Une histoire de la justice

HISTOIRE DE LA JUSTICE

Qu’est-ce que la justice ?

La justice est un terme qui a plusieurs sens. Il y a la justice au sens idéal et au sens usuel.

  • Au sens idéal: on parle de la fin du droit, idéal auquel le droit doit tendre. C’est donc plus une question d’ordre philosophique que juridique.
  • Au sens usuel: c’est la fonction de juger. Cette justice elle est à la fois un pouvoir et un devoir. Tout d’abord il y a un pouvoir de juger, « nul ne peut se faire justice à soi-même » la justice est la panache de l’Etat et le titulaire de ce pouvoir de juger c’est l’Etat. Mais la fonction de juger est aussi un devoir car à partir du moment où l’Etat a la fonction de juger il doit assumer des obligations.

Ce pouvoir de juger est séparé des deux autres pouvoirs d’origine étatique (le pouvoir exécutif et législatif) et c’est l’Etat qui en a le monopole, c’est donc une prérogative de la souveraineté. Mais l’affirmation du pouvoir judiciaire en France ne s’est pas faite sans difficultés.

Les évolutions historiques

  1. §1) L’ancien droit = la confusion des pouvoirs

Dans l’ancien droit, il n’est pas question de séparation des pouvoirs. C’était le Roi qui édictait les ordonnances royales, qui les appliquait et qui rendait la justice. Dans l’ancien droit, on a assisté à une distinction entre la justice déléguée et la justice retenue. Le Roi a décidé de déléguer son pouvoir judiciaire à des juridictions qu’il avait organisé mais il arrive que dans certains cas ils suspendent la délégation pour rendre lui-même la justice et affirmer son autorité et à ce moment-là on parle de justice retenue. Aujourd’hui le président de la république dispose encore d’une justice retenue car il a le droit de grâce. A l’époque les juridictions suprêmes qui disposaient de la justice déléguée par le Roi étaient appelées le parlement. Les décisions de ces parlements ne pouvaient être frappées de recours par les citoyens qu’en appelant directement le roi. Le premier parlement crée est celui de Paris au moyen-âge.

Mais en créant ces parlements, ces derniers sont érigés contre le pouvoir royal car les magistrats qui les composés n’entendaient pas simplement être investis de la fonction de juger mais d’être associés à la fonction législative et exécutive. Cela passe par le droit de remontrance= les parlements refusaient d’enregistrer le texte (exigeaient que le Roi retravaille le texte). Il faut savoir que les parlements en s’érigeant comme contre-pouvoir ont joué un rôle conservateur car ils faisaient obstacle à certaines réformes notamment au 18ème siècle. Par conséquent les parlements ont précipité la révolution française par leur inertie.

L’origine de la difficulté de la jurisprudence à s’imposer comme source du droit officielle remonte à cette période.

Le second moyen des parlements pour s’imposer dans le pouvoir législatif concernait les arrêts de règlement: lorsqu’un parlement était saisi d’un litige, il pouvait poser une règle de droit générale qui fut applicable à toutes les espèces semblables. Le parlement en question se comportait comme un quasi-législateur car la décision avait une portée générale.

  1. §2) Le droit intermédiaire = la séparation des pouvoirs

Le droit intermédiaire est dominé par le principe de séparation des pouvoirs. Idée avancée par Locke : le pouvoir législatif serait le pouvoir suprême car c’est celui qui a été investi par la collectivité de la souveraineté, il tire sa légitimité du contrat social. Tandis que le pouvoir exécutif a une mission passive qui est simplement d’exécuter les lois. Cette idée a été reprise par Montesquieu, il s’inspire de Locke pour formuler sa fameuse division tripartite des pouvoirs. Montesquieu part de la notion de liberté, il considère que la liberté c’est le droit de faire tout ce que lois nous permettent. Mais cette liberté ne peut exister que dans les états modérés (états où on n’abuse pas du pouvoir). Mais lorsqu’on dispose d’un pouvoir on est tenté d’en abuser donc il faut opérer une séparation des pouvoirs qui empêchera les abus de pouvoir. Ce principe de séparation des pouvoir est proclamé qu’à la révolution française dans un article de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen mais l’idée des révolutionnaires n’était certainement pas d’établir un pouvoir judiciaire indépendant, ils voulaient que les magistrats soient enfermés dans des bornes strictes. Les révolutionnaires étaient hostiles à un pouvoir judiciaire indépendant pour différentes raisons :

