ONU : Quelles sont les critiques faites à l’ONU ?

BILAN CRITIQUE SUR L’ONU

Les critiques faites hier à la SDN sont-elles applicables à l’ONU d’aujourd’hui ?

La SDN a été marqué par l’échec de la sécurité collective puisque la Seconde Guerre Mondial a mis fin à cette organisation et l’ONU en est son héritière puisqu’elle voit le jour en 1945.

Plusieurs critiques sont faites envers l’ONU mais il est important de souligner les avancées de l’ONU par rapport à la SDN.

  • La qualité indéniable de l’ONU est son universalité. On ne peut pas critiquer l’ONU comme l’a été la SDN sur sa composition. Avec ses 192 États membres, l’ONU peut prétendre à la représentativité du monde actuel
  • Son Unanimité. A son époque la SDN exigeait un vote unanime des membres du conseil ce qui limitait sa possibilité d’action efficace. Aujourd’hui l’unanimité est remplacée par la majorité. Même si dans la Charte de l’ONU le vote positif des 5 membres permanents du conseil de sécurité est nécessaire, en réalité une abstention de l’un d’entre eux ne bloque pas le processus.

Cependant certaines critiques adressées à la SDN au siècle dernier, sont toujours d’actualité.

  • C’est notamment le cas de l’absence de toute force armée propre à l’ONU. Pourtant en 1919, la France par l’intermédiaire de Léon Bourgeois propose de créer une force de police internationale chargée de faire appliquer les sanctions de la SDN. Cette proposition est refusée. Pourtant un bras armé propre à l’ONU serait Utile. Actuellement le contingent armé Onusien diffère pour chaque mission et dépend de la contribution volontaire des États.
  • Un autre sujet de critique est la domination des grandes puissances. Déjà a son époque la SDN était dominé par la France et la GB et aujourd’hui l’ONU est dominé par les privilèges du club des 5. Ce problème rejoint celui de la représentativité puisque si ce problème ne se pose plus pour l’assemblée générale, elle se pose pleinement au sein du conseil de sécurité.

La Réforme du Conseil de Sécurité de l’ONU

Le conseil de sécurité est au centre su système de l’ONU puisqu’il a pour responsabilité le maintien de la paix. La réforme du conseil de sécurité aborde la question de la représentativité et du droit de VETO. Le visage de l’ONU change depuis 1945, le monde a connu la décolonisation, la guerre froide et de nouvelles puissances voient le jour. Pourtant la composition du conseil de sécurité est resté la même depuis 1963. (= date à laquelle 4 nouveaux sièges de membres non permanents ont été ajouté.

Les résolutions du conseil de sécurité sont obligatoires. Le conseil est celui qui autorise et légitime le recours à la force.

Il est composé selon une répartition géographique. (Sièges non permanents)

  • 3 membres pour l’Afrique
  • 2 membres pour l’Amérique Latine
  • 2 membres pour l’Asie
  • 2 membres pour l’Europe de l’Est
  • 3 membres pour l’Europe occidentale

Deux problèmes se posent alors au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU :

  • Celui de la représentativité du conseil. En 1945, le conseil de sécurité représentait 21% du nombre d’États-Membres. En 2005, il représente environ 8% des États-Membres
  • Problème du droit de VETO. L’ONU est une organisation à vocation universelle et le Conseil de Sécurité en est son organecentral. Il est donc paradoxal que seulement 5 États déterminés il y a plus de 60 ans aient le pouvoir de bloquer toute résolution du Conseil.

Toutes les voix s’accordent pour un élargissement du Conseil mais pour l’instant, aucune solution n’a été trouvée pour élargir le Conseil de l’ONU. En 1987 une proposition avait été faite par un représentant de la Malaisie:

  • Création de 5 nouveaux sièges permanents dont 2 pour les pays industrialisés, 1 pour l’Afrique, 1 pour l’Asie et 1 pour l’Amérique Latine
  • Chacune de ces 3 régions obtiendrait également un siège non permanent. Ce qui porterait à 24 le nombre d’États membres.

