LES CRITIQUES LIBÉRALES DES XVIIe ET XVIIIe SIÈCLES CONTRE L’ABSOLUTISME |
Dans les années 1680-1715 donc la fin du règne de Louis XIV, une crise de pensée a eu lieu. Cette crise générale a eu lieu en France mais partout aussi en Europe. Deux facteurs ont été la cause de cette révolution dans la pensée :
- d’une part, la révocation de l’Edit de Nantes qui a pour effet de mettre fin au loyalisme monarchique qui caractérisait les protestants français et on a donc une révolte avec une résurgence de l’esprit des monarchomaques
- d’autre part, la révolution anglaise en 1688 avec Jacques II qui a été chassé pour être accusé d’avoir voulu papiser l’Angleterre car il était catholique. Les anglais ont donc cherché un principe calviniste qui fut Guillaume d’Orange, le gendre de Jacques II.
Les deux facteurs ont donc une origine religieuse et c’est surement pour cela que ces facteurs ont détruit la paix religieuse. On a donc un renouvellement des idées et doctrines politiques. Le XVIIIe s’ouvre sur la contestation qui s’achèvera par le Révolution française. Ces contestations ont émané des protestants qui ne se trouvaient plus en France mais aussi de tous ceux qui se sont sentis victimes de l’absolutisme et de la concentration des pouvoirs entre les mains d’un seul. On retrouve d’abord les Grands, donc les aristocrates, qui ont été écarté du pouvoir mais qui ont toujours considéré qu’ils devaient aider le roi à gouverner. Ils ont profite de la contestation généralisée pour émettre leur doctrine. On a Fénelon, Saint Simon et Boulainvilliers. Ce sont les trois grands aristocrates qi ont pris la plume pour critiquer l’absolutisme.
Il y a aussi la contestation religieuse qui n’a pas seulement émané des protestants mais aussi les jansénistes.
Tout cela sont des critiques éparses et donc on a pas encore une doctrine et une synthèse généralisée. Ce sont donc des critiques de l’absolutisme qui doivent s’opposer aux doctrines qui ont été véritablement pensées pour contester véritablement l’absolutisme comme Locke et Montesquieu. Ces deux là ont proposé des solutions différentes à l’absolutisme.
- Histoire des idées politiques
- Les idées politiques de Rousseau (absolutisme, contrat social…)
- Montesquieu, ses idées politiques
- Les critiques contre l’absolutisme
- Bossuet, le théoricien de l’absolutisme de droit divin
- Louis XIV, l’apogée de la Monarchie absolue
- Le Cardinal Richelieu, Ministre de Louis XIII
Les idées politiques de Rousseau (absolutisme, contrat social…)
P1. LA LIBERTÉ RELIGIEUSE CONTRE L’ABSOLUTISME MONARCHIQUE
A partir de 1685, les protestants prennent la plume pour critiquer le roi d’avoir révoqué l’Edit de Nantes. On retrouve notamment Jurieu qui a correspondu avec Bossuet. Il n’a fait que reprendre ses idées en les modernisant légèrement.
L’autre courant religieux qui a empoisonné tout le règne de Louis XIV et qui a connu plus de succès est la pensée janséniste. Le jansénisme est né au XVIIe siècle avec Jansen qui a écrit l’œuvre Augustinus. Dans cette œuvre, il expose son point de vue sur la doctrine d’un père de l’Eglise qui était St Augustin. En apparence, ce n’est qu’un ouvrage de théologie car Jansen était un théologien hollandais à l’époque où la Hollande était sous domination espagnole. Il écrit son ouvrage pendant la guerre de Trente Ans qui oppose la France à l’Espagne. Son œuvre est parue en 1640 après sa mort.
