L’après Révolution : du Directoire au Second Empire

Que s’est-il passé après la Révolution ? le Directoire, l’Empire, la Restauration…

Après la Révolution française, la France a traversé une période tumultueuse, marquée par plusieurs changements de régimes politiques et de gouvernance. Voici un aperçu des principales phases qui ont suivi :

La Première République (1792-1804)

  1. La Convention (1792-1795) : Suite à la chute de la monarchie, la Convention nationale abolit la royauté et proclame la République en septembre 1792. Elle est marquée par la Terreur (1793-1794), période de forte répression sous l’influence des Montagnards, avant de se stabiliser. Elle adopte la Constitution de l’An I mais ne l’applique jamais, et finit par céder la place au Directoire.
  2. Le Directoire (1795-1799) : Régime bicaméral établi par la Constitution de l’An III, il repose sur deux conseils législatifs et un Directoire de cinq membres. Soucieux de stabilité, il adopte un suffrage censitaire, mais ses divisions internes et ses difficultés à maîtriser les insurrections et la crise économique finissent par le rendre impopulaire. Le Directoire est finalement renversé par le coup d’État de Napoléon Bonaparte en 1799.
  3. Le Consulat (1799-1804) : Napoléon établit le Consulat en devenant Premier Consul, concentrant progressivement le pouvoir entre ses mains. En 1802, il devient consul à vie et, deux ans plus tard, il se fait proclamer empereur. Le Consulat renforce l’administration, crée le Code civil et modernise l’État.

L’Empire (1804-1815)

  1. Napoléon Ier (1804-1814) : Empereur des Français, Napoléon engage une série de conquêtes en Europe, étendant l’influence de la France mais l’épuisant en guerres. À partir de 1812, les défaites se succèdent, culminant avec l’invasion de la France par les forces coalisées. En 1814, Napoléon abdique et est exilé sur l’île d’Elbe.
  2. Première Restauration – Louis XVIII (1814-1815) : Frère de Louis XVI, Louis XVIII rétablit la monarchie avec la Charte constitutionnelle, un compromis entre monarchie et principes révolutionnaires. Mais son règne est interrompu lorsque Napoléon revient au pouvoir en mars 1815.
  3. Les Cent-Jours – Napoléon Ier (1815) : De retour, Napoléon reprend brièvement le pouvoir avant d’être défait à Waterloo en juin 1815. Cette fois, il est exilé définitivement sur l’île de Sainte-Hélène.

La Restauration (1815-1830)

  1. Louis XVIII (1815-1824) : Rétabli après Waterloo, il cherche à modérer l’influence des ultra-royalistes. Il maintient la Charte constitutionnelle, mais le régime oscille entre conservatisme et modération.
  2. Charles X (1824-1830) : Frère de Louis XVIII, il adopte une politique résolument réactionnaire et ultra-royaliste. Ses « ordonnances de Juillet » restreignant les libertés provoquent une insurrection, les « Trois Glorieuses » (27-29 juillet 1830), qui le contraignent à abdiquer.

La Monarchie de Juillet (1830-1848)

  • Louis-Philippe Ier (1830-1848) : Cousin de Charles X, il accède au trône sous le titre de « roi des Français » après les Trois Glorieuses. Son régime repose sur une monarchie constitutionnelle et un parlementarisme bourgeois. Sa popularité décline, notamment en raison des inégalités et du suffrage censitaire. En 1848, des soulèvements populaires provoquent son abdication.

La Seconde République (1848-1852)

  • Louis-Napoléon Bonaparte (1848-1852) : Neveu de Napoléon Ier, il est élu président de la République au suffrage universel masculin. En 1851, il dissout l’Assemblée et s’autoproclame empereur après un coup d’État, marquant la fin de la Seconde République.

