La loi : domaine de la loi et définition
La loi est un texte normatif voté par le Parlement qui établit les règles régissant :
Elle joue un rôle essentiel dans la mise en œuvre des politiques publiques du gouvernement et permet d’adapter le droit aux évolutions de la société. La loi peut également être utilisée pour réviser une norme existante qui serait incomplète ou obsolète.
Cependant, le rôle législatif du Parlement, organe traditionnellement chargé d’adopter les lois, est aujourd’hui réduit :
Historiquement, la loi a été perçue comme la norme suprême, incarnant l’expression de la volonté générale telle que définie par Rousseau. Elle était sans limite jusqu’en 1958, et sa définition était organique : tout acte adopté par le Parlement était considéré comme une loi, quel qu’en soit le contenu.
Au cours du XXᵉ siècle, cette vision a été progressivement remise en question :
La Constitution de 1958 a profondément modifié le statut de la loi :
Introduction du règlement autonome : Pour la première fois, la Constitution distingue les domaines relevant de la loi et ceux relevant des règlements autonomes, qui sont de la compétence exclusive du gouvernement (article 37). Cette innovation limite la portée de la loi.
Définition matérielle de la loi : La loi n’est plus définie uniquement par son auteur (le Parlement), mais par son contenu, en fonction des domaines énumérés par la Constitution (article 34). Ces domaines incluent des sujets majeurs tels que :
En conséquence, le Parlement perd sa compétence générale et devient soumis à un cadre strict.
Dans les dix dernières années, plusieurs évolutions mettent en évidence les limites du Parlement en matière législative :
La loi, pour être valide, doit porter exclusivement sur les domaines définis à l’article 34 de la Constitution de 1958. Cet article distingue deux types d’intervention parlementaire :
Cette distinction implique que certaines lois nécessitent des décrets d’application pour être mises en œuvre, tandis que d’autres contiennent directement les dispositions opérationnelles.
L’initiative des lois peut venir :
Dans tous les cas, les textes doivent respecter les domaines réservés au législateur par la Constitution. L’exécutif est également tenu de respecter cette répartition normative.
L’article 34 limite les compétences du Parlement, et le pouvoir réglementaire autonome (prévu à l’article 37) prend en charge toutes les matières qui ne relèvent pas explicitement de la loi. Cela marque une distinction claire :
Cette répartition est protégée par des mécanismes constitutionnels :
Créé par la Constitution de 1958, le Conseil constitutionnel est le gardien de la répartition normative et veille au respect de la Constitution. Il peut :
En pratique, les frontières entre législation et réglementation sont parfois floues :
Conclusion :La définition matérielle de la loi et la répartition des compétences législatives et réglementaires instaurées en 1958 témoignent d’une volonté de rationalisation du pouvoir législatif. Toutefois, en pratique, cette rationalisation est souvent contournée par des ajustements politiques ou juridiques.
La tradition parlementaire française est préservée grâce à un domaine législatif étendu et des mécanismes constitutionnels favorisant l’équilibre entre le pouvoir législatif et le pouvoir réglementaire. Malgré les limites imposées par la Constitution, la complémentarité entre ces deux pouvoirs permet une gestion pragmatique des matières complexes, tout en maintenant la prééminence du Parlement dans des secteurs fondamentaux.
Le domaine législatif, défini par l’article 34 de la Constitution, reste large et englobe des secteurs fondamentaux de la vie politique, sociale et des libertés publiques. Les matières concernées, comme les finances publiques, les libertés individuelles ou les droits fondamentaux, témoignent de l’importance de l’action parlementaire dans les secteurs-clés de l’État.
La révision constitutionnelle de 2008 a élargi encore ces compétences, en incluant :
La compétence gouvernementale découle des matières non explicitement attribuées au législateur :
Même dans les domaines où le législateur fixe les règles ou les principes fondamentaux, les lois nécessitent souvent des règlements d’application. La jurisprudence du Conseil constitutionnel a reconnu cette complémentarité, permettant au pouvoir réglementaire d’intervenir pour préciser ou appliquer les lois, même dans les secteurs relevant en principe exclusivement du législateur.
Le Conseil constitutionnel, dans une décision marquante de 1982, a jugé qu’une loi ne respectant pas strictement la répartition entre l’article 34 (domaine législatif) et l’article 37 (domaine réglementaire) n’est pas pour autant inconstitutionnelle. Cette décision reflète une volonté de valoriser l’action du Parlement, en renforçant son rôle même dans des cas où il aurait empiété sur le domaine réglementaire.
En pratique, la distinction stricte entre les domaines où le Parlement « fixe les règles » et ceux où il « établit les principes fondamentaux » tend à s’atténuer. Les lois restent souvent incomplètes et nécessitent l’intervention de règlements d’application. Cette complémentarité est renforcée par des majorités politiques homogènes entre l’exécutif et le législatif, favorisant une collaboration dans la mise en œuvre des politiques publiques.
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