Charles Fourier, un socialiste utopique

Fourier : du phalanstère à la coopération

Il est né en 1772 et meurt en 1837. Il a écrit Théorie de l’unité universelle (4 volumes de 1822-1823). Il est issu d’une famille de commerçants très aisée. Il sera ruiné par la Révolution car ses biens seront séquestrés. C’est un vieux garçon qui a mené une vie obscure. Son premier disciple était totalement sourd. C’est sous l’empire qu’il commence à réfléchir et construire sa théorie de l’Harmonie

Sa vie

On lui attribue le mérite d’avoir été un socialiste utopiste précoce semblable à Robert Owen. Il a écrit plusieurs ouvrages en rapport avec ses idées socialistes qui étaient centrés sur son idée principale de la société : de petites communautés basées sur la coopération. En général, Fourier pensait que la pauvreté était l’un des grands problèmes de la société et qu’elle entraînait en fin de compte de nombreux autres problèmes. Il s’oppose à l’idée de concurrence dans la société, qui est un principe du capitalisme du laisser-faire, et soutient plutôt l’idée que la société devrait être plus coopérative. La coopération est l’idée que les citoyens d’un pays devraient travailler à un objectif commun plutôt que de se faire concurrence.

Pour atteindre cet objectif, Fourier a proposé la création de communautés relativement petites, autonomes et fonctionnant sur le principe de la coopération. Il a fait valoir qu’une société fondée sur la coopération améliorerait la vie de tous les membres de la société, et pas seulement des plus riches. Aujourd’hui, ces types de communautés sont appelés des coopératives, alors que Fourier les appelle des « phalanges ». Selon lui, ces communautés ont été construites avec un quartier d’habitation central ou des appartements, dans lesquels tous les membres de la communauté vivaient ensemble. Le travail des gens dans la communauté était déterminé par leurs intérêts et était rémunéré en fonction de la volonté des gens de faire ce travail. Par exemple, le travail que les gens n’aimaient généralement pas faire était très bien payé. Les idées de Fourier ont fini par se répandre dans le monde entier et ont incité les gens à développer leur propre communauté sur la base de la coopération. Par exemple, aux États-Unis, la communauté d’Utopia, dans l’Ohio, a été créée en 1844 par les disciples de Fourier. Ces derniers ont créé la communauté dans l’espoir de bâtir la « communauté parfaite », d’où son nom d’Utopia. Dans la communauté, les adeptes devaient payer 25 dollars par an pour une maison située sur une petite parcelle de terrain ; cependant, la communauté restait la propriété collective de tous ses membres. Malheureusement, Utopia n’a duré que 3 ans en raison d’une inondation en 1847, qui a dévasté la communauté. Quoi qu’il en soit, l’impact de Fourier a été significatif, car ses idées ont contribué au développement de plusieurs communautés basées sur la coopération dans le monde entier.
Il meurt à l’âge de 65 ans le 10 octobre 1837 à Paris, en France. Aujourd’hui, on se souvient de Fourier comme d’un des premiers socialistes et on le qualifie souvent de socialiste utopiste, au même titre que Robert Owen. On lui attribue l’introduction en Europe des idées socialistes qui ont contribué à transformer la société pendant la révolution industrielle.

 

Ses oeuvres

Son premier ouvrage est de 1808 est la Théorie des quatre mouvements où il critique la civilisation. Dans ce livre, il annonce l’ordre sociétaire qui est l’idée d’une nouvelle forme de société. En 1822, il publie un traité de l’association domestique agricole. En 1829, il publie le nouveau monde industriel et sociétaire. En 1835, il publie la fausse industrie morcelée, mensongère et l’antidote, l’industrie naturelle, combinée, attrayante véridique donnant le quadruple produit. Il y a eu un premier essai de phalanstère en 1834 lancé par Baudet-Dulary à Condé sur Vesgne. Fourrier va désavouer le modèle en disant qu’il n’est pas réel.