Le Second Empire (1852-1870)

  • Napoléon III (1852-1870) : Il instaure un régime autoritaire mais adopte progressivement des réformes libérales (liberté de presse, droit de réunion). Le Second Empire connaît une période de prospérité économique et de modernisation mais se termine par une défaite militaire lors de la guerre franco-prussienne. En 1870, Napoléon III est capturé à Sedan, et la Troisième République est proclamée, ouvrant un nouveau chapitre de l’histoire politique française.

 

Le Directoire (la Constitution de l’An 3).

Le Directoire, établi par la Constitution de l’An III (1795), marque une tentative de stabilisation après la Terreur. L’innovation principale est l’instauration du bicamérisme pour équilibrer le pouvoir législatif :

  • Conseil des 500 : assemblée législative qui propose les lois.
  • Conseil des Anciens : examine et approuve les propositions du Conseil des 500 avant le vote définitif.

L’exécutif est confié à un Directoire composé de cinq membres, nommés par les deux conseils. Ce système se veut une solution modérée, mais il rétablit le suffrage censitaire, limitant la participation populaire aux citoyens les plus fortunés.

Malgré ces efforts, les tensions politiques et sociales persistent. La crise économique, la menace royaliste et les tensions avec les Jacobins affaiblissent la stabilité du régime. Face aux troubles, le Directoire renforce l’usage de la force et développe la conscription pour mater les révoltes.

L’armée gagne alors en pouvoir et prestige, offrant aux chefs militaires l’occasion de se distinguer. Bonaparte se fait remarquer lors de la répression de l’insurrection royaliste à Paris (1795), renforçant son influence. La dépendance du Directoire envers l’armée finit par compromettre sa légitimité, ouvrant la voie à un coup d’État militaire.

En 1799, le Directoire est renversé par le coup d’État du 18 Brumaire, orchestré par Napoléon Bonaparte avec l’appui de Lucien Bonaparte, président du Conseil des 500, et de Talleyrand. Ce coup d’État marque la fin du Directoire et le début du Consulat, amorçant la montée de Napoléon au pouvoir.


Le Consulat, l’Empire (1799 à 1814).

Dès le coup d’État du 18 Brumaire (9 novembre 1799), Napoléon Bonaparte met fin au Directoire et instaure le Consulat, un régime inspiré de la République romaine. Ce régime est organisé autour de trois consuls, dont Napoléon lui-même devient le Premier consul, concentrant l’essentiel du pouvoir exécutif.

Le Consulat s’appuie sur la Constitution de l’An VIII, qui crée un système de gouvernance avec quatre Assemblées aux rôles bien définis :

  • Tribunat : débat des projets de loi.
  • Conseil législatif : vote des lois.
  • Sénat : veille à la conformité des lois avec la Constitution.
  • Conseil d’État : prépare et contrôle la validité des textes de loi.

Napoléon accapare rapidement le pouvoir en concentrant tous les leviers décisionnels : il nomme les membres des assemblées et domine l’exécutif. De plus, les consuls sont nommés pour dix ans, permettant à Napoléon de prendre une place centrale et d’imposer sa vision politique.

Parallèlement, Bonaparte entreprend des réformes structurantes :

  • Création des lycées pour l’éducation de la jeunesse,
  • Mise en place de l’école polytechnique et du Conseil d’État,
  • Code civil (1804), unifiant le droit civil et structurant la société autour des principes de propriété, famille, et contrat.

Le 2 août 1802, Napoléon se fait nommer Consul à vie, puis en 1804, il est proclamé empereur des Français, marquant la fin du Consulat et le début de l’Empire.

La politique de Napoléon devient militaire et expansionniste. Les guerres menées contre les puissances européennes ébranlent la France, qui finit par céder face à une coalition renforcée. Après la défaite décisive de Leipzig en 1813, Paris capitule le 30 mars 1814. Le 6 avril, Napoléon abdique et part en exil sur l’île d’Elbe, ouvrant la voie à la Restauration des Bourbon.

La Restauration.

