Quelle est l’histoire de la Cinquième République ? de De Gaulle à Mitterrand

Charles de Gaulle (1890-1970)
Né à Lille le 22 novembre 1890, Charles de Gaulle joue un rôle central dans la fondation de la Ve République. Après son discours de Bayeux en 1946, où il critique les faiblesses de la IVe République, il revient au pouvoir en 1958 en pleine crise algérienne. Il propose une nouvelle Constitution, adoptée par référendum le 28 septembre 1958 avec 80 % des voix. Élu président en décembre 1958, il prend ses fonctions en janvier 1959, devenant le premier président de la Ve République. Il renforce l’exécutif et marque la France par son indépendance politique, avant de démissionner en 1969.

Georges Pompidou (1911-1974)
Né à Montboudif (Cantal), Georges Pompidou, Premier ministre de De Gaulle de 1962 à 1968, devient président en 1969 après la démission de De Gaulle. Élu face à Alain Poher avec le soutien des gaullistes, il entreprend de moderniser la France en lançant des réformes industrielles et économiques. Sa présidence est marquée par une période de forte croissance et d’urbanisation. Il décède en cours de mandat en 1974.

Valéry Giscard d’Estaing (1926-2020)
Né le 2 février 1926 à Coblence en Allemagne, Valéry Giscard d’Estaing devient président en 1974 à la suite du décès de Pompidou. Il l’emporte avec 50,81 % des voix face à François Mitterrand. Sous son mandat, il introduit des réformes majeures : droit de vote à 18 ans, légalisation de l’IVG (Loi Veil), et réformes de l’ORTF. En 1981, il est battu par Mitterrand.

François Mitterrand (1916-1996)
Né à Jarnac (Charente) le 26 octobre 1916, François Mitterrand est élu en 1981 avec 52,22 % des suffrages, devenant le premier président socialiste de la Ve République. Il lance des réformes telles que l’abolition de la peine de mort et la décentralisation. Réélu en 1988, il est le seul président de la Ve République à avoir accompli deux septennats complets (1981-1995).

Jacques Chirac (1932-2019)
Né à Paris le 29 novembre 1932, Jacques Chirac est élu président en 1995 face à Lionel Jospin et réélu en 2002 face à Jean-Marie Le Pen. Sous son premier mandat, il abaisse le mandat présidentiel de sept à cinq ans (quinquennat). Sa présidence est marquée par des réformes de décentralisation, la mise en place de l’euro, et une opposition à l’invasion de l’Irak en 2003. Il quitte la présidence en 2007.

Nicolas Sarkozy (né en 1955)
Né le 28 janvier 1955 à Paris, Nicolas Sarkozy est élu président en 2007 face à Ségolène Royal avec 53,06 % des voix. Il mène des réformes économiques et sociales, incluant la réforme des retraites et la loi sur l’autonomie des universités. Sa présidence est marquée par la crise financière de 2008 et par l’intervention en Libye en 2011. Il est battu par François Hollande en 2012.

François Hollande (né en 1954)
Né à Rouen le 12 août 1954, François Hollande devient président en 2012 en battant Nicolas Sarkozy. Son mandat est marqué par des réformes comme le mariage pour tous et par des attentats terroristes en France en 2015 et 2016, qui entraînent la mise en place de l’état d’urgence. Sa présidence est également marquée par des difficultés économiques et un taux de chômage élevé. Il choisit de ne pas se représenter en 2017.

Emmanuel Macron (né en 1977)
Né à Amiens le 21 décembre 1977, Emmanuel Macron est élu président en 2017 face à Marine Le Pen, devenant à 39 ans le plus jeune président de la République. Son mandat est marqué par des réformes économiques (loi travail, réforme de la SNCF), la crise des Gilets jaunes et la gestion de la pandémie de Covid-19. En 2022, il est réélu face à Marine Le Pen, devenant le premier président réélu hors cohabitation. Son second mandat aborde des dossiers majeurs, dont la réforme des retraites.