C’est une doctrine religieuse qui est catholique c’est-à-dire contrairement aux protestants les jansénistes croient à la présence réelle du Christ dans le pain et le vin. Il y a tout de même une différence qi va conduire à leur condamnation par le pape. Il s’agit de la grâce qi est le secours accordé à un petit nombre d’élus par Dieu. Toute l’histoire religieuse se caractérise par le problème de savoir à qui on accorder la grâce et comment on peut l’obtenir. Au fil des siècles, chaque penseur a prit une position. Les pères de l’Eglise ont pris position sur le problème dont St Augustin (354-430) qui a estimé que la grâce est accordée à certains sans que l’action de l’Homme ait réellement une influence. Cela laissait donc peu de liberté à l’Homme car l’action de l’Homme n’avait aucune importance et donc ce point de vue gênait énormément en matière sociale.
D’autres théologiens ont donc émis d’autres idées comme St Thomas d’Aquin au XIIIe siècle qui a tenté de concilier la grâce et la liberté humaine. Pour lui, l’action de l’Homme est déterminante mais pas seulement. On accorde donc davantage de place à l’Homme.
Plus tard, au XVIe siècle, un ordre monastique sous la direction de la papauté a émis leur point de vue, il s’agit des jésuites. Ils sont connus pour leur rôle majeur en matière d’éducation. Ils sont allés à l’encontre de St Augustin en disant que c’est la liberté humaine qui prime. La grâce entre donc en action que par la volonté express de l’être humain. Ainsi, l’Homme doit se comporter bien pour obtenir la grâce.
Jansen reprend la pensée de St Augustin en disant que la grâce est accordée par Dieu sans que la liberté humaine n’intervienne en aucune manière.
Dès la sortie de l’œuvre, les catholiques sont intéressés par cette doctrine. Un peu partout, on se crée des groupes de jansénistes. En particulier, une abbaye va adopter la doctrine du janséniste, c’est celle de Port Royal qui est situé pas loin du château de Versailles. Cela va attirer toute l’élite parisienne qui est à la recherche de solitude, de profondeur et recueillement. Ce qui caractérise les jansénistes est leur mode de vie, ce n’est donc pas qu’une simple question de grâce. L’élite avait de l’argent et donc Port Royal s’est développé avec des constructions de logis autour pour accueillir des grands comme Racine, Pascal,… Il y a donc une activité qui se crée là bas et donc on crée des écoles caractérisées par leur modernité. Contrairement aux écoles des jésuites, celles ci enseignaient en français. Aussi, l’enseignement était presque individuel. Le jansénisme devient donc célèbre pour sa façon de vivre les choses.
Cet engouement immédiat a fait peur au pouvoir royal français. Le jansénisme est mal perçu par Louis XIII et Richelieu car le jansénisme est vu comme une doctrine de l’ennemi car Jansen était un sujet du roi espagnol avec qui la France est en guerre.
Le pape a été saisi car il est souverain en matière de dogme. On lui a demandé si le jansénisme est contraire à l’orthodoxie catholique. Le pape a censuré 5 passages de l’œuvre de Jansen. Cela se passe en 1642.
En 1643, Louis XIV monte sur le trône. Ce dernier et aussi Mazarin, ne vont pas se sentir atteints par le succès du jansénisme car ce ne sont pas eux qi ont lancé la politique d’alliance avec les protestants. Or, peu de temps après, la Fronde a eu lieu en 1648 jusque 1653. Le pouvoir est très critiqué. Des mazarinades ont été écrites essentiellement par des jansénistes. Aussi, près de la moitié du clergé parisien s’est converti au jansénisme. Certains jansénistes se sont donc mêlés de la question politique. Mazarin a mit fin à la Fronde et a reprit le pouvoir au côté de Louis XIV.
Le jansénisme continue d’évoluer sous l’impulsion de Pascal. Il a écrit Les Provinciales entre 1655 et 1656. Dans ces lettres, Pascal sape l’autorité civile à sa base. Il explique qu’il faut rendre en apparence les honneurs au pouvoir civil mais on ne doit pas forcément adhérer aux idées du pouvoir politique. Il oppose donc l’autonomie de la conscience à l’absolutisme. Ainsi, chaque Homme en conscience peut critiquer en son fort intérieur l’absolutisme. Cela est contraire à la théorie de l’absolutisme car elle impose d’adhérer à l’absolutisme.
