une volonté, mais ce serait de manière inconsciente à travers le développement de ces règles sociales du jeu politique, que les dominants arriveraient à s’imposer. Derrière Gaxie se cache Bourdieu, puisque la théorie de Pierre Bourdieu parle de champs (champ journalistique, champ sportif, etc.) chaque champ aurait ses règles, mais il y aurait une forme d’homologie entre les champs. Et chez Bourdieu il y aurait cette idée que le champ politique serait l’équivalent du champ social. On retrouverait dans le champ politique, les inégalités que l’on retrouve dans d’autres champs.
Peut-être que tout n’est pas aussi unilatéral que le pense Gaxie, et peut-être qu’il existe des logiques possibles de compensation, et par exemple dans les années 60 la capacité à répondre aux sondages, d’un homme ouvrier était à peu près égale à celle d’une femme cadre supérieur. On voit que les inégalités ne sont pas qu’unilatérales et les choses peuvent être plus complexes. Par ailleurs, Daniel Gaxie remet en cause toutes les tentatives pour mesurer la participation politique. Par exemple, pour lui les sondages sont une forme d’imposition aux catégories des personnes qui sont interrogées. Faut-il pour autant cesser de mesurer la participation politique ?
III) Mesurer la participation politique
Chez les bourdieusiens il y a une critique très forte des sondages. La première tentative par Nonna Mayer (Nonna Mayer est une sociologue et une politologue française), listing des activités.
Les activités participatives peuvent être listées, et cette liste peut regrouper les activités politiques conventionnelles et non conventionnelles voir violentes. Nonna Mayer souligne qu’il est difficile d’observer à un moment donné toutes les décisions qui existent dans un espace donné. C’est pourquoi Nonna Mayer explique que l’on peut plutôt interroger les individus, les soumettre à des sondages en leur demandant s’ils pratiquent des activités données ou s’ils seraient prêts à les pratiquer, et à partir des réponses que Nonna Mayer a construit un « indicateur de potentiel contestataire » à partir de la réponse des inquiétés à la question suivante : « Voici un certain nombre de moyens que les gens utilisent parfois pour faire connaitre leurs opinions et leur revendication, pouvez-vous me dire pour certains d’entre eux si vous l’approuveriez ou pas ? Refuser de payer les impôts, participer à des manifestations de rue, peindre des slogans sur les mus, occuper un bâtiment administratif, provoquer des dégâts matériels, faire grève. » Pour Nonna Mayer les personnes qui choisissent au moins deux des réponses sont des personnes avec un « potentiel contestataire ».
En 1995 le résultat d’une enquête par sondage qui porte sur le potentiel contestataire, montre que les individus qui ont le potentiel contestataire le plus important, sont aussi ceux qui participent le plus aux activités conventionnelles et que ce sont les catégories ayant les revenus les plus élevés, les cadres supérieurs. Malgré tout, cette enquête retrouve indirectement certaines choses qu’avait dit Gaxie, cependant l’enquête montre quelques légères différence entre la participation conventionnelle et la participation non conventionnelle, puisque les plus jeunes ont un fort potentiel contestataire, et les enquêtes montrent que ce potentiel n’aurait fait qu’augmenter dans les sociétés occidentales, ce que Nonna Mayer explique en disant que le passage de la société industrielle à la société postindustrielle aurait eu pour conséquence la hausse des revenus et des niveaux d’éducation, ce qui pourrait expliquer l’augmentation de la participation à des actes non conventionnels, en même temps, Nonna Mayer propose aussi des explications alternatives à celles de Gaxie, puisqu’elle explique aussi que les citoyens occidentaux seraient plus autonomes, plus contestataires que ceux de la génération d’après-guerre, qui pourrait aussi s’expliquer par une transformation des valeurs dans cette société. En même temps, certains chercheurs soulignent que ce calcul ne mesure pas des activités mais des intentions, or il peut y avoir un écart entre les intentions et les actions, le problème de la mesure de la participation aux activités non conventionnelles est qu’on mesure des intentions. C’est pour cette raison que certain chercheurs se tournent vers un autre indicateur.
Les études montrent que l’intérêt pour la politique dépend du niveau d’étude et de l’appartenance sociale. A travers l’indicateur de l’intérêt pour la politique, on peut avoir une idée de la participation politique. Le résultat des études sur l’intérêt pour la politique constate que les différences diminuent au cours du temps, et on s’aperçoit que d’autres inégalités que les inégalités de catégories socioprofessionnelles, comme l’inégalité homme-femme, puisque les hommes montrent un intérêt pour la politique plus fort que les femmes. Ce qui est dû à un fait social, on incite les hommes à s’y intéresser notamment.
CHAPITRE 2 – LA SOCIOLOGIE ELECTORALE
En votant, les citoyens émettent des choix qui sont déterminés par de nombreuses variables. Parmi ces dernières interviennent l’âge, la profession, le milieu social, le sexe, les valeurs familiales et religieuses.
Dès le début de la IIIe République, l’orientation des choix électoraux est devenue un objet d’étude, les premières analyses de sociologie électorale établissent l’influence de l’environnement territorial sur les comportements électoraux. La sociologie électorale est devenue une spécialité où la France a excellé dès l’origine. Plusieurs modèles théoriques ont essayé d’expliquer la motivation des choix électoraux.
André Siegfried, (1875 – 1959) est un sociologue, historien et géographe français, pionnier de la sociologie électorale. Il est à la fois sociologue, historien et économiste et écrivain. Proche du sociologue Gustave Le Bon (cf. L’âme des peuples), il publie en 1913 son Tableau politique de la France de l’Ouest sous la Troisième République, ouvrage fondateur de la sociologie électorale dans lequel il insiste notamment sur l’influence de la géologie sur le vote des habitants d’une quinzaine de départements de l’Ouest de la France durant les quarante premières années de la Troisième République.
Siegfried est un homme qui a raté sa carrière politique, il appartenait à la bourgeoisie protestante. Jules son père était un républicain progressiste ami de Gambetta, dreyfusard, ministre de la IIIe république. Le fils de Jules, André est comme son père un militant républicain, il est parachuté pour arracher une circonscription à un député monarchiste.
Sur quoi repose Le tableau politique de la France de l’Ouest ? Dans cet ouvrage Siegfried a étudié des milliers de tableaux électoraux étalés de 1875 a 1810 dans 14 départements du grand Ouest français, et Siegfried montre dans ce livre qu’il existe des régularités, et l’objectif du livre est d’essayer d’expliquer ces régularités. Le tableau politique de la France de l’Ouest est un ouvrage qui a l’époque a été assez peu lu, mais a été redécouvert après la Seconde Guerre mondiale. Cet ouvrage est fondateur de la Science-politique, notamment par sa méthode puisque Siegfried a collecté minutieusement des données d’archives, il se base aussi sur l’étude données géologiques, des cadastres, il retrouve les taux de scolarisation dans les écoles privées. Mais il étudie également les limites géographiques de la pratique des patois, des dialectes, il étudie aussi les journaux locaux pour les campagnes électorales, il a aussi recours à des rapports préfectoraux confidentiels et il entreprend aussi de véritables visites ethnographiques sur le terrain. Visites au cours desquelles il recueille des éléments d’histoire locale auprès des maires, et journalistes. Surtout il emprunte les méthodes de la nouvelle géographie naissante et les données collectées sont catégorisées dans des cartes, et les cartes sont comparées les unes aux autres. Les correspondances entre les cartes, et les différences entre les cartes sont alors utilisées pour expliquer les comportements électoraux. C’est-à-dire que quand deux cartes se ressemblent il essaie d’expliquer les comportements électoraux.
Les autres travaux de Siegfried, sur les Etats-Unis lui ont notamment valu d’entrer dans l’Académie nationale
Les tempéraments politiques sont plutôt stables, ils sont définis comme une manière d’être, de se comporter, de réagir, et ces tempéraments politique sont divisés selon une opposition gauche/droite, avec d’un côté le vote pour les candidats de droite, qui assument la tradition de l’ancien régime, et de l’autre le vote pour les candidats de gauche républicains qui eux assument l’héritage de la révolution. En étudiant le comportement politique, André Siegfried prend l’exemple de la Vendée, et la formule que l’on a retenu de lui : « le granite vote à droite, et le calcaire vote à gauche. » cela renvoyait à un dicton populaire selon lequel … la Vendée est divisée entre le bocage granitique au nord et la plaine calcaire au sud et ce que montre Siegfried c’est que la carte des votes correspond à la carte géologique. Donc le clivage politique ne ferait que reprendre un clivage géologique. La relation entre la nature du sol et le vote, Siegfried montre qu’il y a d’autres variables intermédiaire, d’autres clivages.
Selon André Siegfried la stabilité de ces structures, la stabilité de l’habitat, des régimes de propriété expliqueraient que le vote ne changerait pas dans le temps
Le modèle de Siegfried a été critiqué pour plusieurs raisons, il a entretenu l’idée selon laquelle il pourrait y avoir un lien de causalité entre la nature des sols et le tempérament politique. Siegfried croyait que le lieu déterminait, qu’il y avait la psychologie des races, et de la personnalité ethnique, la critique d’une forme d’essentialisation des comportements politique sociale ; les comportements politiques étaient ramenés à des éléments biologiques, naturels. Par ailleurs un certain nombre d’auteurs ont souligné le caractère tautologique des analyses de Siegfried. Les corrélations entre les différents facteurs identifiés par Siegfried étaient certes identifiés pour la Vendée, mais ça n’était pas le cas pour d’autres territoires. On a reproché à Siegfried de ne pas avoir adopté suffisamment abordé de perspectives historiques, Siegfried n’explique pas quand et comment ces premiers clivages sont apparus. Pourquoi et comment les petits propriétaires indépendants et égaux se sont mis à voter à gauche et de quand date cet intérêt.
Dans son ouvrage, «Paysan de l’ouest » Paul Bois revient sur l’étude du comportement politique dans l’Ouest de la France, et en particulier il va choisir d’étudier la Sarthe en montrant que dans la Sarthe la partie occidentale vote pour la droite, tandis que la partie orientale vote pour la gauche. Or ce que montre Paul Bois, c’est que ce clivage n’a pas toujours existé dans la Sarthe, et pour lui il importe d’identifier le moment où ce clivage est apparu et Paul Bois fait remonter ce clivage à la période révolutionnaire. Ce que montre Paul Bois c’est qu’avant la révolution les campagnes de l’Ouest de la Sarthe n’étaient pas particulièrement royalistes et n’apportaient pas un soutien particulier au clergé. Si on regarde avec attention les cahiers de doléances on s’aperçoit que les cahiers de doléances les plus hostiles étaient les cahiers de doléance de l’ouest du département et les moins hostiles étaient ceux de l’est. Ainsi ce ne sont pas les attitudes par rapport à la noblesse et au clergé avant la révolution qui ont fait basculé les paysans de l’ouest dans le vote à droite. Au contraire ce que montre Paul Bois, c’est que c’est la révolution elle-même qui a fait basculer l’ouest de la Sarthe du côté des chouans. Le détonateur a été la nationalisation et la mise en vente des biens du clergé en novembre 1792. En effet, les paysans riches de l’ouest du département convoitaient les terres du clergé or ces riches paysans ce sont vus écartés, et cela a entrainé un ressentiment très fort contre la révolution. on va reprocher de ne pas assez expliquer comment un siècle plus tard le traumatisme pouvait toujours exister, comment la mémoire de ces évènements traumatiques étaient concernés, et comment expliquer que cette mémoire historique ait toujours une influence.
Les travaux de Siegfried ont inspiré un grand nombre de chercheurs. Les travaux d’inspiration « siegfriedienne » se retrouvent aussi dans les analyses des vote du Front National, puisque la montée de ce vote a été identifiée comme une montée dans un axe « le havre-perpignan ».
Les auteurs montrent que les élections de 2012 sont dans la lignée des élections précédentes : on retrouve dans les grandes lignes la même géographie électorale qu’en 2007. Même s’il y a eu une érosion du vote à gauche dans l’Est et le sud est puisque François. Mitterrand avait été majoritaire alors que ça n’a pas été le cas de François Hollande.
Illusion, car ce n’est pas parce que deux variables évoluent dans le même sens qu’il y ait une corrélation.
Nonna Mayer, les portugais et les espagnols sont très souvent concierges (il y a une trentaine d’années), et sont nombreux à habiter dans les quartiers huppés de l’ouest Parisien.
III) Effets spatiaux et contextuels
A la suite de Siegfried un certain nombre de penseurs sont revenus sur le lien, mais sans forcément recourir au cartes mais en recourant aux méthodes quantitatives. Herbert Tingsten qui a montré l’existence d’une corrélation entre le poids des ouvriers dans les quartiers et le vote socialiste. Herbert Tingsten montre que les quartiers ouvriers votent plus à gauche. Si on regarde la population d’ouvriers ce que montre Tingsten c’est que le chiffre national est supérieur dans les quartiers à forte concentration ouvrière.
Joseph Klatzmann (1921 – 2008) est un professeur de statistique français qui a appliqué ce modèle au code des ouvriers à Paris en montrant que le vote des ouvriers à Paris dépend du fait qu’ils habitent ou non dans l’est parisien. Plus il vit dans l’Est, plus il a de chances de voter à gauche. Cet effet de contexte résidentiel a été démontré par un autre auteur qui montre que cet effet résidentiel pouvait se traduire par un effet consensuel.
Chapitre 3 – Les modèles psychosociologiques d’explication du vote
Il s’agira de technique comme le sondage. Le sondage n’est au départ pas utilisé comme méthode d’analyse politique, mais surtout marketing. A partir des années 1930 ils sont utilisés à des fins politiques, faisant son apparition en 1932 aux USA a l’occasion des élections présidentielles, et Gallup prédira l’élection de Roosevelt via le sondage en se basant sur échantillon de la population. George Gallup est un statisticien et sociologue américain (né aux USA le 18 novembre 1901 – décédé le 26 juillet 1984). Son nom est devenu sondage d’opinion).
C’est une première car avant on utilisait la technique du vote de paille (les grands journaux demandait à leurs lecteurs), qui en cette année annonçaient la défaite de Roosevelt. Mais cette technique amenait à interroger seulement les électeurs des grands journaux, certes on interrogeait plus de monde, mais la constitution du groupe était très ciblée. Lazarsfeld a beaucoup utilisé la technique du sondage, il développera la technique du sondage par panel (sondage sur une petite partie de la population, via un échantillon représentatif, consistant à interroger des individus de manière répétée dans le temps), il constituera des panels couvrant toute la campagne politique, afin de voir l’évolution des intentions de vote.
Paul Felix Lazarsfeld (1901 – 1976) est un sociologue américain, d’origine autrichienne. Il est particulièrement connu pour l’importance de ses travaux sur les effets des médias sur la société et pour sa contribution au développement de la sociologie électorale.
Gallup – vote de paille.
Avec la technique du vote de paille on interrogeait un nombre beaucoup plus important qu’avec la technique du sondage, le problème c’est que la constitution de la technique du vite de paille était une constitution biaisée.
Paul Lazarsfeld va développer la technique du sondage par panel. Le panel est un sondage politique particulier, qui repose sur la constitution d’un échantillon de la population, échantillon représentatif, et ce sondage consiste à interroger les individus de manière répétée dans le temps. Lazarsfeld va développer cette technique au moment des élections et va constituer des panels qui couvrent toute la campagne politique, et la question sera de savoir comment les comportements, les habitudes évoluent au cours de la campagne.
I – Les apports de l’école de Columbia
Paul Felix Lazarsfeld a suivi des études d’économie et de droit et à ensuite eu un doctorat en mathématiques appliqués à Vienne. Après son doctorat il fonde un centre de recherche en psychologie économique et avec son équipe il réalise une enquête sur les chômeurs de Marienthal. Cette étude porte sur les effets de la crise des années 30 dans un village à proximité de Vienne, Marienthal, et pour cette enquête Paul Felix Lazarsfeld et ses collègues sont allés vivre sur le terrain, et se sont fondus dans la population, devenant moniteurs de sport, professeurs, etc. Pendant cette période ils vont obtenir des données, comme les taux d’emprunts à la bibliothèque, etc. Ce qu’ils révèlent c’est que la crise ne favorise pas les mouvements collectifs, les villageois qui étaient intégrés et solidaires avant la crise, après la crise les comportements étaient apathiques. Les villageois se replient sur eux.