Après la chute de Napoléon, la Restauration rétablit la monarchie en France sous Louis XVIII, frère de Louis XVI, avec le soutien de figures royalistes influentes comme Talleyrand. Dès le début, Louis XVIII cherche un compromis entre l’Ancien Régime et les idéaux de 1789, une synthèse qui prend forme dans la Charte constitutionnelle du 4 juin 1814.

  • Cette Charte conserve des éléments du passé, tels que le bicamérisme parlementaire. Le Parlement se compose d’une Chambre des pairs, nommée et aristocratique, et d’une Chambre des députés, élue au suffrage censitaire, inspirée du modèle britannique. Pour être électeur, il faut avoir au moins 30 ans et payer un impôt annuel élevé, limitant fortement la participation aux élites.

  • Le roi garde une autorité étendue : il conserve l’initiative des lois, la promulgation et le droit de dissolution de la Chambre des députés. Ce pouvoir exécutif royal est cependant confronté à la montée des ultraroyalistes, qui poussent pour un retour plus marqué à l’Ancien Régime.

Les Cent Jours et l’Acte additionnel (1815)

Après son retour de l’île d’Elbe en mars 1815, Napoléon cherche à rassembler les Français autour d’un régime impérial plus libéral et propose l’Acte additionnel aux constitutions de l’Empire (rédigé par Benjamin Constant). Ce texte introduit certaines libertés et principes de la Charte, comme le bicamérisme et le rétablissement du suffrage universel masculin, symbolisant une tentative de libéralisation de l’Empire.

  • Toutefois, cette parenthèse impériale se termine par la défaite de Waterloo en juin 1815, scellant la chute définitive de Napoléon. Exilé sur l’île de Sainte-Hélène, il y passera ses dernières années, marquant la fin d’une ère et le retour des Bourbons.


Restauration (II). Même texte que 1814.

La Restauration marque une tentative de retour à la monarchie après la chute de Napoléon, avec une reprise de la Charte constitutionnelle de 1814. La période est marquée par des tensions politiques, notamment à cause des Cent-Jours : les partisans de Napoléon subissent la « terreur blanche », une persécution orchestrée par les royalistes, bien que l’instauration d’un gouvernement relativement pacifique, avec des figures comme Villèle et le duc de Richelieu, atténue ces violences.

  • La première Assemblée est dominée par les ultraroyalistes, mais une majorité modérée prend ensuite le relais. Cette alternance oblige le gouvernement à s’adapter en fonction des majorités, et, pour la première fois, un gouvernement devient politiquement responsable devant la Chambre, pouvant être renversé par un vote de défiance.

  • En 1824, Charles X succède à Louis XVIII et, soutenu par les ultraroyalistes, souhaite rétablir les principes de l’Ancien Régime. Il est le dernier roi à être sacré à Reims, marquant un retour aux symboles monarchiques. Durant son règne, Charles X use du pouvoir de dissolution, forme des gouvernements de plus en plus réactionnaires (de Villèle à Polignac), et multiplie les confrontations avec la Chambre.

  • En juin 1830, une majorité défavorable se dessine dans la nouvelle Chambre élue, mais le roi réagit en la dissolvant. Le 25 juillet, il promulgue des ordonnances répressives, abolissant plusieurs libertés fondamentales. Cette mesure déclenche une insurrection populaire les 27, 28 et 29 juillet (les « Trois Glorieuses ») qui précipite la chute de Charles X. La monarchie s’effondre, laissant place à la Monarchie de Juillet sous Louis-Philippe.


La Monarchie de Juillet.

La Monarchie de juillet est née dans un contexte de divisions profondes entre quatre factions politiques : les républicains, les bonapartistes, les légitimistes et les orléanistes. La Charte de 1830, adoptée le 14 août, reprend la structure de la Charte de 1814 (avec un roi, deux assemblées, et le suffrage censitaire), mais instaure une souveraineté nationale qui confère au régime un caractère de « monarchie révolutionnaire ».