 

A. La période gaullienne (1958-1969)

1. 1958-1962 : la phase d’installation de la Ve République

Après l’adoption de la Constitution de 1958, la Ve République s’installe progressivement, marquée par un soutien populaire aux gaullistes, mais aussi par des tensions et des divergences sur les questions nationales et locales.

  • Élections législatives de novembre 1958 : Les gaullistes remportent largement les élections à l’Assemblée nationale, établissant une majorité solide pour soutenir le nouveau régime.
  • Élections municipales : Quelques mois plus tard, aux élections municipales, les résultats sont moins favorables aux gaullistes. Leur influence au niveau local est limitée, soulignant que les dynamiques politiques locales et nationales évoluent à des rythmes différents.
  • Élections sénatoriales d’avril 1959 : Contrairement aux attentes, la gauche parvient à conserver une part importante des sièges au Sénat. Le Sénat s’affirme rapidement comme un contrepoids au pouvoir exécutif gaulliste et devient une « forteresse de l’opposition ».

Cette phase initiale est également marquée par le règlement de la question algérienne, qui provoque des divisions internes :

  • 16 septembre 1959 : De Gaulle annonce l’autodétermination pour l’Algérie, anticipant son chemin vers l’indépendance.
  • Janvier 1960 : Les « journées de barricades » éclatent à Alger ; cependant, l’armée refuse de soutenir les manifestants, et le mouvement échoue.
  • 8 janvier 1961 : Lors d’un référendum sur l’autodétermination en Algérie, 55,11 % des Français approuvent la démarche.
  • 22 avril 1961 : Tentative de putsch des généraux en Algérie. De Gaulle active l’article 16 de la Constitution pour obtenir les pleins pouvoirs, et la tentative de coup d’État échoue rapidement.
  • 27 septembre 1961 : De Gaulle rend les pleins pouvoirs après six mois.
  • 18 mars 1962 : Les accords d’Évian mettent fin à la guerre d’Algérie. Ils sont ratifiés par référendum le 21 avril 1962 avec 65 % de votes favorables. Cependant, cette issue provoque un désaccord profond entre De Gaulle, la population européenne d’Algérie, l’armée, et une partie de la classe politique française. Le compromis de 1958 est alors brisé.


2. La fin du « compromis de 1958 »

L’attentat du Petit-Clamart contre De Gaulle, le 28 août 1962, pousse le général à envisager l’avenir politique de la France au-delà de sa propre présence. Il décide alors de réformer le mode d’élection du président de la République en introduisant le suffrage universel direct, estimant qu’un président élu directement par le peuple bénéficiera d’une légitimité démocratique capable de compenser l’absence de légitimité charismatique.

Pour introduire cette réforme, De Gaulle choisit de passer par l’article 11 de la Constitution, qui permet de soumettre des lois au référendum sans l’accord du Parlement, contournant ainsi l’article 89, qui impose une révision constitutionnelle en accord avec les deux chambres parlementaires, dont le Sénat. L’utilisation de l’article 11 pour réformer le mode d’élection présidentielle est considérée par beaucoup comme une violation de l’esprit constitutionnel.

  • Motion de censure et chute du gouvernement Pompidou : Les députés, en désaccord avec cette révision par l’article 11, votent une motion de censure en octobre 1962 pour renverser le gouvernement de Georges Pompidou.
  • Campagne pour le référendum et opposition : Face à l’initiative de De Gaulle, plusieurs partis tentent de mobiliser l’opinion publique pour faire échec au référendum.

Automne 1962 : deux consultations électorales clés en France :

  • 28 octobre 1962 : Le référendum est remporté par le « oui » avec 62,25 % des suffrages, confirmant la réforme.
  • Élections législatives de novembre 1962 : Elles renforcent la majorité gaulliste à l’Assemblée nationale. Le parti communiste progresse également, marquant l’installation durable de la Ve République et de ses nouvelles dynamiques politiques.