En 1661, le règne personnel de Louis XIV commence et sa prise de pouvoir sera marquée par sa lutte contre le jansénisme. Il exige la signature d’un acte appelé le formulaire par tous les ecclésiastiques français qui condamné la doctrine des 5 propositions. En signant, chaque ecclésiastique prend partie et condamne le jansénisme. Louis XIV veut donc s’assurer que le clergé ne sera plus jansénisme. Dans l’esprit de Louis XIV, les jansénistes et les frondeurs ne font qu’un, ce qui n’est pas tout à fait exact. C’est ici que le jansénisme va devenir un parti politique d’opposition. Beaucoup vont refuser de signer le formulaire. Les choses se calment en 1669 car le roi accepte de faire la paix avec les jansénistes. En réalité, il ne parvient plus à lutter contre eux. Cette paix va durer environ 10 ans. Les choses changent à la mort de la duchesse de Longueville qui est la grande protectrice des jansénistes en 1679.
En 1709, Louis XIV veut mettre fin au jansénisme et il décide donc de détruire l’abbaye de Port Royal. Les religieuses de là bas sont désormais des différentes abbayes. Entre temps, le jansénisme avait continué de progresser. Quesnel a écrit un livre qui sera condamné par le pape à la demande di roi de France en 1713. Il condamne 101 propositions. La bulle rendue par le pape est la bulle unigenitus. Officiellement, le jansénisme est une hérésie. Louis XIV meurt avant que la bulle prise par le pape soit enregistrée par le parlement de Paris.
En 1715, son neveu devient le régent, Philipe d’Orléans. La période s’ouvre sur une relative clémence vis-à-vis du jansénisme. Il n’enregistre pas la bulle et préfère négocier avec les jansénistes. Par la suite, le régent a changé sa politique. Louis XV a décidé de persécuter les jansénistes. On dit que la Révolution a été en partie faite par les jansénistes. La bulle est devenue loi d’Etat en 1730 par Louis XV.
Le jansénisme est donc à la base une doctrine politique qui est devenue une véritable doctrine politique d’opposition.
P2. L’ARISTROCRATIE CONTRE L’ABSOLUTISME MONARCHIQUE
- Fénelon
C’est un ecclésiastique né en 1651 et mort en 1715. Il s’est fait très tôt remarqué par le fait qu’il avait beaucoup d’idées et qu’il était une personne claire et pédagogique. Il a donc été chargé de l’éducation des princes royaux à partir de 1689. Il a été choisi pour éduquer les trois princes fils du grand Dauphin. Son éducation s’est bien passé et a joué un rôle important auprès du duc de Bourgogne notamment. Cependant, son enseignement a été oublié à son insu sans son autorisation en 1699. C’est l’année de sa disgrâce car son enseignement a été lu par Louis XIV qui l’a exilé. Cet ouvrage a été publié sous le nom des Aventures de Télémaque. Son modèle politique est celle de la cité Salente qui est dotée d’une constitution monarchique.
Les sujets sont répartis en 7 catégories qui sont toutes héréditaires. Ces catégories sot chargées de différentes fonctions dans la société et se distinguent complétement.
La première catégorie est celle de l’ancienne noblesse qui détient avec le roi le pouvoir. Fénelon explique que cette catégorie correspond à un groupe représentant l‘ordre supérieur auquel on appartient par la naissance. Cela n’est pas sujet à contestation, ne dépend pas du roi et qui est supérieur du fait des talents attachés à cet ordre. Il justifie la supériorité de la noblesse par les vertus des nobles. Cette catégorie a vocation à gouverner auprès du roi, ce qui explique pourquoi l’ouvrage à déplu à Louis XIV.