  •  Raisons philosophiques: ils étaient inspirés par Locke qui ne parle pas d’un pouvoir de juger indépendant. Pour Locke c’est le pouvoir législatif qui habilite les juges et leurs fonctions seraient d’interpréter les lois. Par ailleurs Montesquieu donne l’impression que les magistrats sont là pour appliquer la loi et ne doivent pas avoir un pouvoir créateur. Rousseau (qui n’envisageait pas de séparation des pouvoirs) estimait que le seul pouvoir digne de ce nom était le pouvoir législatif car c’était le seul qui était l’expression de la volonté générale. Le souverain n’est pas une personne mais seulement la volonté générale. Dans l’idée des révolutionnaires la fonction de juger relevait seulement de l’application des lois.

 

LA JUSTICE DE NOS JOURS, UN SERVICE PUBLIC

On parle de service public de la justice car c’est unService rendu par l’état aux citoyens, car l’état a le monopole de la justice donc il doit assurer ce service. Service assuré par le ministère de la justice dirigé par le ministre de la justice.

Ministère de la justice : situé à Paris place Vendôme, on parle aussi quelquefois de la Chancellerie car avant le chancelier était aussi le représentant du monarque devant les juridictions, ce titre est devenu honorifique puis supprimé définitivement en 1848. Rôle : il a en charge le recrutement des magistrats, leur carrière, la gestion des juridictions, le contrôle des auxiliaires de justice, l’élaboration de projets de lois ou de décrets et l’administration pénitentiaire. Il est coiffé par un ministre de la justice.

Ministre de la justice : titre exact, officiel : ministre de la justice, garde des sceaux. Garde des sceaux, origine historique : sous la monarchie, officier du roi qui était chargé de garder les sceaux, cachet pour officialiser les documents officiels, cette mission était souvent confié au chancelier, la fonction de chancelier a disparu à la révolution, le titre de garde des sceaux a subsisté mais est passé au ministre de la justice. Le garde des sceaux fait partie du gouvernement, souvent ministre d’état, il a un rôle d’abord politique : en particulier reconnu par l’article 30 du code de procédure pénale « le ministre de la justice conduit la politique d’action publique déterminée par le gouvernement et veille à la cohérence de son application sur le territoire de la République » : i.e. L’action publique c’est à dire les actions engagées par les magistrats du parquet, le ministère public pour faire respecter la loi à l’encontre des auteurs d’infraction. C’est le chef de l’action publique, il exerce son pouvoir en adressant des circulaires aux magistrats du parquet en les informant de la politique pénale à mener selon le gouvernement et il peut même s’adresser au proc général, c’est le chef du parquet devant la cour d’appel, pour lui donner des instructions individuelles qu’il devra suivre, méthode très critiqué.

Rôle administratif aussi : chef de l’administration de la justice : donc prérogatives administratives : proposition de nomination d’avancement d’un magistrat du siège et du parquet ; il s’occupe aussi de discipline. Le ministre de la justice il n’est investi d’aucun rôle juridictionnel, si il en prenait une il porterait atteinte au principe de séparation des pouvoirs et d’indépendance de la magistrature, il ne devrait pas donner son avis sur une affaire en cours. Le ministre de la justice est assisté par différents services, appelé administration centrale, elle est composée à peu près exclusivement de magistrats qui assistent directement le ministre de la justice. Ces magistrats sont en majorité de l’ordre judiciaire. Quelques services dépendent directement du ministre de la justice : l’inspection générale des services judiciaires, le service des affaires européennes et internationales, le service de l’information et de la communication.