LA DÉFINITION DE LA DÉMOCRATIE
Étymologiquement, le terme « démocratie » provient des mots grecs « demos » (peuple) et « kratos » (pouvoir), ce qui signifie littéralement « le pouvoir du peuple ». Cette idée prend ses racines dans l’Antiquité, notamment à Athènes, où la démocratie directe permettait à tous les citoyens libres de participer aux décisions collectives. Cependant, cette forme originelle diffère considérablement des démocraties modernes, qui fonctionnent principalement comme des démocraties représentatives.
Définition de la démocratie :
La démocratie, un concept fondamental en science politique, se définit comme un système de gouvernement dans lequel le pouvoir appartient au peuple. Elle peut être exercée soit directement par les citoyens, soit par l’intermédiaire de représentants élus, qui sont désignés lors d’élections libres, périodiques et transparentes. Ce modèle repose sur des principes fondamentaux tels que la souveraineté populaire, l’égalité devant la loi, et le respect des libertés fondamentales. Il y a une définition positive et négative de la démocratie :
- D’un point de vue positif, la démocratie est souvent associée à l’idée d’un gouvernement de la majorité, garantissant que les décisions prises reflètent la volonté du plus grand nombre.
- Toutefois, elle peut également être perçue de manière négative, car elle implique qu’aucun individu ou groupe spécifique ne puisse s’approprier le pouvoir de manière durable. Ce principe prévient les dérives autoritaires et favorise la diversité des opinions.
Les penseurs de la démocratie :
- Cours de droit constitutionnel
- La définition du droit constitutionnel
- La définition de l’État en droit constitutionnel
- Les éléments constitutifs de l’État : population, territoire, souveraineté
- Les origines de l’État : théorie du contrat social et de l’institution
- L’État unitaire : décentralisation et déconcentration
- L’État composé : Confédération et État fédéral
- Abraham Lincoln a résumé l’essence de la démocratie en déclarant qu’elle est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. Cette vision souligne la participation active des citoyens dans les processus décisionnels et l’obligation des gouvernants d’agir dans l’intérêt général.
- Winston Churchill, quant à lui, avait une vision nuancée de ce régime, affirmant que la démocratie est le pire des systèmes, à l’exception de tous les autres. Cette remarque met en avant les imperfections inhérentes au système démocratique tout en le considérant comme la meilleure alternative connue pour éviter les abus de pouvoir.
- Jean-Jacques Rousseau, dans son ouvrage Du contrat social, s’est montré sceptique quant à l’existence d’une démocratie idéale. Il écrivait que « la démocratie parfaite n’a jamais existé et n’existera jamais », car un tel régime nécessite une participation constante et universelle incompatible avec la nature humaine et les réalités des sociétés modernes.
La démocratie dans le monde contemporain :
Aujourd’hui, bien que la démocratie soit souvent présentée comme un idéal politique universel, elle reste un régime minoritaire à l’échelle mondiale. Selon les études les plus récentes, environ 30 à 35 pays seulement peuvent être considérés comme des démocraties pleines, selon des critères tels que la séparation des pouvoirs, le respect des droits humains, et la transparence des institutions. Des pays comme la Suède, la Nouvelle-Zélande ou encore le Canada figurent parmi les exemples souvent cités pour leur stabilité démocratique. En revanche, de nombreuses nations oscillent entre des régimes hybrides et autoritaires.
I – A quelles conditions la démocratie existe-t-elle ? Quels sont ses modes d’exercice ?
Les régimes politiques se distinguent historiquement selon qui exerce le pouvoir (monarchie, démocratie, oligarchie) et comment il est exercé. Les systèmes contemporains dépassent ces classifications, se basant sur le respect des libertés et des contre-pouvoirs. Les démocraties libérales valorisent libertés individuelles et pluralisme, tandis que les démocraties populaires privilégient égalité sociale au détriment des libertés. Cette opposition illustre les tensions entre liberté et égalité dans les débats actuels.