Lazarsfeld va aux USA pour faire des recherches, en même temps les nazis prennent le pouvoir, Paul Felix Lazarsfeld ne reviendra plus en Autriche et aux USA il va passer aux méthodes quantitative et très vite il va diriger un centre de recherche ciblé sur les radios dont le but est d’essayer de mesurer l’influence des messages radiophoniques sur les auditeurs. Il est financé par Rockefeller, en 1940 il obtient une chair à l’université de Columbia à New-York et y crée le bureau of Apply Social Research qui organisera en 1940 une grande enquête intitulée « The people’s choice ». Cette enquête porte sur la campagne présidentielle de 1940 dans laquelle Roosevelt est candidat pour la troisième fois. L’équipe a choisi de travailler uniquement sur un complexe semi-urbain de l’Ohio, les enquêtes sont laissées aux domiciles des individus. C’est un sondage qui est panélisé puisque le questionnaire est administré sept fois entre mai 1940 et septembre 1940. L’objectif était de voir comment la campagne électorale peut-elle modifier les opinions des individus.
Les résultats de l’enquête montrent que finalement la campagne électorale ne modifie pas les intentions de vote. Au contraire les électeurs sont soumis à un double processus. Un processus d’exposition sélective et un processus de perception sélective. Les électeurs s‘intéressent aux candidats qui reflètent le mieux leurs opinions. Ensuite, les électeurs ne retiennent dans les discours et les faits de campagne que ce qui reflète leurs opinions. Les individus ne sont pas sensibles à la campagne électorale et l’information est filtrée. Les auteurs vont montrer que ce mécanisme de filtrage repose beaucoup sur les leaders d’opinion. Selon Lazarsfeld les leaders d’opinion filtrent les messages politiques et les répercutent ensuite sur leur entourage « two steps of communication » d’un côté la campagne et les leaders d’opinion qui transmettraient aux followers. Dans l’enquête de 1940 ces deux niveaux de communication ont été identifiés à partir d’une question sur les conseils de vote, on leur demandait s’il arrivait aux individus de donner des conseils de vote. Les auteurs se sont aperçus qu’il y avait des personnes qui donnaient beaucoup de conseils de vote et d’autres qui n’en donnaient jamais. Il n’y aurait pas d’homologie ente les différents domaines de choix pour les leaders d’opinion. En même temps Lazarsfeld montre un paradoxe, il montre que les individus qui sont le plus indifférents par rapport aux résultats des élections, ce qui sont le moins attentifs à la campagne sont les plus susceptibles de faire leurs choix politiques à la suite de conversation informelles. Mais les individus qui suivent le plus la campagne, qui s’y intéressent le plus sont le moins susceptibles de changer d’intention de vote. Les résultats de Lazarsfeld vont à l’encontre du mythe selon lequel il y aurait une toute puissance des médias, qui manipuleraient les individus, qui seraient comme des pâtes à modeler par les médias. Au contraire ce que montre Lazarsfeld c’est que la conversion des votes ne doit pas grand-chose à la campagne électorale. Lazarsfeld montre que cette conversion est rare.
Il y aurait une très grande stabilité entre les votes, selon Lazarsfeld le vote reste déterminé par des critères sociaux que sont la religion, le statut socio-économique, la géographie. Le statut socio-économique, dans le cas américain Lazarsfeld montre que le fait de se situer en haut de l’échelle sociale donne de plus grandes chances de voter républicain à l’inverse le couches populaires ont plus de chances de voter démocrates. Pour la religion, l’équipe de Lazarsfeld montre que le vote protestant est plutôt un vote républicain et que le vote catholique aux USA est plutôt un vote démocrate. Troisième facteur, la géographie, les ruraux votent davantage républicain et les urbains votent davantage démocrate.
« Les individus pensent politiquement comme ils sont socialement » Paul Felix Lazarsfeld.
Lazarsfeld a construit un indicateur de prédisposition politique à partir de ces trois variables, qui permet de prédire la probabilité qu’a chacun des électeurs de voter pour le candidat démocrate ou républicain. Il s’agit ici d’un modèle qui reste probabiliste, ainsi un individu de statut modeste urbain et catholique avait 80% de chances de voter démocrate, et un individu de statut social élevé, protestant et résidant en zone rurale avait 74% de chances de voter pour un candidat républicain. Par ailleurs pour Lazarsfeld les trois variantes ne jouent pas un rôle équivalent, et aux USA la variable qui joue le rôle le plus important et qui a le pouvoir le plus prédictif du vote, est la religion. La religion a une probabilité plus grande de prédire le vote que les autres variables. Cette technique du panel a été réutilisée par Lazarsfeld en 1948 et les résultats sont publiés dans un autre ouvrage. Ce que montre Lazarsfeld c’est que le vote constitue le prolongement des expériences sociales ordinaires, au moment de voter les électeurs ne suivraient ni l’avis de son journal, ni l’avis de la radio, mais bien l’avis de son groupe d’appartenance, qui est vecteur d’information sociale, mais aussi de pression sociale.
Le concept de Lazarsfeld a eu une grande postérité en Europe, puisque Nonna Mayer rappelle que l’idée en Europe selon laquelle la politique reflète les strates sociales a été bien acceptée en raison de la place importante du Marxisme dans la tradition et la pensée politique française.
Lipset et Rokkan ont développé des travaux différents de Paul Felix Lazarsfeld, et ont écrit un livre « Partis, systèmes » en 1967 dans cet ouvrage les auteurs reprennent des idées de Paul Felix Lazarsfeld pour expliquer la genèse des partis. La grande idée c’est qu’il y aurait des conflits dans la société et que les partis ne feraient que reprendre ces conflits sociaux et les traduire en conflits politiques, et les partis entretiendraient ces conflits sociaux. Les auteurs identifient quatre conflits fondamentaux dans les sociétés européennes du 19e siècle :
– Conflit centre – périphérie
– Conflit Eglise – Etat
– Conflit entre secteur agricole – secteur industriel
– Conflit entre capital – travail
Selon eux la révolution nationale et la révolution industrielle auraient induit ces conflits. L’idée c’est que les partis politiques auraient repris ces conflits et auraient entretenus des clivages dans l’électorat. C’est ce qui explique selon eux qu’on ait vu apparaitre en Europe des partis chrétiens-démocrates entretenant le clivage religieux. Mais l’opposition la plus importante selon eux c’est l’opposition entre le capital et le travail. Ce conflit social aurait été repris dans le clivage politique entre la gauche et la droite. Les partis de gauche, défendant les ouvriers les classes populaires, les partis de droite défendant les classes moyennes et supérieures. Un autre modèle a été développé aux USA, il s’agit ici du paradigme de Michigan.
II – Le paradigme de Michigan
Au « Serey Research Center » de Michigan ont été effectuées des enquêtes, parmi elles l’ouvrage de Campbell, Miller, Strokes, Butler. L’échantillon d’électeurs est composé d’individus de tous les Etats-Unis, et ce sondage n’est pas panélisé, il n’y a que deux passassions du questionnaire, avant le vote et après le vote.
Selon eux le vote est déterminé par les attitudes politiques des individus. Au centre de recherche du Michigan ont été élaboré des enquêtes de recherche, par sondage, mais à la différence de Lazarsfeld, l’échantillon est beaucoup plus grand. Un ouvrage collectif est élaboré, avec Campbell, Miller, Strokes, Butler notamment. Ils refusent le facteur déterminant social, en montrant le déterminant psychologique, selon eux, le vote est déterminé selon les attitudes politiques (disposition relativement persistante a présenter une réaction motivé de certaine façon).
Plus l’identité partisane est forte, plus le vote sera fort. Les travaux de cette école déterminent à quel candidat, parti, les électeurs s’identifient. L’identification partisane est donc définie comme un attachement affectif des électeurs a un des grands partis structurant la vie politique. Les individus voteraient comme ils achètent des voitures, le vote serait un acte de foi, de la même façon que quelqu’un ne s’y connaissant pas en voiture se réfèrerait a une marque qu’il connait, le leader d’un parti ferait office de cette marque de confiance. C’est l’identification a un parti qui entraine l’approbation plus au moins tacite de ces positions, c’est après ce que l’on a une identification forte a un parti que l’on va approuver son programme. Ici les individus sont incompétents car soumis à l’influence de leurs milieux personnels. Ceux pour laquelle l’identification partisane est la plus faible ont ceux qui ont le moins d’intérêt politique, la courbe qu’ils ont déterminés entre identification partisane et intérêt pour la politique a été transposé a la France entre Droite/Gauche, et a l’extrême gauche et droite, l’identification partisane est très forte, militantisme fort. Ils gagnent des élections de rétablissement sur lesquels on retourne à un vote normal après déviation, et des élections de réalignement, au cours desquels on observe un changement durable d’identification partisane chez certains électeurs.
Selon Nie le modèle de Campbell ne permettrait pas d’expliquer le vote des américains après les années 60’s puisqu’il y eu une modification des attitudes, en particulier la socialisation politique ne fonctionnerai plus sur ces critères. Les discours et les pratiques des deux grands partis auraient changés. Il met en avant le facteur de la personnalité du candidat, et de l’enjeu. Jusqu’aux années 50 la personnalité du candidat ne jouait pas beaucoup mais à partir de la candidature de Kennedy les électeurs se sont beaucoup plus centré sur la personnalité du candidat, avec la modification des médias. D’un autre côté, les auteurs soulignent le rôle de l’issu vote, de plus en plus les élections se concentrent sur un enjeu spécifique et les électeurs se concentrent dessus. Ils sont amenés à choisir le candidat les plus aptes à répondre à cet enjeu. Par exemple, aux USA les républicains sont connus pour être plus à même de lutter contre l’inflation et les démocrates contre le chômage. On le vit en France avec la crise.
Chapitre 4 : Les modèles rationnels du vote
I Les fondements de l’analyse du vote par la TCR
La théorie du choix rationnel. Important courant en sciences politiques américaine. Trouve ses fondements au 19ème siècle basés sur des analyses d’économistes classiques dont Jeremy Bentham → théorie de l’utilitarisme.
L’utilitarisme est un système de morale et d’éthique qui, faute de pouvoir définir objectivement ce que sont le Bien et le Mal, se propose d’en faire abstraction en établissant « l’utile » comme principe premier de l’action. Il considère que ce qui est utile est bon et que l’utilité » peut être déterminée de manière rationnelle.
Il analyse de l’individu comme un homo-economicus. Sa théorie est employé contre le holisme = opportunité. Le fait social, collectif, est le résultat de l’agrégation des actions individuelles, alors que l’approche holistique part du tout pour expliquer les parties.
Le holisme (du grec holos, tout) est l’idée selon laquelle les propriétés d’un système ne peuvent être déterminées ou expliquées à partir des seuls composants du système. Ce mot fut inventé par l’homme politique et intellectuel sud-africain Jan Christiaan Smuts (1870–1950) qui le définissait comme la tendance dans la nature à former des touts plus grands que la somme de leurs parties grâce à l’évolution créatrice (on parlerait aujourd’hui de la propriété d’émergence).
– Les TCR (Théorie du Choix Rationnel), elles, partent donc de l’individu, et supposent qu’il est un être asexué, pas d’appartenance à une classe, pas d’origine sociale… il agit en fonction de son intérêt individuel. La TCR (Théorie du Choix Rationnel) suppose qu’on est rationnel → agit dans son intérêt et cherche à maximiser son utilité sous contrainte. On entreprend des actions que quand l’utilité marginale de cette action est supérieure à celle du coup marginal de cette action. On suppose que l’individu est capable de classer ses préférences et que celles-ci sont transitives (peut switcher d’un choix à l’autre en fonction de la cohérence de ses choix). Suppose aussi qu’on est capable de choisir lorsque des alternatives nous sont présentées et que nous choisissons toujours sciemment. La rationalité incluse aussi que ces préférences sont constantes et données → suppose qu’il n’y a pas de changements dans les préférences (donc la Théorie du Choix Rationnel se fiche de la construction des préférences et goûts, très pragmatique). L’individu prend soit disant toujours la même décision quand il est confronté à des alternatives identiques dans des circonstances identiques. Carl Menger par exemple, a formalisé ces principes en conceptualisant des courbes d’utilité pour « scientifiser » ses analyses (ex : courbes d’utilité associée à la consommation d’un bien).
Alors que certains professent une rationalité parfaite (Anthony Downs), d’autres comme Herbert Simon pensent que la rationalité limitée. Downs parle d’une information parfaite disponible pour tous qui donne une rationalité parfaite, or elle suppose que les gens soient capables de calculer sans se tromper. Simon pense lui que l’info est imparfaite et que la recherche a un coût ; de plus, les capacités cognitives des gens sont limitées.
B Le paradoxe du vote
Au départ, la (Théorie du Choix Rationnel )TCR a été appliquée pour expliquer des faits économiques (décisions d’entreprises etc). Dans les années 50’s, ces analyses de choix rationnel se sont étendues aux domaines de la sociologie + politique. Avec le vote, les théoriciens du TCR ont considéré les marchés électoraux comme des marchés comme les autres (offreurs : candidats au pouvoir + demandeurs : électeurs, préoccupés par l’augmentation de leur utilité). Dans cette perspective, adapte la demande comme une décision d’achat, et les électeurs = consommateurs qui réagissent à des biens proposés. Mais assez vite, on bute contre un paradoxe de l’électeur rationnel. Downs est le 1er à l’avoir souligné dans « An economy theory of democracy » 1957. Pour lui, si on adopte la théorie du Théorie du Choix Rationnel, on devrait arriver à la conclusion que ce qui est rationnel pour les gens c de s’abstenir de voter, car le coût de la participation est supérieur à l’utilité procurée par le vote. Les maths de l’utilité seraient :
→ V = pU – C → L’individu ne vote que si V est positif, donc que si pU est > à C.
Pourtant les gens votent tout de même, donc modèle faux. Les abstentionnistes n’ont en général pas le profil des prototypes de Downs (les plus rationnels). En fait ce sont plutôt ceux qui sont les riches en capital culturel, social. Le modèle montre pourtant la différence entre les électeurs dans une unité électorale ; plus il y a de gens qui votent pour un candidat/ parti, plus le poids est faible et – de probabilité pour que son vote ait un impacte. Aussi par ex, les conditions météo peuvent avoir un impact.
C Le différentiel partisan DP : E (UAt+1) – E(UBt +1)
Différence entre utilité anticipée et celle procurée. Si E (UAt+1) est >, il va voter pour A. On peut aussi supposer que l’individu ne recherche de l’info sur les candidats et sur les partis afin de connaître l’utilité que lui procurerait leur victoire ; si la recherche à un coût, on peut supposer que ce coût doit être inférieur au bénéfice du vote. Ca amène à penser que la personne décide s’il continue à cherche que sur la base de la valeur d’une info qu’il ne détient pas encore. Pour Valdimer O. Key JR, les gens ne votent pas seulement pour le candidat en course mais aussi en pensant à celui sortant → donc le bilan serait pensé négativement. Au contraire, la personne est donc rationnelle si elle reconduit un candidat sortant avec un résultat convenable. Du coup l’électeur se demande pour qui il va voter, et peut éventuellement changer d’une élection à l’autre. On est dans la stratégie.
D la théorie de l’électeur médians
Analyse de deux entreprises concurrentes géographiquement parlant : il faut qu’elles s’installent quasi au même endroit dans la rue. Ce modèle fut appliqué aux votes et partis → partis A et B. Downs s’intéresse à la position politique de ces partis selon l’enjeu donné (ex : intervention de l’état). La distribution des individus est normale : beaucoup au centre et peu aux extrémités (donc peu sont favorables à une trop grande intervention de l’état, et trop peu ne le veule pas du tout). Du coup, les gens ont intérêt à se rapprocher des électeurs médians, ceux qui divisent la population en 2 groupes de taille =. Malgré tout les gens ne peuvent pas tout le temps avoir les mêmes intentions de vote.
II Les tentatives pour surmonter le paradoxe du vote
A Les amendements au modèle conservant le cadre général de la TCR
Raymond Boudon (adverse de Pierre Bourdieu), penseur de l’individualisme méthodologique. Il explique que finalement le vote est comme le pari que décrit Blaise Pascal (janséniste) à propos de l’existence de Dieu → nous sommes dans l’incertitude de son existence, pourtant ça ne doit pas décourager la foi. Boudon dit donc que le vote est = à cette pensée ; on ne perd rien à voter, mais les regrets seraient immenses si le vote avait pu avoir une influence.
B Amendements qui sortent du modèle TCR
Faits pour rendre compte du paradoxe.