Cette proposition n’a pas été soumise au vote car les USA s’y sont opposés. La raison invoquée était l’efficacité du processus décisionnel qui ne pouvait être optimal avec un nombre de membres supérieurs à 22.

En 2005, Kofi Annan a présenté des plans de réforme dans un ouvrage intitulé Un monde plus sûr : notre affaire à tous. Ce document travail préconise la création de 9 sièges selon deux modèles:

  • Le premier recommande la création de 6 sièges permanents et de 3 sièges non permanents
  • Le second ne prévoit pas la création de siège permanent mais celle de 8 sièges d’un nouveau genre élus pour 4 ans renouvelable et un siègenon permanent classique.

Le 6 JUILLET 2005, le projet du G4 (Groupe des 4 : Allemagne, Brésil, Inde, Japon) se réunit et est suivit par 30 autres États-membres.

Ce projet propose la création de 6 sièges permanents :

  • 2 pour l’Asie
  • 2 pour l’Afrique
  • 1 pour l’Asie
  • 1 pour l’Amérique Latine

Et 4 sièges non permanents

  • 1 pour l’Afrique
  • 1 pour l’Asie
  • 1 pour l’Amérique Latine
  • 1 pour l’Europe de l’Est

Ce projet a échoué car l’Afrique a proposé sa propre version où elle exige le droit de VETO et un second siège non permanent.

La Relation de l’ONU avec les États-Unis

L’ONU est issue de la pensée du président américain de l’Époque : Franklin Roosevelt. Par la suite la relation entre l’ONU et les USA a été mouvementée.

Lors des premières années de sa création, l’ONU entretient de bonnes relations avec les USA puisque les USA sont le premier contributeur financier.Les premières dissensions commencent à voir le jour à partir des années 60, période d’adhésion massive des pays nouvellement décolonisés enlevant aux USA leur possibilité de tiers bloquant à l’assemblée générale. Ces dissensions vont grandir au début des années 90 marquées par l’arrivée de Ronald Reagan et surtout par l’échec de la Somalie. Face à la perte de leurs soldat en Somalie, les Américains ont reproché à l’ONU sont impartialité et l’impossibilité qu’ils ont eu de mener leurs opérations militaires à leur guise. S’en suivra un désintérêt des Américains pour les opérations de maintien de la paix de l’ONU.

D’une manière générale les USA souhaitent écarter toute contrainte sur leurs décisions comme sur leurs actions et c’est la raison pour laquelle les USA considèrent l’ONU comme un instrument parmi d’autres.

Les USA peuvent se permettre ce comportement en raison de leur puissance. Ils vont faire du forum shopping. C’est à dire qu’ils vont là où se trouvent leurs intérêts.

Les événements du 11 SEPTEMBRE 2001 ont représenté un tournant dans les relations entre l’ONU et les USA. Suite à cette date, les USA ont payé sans condition leur contribution au budget de l’ONU. Ils investissent dans l’ONU depuis 2001 dans l’intention d’obtenir un soutien généralisé dans leur guerre contre le terrorisme. Mais les USA ont été refroidis avec l’épisode de la guerre en Irak parce que le Conseil de Sécurité avait refusé de leur accorder son aval. Les USA ont prouvé que pour eux, une action internationale peut être légitime sans l’ONU. Ils créent un véritable précédant en intervenant en Irak sans l’autorisation du conseil de Sécurité.

L’ONU est-elle capable de dépasser les États ?

A l’heure actuelle la réponse semble négative parce que l’ONU n’a pas acquis une capacité d’action propre et reste encore dépendante des États qui la composent.