3. Le retour des partis politiques

Bien que Charles De Gaulle ait cherché à limiter l’influence des partis politiques en concevant les institutions de la Ve République, cet objectif n’a pas été entièrement atteint. Avec le temps, les partis ont conservé une place significative dans la vie politique, tout en subissant une transformation profonde de leurs structures, stratégies et alliances. Le système partisan évolue, notamment avec la montée de la bipolarisation, qui crée deux grands blocs de gauche et de droite.

a) Le redémarrage de la gauche

Pendant que De Gaulle et les gaullistes renforcent leur pouvoir, la gauche amorce une dynamique de progression. Les élections législatives de 1962 sont un premier signe de renouveau : les formations de gauche doublent leur représentation à l’Assemblée nationale. En 1965, lors de la première élection présidentielle au suffrage universel direct, François Mitterrand se présente comme candidat de la gauche et parvient à réunir 32 % des voix, forçant De Gaulle à un second tour, un succès inédit pour un opposant de gauche. Cette performance est due en partie à l’alliance entre le Parti Socialiste (PS) et le Parti Communiste Français (PCF), qui se renforce lors des législatives de 1967, où la gauche réalise un score notable. Ce redémarrage de la gauche amorce une montée progressive vers le pouvoir.

b) La refonte de l’éventail partisan : la bipolarisation

La bipolarisation sous la Ve République crée un système où les forces politiques se structurent autour de deux grands pôles, l’un de gauche et l’autre de droite. Au fil des élections, cette tendance s’accentue, favorisant les duels droite/gauche au second tour des élections législatives :

  • 1958 : duels dans 20 % des circonscriptions.
  • 1962 : duels dans 60 % des circonscriptions.
  • 1967 : duels dans 80 % des circonscriptions.
  • 1968 : duels dans 84 % des circonscriptions.
  • 1978 : duels dans 98,6 % des circonscriptions.
  • 1981 : duels dans toutes les circonscriptions sauf une.

La bipolarisation favorise ainsi l’émergence de majorités stables pour gouverner, mais elle marginalise les petits partis du centre qui caractérisaient la IVe République. En conséquence, le paysage politique devient plus polarisé, avec des partis à programmes plus extrémistes, tandis que les formations centristes traditionnelles déclinent ou disparaissent.



4. La parenthèse de mai 1968

La crise de mai 1968 marque une rupture majeure et voit naître divers courants et mouvements contestataires qui influencent durablement la société française. Les revendications portées par ces mouvements – écologiques, pacifistes, régionalistes, altermondialistes – seront dans un premier temps récupérées par le Parti Socialiste, puis intégrées dans l’ensemble du paysage politique à partir de l’alternance de 1981, sous une forme plus modernisée.

Les conséquences de mai 68 se ressentent aussi politiquement : cette crise provoque une interruption temporaire de la montée de la gauche. Les grands perdants sont De Gaulle, qui voit son autorité contestée, et François Mitterrand, dont la progression politique est freinée. Le grand gagnant est Georges Pompidou, qui négocie les accords de Grenelle et incarne une droite pragmatique et efficace, soutenue par l’électorat lors des élections qui suivent la crise.

Plus largement, la crise de mai 68 marque la fin de l’ère gaullienne, ouvrant la voie à un mode de gouvernance plus pluraliste et moins marqué par la figure de De Gaulle lui-même.


5. La fin de l’ère gaullienne

Au printemps 1969, Charles de Gaulle propose un projet de régionalisation et une réforme du Sénat visant à transformer cette institution en une chambre de réflexion, sans réel pouvoir politique. Deux motivations principales expliquent cette démarche :

  • Affaiblir le Sénat : Depuis 1968, le Sénat s’oppose souvent aux décisions présidentielles, devenant une « forteresse de l’opposition » au lieu de soutenir l’action gouvernementale. En modifiant le rôle du Sénat, De Gaulle espère neutraliser cette résistance.
  • Rétablir sa légitimité : Après la crise de mai 68, la popularité de De Gaulle est ébranlée. En présentant le référendum du 27 avril 1969 comme un plébiscite, il tente de renforcer son lien direct avec le peuple, misant sur l’approbation populaire pour consolider son autorité.