III) les modèles iconométriques inspirés par la théorie des choix rationnels
Les électeurs comparent les utilités espérées associées au vote pour chacun des candidats, cependant, dans une perspective de rationalité limitée on peut supposer que l’individu n’est pas capable de comparer l’utilité espérée associée à la victoire des candidats dans tous les domaines de l’action publique. L’individu a une rationalité limitée et dans cet objectif on a supposé que l’électeur va raisonner essentiellement sur des enjeux donnés. Dans une perspective de rationalité limitée on suppose que l’électeur se concentre sur certains enjeux, et donc un très grands nombre de travaux iconométriques ont été amenés à se demander quels enjeux il fallait considérer et ils ont considéré que s’étaient les enjeux économiques qui pouvaient avoir de l’importance et de nombreux travaux iconométriques ont étudié le lien entre le contexte économique et le vote.
Par exemple, Kramer a étudié l’impact de l’inflation, du chômage, et du pouvoir d’achat sur les votes pour les élections à la chambre des représentants américaines, de 1864 à 1964, sur un siècle, il met ce vote en lien avec des paramètres macro-économique, et ce qu’il montre c’est que les variations de l’inflation, du chômage, et du pouvoir d’achat de l’année qui précède l’élection ont une influence, et il montre que ça n’est pas le niveau de ces variables qui compte mais ce sont les variations de ces variables (inflation, chômage, et pouvoir d’achat) qui ont un impact sur le vote.
Selon Kramer une baisse de 1% du revenu moyen entrainerait une baisse de 5% des votes pour le parti au pouvoir. Cette étude montre en même temps que les électeurs sont amnésiques, et ne retiennent surtout que ce qu’il s’est passé à la fin des mandats. Donc, ce modèle permet alors de mieux comprendre aussi les politiques publiques puisqu’un très grands nombre d’hommes et de femmes politiques connaissent cette amnésie, et donc il n’y a rien d’étonnant à avoir vu se développer dans les pays occidentaux, depuis de très nombreuses années des politiques de stop-and-go c’est-à-dire qu’après les élections on fait des politiques de rigueur, et puis juste avant les élections, ils mettent en place des politiques de dépense, de relance. Les gouvernements sont prêts à dépenser beaucoup plus juste avant les élections. Et en général les réformes qui font mal sont très souvent prises en début de mandat.
Les économètres se sont disputés pour savoir si le vote était prospectif ou rétrospectif et pour savoir aussi si le vote était égocentrique ou socio-trophique. On a vu que dans les perspective du choix rationnel les individus votent en fonction de leur utilité, mais les économètres montrent que l’on pourrait penser que les électeurs peuvent certes anticiper l’utilité à venir, qui correspond à un modèle prospectif. Mais les économètres ont montré que le vote peut être aussi rétrospectif, donc que les individus peuvent aussi voter en fonction de la façon dont a évolué leur utilité avec l’équipe sortante.
Il y aussi un débat entre les économètres, entre un modèle égocentrique ou socio-trophique, puisque la question est de savoir si les individus votent en considération de leur utilité personnelle qui serait le modèle égocentrique, ou si les individus choisissent en fonction de la situation du pays entier qui serait une situation de modèle socio-trophique. La notion d’utilité est une notion d’utilité collective. Pendant longtemps les modèles iconométriques ont plutôt testé des analyses de vote rétrospectif et socio-trophiques. Car il est plus facile d’avoir des modèles sur le passé que des anticipations, et par ailleurs ils ont été socio-trophique il plus facile d’avoir des données sur la situation du pays. Il suffisait d’avoir des données sur l’évolution de la croissance, du chômage, de l’inflation, pour utiliser des modèles rétrospectif et socio-trophique. Mais les sondages se sont développés et avec eux on a pu connaitre la façon dont les individus anticipent le futur, sur leur situation individuelle.
Lewis Beck a testé ce modèle de choix rationnel dans un chapitre du livre « L’électeur a ses raison ? » de Daniel Bois et Nonna Mayer et Lewis Beck montrent que dans le cas des législatives et des présidentielles on peut bien identifier un lien entre du produit national brut et le vote. Il montre aussi que les évaluations des électeurs sur la situation collective du pays sont plus déterminantes dans le vote que leurs évaluations sur leurs situations individuelles. Par exemple, en 1995 les électeurs qui considéraient que la situation avait empiré durant l’année étaient moins enclins à voter pour Edouard Balladur, premier ministre sortant. De même en 1995 parmi ceux qui anticipaient un déclin économique en France à venir dans les mois à suivre, il y avait une majorité qui votait contre le candidat Jacques Chirac. Le problème c’est que ce modèle punition/récompense fonctionne bien dans un modèle bipartisan, mais s’applique beaucoup moins bien dans un système avec plusieurs candidats. A partir du moment où on raisonne sur un ensemble de candidats, parmi lesquels plusieurs ne sont pas sortants, c’est plus compliqué à mettre en œuvre.
CHAPITRE 5 – LE VOTE DE CLASS
La question que l’on va se poser est ; est-ce que l’appartenance de classe joue un rôle dans le vote, ou est-ce que le statut économique ou le statut social joue un rôle dans le vote ?
L’idée selon laquelle l’appartenance à une classe pourrait avoir un impact sur le vote, est une idée qui a été développée en Europe par la tradition marxiste, mais qui ensuite a dépassé le marxisme. Dans ces travaux Marx montre que les classes sociales se distinguent selon les rapports qu’elles entretiennent avec les moyens de production, ainsi Karl Marx distinguent ceux qui possèdent les outils de production de ceux qui ne les possèdent pas. Par ailleurs, on observe que si l’analyse électorale s’est beaucoup intéressée au lien entre classe sociale et vote en Europe c’est aussi parce que les partis politiques en Europe se sont développés sur une base de classe, par exemple en France les partis politiques se développent notamment au début du 20e autour de la question ouvrière alors qu’au contraire aux Etats-Unis le clivage s’est construit autour des enjeux de l’esclavage et de la guerre de sécession.
Lipset et Rokkan développent l’idée qu’il y a dans les sociétés européennes des conflits sociaux et selon eux, les partis politiques sont les agents de la transformation de ces conflits sociaux en division politique durable. Pour Lipset et Rokkan il y a quatre conflits sociaux fondamentaux qui ont ensuite été repris dans le champ politique :
– Centre/périphérie
– Eglise/Etats
– Industrie/agriculture
– Capital/travail
Ces conflits sociaux ont été repris dans le champs politique et notamment le conflit entre capital et travail selon serait important et même primordial ainsi Seymour Lipset écrit en 1981 que dans pratiquement tous les pays économiquement développés les groupes à bas revenus bossent principalement pour les partis de gauche, tandis que les groupes à revenus élevés votent principalement pour les partis de droite. Cependant, est-ce toujours le cas ? Peut-on juste s’intéresser aux revenus ? Le revenu est-il le seul indicateur de la classe sociale à retenir ? NON. D’autres indicateurs existent.
L’indice d’Alford est un indice qui a fait couler beaucoup d’encre, il expose cet indice en 1963, c’est une technique simple pour mesurer le vote de classe et cet indice mesure le vote de classe en simplifiant la réalité puisque finalement Alford propose de réduire la réalité à deux classes et à deux votes. A deux classes ; car selon lui il n’y aurait que les ouvriers d’un côté et de l’autre les non-ouvriers, Alford distingue les non-ouvriers des ouvriers à partir du critère du travail manuel. Ensuite le vote est réduit à deux types de vote ; le vote à gauche et le vote à droite. Donc le vote d’Alford est considéré comme une soustraction dans laquelle on soustrait la proportion d’ouvriers votant à gauche, à la proportion de non-ouvriers votant à gauche (proportion d’ouvriers votant à gauche – proportion de non-ouvriers votant à gauche) ainsi, si pour une élection donnée tous les ouvriers votent pour la gauche, et aucun des électeurs non-ouvriers votent pour la gauche, l’indice d’Alford sera égal à 100% – 0% et dans ce cas-là on aura un vote de classe. Si au contraire, la proportion des ouvriers qui votent à gauche est identique à la proportion des non-ouvriers qui votent à gauche dans ce cas-là il n’y a au contraire pas de vote de classe, car la propension à voter à gauche est la même pour les ouvriers et non-ouvriers. La plupart des enquêtes qui ont été développées à partir de l’indice d’Alford montrent qu’il y aurait un essoufflement du vote de classe. On constate une diminution de l’indice d’Alford entre 1948 et 1992, passant par exemple de 45 aux USA après la Seconde Guerre mondial à pratiquement 0 en 1992.
Bruno Cautrès a calculé l’indice d’Alford a partir des résultats des élections législatives et à partir des élections législatives en France depuis 1993, on voit bien que cet indice d’Alford est surtout utilisé pour montrer le déclin du vote de classe. Cependant un très grand nombre de chercheurs, dont Richard Nadeau, Eric Belanger, Michel Lewis Beck, Marchal Foucault, et Bruno Cautrès, ils soulignent que l’indice d’Alford est sensible à deux choses ; la façon dont on code les classes sociales et puis l’indice d’Alford ne tient pas compte des effectifs. Si on fait un calcul de l’indice d’Alford à partir de soustractions du vote des ouvriers et non-ouvriers, peut être amené à intégrer des individus très différents. C’est pourquoi les auteurs proposent de le transformer pour le rendre beaucoup plus précis, par ailleurs le modèle d’Alford ne tient pas compte des effectifs
Les rapports de chance, au lieu de faire une soustraction on fait des rapports de chance, et on fait un rapport entre la proportion des ouvriers qui votent à gauche divisée à la proportion des non-ouvriers qui votent à gauche et de l’autre la proportion des ouvriers qui votent à droite divisée par la proportion des non ouvriers qui votent à droite. C’est une façon de répondre à la critique de l’indice d’Alford.
Cela peut avoir un impact dans le calcul de l’indice et un certain nombre de chercheur ont proposé des évolutions dans la façon de distinguer les groupes, notamment Goldthrope et Erikson qui proposent de coder de façon plus fine les groupes et au lieu de comparer ouvriers et non-ouvriers ils proposent de comparer le vote des cadres supérieurs et des professions libérales avec le vote des ouvriers et des employés. En comparant comme cela, l’indice d’Alford sera beaucoup plus fort qu’avec la comparaison des ouvriers et non-ouvriers. Nonna Mayer de son côté propose d’identifier des attributs ouvriers et de comparer la situation des individus qui n’ont aucun attribut ouvrier avec la situation des individus qui ont trois attributs ouvriers. Les attributs ouvriers sont par exemple le fait d’être ouvrier soi-même, mais le fait d’avoir un père ouvrier ou le fait d’avoir un conjoint ouvrier est également considéré comme un attribut ouvrier. Pour elle c’est un bien meilleur moyen d’analyser le vote des ouvriers puisque les études montrent que le sentiment d’appartenance peut dépendre de la situation que l’on a mais aussi de la situation du conjoint, ou de l’histoire que l’on a. Nonna Mayer montre qu’à partir de ces attributs ouvriers là aussi on trouve un vote de classe.
Goldthrope et Erikson proposent aussi de distinguer dans le bloc des non-ouvriers la situation des indépendants de la situation des salariés, parmi les salariés ils proposent de distinguer le vote des salariés d’exécution et le vote des salariés cadres supérieurs. Par ailleurs, les chercheurs français ont montré l’intérêt qu’il pouvait aussi y avoir à regarder précisément le vote par rapport au statut, et notamment selon que les individus travaillent dans le public ou qu’ils travaillent dans le privé. Les chercheurs français insistent aussi sur le clivage selon le type de contrat (contrat protégé ou contrat précaire) et les travaux de recherche montrent que les employés de la fonction publique votent davantage à gauche que ceux qui travaillent dans le privé. Par ailleurs d’autres travaux montrent que l’on peut aussi s’intéresser aux revenus, au patrimoine et qu’il y aurait aussi intérêt à calculer en regardant les rapports selon que les individus travaillent dans le privé ou dans le public, selon qu’ils ont des attributs ouvriers ou non, qu’ils ont un patrimoine ou non.
Quand on fait la soustraction, le problème c’est que rien ne nous dit qu’à travers le vote de classe on ne va pas mesurer indirectement l’effet d’autres variables, par exemple si on fait un taux de ratio rien ne nous dit qu’à travers l’appartenance à la fonction publique il n’y a pas d’autres facteurs qui vont jouer, comme le fait qu’il pourrait y avoir plus de femmes dans le public que dans le privé ou que l’âge moyen entre ces deux secteurs est différent. Rien ne nous dit qu’on ne fait pas qu’enregistrer d’autres variables. On pourrait obtenir un indice d’Alford élevé, mais il ne permet pas vraiment de contrôler l’impact des autres variables. C’est pour contrôler l’effet que pourraient avoir d’autres variables que les chercheurs ont recours à un autre indice qui est la régression multi-variée.
Dans le livre de Nadeau, Belanger, Lewis Beck, Cautrès et Foucault, ils ne se basent que sur ces régressions multi-variées. C’est un modèle qui permet de mesurer le rôle joué par une variable sur l’évolution d’une autre variable, en supposant que d’autres variables n’interfèrent pas. On les utilise pour mesurer le rôle joué par un certain nombre de variables sur le vote, et donc les régressions multi-variées sont des modèles mathématiques dans lesquels sont estimés des coefficients de régressions logistiques. Le principe c’est qu’on suppose que l’on a deux types de variables, la variable expliquée (celle que l’on cherche à expliquer, ici le vote) et de l’autre il y a les variables explicatives qui correspondent aux facteurs explicatifs du vote (âge, genre, éducation, religion, occupation, revenu, secteur d’emploi, patrimoine). On suppose que cette viable expliquée, le vote, peut prendre comme valeur soit 1 soit 0. 1 suppose que l’on vote pour le candidat, et 0 suppose que l’on ne vote pas pour le candidat, par exemple on peut faire un modèle de régression multi-variée sur le vote pour Nicolas Sarkozy au second tour des élections de 2007, cette variable expliquée vaut 1 quand l’individu affirme qu’il a voté pour Sarkozy, et on la code 0 lorsqu’un individu déclare qu’il n’a pas voté pour Sarkozy.
On peut donc représenter une régression multi-variée avec : Vote = âge + genre + éducation + religion + occupation + revenu + secteur d’emploi + patrimoine, par exemple. Il importe de regarder le signe des coefficients et leur valeur. Le signe des coefficients, puisque si le coefficient est positif (il vaut par exemple si le coefficient âge vaut 0,02) alors cela signifie qu’il y a une relation positive entre la variable explicative et la variable expliquée si cette variable expliquée est aussi positive. La deuxième chose qu’il faut regarder c’est la valeur des coefficients, la valeur désigne la force de l’association entre la variable explicative et la variable expliquée. L’interprétation directe des coefficients est difficile quand on travaille juste sur un modèle. Si le coefficient est faible par rapport aux autres variables, ça veut dire que cette variable explicative aura peu d’effet sur la variable expliquée. A ce moment-là on a un tableau dans lesquelles apparaissent les probabilités.
Les régressions multi-variées permettent de raisonner toutes choses égales par ailleurs, c’est-à-dire que les régressions multi-variées permettent de voir l’effet d’une variable explicative sur la variable expliquée, en supposant que les autres variables n’auront pas d’effets sur la variable expliquée. Pendant longtemps on a dit que les variables lourdes du vote étaient l’âge, le sexe, le niveau d’éducation, la catégorie socioprofessionnelle et le revenu.
La religion peut-elle être associée à la classe sociale ? Force est de constater que la religion est un facteur important du vote, en France le vote protestant est plutôt associé à la gauche et le vote catholique plutôt associé à droite. Alors que c’est l’inverse aux USA. En France ce poids persistant de la religion, et cette signification du vote religieux, peut s’expliquer historiquement, les guerres religieuses, les conflits entre les républicains laïcs et l’Eglise. Les partis de droites se sont plutôt faits les défenseurs de l’Eglise catholique alors que les partis de gauche étaient des laïcs.
Mais il y a aussi des raisons sociologiques, puisque Michelat et Simon ont relevé à la fin des années 1970 l’existence du sous culture catholique, dans laquelle il y aurait des valeurs importantes que sont la famille, le travail, le foyer, le patrimoine (matériel ou symbolique). Le patrimoine est vu comme un moyen de pérenniser le lien familial en transmettant des biens, en conservant le lien familial ils entendent transmettre des biens, des valeurs de générations en génération. Ils sont fortement enclins au vote à droite car la droite parait plus à même de défendre le patrimoine que la gauche. Donc le lien entre religion et vote serait un lien indirect qui passe par la notion de patrimoine. Par exemple, en moyenne entre 1990 et 2007 les quatre auteurs précédemment cités ont montré qu’aux élections présidentielles, les catholiques ont en moyenne soutenu trois fois plus les candidats de droite, que n’ont pu le faire les électeurs non pratiquants.