Tableau sur la distinctions des régimes politiques
Monarchie | Démocratie | Oligarchie | Dictature | Démocratie Libérale | Démocratie Populaire | |
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Détenteur du pouvoir | Un individu (souvent héréditaire) | Le peuple | Un groupe restreint | Un individu ou un parti unique | Le peuple via des institutions élues | Le Parti communiste |
Mode d’exercice | Hérédité, parfois constitutionnel | Pluralisme, élections libres | Par richesse ou statut | Concentration absolue | Respect des libertés fondamentales | Suppression des libertés pour l’égalité réelle |
Libertés | Variables | Garanties | Limitées pour les non-élites | Fortement réprimées | Protection des droits individuels | Restreintes pour atteindre l’égalité |
Exemples historiques | Royaume-Uni (constitutionnelle), Arabie Saoudite (absolue) | France, USA | Athènes ancienne, démocraties modernes technocratiques | Syrie (autoritaire), Corée du Nord (totalitaire) | UE, Canada | URSS, Chine maoïste, Corée du Nord |
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A) La distinction entre monarchie, démocratie et oligarchie
Historiquement, la classification des régimes politiques s’est fondée sur deux critères principaux :
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Quantitatif : Qui détient le pouvoir ?
- Monarchie : Un seul gouvernant (souvent héréditaire).
- Démocratie : Le peuple dans son ensemble.
- Oligarchie : Un petit groupe de personnes (souvent des élites ou aristocrates).
-
Qualitatif : Comment ce pouvoir est-il exercé ?
- Monarchie : Souvent légitimée par l’hérédité.
- Démocratie : Pouvoir issu de la désignation par le peuple.
- Oligarchie : Gouvernance par les « meilleurs », souvent basée sur la richesse ou le statut social.
Remarque : Une monarchie peut être démocratique (exemple : le Royaume-Uni, monarchie constitutionnelle où le pouvoir est largement exercé par des représentants élus), tout comme une République n’est pas forcément démocratique (exemple : la République populaire de Chine, qui est dirigée par un parti unique).
Une classification dépassée dans le monde contemporain
Cette distinction ancienne n’est plus réellement utilisée pour décrire les systèmes modernes. En effet :
- Monarchie absolue : Rares aujourd’hui (exemple : Arabie Saoudite).
- Pouvoir direct du peuple : Matériellement impossible dans des États modernes de grande taille.
- Régimes oligarchiques : Souvent dissimulés sous des régimes démocratiques ou autocratiques (exemple : influence des élites technocratiques dans certaines démocraties modernes).
Les régimes contemporains tendent à se classer selon des distinctions plus pertinentes, comme le degré de respect des libertés individuelles et la pluralité des pouvoirs.
B) La distinction entre la démocratie et la dictature
Démocratie
La démocratie est généralement pluraliste et libérale. Elle repose sur plusieurs principes fondamentaux :
- Pluralisme politique : Existence de plusieurs partis permettant une réelle compétition électorale.
- Respect des libertés individuelles : Liberté d’opinion, d’expression, de presse, et de participation.
- Élections libres et régulières : Les citoyens choisissent leurs représentants et peuvent les révoquer.
Dictature
La dictature est l’antithèse de la démocratie. Elle se caractérise par :
- Concentration du pouvoir : Aux mains d’un individu (dictature personnelle) ou d’un parti unique (dictature partisane).
- Absence ou manipulation des élections : Élections frauduleuses ou inexistantes.
- Privation des libertés individuelles : Contrôle des médias, suppression des oppositions, répression des dissidents.
- Autoritarisme ou totalitarisme :
- Autoritaire : Usage de la force pour maintenir le pouvoir sans projet global (exemple : Syrie).
- Totalitaire : Contrôle absolu de la vie sociale et économique selon une idéologie (exemple : Corée du Nord).
Les différents types de dictature
1. Selon le fondement du pouvoir :
- Dictature électorale : Arrivée au pouvoir par des élections (exemple : Hitler en 1933).
- Dictature par soutien populaire : Se revendique du peuple mais s’affranchit des règles démocratiques (exemple : Staline).
2. Selon la structure du pouvoir :
- Dictatures à parti unique : Une seule entité politique détient le pouvoir, écartant toute forme d’opposition (exemple : Parti communiste chinois).