Cependant, ce référendum est un échec, avec 52,41 % de votes contre la réforme. Suite à ce revers, De Gaulle démissionne, provoquant des élections anticipées. En juin 1969, Georges Pompidou est élu président avec 57,7 % des suffrages, marquant ainsi la fin officielle de l’ère gaullienne.

Même après le départ de De Gaulle, l’héritage gaulliste perdure : ses valeurs continuent d’influencer la politique française, façonnant les institutions et les pratiques du pouvoir.



6. Conclusion : qu’est-ce que le « gaullisme historique » ?

Le gaullisme historique peut se définir par sept caractéristiques fondamentales qui structurent l’approche de De Gaulle en matière d’État, de politique intérieure, et de relations internationales :

  • Un État fort et centralisé : Inspiré par le jacobinisme, le gaullisme prône un pouvoir centralisé, assurant la cohésion nationale et la stabilité.
  • Méfiance envers les institutions traditionnelles : Les assemblées parlementaires et les partis politiques sont perçus comme des freins à l’autorité de l’État, et le gaullisme cherche à limiter leur influence sur le pouvoir exécutif.
  • Rejet du parlementarisme classique : Dans le modèle gaulliste, l’État repose avant tout sur un exécutif fort et personnalisé, incarné par le président de la République.
  • Lien direct avec le peuple : De Gaulle privilégie un rapport direct entre le chef de l’État et le peuple, via des référendums ou des discours, court-circuitant les médiations politiques traditionnelles.
  • Favorable au corporatisme : Le gaullisme valorise les corps intermédiaires et les regroupements professionnels, qu’il considère comme des relais utiles pour assurer l’harmonie sociale.
  • Interventionnisme économique : L’État gaulliste joue un rôle actif dans l’économie, soutenant un certain interventionnisme pour promouvoir le développement industriel et la souveraineté économique de la France.
  • Indépendance sur la scène internationale : De Gaulle aspire à une France forte et souveraine, en retrait des organisations internationales comme l’ONU et réticente face à l’intégration européenne. Le gaullisme se distingue par une politique étrangère indépendante, moins alignée sur les États-Unis (moins atlantiste) que celle de la droite traditionnelle ou des socialistes.


B. Le Gaullisme sans De Gaulle : la banalisation de la Ve République (1969-1974)

Avec l’arrivée de Georges Pompidou à la présidence en 1969, une nouvelle phase s’ouvre pour la Ve République. Bien que Pompidou reste fidèle à certains principes gaullistes, il adopte une approche plus parlementaire et pragmatique des institutions, marquant un tournant dans la pratique du pouvoir.


1. La pratique pompidolienne des institutions

a) La re-parlementarisation du régime

Suite aux événements de mai 1968, Pompidou, alors Premier ministre, avait déjà consolidé sa position en menant les gaullistes à la victoire lors des élections législatives de 1968. Une fois élu président, il adopte un comportement plus proche de celui d’un chef de parti, renouant avec les transactions parlementaires et s’éloignant ainsi du modèle plébiscitaire de De Gaulle. Sous Pompidou, la Ve République perd son caractère référendaire, privilégiant un style plus représentatif et moins axé sur la personnalisation du pouvoir. Toutefois, si le rapport gouvernement-Parlement se rapproche de pratiques parlementaires classiques, la relation entre le président et le Premier ministre reste dans la continuité du modèle gaulliste.

b) Rapports président/Premier ministre : une hiérarchie affirmée

Lors d’une conférence de presse le 10 juillet 1969, Pompidou précise sa vision des rapports entre président et Premier ministre, défendant une distinction nette entre les deux fonctions tout en maintenant une hiérarchie. Inspiré par De Gaulle, Pompidou insiste sur le primat du président dans l’exécutif. Une coutume se développe alors : le changement de Premier ministre en cours de mandat, ce qui permet de concentrer l’opposition sur le chef du gouvernement plutôt que sur le président. Cette stratégie transforme le Premier ministre en un bouclier politique, exposé aux critiques. Traditionnellement, le premier Premier ministre du mandat est une personnalité politique forte, tandis que le suivant est souvent un gestionnaire davantage tourné vers les affaires courantes.