Alford publie son texte en 1963 et jusque dans les années 60 le modèle du vote de classe est un modèle partagé dans les pays occidentaux pour expliquer le vote ouvrier notamment. L’indice d’Alford a été plus utilisé par la suite pour montrer qu’il y avait un déclin du vote de classe. Pour montrer les travaux menés à partir de l’indice d’Alford, aux USA le vote de classe a décru jusqu’en 1992, en France il était élevé sous la 4e république et a diminué sous la 5e. Comme dans les autres pays, le vote de classe n’a fait que décliner. Même dans les pays de l’URSS. On assiste à un éclatement du vote ouvrier. En 2007 le vote pour Nicolas Sarkozy des ouvrier a atteint 56%, par ailleurs le vote FN a aussi augmenté chez les ouvriers, en situation de chômage les ouvriers sont plus prompt à trouver que les immigrés pourraient être responsables. De même les questions sécuritaires et d’immigrations comptent un intérêt plus important chez les ouvriers, au même moment l’élection socialiste s’est embourgeoisée.
Le vote FN a augmenté chez les ouvriers. Le PS a accru sa présence dans les grandes métropoles. La thèse du vote de classe a bien rendu compte du vote des agriculteurs. Ils ont toujours eut un vote spécifique qui se distinguaient de celui des ouvriers. Alors que du point de vue de l’éducation, des revenu, les agriculteurs peuvent paraitre proche des ouvriers. Mais les agriculteurs ont une vision différente des moyens de productions. Ils sont souvent propriétaire de leurs terres.
Maurice Duverger : les agriculteurs constituent une classe de soutien à la bourgeoisie c’est-à-dire que politiquement les agriculteurs votaient avec la bourgeoisie alors même que socialement ils partagent certaines caractéristiques communes avec les ouvriers.
Les politistes montrent qu’il existe bien toujours des clivages politiques liés au statut, à l’activité professionnelle mais que ces clivages ce sont transformés. Les politiques mettent en avant l’existence de clivage selon le secteur d’emploi. Par exemple : aux élections présidentielles de 2007, 30% de la main d’œuvre française travaillait dans le secteur public et 54% de ces personnes travaillant dans le public ont voté pour Ségolène Royal au 1er tour. 2 pistes d’explications peuvent être avancées :
– Soit on peut considérer que le fait de travailler pour l’Etat provoquait un attachement pour le service public et on peut supposer que les électeurs peuvent avoir le sentiment que la gauche sera plus à même de défendre le service public.
– Les employés du service public partagent un certains nombres de valeurs spécifiques et que ces valeurs les ont amené à préférer occuper des emplois dans le public plutôt que dans le privé.
On voit qu’il y a bien un clivage public/privé.
Un certain nombre de travaux montrent que la prise en compte du revenu n’est pas forcément un indicateur stable du vote. Il n’y aurait pas de si grands clivages selon le revenu. En revanche il y a un clivage important selon le patrimoine.
Ainsi des chercheurs français comme Jacques Capdevielle ont mis en avant le rôle joué par le patrimoine en montrant que la détention d’un actif accroissait les chances de voter à droite. En montrant que plus les électeurs possèdent d’actifs patrimoniaux plus leurs chances sont grandes de voter à droite. Les partis de droite se sont construit l’image d’être les meilleurs défendeurs du patrimoine. Les mesures symboliques de la gauche pour montrer qu’elle n’hésite pas à lutter entre les inégalités en essayant de conserver les patrimoines les plus importants.
Nadeau, Foucault et Lewis Beck ont publié un livre sur le faute des français aux présidentielles. Ils montrent qu’il y a aussi un clivage selon la nature du patrimoine. Selon que le patrimoine est fortement risqué ou faiblement risqué. Plus le patrimoine est risqué plus grande est la possibilité à droite. Plus on détient de patrimoine, plus on va voter à droite. Il y a un clivage qui existe donc selon le patrimoine.
Chapitre 6 : la place du genre des clivages ethniques et culturels dans les comportements politiques
Les orientations culturelles sont donc une variable de vote.
I – Un vote genré ?
La notion de genre est avant tout une catégorie d’analyse scientifique, des sciences sociales mais pas une catégorie idéologique. La notion de genre est une notion qui permet de distinguer ce qui est purement biologique et qui renvoi au sexe, et de l’autre côté ce qui est construit par la société autour des différences de sexe.
La notion de genre est apparu pour avoir une notion différente de la notion de sexe et qui permet de désigner tout ce qui est construit socialement autour du sexe et qui peut être rattaché par la société à la différence de sexe mais qui n’est qu’un construit social.
Le genre permet de caractériser des éléments culturels en évolution.
Les sociétés peuvent avoir tendance à certes passer pour biologiques des différences qui sont sociales. Il y a un très grand nombre d’éléments dans une société qui peuvent apparaitre féminisé c’est-à-dire associés à des caractérisés féminines mais qui ne renvoie pas à des choses naturellement féminine. Exemple : il n’est pas naturel pour une femme de se maquiller c’est une socialisation familiale, par les médias qui poussent les femmes à se maquiller et moins les hommes.
Les frontières entre les activités, les objets féminisés ou masculinisés évoluent avec le temps (par exemple, il existe aujourd’hui des lignes de maquillage pour homme). Les frontières peuvent évoluer.
Etudier les comportements politiques au prisme du genre conduit à s’intéresser aux différences entre les comportements politiques des hommes et des femmes et à chercher à les expliquer en supposant que ce n’est pas parce que les femmes n’ont pas de chromosomes Y qu’elles ne peuvent pas comme les hommes mais qu’il peut y avoir un certain nombre de facteurs sociaux qui expliquent pourquoi les femmes peuvent avoir un comportement différent des hommes.
Pour expliquer ces comportements différents en politique entre les femmes et les hommes, 2 choses sont à souligner :
– Il est possible de constater des écarts différents entre le vote des hommes et celui des femmes mais derrière cet effet de genre il peut se cacher d’autres effets. Il est possible d’avoir un taux de vote pour un candidat ou parti différent entre les hommes et les femmes, ce qui laisse penser que c’est un effet genre mais en réalité d’autres effets se cachent. Par exemple, pendant longtemps les femmes ont voté plus à droite que les hommes. Si on regardait les pourcentages on s’apercevait que le % de femme. votant à droite était supérieure au % de femme votant à gauche. Derrière cette apparence entre le vote des femmes et des hommes se cachaient un effet de religieux, car les femmes étaient plus pratiquantes que les hommes. Or la pratique religieuse accroit les chances de voter à droite.
– Dans certains cas on peut identifier des effets purs du genre, à diplômes équivalent, à patrimoine et pratique religieuse équivalente, on peut malgré tout constater un vote différent des femmes par rapport aux hommes. L’explication n’est pas que les femmes votent différemment en raison de la biologie mais parce qu’il y a des effets sociaux associés aux genres. Ça peut renvoyer au fait que les femmes sont socialisées différemment des hommes, on ne transmet par le même gout pour la politique aux femmes qu’aux hommes. Les femmes ne sont pas forcément autant encourager que les hommes à participer aux discussions politiques
– Les femmes ont encore des rôles qui leurs sont assignés dans la société, encore aujourd’hui ce sont beaucoup plus les femmes qui s’occupent des enfants, du travail domestique dans les ménages etc. On peut aussi être amené à supposer qu’en raison de cette place dans la société, les femmes peuvent être plus sensibles certaines thématiques qu’à d’autre. On peut supposer que les femmes en raison de discrimination peuvent être plus réceptives au féminisme que les hommes.
Les femmes ont obtenu le droit de vote plus tard que les hommes. Dans la plupart des textes de la philosophie politique jusqu’au 18ème siècle, les femmes étaient exclues de la communauté politique.
Dans la philosophie grecque il y a une opposition entre la polis (la cité) et l’oïkos (= lieux où règne la nécessité). Chez les grecques les hommes sont associés à la polis alors que les femmes sont associées à l’oïkos, ce qui justifiera que les femmes soient exclues de la vie démocratique dans les cités grecques.
Chez Condorcet ou dans la pensée de certaines femmes comme Olympe de Gouge l’idée d’introduire les femmes en politique va se développer. Avec la révolution les femmes obtiennent des droits civils, l’égalité hommes femmes pour l’héritage, le mariage et le divorce etc. Mais les droits politiques leurs ont été refusés.
Les femmes vont ensuite s’organiser pour obtenir leurs inclusions à la communauté politique, c’est le mouvement des « suffragettes »
Aux Etats-Unis des femmes vont rédiger une déclaration, vont s’associer aux abolitionnismes pensant qu’ils seraient possibles d’obtenir des droits pour les noirs et pour les femmes. Après la fin de la guerre de sécession et de la fin de l’esclavage, les abolitionnistes vont indiquer aux féministes que la lutte pour obtenir un amendement donnant le droit de vote aux noirs risqueraient d’échouer si il était demandé en même temps le droit de vote des noirs et des femmes. C’est à partir de ce moment-là que vont se créer aux Etats-Unis des associations dont le but exclusif est l’obtention du droit des femmes.
En Grande-Bretagne, le mouvement des suffragettes a été plus important et plus violant. Elles ont eu recours à des émeutes, des actes de vandalismes, des attentats, des grèves de la faim. Tous ces actes ont été sévèrement réprimés.
En France, le mouvement des suffragettes a été moins violant, il s’est organisé autour de Hubertine Auclert en 1903. Hubertine Auclert, née le 10 avril 1848 à et morte le 8 avril 1914 à Paris, est une militante féministe française en faveur du droit des femmes à l’éligibilité et du droit de vote des femme. elle a créé la société pour le suffrage des femmes. Beaucoup de ses militantes sont des institutrices. La pétition a été beaucoup utilisée. A la veille de la 1ère guerre mondiale la question a été mise en avant, les travaux viennent souvent des radicaux de gauche. Les réticences s’expliquent du fait que les femmes sont plus pratiquantes donc les républicains sont assez réticents pour ne pas qu’il puisse y avoir un retour à la monarchie associée à la religion catholique.
Ces mouvements ont rencontré des succès différents. Dans les pays nordiques (sauf en Norvège) le suffrage universel a été introduit avant la 1ère guerre mondiale et en même temps pour les femmes et hommes (Finlande : 1906, Norvège : 1913, Danemark : 1915 etc).
Dans les pays anglo-saxon le mouvement des suffragettes a été plus important, plus violant mais il a obtenu des résultats meilleurs qu’en France. Ainsi aux Etats-Unis la stratégie des suffragettes a été d’introduire progressivement le droit de vote des femmes dans les Etats, elles obtiennent ainsi le droit de vote en 1920.
En Grande Bretagne, les suffragettes provient du débat sur la fin du droit de vote censitaire pour les hommes en 1918 pour réintroduire la question du droit de vote des femmes qu’elles obtiennent finalement en 1928.
Dans les pays héritiers du code napoléon, le droit de vote des femmes a été obtenu tardivement (France: 1944, Belgique : 1948). Dans ces pays la lenteur de l’établissement du droit de vote des femmes est a rattaché au conflit église/Etat car les républicains craignent que le droit de vote des femmes profitent à l’Eglise.
La politisation c’est ce que l’on renvoi au fait d’exprimer un intérêt pour la politique, au fait de considérer que la politique est importante dans la vie. Ça peut aussi renvoyer au fait de parler fréquemment de la politique dans son entourage. La politisation peut se mesurer facilement dans les sondages. On peut se poser des questions sur l’intérêt de la politique, poser des questions sur les disputes politiques etc. Il est tout à fait possible dans les sondages de construire un indicateur de politisation qui est construit en regroupant les réponses apporté aux différentes questions. On constate encore des différences de politisations entre les femmes et les hommes. Mais ces différences ont tendance à diminuer.
Les écarts de politisation entre les hommes et les femmes sont plus importants qu’à l’étranger.
Mariette Sineau et Mossuz-Lavau sont deux chercheuses au centre d’étude la politique française. Mariette Sineau souligne que la parole politique des femmes est différente de la parole politique des hommes et surtout que la parole politique des femmes est différente selon la sphère dans laquelle elles s’expriment et notamment dans la sphère publique, les femmes s’expriment beaucoup moins souvent sur la politique que dans la sphère privée. Dans la sphère publique, les femmes n’oseraient pas affirmer leurs compétences politiques et laisseraient les hommes parler alors que pour les hommes, la parole politique est la même quel que soit la sphère dans laquelle les hommes s’expriment.
Ce que montrent les travaux sur la politisation c’est que les femmes ont intériorisé un sentiment de moindre compétence politique par rapport aux hommes. Par ailleurs les femmes sont le plus souvent inactive que les hommes, le fait de rester au foyer ne favorise pas la politisation. Un certain nombre d’enquête souligne que les femmes pourraient être plus critiques, elles croiraient moins en la représentation politique que les hommes. Elles seraient plus touchées par la crise de la représentation politique que les hommes.
A partir du moment où les femmes ont obtenu le droit de vote, elles ont eu un comportement différent de celui des hommes. C’est ce qu’on a appelé le « Gender Gap » mais ce comportement spécifique des femmes à la sortie de la 2nd guerre mondiale a aussi évolué. On peut distinguer 3 grandes étapes dans le vote des femmes :
– Fin de la 2nd guerre mondiale – année 60 : cependant cette période les femmes s’intéresse moins à la politique que les hommes, il y a un plus grand taux d’abstention. Quand elles votent, elles votent plus au centre et à droite que les hommes. Au 2nd tour de l’élection présidentielle de 1965, si seulement les hommes avaient voté, François M. aurait été élu.
– Des années 67 à 86 : les femmes se rendent plus aux urnes, les écarts de votent commencent à se réduire. Pour la 1ère fois en 86, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à voter à gauche.
Les femmes vont plus rentrer à l’université, faire des études longues. Or l’intérêt pour la politique augmente avec le niveau d’étude. Le retour des femmes sur le marché du travail. En 1954 elles étaient que 35% de la population active, or le travail influence aussi le comportement politique. Le travail favorise la politisation. De plus, la relation à la religion a aussi évolué puisque en 1952, plus de 50% des femmes déclaraient aller à la Messe contre 23% des hommes. Dans les années 80 on a eu un réel resserrement des pratiques religieuses des hommes et des femmes. Enfin, on a eu un changement des valeurs. Inglehart parle de changement dans les valeurs des sociétés occidentales, avec la fin d’une société de pénurie on pourrait voir se développer une transformation des valeurs, on aurait des valeurs non plus matérialiste mais post-matérialiste. Il y aurait donc une monté des valeurs égalitaristes qui seraient inclus dans ces valeurs post-matérialiste. La croissance économique aurait permis d’expérimenter des formes de modernisation sociale. La croissance économique permet de ne plus se préoccuper uniquement des questions matérielles mais aussi des questions post-matérialistes. Selon Inglehart et Norris la croissance économique aurait été favorable au développement des idées féministes.
Mai 1968 a aussi permis de développer les mouvements féministes, qui ont accru après mai 68
– Depuis 1986, les femmes ont voté plus que les hommes ont a eu un retournement de tendance. Mariette Sinneau montre que la stratégie de Ségolène Royal (mettre en avant son genre, le fait qu’elle soit une femme et mère) a échoué. Cependant, ce que montre Mariette Sinneau on s’aperçoit qu’il n’y a peut-être plus de « gender gap » mais un « genre generation gap » puisqu’enfaite il existe de très grandes différences de vote à l’intérieur du groupe des femmes et notamment lorsque l’on regarde la variable âge. On s’aperçoit que le vote des femmes jeunes peut être différent. Durant les élections de 2012, il y a des différences selon l’âge, les jeunes femmes peuvent d’avantage être attiré par la gauche, surtout par le PS alors que les femmes les plus âgées ont été plus attirés par le candidat de l’UMP. On explique ce vote à nouveau par la religion car les femmes les plus âgées sont aussi les plus pratiquantes.
– Jusqu’en 2010, le vote de genre protégeait contre le vote à l’extrême droite. S’il n’y avait eu que les femmes qui auraient voté en 2002, Jean-Marie Le Pen ne serait pas passé au 2nd tour. Ca s’explique car le FN s’est positionné sur des idées pouvant choquer les femmes (femmes devant rester au foyer, contre l’avortement etc.). Cependant les choses ont changé en 2012, pour la 1ère fois depuis 1974, le candidat d’extrême droite à recueillit autant de voix chez les hommes que chez les femmes. Il y a eu un effet « marine Le Pen » puisque la candidate de l’extrême droite s’est servie de son image de femme jeune et moderne, différente de l’image de son père, pour attirer le vote des femmes. Cette stratégie a été payante puisque les différences sur le vote de l’extrême droite ont paru.