- Dictatures multipartites apparentes : Existence de plusieurs partis contrôlés par le pouvoir pour donner une illusion de pluralisme (exemple : Russie contemporaine).
L’unité des dictatures
Malgré leurs formes variées, les dictatures partagent des caractéristiques communes :
- Privation des libertés individuelles : Notamment les libertés d’expression, de réunion, et de presse.
- Absence de contre-pouvoirs réels : Concentration du pouvoir dans une seule entité ou personne.
- Maintenance par la force : Nécessité d’un appareil répressif pour se maintenir en place.
C) La distinction entre la démocratie libérale et la démocratie populaire
La distinction entre démocratie libérale et démocratie populaire repose sur des conceptions fondamentalement opposées de la société, de l’individu et de l’exercice du pouvoir. Ces deux modèles, souvent opposés au XXᵉ siècle, illustrent des visions divergentes du rôle de la liberté et de l’égalité dans le système politique.
La démocratie libérale : liberté individuelle et pluralisme
La démocratie libérale s’appuie sur une conception individualiste de la société. Elle place l’individu au centre, valorisant ses libertés fondamentales et son droit à l’autodétermination. Ce modèle repose sur plusieurs piliers essentiels :
- Le pluralisme politique, garantissant la compétition entre plusieurs partis pour l’accès au pouvoir.
- Le respect des droits fondamentaux, comme la liberté d’expression, la liberté de la presse, la liberté religieuse ou encore le droit à un procès équitable.
- La séparation des pouvoirs, qui prévient les abus en répartissant les fonctions législative, exécutive et judiciaire entre des institutions distinctes.
Dans une démocratie libérale, la liberté individuelle est exaltée, tandis que l’État est perçu comme le garant de ces libertés et de l’égalité en droit, mais non nécessairement en conditions matérielles. Des pays comme les États-Unis, le Canada, et les pays de l’Union européenne incarnent ce modèle, qui s’est progressivement imposé comme la norme en Occident après la chute du mur de Berlin et l’effondrement des régimes communistes.
La démocratie populaire : égalité réelle et centralisme
À l’inverse, la démocratie populaire, souvent associée aux régimes marxistes-léninistes, se concentre sur la recherche d’une égalité réelle. Inspirée par la pensée marxiste, elle prétend abolir les inégalités de classe en supprimant les libertés individuelles au profit de la collectivité. Dans ce système :
- Le Parti communiste (PC) monopolise le pouvoir, avec un contrôle strict sur l’appareil administratif, économique et politique. Ce modèle est souvent qualifié de parti-État, car aucune opposition politique n’est permise.
- L’idée de contre-pouvoirs ou de compétition partisane est rejetée, ce qui interdit toute alternance ou débat politique véritable.
- Les libertés politiques, comme celles de s’associer ou de critiquer le gouvernement, sont limitées, voire sacrifiées, pour garantir l’objectif d’égalité économique et sociale.
Selon la théorie marxiste, l’individu, considéré comme aliéné par la société de classes, ne peut se libérer qu’en intégrant la collectivité et en participant à la construction du socialisme. Ce dernier est vu comme une étape vers une société sans classes, où les besoins matériels seraient équitablement répartis.
Les régimes s’inspirant de ce modèle, comme ceux de l’Union soviétique, de la Chine maoïste ou de l’Europe de l’Est avant 1989, ont montré des dérives autoritaires importantes, marquées par une répression systématique des opposants et une surveillance accrue des populations.
L’évolution contemporaine : le triomphe du modèle libéral
Depuis la chute des régimes communistes en Europe de l’Est entre 1989 et 1991, la démocratie libérale s’est imposée comme le modèle dominant. Toutefois, quelques États comme Cuba, la Corée du Nord, le Vietnam, et la Chine continuent de se réclamer du régime marxiste. Ces pays ont toutefois adopté des approches variées :
- La Chine, par exemple, a combiné autoritarisme politique et ouverture économique, créant un système hybride qui n’est plus fidèle aux idéaux marxistes d’origine.
- En revanche, des pays comme la Corée du Nord ont maintenu un centralisme rigide et une dictature dynastique, loin de toute évolution démocratique.