2. Le redémarrage de l’Union de la gauche

a) L’émergence d’un nouveau Parti socialiste

La SFIO (Section française de l’Internationale ouvrière), principal parti socialiste, subit une défaite cuisante à la présidentielle de 1969, avec seulement 5 % des voix pour Gaston Defferre. Cet échec pousse les militants à restructurer la gauche en créant un nouveau Parti socialiste. Ce projet se concrétise en deux étapes :

  • En juillet 1969, lors du Congrès du Nouveau Parti socialiste, Alain Savary est élu premier secrétaire.
  • En juin 1971, au Congrès d’Épinay, le PS fusionne avec divers groupes de gauche. François Mitterrand devient le premier secrétaire du PS, avec pour objectif de repositionner le PS comme une force dominante à gauche.

L’ambition du PS est de rééquilibrer le champ électoral en reprenant l’électorat du PCF (Parti communiste français) par un programme plus radical, et en forgeant une alliance avec le PC pour renforcer la gauche.

b) La signature du programme commun de gouvernement

Le 22 juin 1972, le PS et le PCF concluent un programme commun de gouvernement en vue des élections législatives de 1973. Ce programme prévoit des réformes profondes :

  • Abolition de l’article 16 de la Constitution, limitant les pouvoirs d’exception du président,
  • Renforcement des droits du Parlement, pour une meilleure représentativité.

Cette alliance redonne une dynamique à la gauche, qui se positionne en challenger crédible pour les élections à venir.

La transition de Pompidou à Giscard d’Estaing : une première rupture avec le gaullisme

En 1974, Georges Pompidou décède, ouvrant la voie à l’élection présidentielle. Pour la première fois, le pouvoir passe à une figure qui n’est pas issue du gaullisme : Valéry Giscard d’Estaing. Son élection marque le début d’une période centriste pour la République et une distance progressive par rapport aux principes gaullistes initiaux.


C. Le gouvernement « au centre » (1974-1981)

Dans les années 1974-1981, la majorité présidentielle sous Valéry Giscard d’Estaing (VGE) rassemble des forces politiques de centre-droit et de droite, tandis que la bipolarisation entre la droite et la gauche s’affirme. Ce contexte rend la tâche de VGE complexe : bien qu’il bénéficie d’une majorité à l’Assemblée, son parti reste minoritaire au sein de cette coalition dominée par les gaullistes.



1. La difficulté d’être Président de la minorité dans la majorité

La position de VGE l’oblige à nommer Jacques Chirac – chef des gaullistes – comme Premier ministre. Bien que VGE souhaite maintenir une relation hiérarchique classique entre le président et le Premier ministre, cette pratique provoque des tensions. En 1976, Chirac démissionne en raison de divergences sur l’équilibre du pouvoir exécutif. Après son départ, VGE nomme Raymond Barre au poste de Premier ministre, mais la droite reste divisée. Face à l’opposition des gaullistes (RPR) aux réformes gouvernementales, Barre utilise l’article 49-3 de la Constitution pour imposer l’adoption de certains textes sans vote, signifiant que le Parlement doit accepter la loi proposée ou renverser le gouvernement. Cette période est marquée par des tensions croissantes au sein de la droite.