A partir du moment où les femmes ont obtenu le droit de vote, elles ont voulu faire partie du jeu politique. Mais c’est là que les choses difficiles que les choses ont commencé, elles n’ont pas été accueillis à bras ouvert. Il a fallu attendre en France le vote de la loi sur la parité pour que la représentation politique des femmes changent même si tous n’a pas encore changé. Par exemple à l’Assemblée Nationale, en 1946 les femmes étaient 6% à être représentée, elles étaient 18% en 2007, et 26,9% en 2012. La France reste derrière un certains nombres de pays européen, en Suède par exemple 47% des députés sont des femmes, en Allemagne elles sont 32%.
Pour la place des femmes au gouvernement, le constat est le même, la représentation politique a évolué sans être encore égalitaire. En 1988, elles étaient 13% au gouvernement, en 1995 elles sont 28% mais beaucoup partent après les remaniements, pareil dans le gouvernement Sarkozy on était a 30% mais moins avec les remaniements.
Les femmes ont souvent eu dans les gouvernements des postes féminisés (éducation, santé). Il a fallu attendre pour que les femmes aient des postes dans les finances (Christine Lagarde), garde des sceaux (Rachida Dati, Christianne Taubira).
35% des femmes sont des conseillères régionales mais 9% des maires des grandes communes sont des femmes. 2 femmes sont présidentes de conseils régionaux. La parité n’a donc pas des effets à tous les niveaux.
La parité a pu voir le jour car en 1992, le conseil constitutionnel a considéré comme non constitutionnel l’établissement de quotas entre les hommes et les femmes aux élections. A partir de cette décision du conseil constitutionnel les féministes ont retravaillé cette question des quotas et ont transformé leurs compositions et leur façon d’appréhender le problème. Les féministes ont décidé dans les années 90 de ne plus parler de quotas mais de parité, c’est pour cela que la parité arrive à l’agenda. Finalement la constitution finira par être modifié en 1999 ouvrant la voie à différente loi sur la parité, notamment la loi n° 2000-493 du 6 juin 2000 qui cherche à favoriser l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux. Ça contraint les parties politiques à présenter un nombre égal d’homme et de femme sur les élections à listes (régionales, municipal). La loi prévoit des pénalités financières pour les parties qui ne respectent pas le principe de la parité alors de la désignation des candidats pour des élections à scrutin uninominal. On s’aperçoit qu’un grand nombre de partie continue de préférer à payer des penalties financières plutôt que de présenter des femmes aux législatives.
II – Vote ethnique et vote culturel :
Aux Ets-Unist, la notion de race est commune, différemment en Europe, très connoté chez nous. Notion employée au XIXe, relation à l’anthropométrie. Illustration manifeste avec le nazisme qui introduit la race dans l’espèce humaine. Après la Seconde Guerre Mondiale, elle est délaissée car négative. Réémergence grâce à l’importation de la notion des américains; dans les sciences sociales aujourd’hui, ne renvoie pas aux catégories humaines mais au processus sociaux qui mènent à la racialisation des invidvidus (comme un outil). Pour certains auteurs, Race = individu défini par d’autre comme étant autre et auquel sont associés des stéréotypes. Le phénotype (couleur de la peau) contribue à cette racialisation.
B attitude et comportement politique des minorités ethnoraciales
Aux USA, les clivages éthnoraciaux ont été précoces et sont toujours importants. Renvoient à l’histoire ségrégationniste américaine. Au XIXe, le 15e amendement à donner le droit de vote aux noirs mais dans les faits des obstacles furent mis en place dans les états pour le leur limiter, ex des clauses d’instruction → obligation de savoir lire pour voter. Jusque dans les années 30, les noirs votent Républicain car ils l’associent à Lincoln et au 15e amendement. Or avec le New Deal (réformes sociales) de Roosevelt dans les 30s, ils se tournent vers les Démocrates. Dans les 60s alignement définitif, déclenché par le développement du mouvement des droits civiques de Martin Luther. King, le parti démocrate soutient ce mouvement. D’un autre côté, les Républicains récupèrent les votes des américains blancs des états du Sud. Illustration finale pour Barack Obama, vote à + de 90% des noirs.
Le clivage s’explique par :
En France, le statut ethnique soulève beaucoup de critiques. Les attitudes politiques ou les choix électoraux ont donc été plus difficiles. Des enquêtes récentes sur les migrants permettent de mieux connaître le comportement de ces minorités. Ils ne peuvent pas voter s’ils n’ont pas la nationalité française ou ressortissant de l’UE (Maastricht permet aux ressortissants de l’UE de voter aux élections? UE). Par ex, enquête RAPFI (rapport au politique des français issus de l’immigration) dirigée par Sylvain Brouard et Vincent Tiberj ; aussi Trajectoires et origines par Beauchemin, Hamel et Simon (2008) → voulaient améliorer les connaissances sur les trajectoires sociales des migrants. C enquêtes montrent qu’il existe un clivage politique à l’intérieur des français de la diversité car montrent que les courants migratoires d’origine UE ont les mêmes logiques d’identification politique que la moyenne de la population française. Les descendants d’immigrés d’Afrique du nord et d’Afrique subsaharienne réagissent différemment par rapport aux français. Aussi, les français caribéens (Martinique et Guadeloupe) réagissent pareil que les immigrés d’Afrique du nord et d’Afrique subsaharienne. Ceux-ci votent plus à gauche, quelque soit le niveau d’éducation. Ce type de vote ne disparaît pas avec la 2nd génération ; leur vote reste différent des français. Leur comportement est même + spécifique chez les descendants que chez leurs parents. (cf Trajectoires et origines). Les auteurs pensent qu’il peut y avoir une influence du milieu d’éducation sur le vote, mais ça n’expliquerait pas pourquoi la 2nd génération vote de même. Les politistes disent alors que ce sont les expériences de discrimination ou son sentiment qui jouent un rôle. Check Le vote des cités est-il structuré par un clivage ethnique ? → Braconnier et Dormagen ; Ils s’intéressent aux modalités à travers lesquels les stéréotypes instituent un univers de sens autour de l’ethnicité et de la race ; comment les catégories ethno-raciales contribuent à la production des identités et des comportements. Dans la cité, chacun connaît les origines de l’autre et les termes utilisés pour se référer aux pers le mentionnent toujours. La construction des identités est donc souvent indépendant des catégories juridiques, car sont considérés comme français dans la cité les habitants du quartier qui ont la peau blanche et un nom français. Ca correspond aux catégories de sens que produisent le FN depuis les années 80; ils se perçoivent d’ailleurs eux-mêmes comme étrangers. Ils ont aussi l’impression d’être traités comme des citoyens de 2nd zone (contrôle de Police abusifs, tutoiement intempestif...). La perception se traduit dans le vote avec l’ex du dernier quinquennat par les interventions de Sarkozy « nettoyer au Karscher la cité des 4000 ». La gauche est donc perçue comme plus attentive à leurs problèmes que la droite. L’ethnicisation du vote peut aussi concerner les populations qui sont racistes (FN partisans, Ku Klux Klan par ex). Les individus perçus et se percevant français dans la cité ont tendance à expliquer les problèmes sociaux de la cité par la présence et le comportement des étrangers. En gros tout est de leur faute, même les problèmes intimes des autres personnes (par ex personnes âgées dont les enfants ne viennent + les voir à cause des étrangers…). Pour Braconnier & Dorm, le racisme s’est transformé en France ; jusque dans les années 70, était lié à une race supérieure. Dans les années 80, racisme victimaire = réclame le droit à une différence culturelle supposée menacée. Le recours ethno-racial est donc utilisé pour rendre compte d’un sentiment de « souffrances ou humiliation sociale » chez les populations d’origines immigrées. Il y a donc un clivage grandissant dans les quartiers populaires :
Jusque dans les années 70, la prégnance de la culture ouvrière favorisait la construction d’une identité de classe et l’identification à un seul camp social (la gauche et notamment le parti communiste) ; on assiste à la fin de ce phénomène. Emergence de new clivages culturels, pour la 1er x traitée par Inglehart et repris par Gérard Grunberg et Etienne Schweisgut. Dans les années 80, on observerait 2 dimensions structurant le champ politique :
En 2003 ils constatent une tripartition de l’espace politique :
C La représentation politique de la diversité :
Vincent Tibérj montre qu’il y a une filiation politique entre la représentation politique de la diversité (des minorités visibles) et la représentation des femmes que l’on retrouve dans la façon à travers laquelle les élus de la diversité se présentent eux-mêmes. Par exemple, ils refusent de se percevoir comme les représentants d’une minorité, de la même façon que les femmes élues refusent de se percevoir comme représentant des femmes.
Chapitre 7 : âge et politique
I La socialisation politique primaire
Dans le dictionnaire de sociologie de Bloess, Noreck & Roux : socialisation = processus par lesquels les individus s’approprient des normes, de valeurs et des rôles qui régissent le fonctionnement de la vie en société. Elle peut être primaire (enfance) ou secondaire (ex dans le couple). Peut se faire dans la vie professionnelle, ou encore concerner des objets politiques → on parle alors de socialisation politique. Selon Annick Percheron, dans le Traité de sciences politiques de Madelaine Grawitz et Jean Leca, elle est le mécanisme de formation et de transformations du système individuel de représentations, d’opinions et d’attitudes politiques. A ne pas confondre avec la politisation (degré d’intérêt pour la politique). La socialisation politique, comme toute socialisation, passe par 2 processus :
Rattachée à l’école de Columbia et Michigan. C’est un courant de pensée qui considère que le comportement s’explique par l’environnement extérieur et que les gens ne feraient que réagir à des stimuli extérieurs. (ex célèbre de Pavlov).
Pour celle de Michigan, l’enfance = moment où se construisent des loyautés durables, c’est à dire des identifications partisanes. La famille, en transmettant une socialisation politique, ne peut pas préparer à des événements inconnus leurs enfants, mais transmet des préférences partisanes fortes et durables. Elles constitueront la grille d’analyse des événements à venir. En fonction de la sociologie politique qu’ils ont eu, les américains ont analysé le 11/09 (par exemple) selon leurs connaissances. Or Les enfants ont peu de contenu, car ils perçoivent la politique comme un monde flou ; du coup on se demande comment ils développent les préférences à la longue. Par contre ce modèle suppose que ce processus est universel, alors qu’il y a sûrement des types différents selon les types de familles. Aussi, leur vision est consensuelle de la société, puisqu’on ne voit pas vraiment comment des enfants peuvent devenir des adultes s’ils peuvent s’éloigner de la politique et des identifications que leurs ont transmis leurs parents.
La théorie de l’habitus de Bourdieu. La réussite à l’école dépend du milieu social. C’est l’auteur de la reproduction des élites sociales et politique montrant que les enfants de riches héritent d’une éducation parti, connaissent mieux le système scolaire et s’y orientent mieux. Chez lui, l’habitus est important car il produit des pratiques (sociales et politiques) et des représentations. Celle des classes supérieures serait producteur de bon goût tandis que pour les classes inférieures, goût de la nécessité (ex : des goûts musicaux). Il fut critiqué par sa forme de misérabilisme top/low, les low se caractérisaient par le manque. Pour lui, les détenteurs du pouvoir politique utilisent ce discours pour attirer les individus qu’ils visent. Son modèle ne prend pas en compte les mécanismes affectifs de la socialisation ni de comprendre les phénomènes de disjonction entre le milieu d’origine et le devenir d’une pers.
Un 3eme modèle est celui de Percheron. Elle étudie les processus à travers lesquels les individus s’insèrent dans la société. Ils véhiculent des mécanismes de socialisation politique. Elle souligne que l’insertion des individus dans la société se fait sous différents contraintes comme celle affective, dans lesquelles est pris l’enfant / la contrainte du lieu dans lequel il grandit / celle du groupe social auquel il appartient. Elle montre alors que toute socialisation politique est datée, qu’il n’y a pas de modèle unique. Surtout, elle montre que c’est un lieu de conflits puisque, par exemple, l’enfant est amené à côtoyer des groupes différents aux valeurs différentes qui peuvent entrer en contradiction. Ce modèle n’est pas mécanique mais est apprentissage d’attitudes et valeurs politique. Idée selon laquelle d’autres variables peuvent intervenir à l’âge adulte et expliquer que le comportement adulte ne corresponde pas aux attitudes de l’enfance. Il peut transmettre une identité politique, vas et viens entre une identité propre et des identifications multiples. Elle souligne que des identités nationales se construisent très tôt. Pour un français par ex, les valeurs centrales sont républicaines associées au vote ; pour les américains, c’est le drapeau, le président, la liberté. Les adultes cherchent la plupart du temps à tenir les enfants à l’écart de la politique. La construction de leur identité politique est donc approximative car il entend des phrases qu’il ne comprend pas. La sociabilisation politique transmet aussi des outils pour se repérer dans le monde politique. Elle permet d’identifier d’objets politiques.
B Les mécanismes de la sociabilisation politique
Percheron souligne qu’il existe des spécificités de la sociabilisation politique par rapport à d’autres formes de socialisation. Elle est avant tout verbale et ne renvoie pas à une expérience directe comme (par ex les enfants apprennent en imitant leurs parents ; ici, ça ne repose pas sur des gestes mais sur le verbe ; c’est plus latent). Elle peut passer par l’école (surtout), la famille. Selon Percheron, il existe des spécificités de la socialisation politique par rapport à d’autres formes de socialisation : verbale avant tout, ne renvoie pas à l’expérience directe, peut passer par l’école, la famille…
Des études montrent que la transmission débute toujours dans la famille : ½ des jeunes reconnaissent d’inscrire dans la même continuité que ses parents et 25% sont ni de gauche ni de droite comme leurs parents. 7/10 des jeunes européens s’inscrivent dans la même continuité politique intergénérationnelle. 33% des jeunes européens adhèrent au même parti que leurs parents. La transmission est plus forte quand le choix des parents est visible et homogène, plus faible quand les familles sont défavorisées, et plus fortes en milieux privilégiés.
Ecole → le contenu des enseignements peut transmettre des valeurs politiques, des connaissances du monde politique. L’école peut aussi apprendre la démocratie, la participation politique (ex : élection de délégués de classe).
Ce n’est pas parce que l’enfant s’est vu transmettre des attitudes et des valeurs que celles-ci vont persister à l’âge adulte et se traduire par des comportements politiques identiques à ses parents. La socialisation politique ne se termine pas au début de l’âge adulte, il peut connaître une mutabilité sociale, des évènements (mai 1968…). La socialisation primaire peut conduire à une remise en question de l’héritage transmis.
II – L’âge des jeunes en Europe
Caractéristiques du vote des jeunes en Europe
Muxel → caractéristiques communes au vote des jeunes en Europe, même si ce groupe n’est pas complètement homogène. Les jeunes ont tendance à faire moins confiance aux politiques que la moyenne de la population. En 2000, 84% mettent en doute l’honnêteté du personnel politique. En même temps, ils sont plus satisfaits du système démocratique. Hétérogénéité entre les jeunes diplômés et non diplômés.
Effet d’âge / effet de génération / effet de cycle de vie
Effet d’âge | Effet de génération | Effet de cycle de vie |
Vieillissement biologique, conséquence sur le corps et l’esprit de l’avance en âge. | Age peut être associé à des périodes de la vie auxquelles sont associées des types de vie particuliers. | Certaines générations peuvent être marquées par des expériences communes (guerre, crise éco), cela peut marque le comportement politique de cette génération. Au même âge, 2 générations peuvent se comporter différemment. |
Chauvel distingue 3 générations nées entre : 1928-1935 / 1936-1950 / 1950-1965
Il explique que tout semble indiquer que les 1936-1950 ont été privilégiés par rapport aux deux autres générations. Cela s’explique par trois facteurs :
démocratisation scolaire
à la fin des années 50 l’université s’ouvre à plus de jeunes qu’avant. Meilleure formation = avantages sur le marché du travail.
croissance extraordinaire des années 60 = situation de plein emploi
phénomène de rémanence
au moment ou la crise arrive, les entreprises licencient d’abord les derniers arrivés.
Cet effet générationnel peut avoir une portée politique. La destinée politique des générations nées après 1965 est marquée par la crise économique, ce qui expliquerait qu’elles refusent plus de se situer sur échelle droite / gauche que la génération née avant.