A- Sa critique de la « civilisation »

C’est un terme toujours péjoratif selon lui car elle désigne la société présente sous ses yeux qu’il considère comme mauvaise. L’opposé est l’Harmonie ou encore le monde harmonien. Il y a trois grands éléments dans la critique que Fourrier fait de la civilisation.

La première est que la civilisation est un monde de la pauvreté causé par le gaspillage. Pour explique cette pauvreté, Fourrier met en causes différents éléments. Le premier est la routine des méthodes et donc on vise ici les paysans qui ne modernisent pas leurs techniques agricoles. La deuxième est le parasitisme commercial. Le troisième est le rôle néfaste des spéculateurs. C’est donc l’idée que la société est mal organisée.

La deuxième concerne la dénonciation des mœurs et des mensonges de la civilisation. Il dénonce particulièrement la monogamie. Le symbole du mensonge de la civilisation est l’adultère selon lui. Il concerne que l’adultère est le révélateur du mensonge de la société car il révèle l’asservissement de la femme. La femme est asservie car elle a les mêmes besoins que les hommes. L’adultère et le mensonge féminin sont normaux pour Fourrier dans une telle société. L’adultère est donc le symbole de la fausseté et du mensonge de la société.

La troisième est la critique de ce que Fourrier appelle les philosophes. Ce sont deux qui produisent des idées raisonnables c’est-à-ire des idées qui légitimes la civilisation. Les philosophes sont obligés de déguiser tous les mécanismes de répression pour éduquer.

B- Le rôle fondamental des passions

L’analyse du rôle des passions est une des choses dont Fourrier est le plus fière. C’est la théorie de l’attraction passionnée. Ainsi, les disciples l’ont appelé le nouveau Newton. L’attraction passionnée est une impulsion donnée par la nature antérieurement à toute réflexion et persistante malgré l’opposition de la raison, du devoir, du préjugé. C’est donc quelque chose de naturel et spontané qui est étouffé par l’éducation. C’est parce que la civilisation met fin aux passions qu’elle les pervertie.

L’idée de Fourier est qu’il ne faut pas étouffer les passions mais les réhabiliter en les laissant s’exprimer. Ainsi, les passions deviennent bonnes et donnent de bons résultats. Fourrier ne se limite pas pour critiquer Robespierre sur ce point là.

Il classe 12 passions : 5 passions sensorielles, 4 passions affectives et 3 passions distributives qui sont inconnues dans le monde civilisé et apparaitront dans le monde harmonien (cabaliste, papillome et composite). Cela donnera donc un jeu de l’arrangement des passions qui donnera une société heureuse.

Pour Fourrier, les passions humaines ne peuvent exister que dans une société. La société harmonieuse est le type de société capable de libérer toutes les passions et qui leur permet de s’exprimer alors que la répression de ces passions est à l’origine d’une souffrance, voir d’une maladie mentale. La passion est donc quelque chose d’indomptable selon lui et quand la société elle tente de le faire le seul résultat est la production de passions engorgées.

L’attraction passionnée va aboutir à la formation de groupes passionnels et de séries. Ce sont donc des hommes qui se regroupent en raison de passions communes ou qui se regroupent. Le monde harmonien va donc utiliser les passions à son profit en les raffinant. «Que l’individu marche au bien en se livrant aveuglément à ses passions».

C- La communauté idéale : le phalanstère

On retrouve ic deux idées typiques de l’utopie :

  • Tout est prévu dans les moins détails. Le phalanstère contient 1620 personnes car il existe 810 classements des passions. C’est donc le chiffre idéal qui forme un tout autonome. En ayant deux fois 810 passions, toutes les passions seront présentes pour que le phalanstère soit parfait.
  • Fourrier attend le mécène qui apportera le capital pour créer le premier phalanstère.