2. Les péripéties de l’Union de la gauche

Dès 1976, la gauche progresse lors des élections cantonales et remporte les municipales de 1977, alimentant les espoirs pour les législatives de 1978. Face à cette possible alternance, VGE adopte une position inédite pour un président de droite en annonçant qu’il pourrait cohabiter avec une majorité parlementaire de gauche. Contrairement à ses prédécesseurs, VGE accepte la possibilité d’un gouvernement à majorité opposée, se pliant à une lecture parlementaire de la Constitution et marquant ainsi un éloignement de la tradition gaulliste. Cependant, avant les élections de 1978, le Parti socialiste (PS) et le Parti communiste (PCF) rompent leur alliance. Bien que la gauche progresse en sièges, la droite conserve une mince majorité parlementaire.



3. L’avènement de la République des fonctionnaires

Sous la présidence de Georges Pompidou, un rapprochement entre le pouvoir exécutif et le secteur économique s’amorce, qui se renforce sous VGE. La circulation entre l’administration et les grandes entreprises s’intensifie, créant une sorte de « République des fonctionnaires » où les hauts fonctionnaires, les entreprises publiques, et les grandes entreprises privées forment une symbiose. Cela explique que les politiques de nationalisation et de privatisation soient appliquées de manière souple et sans heurts majeurs. Le 10 mai 1981, l’élection de François Mitterrand marque la première alternance politique de la Ve République, sans pour autant entraîner de rupture radicale avec les institutions établies.


D. L’alternance sans alternative

L’élection de Mitterrand en 1981, suivie de la victoire législative du PS en juin, marque un tournant important. Bien que Mitterrand ait longtemps été un opposant au gaullisme, la majorité socialiste accepte pleinement la Constitution de 1958. Non seulement les socialistes ne la remettent pas en question, mais ils exploitent les pouvoirs qu’elle confère, y compris ceux que certains qualifient de peu démocratiques.

  • Cette acceptation du cadre institutionnel gaulliste par la gauche parachève l’institutionnalisation de la Ve République. Dès lors, la Constitution peut s’accommoder de gouvernements de droite comme de gauche.

Cette alternance pacifique crée une dynamique de complémentarité entre les politiques de gauche et de droite, offrant une stabilité aux institutions et permettant aux deux camps de gouverner sans rupture fondamentale

 

Bilan des différentes cohabitations :

La cohabitation devient une caractéristique de la Ve République, où la concurrence entre un président et un Premier ministre de bords politiques opposés influence profondément le fonctionnement institutionnel.

  • Impact sur l’exécutif : La cohabitation redéfinit les rôles entre président et Premier ministre. Bien que le président soit parfois affaibli, il conserve des prérogatives lui permettant de surveiller l’action du gouvernement.

  • Retour à une « parlementarisation » du régime : En cohabitation, le gouvernement tire sa légitimité du Parlement, renforçant ainsi le rôle de celui-ci comme lieu de débat public et de délibération.

  • Rôle du Conseil constitutionnel : En cas de conflit entre président et gouvernement, le Conseil constitutionnel agit comme arbitre et joue un rôle accru, renforçant sa légitimité en tant que gardien de la Constitution.

 

Isa Germain

Share
Published by
Isa Germain

Recent Posts

Fiches et cours de libertés fondamentales

Cours et fiches de libertés fondamentales / Droits de l'Homme / Libertés publiques Ces cours…

5 jours ago

Qu’est-ce que la Caisse des Dépôts et Consignations ?

La Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) : Établissement public centralisant les dépôts et finançant…

2 semaines ago

A propos / qui sommes nous?

Qui sommes nous? Cours-de-Droit.net Créés en 2009 par des étudiants regrettant l'absence de cours gratuits…

2 mois ago

Les mesures de police administrative

Les actions des autorités de police administrative La police administrative peut se définir comme étant…

3 mois ago

La légalité des mesures de police administrative

La légalité des mesures de police administrative L’exercice du pouvoir de police est strictement encadré…

3 mois ago

Les autorités de police administrative

Les autorités administratives compétentes en matière de police administrative Les autorités administratives compétentes en matière…

3 mois ago