Chapitre 8 – Le moment électoral
Le vote peut être contraint par de nombreux facteurs, qui sont de trois sortes.
Section 1 – le cadre institutionnel du scrutin
Nature du vote
Les élections peuvent être municipales, départementales, régionales, nationales, européennes…
Il peut s’agir d’élections, ou de référendums. Le comportement des individus est différent.
Lors d’un référendum, on assiste à un brouillage des clivages classiques, notamment sur les questions européennes.
Perrineau : peur face à l’ouverture des frontières des couches sociales les moins dotées en capital économique.
D’autres auteurs disent que ceux qui ont dit oui au référendum sont de gauche ou de droite, ceux qui ont dit non sont des deux extrêmes.
Les taux de participation sont différents selon les niveaux d’élection. Depuis 1979, les élections européennes ont le plus faible taux de participation. 2009 : participation moyenne dans les États membres de 43%. plus faible dans les pays de l’est.
Céline Belot : c’est dans les pays ou la participation est la plus faible que les habitants sont le plus favorables à l’intégration européenne. Le faible taux de participation concerne toutes les élections (crise de la démocratie représentative).
Opposition élections de premier rang et de second rang. La différence entre les scrutins nationaux, locaux et euro n’est pas seulement au niveau de la participation mais également sur le contenu du vote qui peut être différent entre ces trois niveaux = c’est le nomadisme électoral.
Il s’observe en particulier lorsque des élections de différent type ont lieu le même jour : il peut arriver que des individus votent pour un parti différent pour chaque élection. Ce nomadisme peut s’expliquer par le fait que les élections de niveaux différents peuvent correspondre à une offre politique différente (pas tjrs les mêmes partis à ces différents niveaux). De plus au niveau municipal les relations représentants/représentés sont étroites et tissées dans la durée.
Enfin, les électeurs peuvent voter pour un parti différent au niveau local et national en votant pour le contraire du parti élu au niveau national. Ex : en 1981 avec Mitterrand, la gauche a subi des revers électoraux massifs. Idem en 2002 avec Chirac, et en 2007 avec Sarkozy.
Caractéristiques des élections de 2nd rang =
participation plus faible qu’au niveau national
résultats défavorables au parti au gouvernement
résultats favorables aux petits partis
Le type de scrutin
Facteur très important qui contraint le vote. Maurice Duverger a formulé en 1975 trois lois :
le scrutin majoritaire à un tour encourage le bipartisme
= scrutin qui attribue le siège ou les sièges à la liste ayant obtenu la majorité des voix. Les Etats ayant choisi le scrutin uninominal à un tour (GB, USA…) ont souvent un système bipartisan.
Le scrutin majoritaire à deux tours favorise le multipartisme
Les Etats ayant adopté le scrutin uninominal à deux tours pour les législatives (France, Allemagne) sont multipartisans avec fortes alliances entre les partis avant le vote.
La représentation proportionnelle représenterait le multipartisme et l’instabilité
Le système proportionnel établie une proportion entre les sièges et le suffrage obtenu par un parti. Ce type de suffrage peut conduire à des systèmes d’alliances nouées par les acteurs politiques pour gouverner, après les élections.
Section 2 – L’offre politique
Les citoyens sont contraints dans leur vote par le nombre et le type de partis qui se présentent à eux.
Système partisan = ensemble des relations et interactions qui se nouent entre les partis dans un système politique donné (Haegel & Grunberg)
Pour étudier un système partisan, on peut utiliser deux critères =
le nombre de partis
Selon les systèmes politiques, on peut avoir deux partis ou de multiples partis. Le bipartisme pur n’existe pas mais on peut en avoir deux très dominant (USA).
le type de relation que les partis nouent entre eux
Question des coalitions. Les partisans sont toujours en compétition entre eux mais peuvent former des alliances; cette capacité dépend de plusieurs facteurs = type de scrutin, distance idéologique entre les partis… On peut identifier s’il existe des partis antisystème (refus des alliances)
Les structures de la Ve république impliquent l’opposition entre des partis de droite et des partis de gauche. La logique majoritaire amène à opposer deux camps principaux. Parfois le meilleur moyen d’éviter que les alliés qui sont aussi des concurrents dominent le camp et de refuser de faire des alliances avec eux. Ex : 78 les communistes refusent de s’allier aux socialistes et leur font perdre les élections.
Selon Vincent TIBERJ = on peut distinguer 3 types de partis :
Les partis peuvent structurer les choix politiques des individus puisqu’ils rendent accessible à l’individu l’information politique dont il a besoin pour faire ses choix et ils peuvent simplifier le décodage de cette information.
Le choix politique des individus dépend du système partisan, il est influencé par le nombre et le type de partis, mais aussi par les informations qu’ils délivrent. Pour les individus, il peut être plus rapide de faire confiance à l’information délivrée par un parti pour lequel il a l’habitude de voter.
La distinction entre les 3 types de parti est intéressante car les individus n’ont pas toujours la possibilité de voter pour un parti auquel ils adhèrent, mais il arrive souvent qu’ils votent en fonction du parti qui leur est le moins antipathique.
– Intérêt pour la politique entraine un nombre de partis partenaire pour lesquels ont est prêt à voter est grand.
– Positionnement gauche / droite renvoie au fait que les individus clairement identifiables dans leur position ont plus de chance d’avoir des partis partenaires.
– L’âge peut aussi avoir une influence, plus on vieillit, plus l’espace des possibles se réduit.
Parfois, déconnexion entre le système partisan tel que construit par les partis et celui perçu par les électeurs. Par exemple, chez les sympathisants communistes, avant le front de gauche ils préféraient voter pour la gauche modérée. Les sympathisants du PS préfèrent les verts aux communistes alors que le PS s’alliait plus avec les communistes.
Section 3 – La campagne électorale
MERCIER : étudie la recherche d’informations électorale par les électeurs et compare cette recherche selon les types de sources d’information (télé, radio, presse), les pays
Mercier souligne l’existence d’un lien entre la recherche d’informations électorales et la politisation. Ceux qui ne recherchent jamais d’informations politiques se situent du coté des désintéressés. Les grands consommateurs d’infos politiques quant à eux se situent parmi les intéressés. Il existe une interaction entre recherche d’informations et politisation.
La recherche d’infos peut avoir un effet sur la politisation puisqu’un certain nombre d’auteurs montrent que les électeurs qui recherchent des informations ont une opinion tranchée sur les enjeux de la campagne. Le fait de rechercher des informations amène à se sentir plus concerné par les enjeux de la campagne.
En même temps, la politisation peut avoir un effet sur la recherche d’informations puisqu’elle peut amener à sélectionner les informations sur les sujets qu’ils connaissent déjà = effet de filtrage.
B La comparaison entre les supports d’information
Nonna Mayer → les campagnes politiques ont connu 3 âges :
Les usages de l’info politique restent différents selon les pays et les individus. On s’en aperçoit en regardant le temps consacré à chaque source d’info par les électeurs des différents pays européens. C’est ce qu’à fait Arnaud Mercier dans La politique en France et en Europe → il compare les recours aux différentes sources d’informations et explique que la TV est la principale source d’info pour ts les électeurs et dans ts les pays. Seulement 8% des européens ne regardent pas la TV, 26% non consommateurs de presse et 21% non consommateurs de radio (2005). Entre pays, les différences sont notables en terme de consommation aussi : en Grande-Bretagne, 50% de la pop watch TV 2h/jour alors que dans les pays du nord 21%. Pour la radio, écoute très développé en Allemagne → seulement 15% ne l’écoute pas contre 31% en Espagne. En termes de presse, 50% des espagnols ne lisent contre 8% en Suède. Pour internet, en 2004, 10% des américains disent l’utiliser, mais la TV reste la principale source.
La majorité des européens se reconnaît dans une pratique moyenne de la TV politique, tout comme pour la radio politique (à l’exclusion de la Pologne et de l’Allemagne).
Si on regarde les configurations par pays, on constate un clivage important parmi les citoyens en UK par ex : un % de la pop n’a pas de consommation politique est + important que dans les autres pays. A côté, une autre part s’informe énormément, du coup ça crée un gap. L’Espagne se caractérise par des taux qui sont inférieurs à ceux des autres pays européens, et donc une consommation culturelle politique plus basse. La Suède est elle au-dessus de la moyenne européenne.
A l’échelle d’un pays, les facteurs qui favorisent la recherche d’information politique ne sont pas liés à la différence d’âge ou de génération, ou la consommation de presse. En France, les plus diplômés regardent moins les émissions de politique que les moins diplômés par ex. Mais la longueur des études a un effet sur la recherche d’information davantage que le diplôme lui-même. Pour certains électeurs, cette recherche est un devoir inculqué par l’éducation.
C Les effets des média sur les électeurs
Les politistes croyaient que les campagnes électorales avaient un effet limité sur les citoyens. Elles peuvent activer et renforcer des dispositions déjà existantes, fournir des arguments pour alimenter les convictions, mais l’équipe de Paul Felix Lazasrfeld avait montré qu’elles ne convertissaient pas.
plus récemment, les chercheurs ont montré que la campagne et les média n’influent pas les électeurs (en leur disant pour qui ils devaient voter par ex) mais qu’ils les influencent en leur suggérant à quoi ils peuvent penser et donc suggérer les enjeux considérés comme prioritaires par l’électeur. Plusieurs effets sont distingués :
l’effet d’une info temporairement disponible
les électeurs essaient d’établir des responsabilités quand ils réfléchissent sur les politiques publiques. Ex : traitement de la pauvreté. Quand on montre des SDF qui font la manche, les gens interprètent la pauvreté comme un échec individuel et une responsabilité individuelle. Si elle est interprétée à l’aide d’indice de pauvreté ou de taux de chômage, les gens imputent plus facilement la responsabilité au Gouvernement. On voit donc dans les semaines qui précèdent l’élection les candidats s’activer pour légitimer leur choix et influent les électeurs dans le sens de leurs opinions.
La campagne peut donc donner envie de voter et permet au candidat de se faire connaître et construire son image. Elle permet aussi de construire son agenda politique. Sont effectués des sondages à ce moment qui permettent aux électeurs de savoir ce que les autres électeurs pensent. Ils peuvent avoir des effets contradictoires sur le vote, car la publication d’un sondage sur un candidat perdant peut donner envie aux gens de voter pour lui, ou encore encourager l’abstention.
Chapitre 9
La non-participation électorale et le recours à des formes de participation politique non-conventionnelles
1§ Le choix de ne pas choisir
1) La non-inscription :
Depuis l’abolition du suffrage en 1917 ? l’électorat potentiel n’a cessé d’augmenter. Il y a eu des pics comme au moment du vote des femmes en 1944 et 1974 avec l’abaissement de l’âge de la majorité. Sont électeurs les français âgés de 18 ans, jouissants de droits civiles et politiques et n’ayant aucune incapacités prévues par la loi (personnes sous tutelle etc.). Les formalités à remplir sont variables d’un pays à l’autre. En France, on est inscrit sur la liste électorale que si : habite la commune, paye les impôts et taxes, fait la démarche après un déménagement. Il existe un écart entre corps réel et potentiel que l’on peut connaître par l’enquête de l’INSEE enquête de participation électorale : elle repose sur un échantillon de population qui peut être croisé avec le fichier des listes électorale. On constate qu’au cours des 80-90’s, augmentation des non-inscrits (en 1995, 2 Millions de personnes. En 2006, 4 Millions). A partir de 2006-7, pic d’inscriptions (+ de 2 millions). Les élections présidentielles intéressent particulièrement les électeurs et ils se ruent sur les listes électorales. Ce pic ne s’explique pas que par ça car on voit que le corps réel a augmenté entre 2006-7 qu’avant les élections présidentielles précédentes (+ 4,2% contre 2,3% en 2002). Ce sont des hausses constatées dans la région parisienne. Une hausse s’explique par une classe d’âge plus nombreux ayant arrivée à la majorité ; aussi, mobilisation des associations en banlieues pour inciter les non-inscrits à voter. Après les émeutes de 2005, elles voulaient les motiver à participer par le vote plutôt que par des actions violentes.
Les non-inscrits sont plus souvent des personnes avec des diplômes faibles, des français nés à l’étranger, habitants des pôles urbains, ou ayant connus une mobilité résidentielle et qui n’ont pas fait la démarche de s’inscrire dans leur new commune.
2) l’abstention
Au XXe, elle tourne autour de 20%. Aux législatives de 1936, le % fut exceptionnellement bas (15%). Dans les 70s aussi, plus bas, car affrontements gauche-droite forts. Jusque dans les 70s, le taux d’abstention était plus faible dans les banlieues que dans les communes qui votaient + communiste. A partir 80s, basculement ; l’abstention ne cesse d’augmenter en France particulièrement dans les quartiers. Céline Braconnier et Jean-Yves Dormagen la démocratie de l’abstention → se demandent si la France est en train de tomber dans une démocratie de l’abstention. Depuis 1986, abstention pas à 21,5% à partir des élections européennes, puis des législatives. Elle ne retombera pas sous les 30% sauf pour les élections présidentielles. Taux record pour les législateurs de l’année dernière : 44,9%. Le record pour une présidentielle en 2002 au 1er tour : 28,4%.
Comme le basculement est fort dans les banlieues, il y a creusement dans la population avec la ségrégation que l’environnement provoque. Il y a aussi la mal-inscription qui accentue le basculement : ce sont les pers qui n’ont pas notifié leur inscription électorale après un déménagement. Dans la Cité des cosmonautes en 2007, 28% des pers inscrites dans le bureau de vote de la cité ne l’habitait pas. L’équipe des 2 auteurs montre qu’il y a un écart entre l’élite électorale et les habitants de quartiers. Quand le nom de famille sur la boîte aux lettres est là mais que la pers principale n’y habite pas, c tout de même un point d’ancrage (souvent ce sont les parents de la pers qui habite toujours dans la cité). + on habite loin du bureau de vote, plus la mal-inscription est grande = mal-inscription rime avec abstention car l’acte de vote a un coût prohibitif pour le mal-inscrit ; il faut qu’il se déplace de son new lieu de résidence et retourne à la cité pour voter. Les auteurs montrent que parmi eux, ceux qui ont un pt d’ancrage dans la cité participent + au vote et la journée électorale est souvent le moyen pour eux de rendre visite à leur famille. On remarque cependant que les auteurs ont reconstitué des itinéraires de participation qui montrent que l’abstention n’est jamais continue mais intermittente.
3) le vote blanc ou nul
Sous la III et IV ème République, faible proportion. Comme pour l’abstention, ils ont augmenté par la suite : 4% en 1962, 6,5% 1993 et record (pour une présidentielle) avec 5,8% en 2012. Les théories qu’on a expliquées pour expliquer le vote peuvent expliquer ce phénomène → celles qui expliquent la non-participation par les caractéristiques de l’électorat ; de l’autre côté, la non-participation par les caractéristiques du vote. La non-participation est considérée pendant longtemps comme une expression de faible intégration sociale (ex : les femmes, notamment quand veuves et/ou célibataires, les minorités religieuses…).
Pour Daniel Gaxie (dans une perspective Bourdieusienne), la participation politique dépend du sentiment de compétence politique. Les individus qui ont le – de capital social sont tenus à distance.
Pour les théoriciens du choix rationnel, la non-participation s’explique par le coût que représente l’acte de vote → il revient plus cher que l’abstention.
En même tps, d’autres politistes disent qu’elle est la traduction d’une pression sociale. Si elle progresse, ça peut s’expliquer par une diminution de la pression sociale que subit les gens. Pour l’illustrer, des expériences ont été faîtes en 2006 aux USA : on a envoyé des lettres aux électeurs, avant les élections, en impliquant pour certains que leur participation (ou non-participation) au vote serait rendue publique. Ceux à qui on l’a annoncé ont + voté que ceux à qui on ne l’avait pas annoncé. Ici, on est du côté de l’électorat. Si on se place du côté de l’offre politique, on a recours à une explication qui dit que les banlieues ont été déçues par la gauche. Les 2 auteurs montrent que le développement de la non-inscription et l’abstention dans les quartiers arrivent avant l’élection de la gauche au pouvoir. Donc l’abstention ne s’explique pas uniquement par le rapport des électeurs avec le gouvernement de gauche. On peut penser qu’il y a eu d’autres facteurs politiques qui ont joué, tels qu’un encadrement – fort, le type de scrutin (présidentiel + mobilisateur que d’autres), la fréquence des consultations (+ les électeurs sont consultés, + ils sont amenés à s’abstenir, ex de la Suisse), l’idée de coalition (beaucoup de changements) effraie les électeurs. On assiste aussi au développement d’un vote blanc ou nul qui ne marque pas un désintérêt pour la politique mais au contraire qui est un mécontentement → est fait par les gens diplômés, qui s’informent sur la politique. Il y a même des associations qui se développent pour promouvoir le vote blanc.