L’ONU n’est pas une puissance mais un instrument à la disposition des puissances. Elle ne peut agir indépendamment des États. Ce que l’ONU fait n’est que ce que les États veulent qu’elle fasse mais pour qu’elle agisse encore faut-il que les États s’accordent entre eux. La guerre froide est une bonne illustration de la paralysie du conseil de sécurité. Aujourd’hui, le contexte a changé mais il arrive encore que l’ONU ne remplisse pas son mandat tel qu’elle le devrait car sa marge de manœuvre est limitée par les États membres car la menace d’utiliser le droit de VETO reste encore utilisé que ce soit pour des questions d’intérêts nationaux ou pour des alliances politique. Cela retarde l’action du conseil.

Le problème de l’ONU est que dans certaines situations des États se retrouvent à la fois juges et partis. Le conseil de Sécurité dans le cas de la Géorgie, ne pouvait pas prendre de décision sans le consentement de la Russie et l’ONU s’est retrouvée soumise aux États.

C’est également le cas au sein de la commission des droits de l’Homme où les États, violateurs de droits de l’Homme cherchent à se faire élire pour se mettre à l’abri. Il y a ainsi une bataille politique. La preuve la plus flagrante est que la tentative de réforme a échoué et chaque État cherche à défendre ses intérêts propres. Il n’existe donc pas de vision globale qui rassemblerait tous les États dans une sorte de consensus mondial pour aller vers un intérêt commun.

Chaque État s’accroche à ses privilèges ou essaie d’en acquérir. C’est la raison pour laquelle les 5 États membres permanents ne veulent pas abandonner leur privilège de VETO. C’est aussi la raison pour laquelle les États africains ont fait échouer un projet de réforme qui avait des chances d’aboutir parce qu’ils exigeaient un siège non permanent supplémentaire.

Cependant, quelques éléments de réformes ont aboutis.

Le secrétaire général est également dépendant de la volonté politique des États donc, il est loin d’être le président du Monde. Il est dépourvu de tout pouvoir coercitif. Il a seulement le pouvoir d’alerter.

Sans les États, l’ONU reste une coquille vide, ce sont eux qui la dirigent et l’ONU en tant que telle ne peut imposer de décision à aucun État dans ce sens où les décisions que l’ONU prend sont des décisions prises par les États. L’ONU se rapproche plutôt d’un forum d’échanges mondiaux entre États.

La Création d’un Conseil de Sécurité Économique et Social

Pour pallier le rôle trop faible joué par l’ONU dans le monde économique, des voix se sont élevées pour promouvoir la création d’un Conseil de sécurité économique et social. Son rôle sera de donner une impulsion et une cohérence à l’ensemble des institutions économiques, financières et culturelles existantes.

Aujourd’hui, il est regrettable que l’ONU joue un rôle secondaire dans le champ économique et social alors qu’un organe est prévu par la charte pour ces question c’est le conseil économique et social. Mais ce dernier est tombé en désuétude et est devenu un organe bureaucratique n’exerçant plus de réel contrôle sur l’ensemble du système. Les Grandes institutions comme la banque mondiale et le FMI ont acquis une indépendance et le modèle capitaliste domine.

Aucune instance des Nations-Unies n’a pour mission de coordonner l’ensemble des grandes institutions économiques et financières. C’est pour pallier ce manque que les institutions ont créé le Conseil de sécurité économique et social.

Les missions et fonctions de ce nouveau conseil de sécurité économique et social

  • Chargé de dynamiser et coordonner l’ensemble des institutions vis à vis de questions relevant de la pauvreté, des grandes pandémies, de la marchandisation des biens publiques…
  • Il doit veiller à une règle du jeu collective. Il va rendre des arbitrages, remplir une mission de surveillance en donnant des avertissements lorsqu’un des acteurs s’écarterait trop de l’application des normes internationales.
  • Ce conseil sera accompagné d’un secrétariat général et agira comme un
  • Il devrait se réunir une à deux fois par an entre chefs d’États et gouvernements
  • Le nombre de ses membres devrait rester limité pour garantir son opérationnaliser mais le monde actuel y serait représenté. Les présidents des organisations régionales siégeraient aux cotés des chefs d’État et de gouvernement