Une opposition conceptuelle toujours pertinente
La démocratie libérale, avec ses bases sur la liberté individuelle et le pluralisme, reste en tension avec l’idée d’une égalité matérielle absolue défendue par les modèles de démocratie populaire. Si l’un valorise la liberté politique et le respect des droits de l’individu, l’autre considère que l’égalité sociale et économique justifie des restrictions importantes des libertés.
Cette opposition, bien que moins marquée aujourd’hui, nourrit encore les débats contemporains sur les limites des systèmes démocratiques. Par exemple, la montée des inégalités économiques dans les démocraties libérales ou la critique des systèmes autoritaires cherchant à justifier leur pouvoir au nom de la stabilité ou du bien-être collectif
II – Les composantes de la démocratie libérale
A) La protection des libertés
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Mesure de la démocratie par les libertés :
- Une démocratie est évaluée en fonction des libertés dont jouissent ses citoyens. Ces libertés forment un socle essentiel pour l’épanouissement individuel.
- Bien que le citoyen soit un membre de la société, celle-ci ne peut prétendre lui appartenir entièrement.
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Liberté comme valeur primordiale :
- La démocratie libérale repose sur l’idée que la société doit être un outil au service de l’individu, garantissant son autonomie.
- Principe central : Tout ce qui n’est pas interdit par la loi est autorisé, et nul ne peut être contraint à des actions non prévues par celle-ci (article 5 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789).
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Les droits de l’homme et la sûreté :
- Les libertés fondamentales incluent la liberté d’opinion, d’expression, de circulation, et de disposer de son corps.
- La sûreté, c’est-à-dire la protection contre l’arbitraire étatique, est une liberté essentielle. Elle garantit que l’État lui-même respecte les droits des citoyens.
- Toutefois, la liberté individuelle s’arrête là où commence celle des autres, établissant une limite nécessaire à l’harmonie sociale.
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Pluralisme et choix :
- La démocratie ne peut exister sans pluralité d’opinions et de choix. Cette pluralité s’exprime non seulement à travers le débat politique mais aussi par l’existence de diverses plateformes médiatiques et d’opposition.
B) Le pluralisme politique
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Liberté de choix des gouvernants :
- Une démocratie authentique permet au peuple de choisir librement ses dirigeants, ce qui implique la coexistence de plusieurs partis politiques.
- Cette diversité politique garantit que toutes les opinions puissent s’exprimer et être représentées dans le débat public.
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Rôle des médias et de l’éducation civique :
- La liberté de la presse et des médias audiovisuels est essentielle pour informer le peuple de manière indépendante.
- Une population éduquée et informée peut exercer son droit de vote de manière éclairée, en connaissance des enjeux politiques et sociaux.
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L’opposition et l’alternance :
- La démocratie libérale repose sur un mécanisme d’alternance politique. Cela permet de garantir que le pouvoir ne soit pas confisqué par une seule faction ou idéologie.
- Des élections régulières et libres offrent au peuple la possibilité de renouveler ou de révoquer le gouvernement en place.
Exemples récents :
- France : Depuis 1981, l’alternance politique s’est affirmée comme un pilier de la démocratie française. Chaque élection présidentielle a vu une remise en question de l’équipe au pouvoir, permettant des transitions entre partis de gauche (Mitterrand, Hollande) et de droite (Chirac, Sarkozy).
- États-Unis : Le système bipartite entre républicains et démocrates incarne un pluralisme politique, bien que critiqué pour sa limitation des options. Les alternances récentes, comme celles de Trump à Biden, démontrent la capacité du système à refléter les volontés populaires.
- Allemagne : La démocratie allemande repose sur un multipartisme marqué. En 2021, la coalition entre SPD, Verts, et FDP a marqué un changement majeur, témoignant d’une alternance constructive et pluraliste.
Conclusion
La démocratie libérale, avec sa protection des libertés et son pluralisme politique, reste un modèle exigeant mais adaptable. Elle repose sur un équilibre entre droits individuels, diversité des opinions et renouvellement du pouvoir par le biais d’élections transparentes et régulières. Toutefois, son fonctionnement nécessite une vigilance constante pour prévenir les dérives autoritaires et garantir que chaque citoyen puisse participer pleinement à la vie démocratique.