2§ Formes de participation protestataires
A côté du vote, les pers peuvent s’exprimer par des moyens non-conventionnels. Le mouvement des Indignés à Madrid en 2011 reflète la vivacité des revendications (le nom vient de Stéphane Hessel Indignez-vous). Elles sont une façon de contester la démocratie représentative.
Stéphane Frédéric Hessel né en 1917, décédé en 2013, est un diplomate, ambassadeur, résistant, écrivain et militant politique français
Elles ne sont pas nouvelles : ex, 6/02/1934 → manifestation antiparlementaire organisée par l’Action Française, les Croix de feu, la Ligue des jeunesses patriotes… Ils défilèrent pour la droite et dénoncèrent la corruption de la classe politique. Affrontements avec la Garde du Palais Bourbon. Dans les années 70, furent fortes aussi sous les actions de groupes maoïstes qui prônaient la guérilla urbaine → poses de bombes.
Pour Pascal Perrineau, cette contestation de la démocratie représentative renvoie à des causes éco, culturelles et politique. Politique, car les clivages sociaux qui avaient donné lieu à la constitution des partis de droite et gauche se seraient transformés. L’offre politique ne se serait pas bien adaptée à ces transformations. La crise éco serait aussi importante dans la contestation. La transformation des valeurs aussi.
A Politisation des mouvements sociaux
Charles Tilly, dans la France de 1600 à nos jours, montre que les mouvements sociaux et protestataires n’ont pas toujours été politisés. 2 choses ont changé ça :
Ca a désenclavé les communautés de telle sorte que les mouvements protestataires se sont moins adressés aux notables locaux pour se tourner vers l’Etat et aux représentants politiques nationaux, traduisant cette politisation → les revendications utiliseront de + en + de formes politiques.
B Comment expliquer les mobilisations collectives
– La théorie de la frustration relative : par Merton. La frustration relative se caractérise par la perception par les acteurs d’un décalage entre leurs attentes et leur capacité à obtenir ce qu’ils veulent. Il donne 3 cas :
Quand ce décalage devient trop grand les gens expriment leur mécontentement, et peuvent utiliser des formes de participation non-conventionnelles s’ils estiment que la démocratie représentative ne leur a pas permis d’ê entendus.
-Les Tourainiens (Alain Touraine) : les conflits sociaux dans la société postindustrielle sont différentes de ceux de la société indus car ils ne se situent pas dans l’entreprise mais dans la société toute entière. Ils portent sur des questions + culturelles liées à l’info (à la reconnaissance ou non d’identités par ex) alors qu’avant portaient sur la détention des moyens de production. On voit des mouvements tels que féministes, étudiants, écolo, régionalistes… se développent.
On a vue aussi se développer d’autres formes de théories , et notamment chez les tourainiens gravite autour de Alain Touraine pour qui les conflits sociaux dans la société postindustrielle sont des conflits qui sont des conflits de la société individuelle car ce sont des conflits qui ne se situent pas dans l’entreprise mais la société toute entière , ne porter plus sur détentions des moyens de production mais porte plus sur conflits culturelles , reconnaissance ou non-reconnaissance des identités etc. , et Alain Touraine a appelé nouveaux mouvements sociaux divers mouvements : homosexuels , féministes , écologistes etc . Il va s’intéresser aux identités qui sont en jeu dans mouvements sociaux. On peut expliquer aussi émergence de ces NMS à partir de l’explication du changement culturel, cf Ronald F. Inglehart (politologue américain né le 5 septembre 1934) qui montre qu’il y aurait eu dans sociétés occidentales une transformation des valeurs avec le passage de sociétés matérialistes à sociétés post-matérialistes. On peut par cette grille expliquer transformation du vote, mais aussi des mouvements sociaux, émergence de mouvements sociaux nouveaux qui mobilisent des populations° différentes car retrouve dans ces mouvements beaucoup de jeunes, de diplômés , beaucoup d’individus aux R élevés qui vont participer a ces mobilisations collectives alors que dans société matérialiste , les mobilisations collectives ont beaucoup été portées par mouvement ouvrier .
Mouvements sociaux nouveaux : mobilisent des populations différentes, on trouve beaucoup de jeunes, de diplômés, des individus aux revenus élevés et qui vont participer à ces mobilisations collectives alors que dans la société matérialiste les mobilisations collectives ont beaucoup été portées par les mouvements ouvriers.
Pour Ronald F. Inglehart: dans la société matérialiste les ouvriers sont à la tête des mouvements sociaux alors que dans la société post matérialiste se sont les jeunes, les classes moyennes, les intellectuels.
Les théories du choix rationnel : les théoriciens du choix rationnel se sont aussi employés à expliquer les mobilisations collectives et donc notamment Olson est connu pour avoir mis en avant le paradoxe de l’action collective, lorsqu’il y a un mouvement social ou une mobilisation collective et que ce mouvement social ou cette mobilisation collective peut conduire à ce que des biens publics indivisibles et non rivaux soient produit, l’intérêt de l’individu est de ne pas participer au mouvement collectif et d’attendre que ces biens soient produit (réf. Théorie du passager clandestin). La stratégie rationnelle est la stratégie du « free rider », théorie du chacun pour soit en attendant la production de ces biens (« Les logiques de la science politique » : Olsen y explique que la mobilisation collective représente un cout d’opportunité c’est-à-dire que l’argent qu’on aurait gagné si on ne s’était pas mobilisé, la mobilisation collective représente un cout indirect, elle peut entrainer aussi un cout psychologique). Olson souligne qu’il peut exister qu’il existe des stratégies pour éviter le free riding et notamment il souligne que les organisations peuvent fournir des avantages privés à leurs membres lorsque ces membres participent aux mobilisations collectives. Par exemple, en Suède se sont les syndicats qui gèrent les caisses d’assurance chômage ce qui rend la participation à un syndicat différente. Les organisations peuvent aussi faire en sorte qu’il y ait des désavantages à ne pas participer à une mobilisation collective. Par exemple jusqu’à l’ère Thatcher, en Angleterre il existait la pratique du « close shop » dans certains catégories professionnelles, ce qui faisait qu’un individu pouvait ne pas être embauché s’il n’était pas membre du syndicat du secteur professionnel. C’est un désavantage très important.
Chapitre 10 : L’opposition gauche/droite
René Raymond « Les droites aujourd’hui ». Selon lui la division gauche/droite est un clivage qui a perduré plus de 200 ans, la question essentielle est de savoir si cette division a encore un sens aujourd’hui et si cette division permet encore d’expliquer les configurations de formation collective en France, si cette division permet encore d’expliquer les cultures politiques en France. Ce qu’il explique c’est que dès lors que l’on regarde l’histoire politique d’un pays, il est important de ne pas faire d’anachronique c’est-à-dire de ne pas porter un regard sur la droite et la gauche du début du 19ème siècle avec des « lunettes » du début du 21ème siècle. Il ne faut pas utiliser des critères contemporains de ce qui fait la différence entre la droite et la gauche aujourd’hui pour rendre compte de la droite et de la gauche au début du 19ème siècle. En science politique il existe un ensemble de chercheur que les traits qui séparent la gauche et la droite ont pu fluctuer au cours de l’histoire, que les frontières ont pu changer. Mais cela ne veut pas dire que l’opposition droite/gauche n’a pas de sens, ça peut simplement vouloir dire que les partis sont pris dans des luttes politiques, ils ont besoin de se définir les uns par rapport aux autres, et ce qui les séparent peut les changer au fil du temps (vision constructiviste de l’opposition droite/gauche)/
La vision fluctuante de l’opposition droite/gauche
Pour Lipset et Rokkan les partis politiques ne font que reprendre des conflits sociaux. Cependant certains de ces conflits sociaux ont pu s’affaiblir, d’autres ont pu apparaitre. Les partis peuvent aussi avoir contribué à faire évoluer leurs lignes de tensions. Toutes ces raisons peuvent amener à penser que cette opposition droite/gauche peut être fluctuante.
Si on regarde plus attentivement, on s’aperçoit que cette opposition droite/gauche est apparu au moment de la révolution française, mais que les clivages issus de la révolution française se sont pour certains affaiblis (A). Il existe aussi des partis qui dans leur histoire sont passés d’un camp à l’autre (B). Il existe aussi des clivages politiques qui ne sont pas repris par cette opposition droite. /gauche tous cela pouvant laisser penser que cette opposition n’est plus forcément aussi pertinente que dans le passé pour rendre compte du positionnement des formations politiques en France (C).
Cette opposition peut rester d’actualité si on parle en termes de culture politique.
L’affaiblissement des clivages issus de la révolution
La division droite/gauche est une invention française et que les thèmes renvoient à la séance du 28 aout 1789 de l’assemblée constituante au cours de laquelle on parlait du droit de veto pour el roi. Les partisans du veto pour le roi se sont placés à droite et les adversaires se sont placés à gauche. A partir de la, les luttes politiques et idéologiques vont s’organiser en France autour de cette notion de droite et de gauche. Cette notion de droite et de gauche va s’exporter dans les autres pays.
R.Raymond rappel que ces luttes vont porter essentiellement sur 3 objets :
la question du régime
la question religieuse
la question sociale
R.Raymond note que les conflits qui sont très fort autour de ces 3 objets vont progressivement s’apaiser si bien que l’on pourrait croire que l’opposition gauche/droite n’a plus forcément la même portée heuristique (=qui apporte à la science, permet d’avancer scientifiquement).
La question du régime : les oppositions entre droite et gauche sont des oppositions qui portent sur la nature du régime politique, ce sont des oppositions qui portent sur les choix institutionnels à faire. Pendant la révolution française la droite et favorable au maintien de la monarchie, ce que l’on appel par droite sont essentiellement les institutions qui condamnent l’esprit révolutionnaire. Pendant tout le 19ème siècle, droite et gauche s’opposent sur ces choix institutionnels. La gauche défendant l’héritage révolutionnaire et l’esprit révolutionnaire tandis que la droite le condamne.
En 1866 après la défaite de Sedan et la capture de Napoléon 3 par les allemands, la république est proclamée par Gambetta. Après les élections de 1871, la chambre élue est celle composée principalement de monarchistes avec d’un côté les légitimistes et les orléanistes. Les légitimistes sont favorables à un retour à la monarchie d’ancien régime alors que les orléanistes sont favorables à une monarchie constitutionnelle, ils soutiennent le duc d’Orléans. Dans cette assemblée de 1971, les légitimistes et orléanistes doivent s’accorder pour rétablie la monarchie mais ils ne vont pas réussir à s’accorder notamment parce que l’héritier du trône, le compte de Chambord refuse le drapeau tricolore. Ils ne vont pas réussir à se mettre d’accord et les républicains vont progressivement prendre la tête des institutions.
EN 1880, la révolution « rentre au port » puisqu’à partir de ce moment la république va progressivement être vraiment installée et l’hypothèse d’un retour à la monarchie disparait. Progressivement la république va s’imposer comme le régime qui divise le moins. La forme la républicaine va finir par être progressivement acceptée par les anciens monarchistes. On assiste à une banalisation de la forme républicaine et on assiste à une désacralisation de la révolution française. Il compare le centenaire et le bicentenaire de la révolution. En 1889 la France se retrouvait encore derrière la condamnation de l’esprit révolutionnaire alors que pendant du bicentenaire en 1989 la référence à la révolution française a cessé de départager la droite et la gauche. La droite modérée ne conteste plus cet héritage.
On assiste aussi à une banalisation de la forme républicaine qui apparait lorsque l’on considère les « noms » pris par les partis de droite, car les partis de droites ont repris progressivement le terme de république dans le nom des partis (ex : RCR).
L’opposition va donc progressivement se « refroidir » même si on retrouve des différences qui peuvent renvoyer à cette opposition initiale puisque par exemple la droite est attachée à une lecture plus présidentialiste des institutions républicaines. ce qui peut renvoyer à son héritage d’engagement dans le camp du roi.
La question religieuse :
elle a aussi très fortement opposée droite et gauche pendant la révolution. Les révolutionnaires après voter pour le véto du roi vont aussi voter pour la constitution du clergé en juillet 1790. Le but est d’établir l’indépendance de l’Eglise catholique par rapport au pape et de soumettre d’avantage l’Eglise catholique au contrôle de l’Etat. Le but est de soustraire les français du contrôle de l’Eglise catholique car l’Eglise catholique est perçue comme une menace pour l’indépendance de l’Etat, une menace pour la liberté des individus et l’unité de la nation.
Le pape va condamner la constitution civile du Clergé, donc les fidèles catholiques vont être soumis à un dilemme : soit resté fidèles à Rome, soit accepter la constitution civile. L’opposition entre la gauche qui revendique l’esprit révolutionnaire et la droite qui s’y oppose, va aussi porter sur les questions religieuses et tout au long du 19ème siècle, la question religieuse est celle qui va le plus départager les élus de droite et de gauche.
Les républicains vont par la suite décider l’expulsion des congrégations religieuses, les relations diplomatiques seront rompu avec la papauté en 1804, et une partie de la droite va refuser la séparation de l’Eglise et de l’Etat qui va finalement être voté en 1901.cette séparation suppose un inventaire des biens de l’Eglise, la mise en œuvre de cet inventaire a amené des agents de l’Etat à ouvrir les tabernacles suscitant donc des manifestations sanglantes entre catholiques et représentants de l’Etat.
Par la suite les conflits religieux se sont apaisés. En 1992 Jack Lang a pu signer un accord reconnaissant l’enseignement catholique comme un service public, ensuite l’enseignement du fait religieux dans les manuels scolaires n’a pas posé de difficultés particulières.
La question sociale :
l’opposition gauche/droite va progressivement s’établir autour de données économiques et sociales avec l’opposition de la liberté d’entreprendre défendu par la droite et la légitimité de l’intervention de l’Etat dans les domaines économiques et sociaux défendue par la gauche. Opposition entre la droite qui défend la propriété privée et la gauche qui reconnait davantage la légitimité de la collectivisation des moyens de production.
Avec le développement de l’industrialisation et du capitalisme, la gauche au 19ème siècle va défendre que l’avenir de la démocratie puisse passer par des formes de nationalisation des moyens de production alors que la droite reconnait davantage les principes de la propriété individuelle. Cette opposition a perduré au cours du 20ème siècle. Si on regarde la présidentielle de 1981, elle s’est bien faite sur ces thèmes puisque Mitterrand avait annoncé qu’il mettrait en place des nationalisations s’il était élu et les 1ères mesures qu’il a prise ont consisté en c’est nationalisation. Lorsque la droite gagne les législatives en 1986, une des 1ères choses qu’elle fait c’est de s’empresser de privatiser.
A partir des années 1986 les choses ont changé puisque Jospin entre 1997 et 2002 a privatisé à tout va et par ailleurs avec la chute du mur de Berlin, la découverte de la réalité soviétique, un coup a été porté à l’idée de collectivisation, nationalisation, que pouvaient défendre certains hommes politiques à gauche.
L’existence de partis qui passent d’un camp à l’autre
Daniel Cordier : livre sur une reconversion politique, passage de l’extrême droite au Conseil national de la Résistance (réf. Jean Moulin) ; après la 2nd guerre mondiale il sera socialiste.
Pour les formations politiques les glissements de droite à gauche est très rare. Au contraire les formations politiques ont tendance de glisser à la gauche à la droite car de nombreuses formations politiques sont nées à gauche voir à l’extrême gauche est ont progressivement repoussé les gauches plus anciennes vers la droite.
Exemple 1 : les libéraux sous la restauration vont s’opposer à Charles X et vont s’opposer à la tentative de Charles X de revenir complètement à l’ancien régime. Au contraire sous la restauration les libéraux reconnaissent les libertés individuelles et appellent à un régime qui reconnaitrait les libertés individuelles. Les libéraux sous la restauration reprennent quelques éléments de l’héritage révolutionnaire. Sous la restauration on peut considérer que les libéraux se situent à gauche. Mais à partir de 1830, les libéraux sont à droite puisqu’ils sont menacés à leur gauche par les républicains qui revendiquent de prendre encore d’avantage en compte l’héritage révolutionnaire.
Exemple 2 : les radicaux à la fin du 19ème siècle évoluent. Ce parti radical va évoluer à partir du 20ème siècle. Dans les années 1950 le parti radical est coalisé avec le SFIO ou les Gaullistes. Actuellement le parti radical a pour président Jean-Louis Borloo.