Première caractéristique, le phalanstère se développe dans un cadre rural. En effet, Fourrier est passionné par les jardins. L’entreprise est rurale car Fourrier ne veut pas d’une concentration manufacturée. L’industrie est un travail peu attrayant selon lui et donc il souhaite noyer cette industrie dans un milieu rural. Il se souci aussi de la beauté architecturale et notamment il fait dessiner l’équivalent du château de Versailles. L’architecture doit favoriser les rencontres et les liens entre les habitants du phalanstère.

Second caractéristique, c’est la vie communautaire. Il faut souligner que contrairement aux autres utopies communautaires Fourrier refuse deux choses : ce n’est pas une communauté ascétique et ce n’est pas une communauté égalitaire. Ceux qui apportent du capital à la communauté doivent le retrouver sous forme de dividendes. Il y a trois sortes de personnes : les riches, les pauvres et les moyens. L’harmonie va permettre la conciliation entre ces hommes. Il maintient la propriété selon le travail ou les talents de la personne.

Il y a peu d’institutions en harmonie car il y a peu de chances que des conflits se développent. Chaque personne est assurée du minimum vital. Le groupe passionnel a un rôle de fusion. Les hommes fusionnent entre eux autour d’une passion commune. Les différences de groupe sont gommées par la passion commune.

Troisième caractéristique, c’e’st la gastrosophie c’est-à-dire l’art des repas. La gourmandise est un art de vivre et Fourrier attache une importance aux repas en en prévoyant 5 par jour. Il prévoit des repars raffinés. L’art de la cuisine sera donc apprit à tout le monde. Fourrier dit que l’art de la cuisine est un art d’hygiène et une science de haute politique car c’est la forme élémentaire de la sociabilité en harmonie.

Dernier élément, il y a des institutions mais elles sont quasi inutiles chez Fourier car il considère avoir fondé la société parfaite. La régence est confié aux fondateurs de la phalanstère. Il prévoit aussi un conseil suprême de l’industrie mais aussi quelques institutions disciplinaires.

D- Le travail en harmonie : le travail « attrayant »

la théorie du travail attrayant chez Fourrier postule l’unité du travail avec l’agrément. La grande fautive est la civilisation qui rend le travail répugnant. Le travail devient attrayant avec Fourrier pour différentes éléments :

  • Il n’y a pas de salariat car il s’agit d’associés qui apportent du capital.
  • L’essentiel du travail est qu’il est très varié. Il ne faut pas passer plus d’une heure dans la même activité chez Fourrier.
  • Le travail se fait en compagnie de gens qui ont la même passion que nous.

Pa railleur,s Fourrier imagine un maximum de divisions du travail et donc le travail est très divisé pour permettre d’intégrer tout le monde. Par ailleurs, nous avons le droit au travail de notre choix. Puisque tout repose sur des passions, on travail selon notre choix mais avec une condition d’aptitude et de probité. Le travail est donc heureux et n’est pas perçu comme une obligation.

Ces bonnes conditions de travail vont permettre de mettre en place des 3 dernières passions absentes. Il y a une seule institution qui est propre au travail : c’est la bourse où les hommes se réunissent pour coordonner le travail du lendemain. Le travail est plus productif chez Fourrier car l’abondance permet une bonne distribution. Les travaux inutiles doivent disparaître, même si certaines personnes veulent exercer ces fonctions.

Les passions vont permettre de savoir qui va se charger des travaux durs et salissant. La vidange sera faite par les enfants car il ont une passion naturelle pour la saleté.

Au fond, l’optimisme de Fourrier repose sur une absence d’antagonisme entre l’homme et la nature. Au contraire, Marx pense que l’homme doit affronter la nature et la dominer. Fourrier reste donc un homme du XVIIIème siècle. Tout est faisable et possible chez Fourrier sauf la violence. Il a eu des disciples très tard. L’essai tenté échoue rapidement une fois le capital anéanti. En 1870, la vague de Fourrier disparaît. C’est l’expression d’un rêve avec un résultat indirect important : la participation des fouriéristes dans la coopération. Le grand exemple est le familistère créé par un disciple de Fourrier appelé Godin à Guise.