- Saint Simon
C’était un duc donc un des plus grands nobles du royaume. Il a un orgueil aristocratique. Il est née en 1675 et mort en 1755. Il est célèbre pour ses mémoires qui sont un chef d’œuvre de la littérature et témoigne du quotidien de Louis XIV car il était à la cour royale.
Sa pensée politique ne conteste pas la monarchie mais attaque seulement l’absolutisme et donc le pouvoir d’un seul. Il a été élevé avec celui qui sera le futur régent. Il est donc un ami d’enfance du futur régent. Lorsque Louis XIV meurt, l’heure de gloire de St Simon arrive car il entre au conseil de gérance et ses idées ont été appliquées par le régent.
Le pouvoir doit revenir comme dans l’ancienne France au roi mais aussi aux grands du royaume. Il évacue tous les autres pouvoirs concurrents comme les Etats généraux et les parlements. En revanche ; l’aristocratie doit officiellement participer au pouvoir. St Simon imagine un gouvernemental modèle qui est un gouvernement avec un roi qui gouverne entouré de 7 conseils qui décideront de toutes les affaires importantes. Dans ces 7 conseils, on trouve seulement les aristocrates de la plus haute lignée. Ces 7 conseils auront vocation à gouverner au même titre que le roi. C’est l’objet des écrits de St Simon qui est favorable à une épuration de la noblesse car seuls les vrais grands nobles pourront participer à ces 7 conseils.
Son système de gouvernement a été adopté par le régent qui s’est appelé le système de la polysynodie. Le régent l’a mis en place dès 1715 et donc la grande noblesse est intégrée dans le gouvernement. Pour chaque membre de l’administration, on crée un conseil composé de grands seigneurs. Malheureusement, ce système a échoué et est abandonné en 1718 car les grands seigneurs ne s’entendaient pas et donc le régent est revenu à un gouvernement classique avec des ministres. A la mort du régent en 1623, St Simon s’est retiré sur ses terres.
- Boulainvilliers
C’est un comte né en 1658 et mort en 1722. Voltaire l’a nommé le gentilhomme le plus savant du royaume. Il a écrit beaucoup d’œuvres dont un essai sur la noblesse. Ses œuvres ont été souvent publiées à titre posthume mais elles circulaient sur me manteau sous formes de copies et donc de son vivant il a été très connu. Il a emprunté la voie de Hotman et se rapproche de St Simon et Fénelon. Il estime que la monarchie absolue n’est pas le régime légitime de la France mais une déviation de la vraie royauté française qui est tempérée.
Il a donc une démarche historique car il remonte aux origines franques et défend le système féodal qui est le seul conforme selon lui. Il veut donc renouer avec l’époque féodale où le roi était l’un des pères. La seule différence avec les autres seigneurs se faisait sur le titre et non pas sur les pouvoirs.
Il ne conteste pas la monarchie mais il est de tendance aristocratique. Il a procédé à un résumé de l’histoire institutionnelle française. La noblesse française descend des germains qui se sont établies en France à la suite de la chute de l’empire romain. En revanche, les gallos romains sont les ancêtres du Tiers Etats. Sa conclusion est que les privilèges actuels de la noblesse sont justifiés et expliqués par la domination d’une race sur l’autre.
C’est le premier dans les idées politiques à parler de race. Il continue son exposé pour expliquer que la France devrait être une monarchie aristocratique. Les seigneurs étaient indépendants et libres et ont élu un des leurs pour lui donner le titre de roi. Le roi doit donc être traité sur un pied d’égalité avec les seigneurs. Telle était la France des origines. La monarchie française a dévidé par la suite en s’efforçant d’abaisser le pouvoir de la noblesse française et au XVIIe et XVIIIe siècle elle est devenue serviteur du roi. Le roi a admis au rang de la noblesse des bourgeois. Le roi s’est donc allié au Tiers Etat pour diminuer le pouvoir de la noblesse.
Il propose de revenir à la situation antérieure et donc renouer avec l’égalité entre tous les guerriers et en particulier, contrairement à St Simon, il considère que touts les Hommes doivent être sr un pied d’égalité.