…
Depuis le 20ème siècle de nouveaux enjeux sont apparus et clivent l’électorat et le personnel politique mais qui ne sont pas repris dans le clivage droite/gauche. Par exemple : la construction européenne. Les partis de gauche et droite sont partagés par la question européenne mais cette question divise les partis en leur intérieur, le clivage s’efface donc. Par exemple concernant le référendum, des ténors de la droite se sont exprimés contre Maastricht alors même que d’autre au même moment se prononçaient pour le oui. De même que la gauche était partagée, aux extrêmes, la gauche comme la droite appelait à voter non contre Maastricht.
Le même constat est fait concernant le référendum de 2005. Même si la droite modérée a davantage évolué et été plus nombreuses à être favorable au oui.
L’Europe est donc un thème qui n’est pas repris dans l’opposition droite/gauche.
D’autres enjeux ne sont pas repris. C’est la question de la décentralisation puisqu’au 19ème , la gauche est plutôt jacobine, centralisatrice et la droite est plutôt décentralisatrice avec une nostalgie pour les particularismes régionaux. Or au cours de la 5ème république, on observe un basculement : la gauche se convertie en partie à la décentralisation qu’elle accomplie avec les lois Defferes de 1982. Mais en même temps, la gauche reste partagée puisqu’elle vote contre l’acte II de la décentralisation prévu par les réformes Raffarin de 2004.
Il y a aussi la question de la laïcité, surtout la question de l’expression de l’islam dans l’espace publique. Cette question divise à gauche comme à droite.
Un grand nombre d’élément pourrait faire croire à un affaiblissement de l’opposition gauche/droite. Cependant, ce que montre R.Raymond c’est que cette opposition existe bien toujours mais elle concerne d’avantage la culture politique. Elle concerne ainsi surtout des valeurs, des sentiments qui ne sont pas naturellement politique et pour lesquels on peut toujours observer des différences entre les formations politiques et de droite.
Des cultures politiques différentes
La question familiale et les conduites privées
Sur les questions familiales et sur les questions des mœurs, il y aurait des cultures politiques différentes entre la gauche et la droite. L’actualité politique le démontre. En science politique les professeurs Jacques Commaille et Claude Martin, on distingue la famille réelle et la famille comme représentation. La famille comme représentation est définie par les liens de filiation, les catégories juridiques. La famille réelle est définie comme les liens de dépendances réciproques qui relient des individus. Pour la droite, la famille fait partie de l’ordre naturel et est considéré comme dépositaire de valeurs morales justifiant qu’elles doivent être honorées, défendues et protégées. Au contraire, la gauche reconnait davantage que la politique peut s’affranchir des contraintes de la nature et la gauche a une plus grande propension que la droite à considérer que la famille pourrait menacer la liberté individuelle de ces membres. On voit que ces oppositions se sont traduites dans des positionnements politiques très clairs puisque la droite s’est opposée à la loi sur le divorce de 1984, la droite c’est opposée à la dépénalisation de l’avortement, à la dépénalisation de l’homosexualité en 1982, la droite c’est unanimement opposée au vote du PACS, la droite a aussi voté contre l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples homosexuels puisqu’à l’assemblée nationale seulement 2 députés UMP ont voté oui et rare sont ceux qui se sont abstenus. Pour les formations de droites, il y a l’idée que la loi devrait réglementer la pratique de la sexualité et la constitution des familles. Les positions de la gauche sont plus difficiles à appréhender puisque derrière la gauche il y a aussi « des gauches » et il peut exister des différences entre les différents courants de gauche sur les courants familiales. De manière générale, pour la gauche, toutes références à la morale et à l’ordre moral est suspect puisque pour la gauche, l’idée d’ordre morale pourrait risquer de renvoyer un contrôle des comportements individuels. Dans la continuité du conflit révolutionnaire, la gauche s’insurge contre toute implication de l’Eglise catholique sur la morale individuelle. Par ailleurs, l’idée de moral renvoi la gauche au souvenir de gouvernement qui s’est même approprié l’idée d’ordre moral (réf. Gouvernements du 19ème siècle). La gauche ne se reconnait pas dans un ordre moral qui serait réglementé et qui réglementerait les pratiques privées.
Les questions d’autorités
Pour la gauche l’idée d’autorité renvoie trop à l’ancien régime et l’idée d’autorité est rapidement associée pour la gauche aux expériences totalitaires. La gauche a ainsi vite fait de fascisme tout exercice de l’autorité. Par ailleurs la critique de l’autorité par la gauche a aussi réintégré la critique sociale puisque un certain nombre de penseurs de gauche et de sociologue de gauche ont souligné que l’autorité ne pouvait conduire qu’à renforcer la domination des possédants sur les non possédants.
Au contraire la droite est davantage attachée à la notion d’autorité. L’autorité venant de Dieu était considéré comme ayant un caractère sacré sous l’ancien régime. Depuis les raisons de l’attachement de la droite à l’autorité ont été désacralisée. La droite est attachée à l’idée d’autorité car elle considéré qu’il n’y aurait pas de collectivité sociale sans autorité.
Ces rapports différents à l’autorité se retrouvent également dans les questions de justice et de police.
L’argent
Dans ses discours les élus de gauche ont davantage reconnu l’argent comme suspect. Mitterrand a eu des mots très durs sur le rôle de l’argent dans les sociétés. La droite reconnait plus facilement la légitimé des rétributions lorsqu’elles sont proportionnés au mérite, aux risques et efforts encourus par les individus. C’est ainsi que l’on peut expliquer que tout juste élus Nicolas.Sarkozy a fait voter une augmentation de son salaire.
-Dans ces discours, la gauche reconnaît l’argent comme suspect. Mitterrand était sceptique sur son rôle dans la société. La droite reconnaît sa légitimité quand proportionné aux risques, responsabilités et mérites des individus. Sarkozy avait fait voter une augmentation de son salaire en tt que 1ere mesure lors de son 1er mandat.
-Dans l’idée de la gauche, la réduction du travail est important aussi (4e semaine de congés payés par ex votée en?). Pour la droite, la RTT aurait fait perdre le goût du travail.
-La gauche à – tendance aussi à critiquer le travail des fonctionnaires que la droite.
-Autre question qui divise aussi, l’enseignement : la gauche fait + confiance à l’enfant ; la droite favorise l’autorité des enseignants.
II des gauches et des droites
Les cultures politiques ne sont pas uniques à l’intérieur de chaque parti. Pour la gauche il est plus facile de penser la pluralité, en témoigne la coalition de partis sous Jospin qui avait le nom de gauche plurielle (PS, Parti Radical, mouvement des citoyens et verts etc.). La diversité de la droite est moins connue.
Selon René Raymond, toute l’histoire française de la fin du 18e jusqu’au 20e est marquée par la coexistence de 3 droites :
Tout ça ne montre pas seulement une rupture religieuse, mais aussi politique car la sympathie de Pie VI est un marqueur politique. Les fidèles de M. Lefèvre, eux, fréquentent Saint-Nicolas du Chardonnay à Paris et s’approprient le programme de la droite contre-révolutionnaire. Raymond fait alors une distinction entre les intégristes (ont suivi M. Lefèvre dans son opposition à Rome) et les traditionalistes (ceux qui partagent les idées contre-révolutionnaires mais qui se rangent avec le Pape). Les 2 groupes considèrent tout de même que la loi de l’Eglise devrait être la loi de l’Etat. Ils sont très engagés sur les questions de société (critiquent la loi contre l’avortement par ex).
→ Raymond voit une continuité de la pensée légitimiste de la Révolution jusqu’à M. Lefèvre puisque elle est d’inspiration apocalyptique qui décrit la société comme allant vers une catastrophe. La Révolution, qui aurait été inspirée par une secte de philosophes antichrétiens, était interprétée par les contre-révolutionnaires comme un combat contre Satan. L’homme étant un pêcheur par nature, il ne peut utiliser librement de sa liberté de penser → s’appuie sur Pie VI qui condamne la DDHC. Ces penseurs contre-révolutionnaires ignorent cependant les pontificats de Benoit XVI et Pie XI et leurs déclarations (donc ignorent volontairement un pan de la religion). Raymond mentionne que M. Lefèvre a donné son approbation au régime chilien de Pinochet ou encore à la dictature militaire en Argentine, et soutient Le Pen car il défend la loi de Dieu.
Par contre, Raymond voit les catholiques traditionnels et intégristes comme une minorité de fidèles.
A partir de 1958, l’histoire de la droite libérale est liée à celle de la droite gaulliste puisqu’elle s’y oppose mais est en même tps obligée, avec le système majoritaire, de nouer des alliances avec elle. VGE, membre du CNI, est ministre sous De Gaulle, mais peu après passe à l’opposition. Le désaccord avec les gaullistes de l’UDR (union pour la défense de la République) est consacré en 1969. Ils participent à l’évincement de De Gaulle. A partir de 1969, gaullistes et libéraux se réconcilient. En 1974, quand Pompidou meurt, VGE se présente pour les indépendants (héritage libérale et orléaniste). La compétition est biaisée par Chirac qui se rallie à VGE et non pas l’opposant de VGE, Chaban-Delmas. VGE une fois au pouvoir appelle Chirac comme 1er Ministre. Leur tandem est une version inversée du rapport de force entre les 2 droites, car Chirac est gaulliste. De plus, les gaullistes ont une réserve électorale plus importante que les libéraux. En 1976, Chirac donne sa démission et commence les années de tension. Il fonde le RPR (rassemblement pour la République), tandis que VGE se dote d’une organisation plus souple, l’UDF (Union pour la démocratie française). Le RPR harcèle le Gouvernement de Raymond Barre, car il était hostile aux envies européennes. La tension culmine au présidentielle de 1981 : Chirac vs Valery Giscard d’Estaing → concurrence ouverte entre les 2 droites, qui finalement précipite la victoire de la gauche avec Mitterrand. A partir de 1981, les 2 droites se retrouvent dans l’opposition et les parlementaires combattent le programme de Mitterrand. Ce rapprochement permet de préparer des candidatures uniques et une plateforme commune (UDF-RPR) pour les élections de 1986. Après la victoire de cette année, les 2 groupes sont unis face à la gauche. Aux élections de 1988, les droites présentent Raymond Barre (libéraux) et Chirac (gaullistes). En 1995, nouvelle compétition entre les droites, or l’UDF n’a plus de représentant attitré, car les 2 candidats sont du RPR (Chirac et Balladur). La querelle se poursuit. Chirac gagne finalement l’élection.
De 1965-95, on s’aperçoit donc que 2 candidats de droite s’opposent souvent aux élections présidentielles, personnifiant ainsi la concurrence entre les 2 principales familles de pensée de la droite. On force ainsi les électeurs à choisir entre 2 droites, or cette compétition a contribué à enraciner ces 2 traditions politiques jusque dans les années 90.
Le mouvement gaulliste est fondé en 1947 avec le RPR. Sous la Ve République, le nom change souvent jusqu’à → 2002 UMP. Il se caractérise par le fait de magnifier la grandeur de la France et refuse l’abandon de la souveraineté sur le plan extérieur (transfère de souveraineté au niveau Européen) et intérieur (+ hostiles à la décentralisation que les libéraux). Il pense le parti comme un mouvement d’unification de la France pour transcender les oppositions entre classes sociales. L’idée à l’origine est le dépassement du clivage gauche-droite (ex De Gaulle dit qu’il n’est ni de droite, ni de gauche, mais pour la Fr). Il repose aussi sur la dramatisation des enjeux politiques, sur le soutien du chef au pouvoir, sans lui fixer de ligne directrice (se traduit dans l’organisation du parti -RPR- qui est centralisé ; de Gaulle choisissait les instances dirigeantes et nommait les membres du Conseil National). Il soutient un état actif et légitime suivant l’idée selon laquelle l’état fait prévaloir l’intérêt général (en gros, les autres groupes sociaux ou politiques ne sauvegarderaient que leurs avantages particuliers). La société doit aussi se moderniser et c l’état qui doit piloter ces changements.
→ Raymond montre la continuité entre le bonapartisme et le gaullisme. Le bonapartisme (se référant particulièrement à Nap III) fait la synthèse entre les démocraties et l’autorité de l’état. Le gaullisme est un bonapartisme car il fait réf au peuple souverain, aspire à un pouvoir fort et affectionne la modernité et le changement. En 1851 Nap III est l’auteur du coup d’état qui pose les bases des futures organisations politiques de la France. En 1958 au contraire, c l’Assemblée qui le fait ; donc il y a quand même une différence entre Napoléon et De Gaulle ; Raymond insiste seulement sur la filiation. Après le départ de De Gaulle, on assiste à une normalisation du parti et un infléchissement de l’idéologie : le RPR abandonne au début des 80’s l’idée d’un parti interclassiste (s’intéresse à toutes les classes de la société). L’UMP est maintenant un parti qui se positionne clairement à droite, sans revendiquer la transcendance gauche-droite. A partir de 1989, davantage de moyens d’intervention dans le parti et dans les 90’s qui fait que les courants sont légalisés à l’intérieur du parti. En 1998, le président du parti est élu par l’assemblée des représentants. En 2002, les droites fusionnent pour arriver à un succès électoral ; le RPR est remplacé par l’UMP (Union pour le mouvement populaire). C tout de même un échec aux élections, et de stratégie selon Raymond. Par contre, au plan parlementaire, beaucoup ont rejoint l’UMP. Au plan électoral, en général, la droite perd quand même souvent les élections malgré l’élection de Sarkozy. La fusion des droites (UDF avec RPR) n’a de sens que si toutes les droites sont fusionnées, ce qui n’est pas le cas. Une partie de l’UDF autour de Bayrou refuse de rejoindre l’UMP, mais l’autre l’a fait. L’UMP est aussi talonné par l’extrême droite de Marine Le Pen.
La thèse de Raymond fut vivement débattue puisqu’elle suppose qu’il n’y a pas eu l’apparition d’une nouvelle forme politique dans les années 30 en France. Cela revient à dire que le régime de Vichy ne serait qu’une résurgence d’une forme de la droite qui existait déjà auparavant qu’on peut retrouver dans cette tripartition. Finalement, ça veut dire que le fascisme aurait été – implanté en France que dans d’autres pays ; or les critiques d’historiens comme Zeev Sternhell (Ni droite ni gauche, l’idéologie fasciste en France) disent que la France n’a pas eu à inventer le fascisme car c’est elle qui l’a inventé à la fin du 19e s. Il se définit par la volonté de dépasser l’opposition gauche/droite, par la critique des Lumières, par le refus des principes de 1789, le refus de l’individualisme, l’antiparlementarisme et le nationalisme. Sternhell voit le mouvement boulangisme -1887-1893- (Général Boulanger) les prémisses du fascisme en France.
Des gauches
En France, on visualise davantage la diversité dans la gauche. Jacques Julliard distingue 4 gauches :
libérale : reprend les idées du libéralisme en général. Elle est attachée à l’économie de marché, à la distinction entre société civile et état, et à la séparation des pouvoirs. Elle se distingue de la droite libérale en ce qu’elle est + laïque et + attachée à l’égalité.
Jacobine : renvoie au club des jacobins de le Révolution. S’y affrontait la Gironde et la Montagne. Il devient le club de Robespierre en 1793. Progressivement, les jacobins se rallient à l’idée d’une démocratie représentative. Elle se caractérise par l’anticléricalisme et la volonté de faire de la France un état unitaire et égalitaire en s’appuyant sur la centralisation administrative.
Collectiviste : centralisatrice et favorable à la démocratie bourgeoise, à la collectivisation des moyens de production, aux nationalisations, et renvoie au parti communiste et au Front de Gauche.
Libertaire : ne renvoie pas un parti, n’a jamais été représenté au Parlement, mais se retrouve dans l’anarco-syndicalisme, dans le mouvement de Mai 1968. Elle est attachée à l’alter-mondialisme et au libéralisme culturel.
Ces 4 gauches ont suivi des trajectoires plus entrelacées que la droite. On retrouve plusieurs formes de ces gauches à l’intérieur d’un même parti (comme le Parti Socialiste). Ces trajectoires sont liées à celle du socialisme puisqu’en France, la fondation du socialisme a été marquée par la répression de la Commune en 1871 ; beaucoup y ont trouvé la mort et d’autres envoyés dans les bagnes de Nouvelle Calédonie. En 1876, le Premier Congrès Ouvriers a lieu. 3 principaux groupes existent alors : anarchistes, les guesdistes (partisans de Jules Guesde) et les blanquistes (Auguste Blanqui).
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