  • En décembre 1830, Louis-Philippe supprime la pairie héréditaire, évinçant ainsi les légitimistes du pouvoir : dorénavant, le roi nomme les pairs à vie, permettant une majorité orléaniste. Ce modèle orléaniste institue un régime parlementaire dualiste où le gouvernement est responsable à la fois devant le roi et devant l’Assemblée, mais doit s’assurer de la confiance des deux pour gouverner. Bien que théoriquement équilibré, ce système se révèle instable.

  • La période est marquée par une modernisation politique et économique, permise par l’essor industriel et la libéralisation de l’économie. Toutefois, le roi, peu disposé à écouter les revendications, s’oppose aux libéraux et à une classe ouvrière croissante, qui revendique de meilleures conditions de vie et de travail.

  • Fin 1847, les républicains lancent une série de banquets, formes de rassemblements politiques contestataires. En janvier 1848, le gouvernement interdit un banquet à Paris. Lorsqu’il a malgré tout lieu le 22 février, les tensions éclatent, et Guizot, chef du gouvernement, démissionne. La répression violente qui s’ensuit provoque un soulèvement général.


La Deuxième République.

La Deuxième République introduit plusieurs innovations en affirmant une séparation stricte des pouvoirs. La motion de censure et la dissolution de l’Assemblée sont supprimées, ce qui renforce la stabilité de l’exécutif et du législatif. Le pouvoir législatif est confié à une Assemblée unique de 750 membres, élus pour trois ans au suffrage universel direct masculin (pour tout homme âgé de plus de 21 ans jouissant de ses droits civiques). Le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de quatre ans, non renouvelable, et devient le chef exclusif de l’exécutif. Ce président, selon la Constitution, peut collaborer avec un Conseil d’État, mais il en contrôle l’orientation.

Le 10 décembre 1848, Louis Napoléon Bonaparte est élu président de la République, après que la Constitution a levé l’interdiction faite aux familles royales d’accéder à cette fonction. En janvier 1849, conformément à l’article 70 de la Constitution, il nomme un vice-président. Les premières élections législatives de la Deuxième République ont lieu le 13 mai 1849.

Les tensions autour du type de régime apparaissent lorsque Louis Napoléon prend l’initiative de supprimer le titre de président du Conseil le 31 octobre 1849, centralisant davantage le pouvoir exécutif entre ses mains. Le régime devient pleinement présidentiel, et le gouvernement perd son autonomie d’action. Louis Napoléon renforce alors progressivement le contrôle du pouvoir exécutif, restreignant certaines libertés et réglementant davantage le droit d’association et les conditions de vote. La République tend alors vers une forme autocratique.

La Constitution de 1848, cependant, précise que le président n’est pas rééligible. Confronté à cette limitation, Louis Napoléon décide de mettre fin à la Deuxième République par un coup d’État le 2 décembre 1851. Ce coup d’État n’est confronté qu’à une faible résistance, et dès le 20 décembre, un plébiscite valide la légitimité de son pouvoir. La Deuxième République prend officiellement fin le 14 janvier 1852 avec la promulgation d’une nouvelle Constitution, qui marque le début du Second Empire.


Second Empire (proclamé le 2 décembre 1852).

Le Second Empire, proclamé le 2 décembre 1852 avec Louis Napoléon Bonaparte devenu Napoléon III, repose sur une organisation des pouvoirs destinés à préserver un pouvoir exécutif centralisé :

  • Trois assemblées sont créées : un Conseil d’État qui propose les lois, un Sénat inamovible, gardien de la Constitution, et un Corps législatif de députés élus pour six ans, dont le rôle se limite à voter les lois. Cette organisation vise avant tout à diviser les pouvoirs législatifs et à asseoir l’autorité de l’empereur.

  • L’empereur détient l’essentiel des pouvoirs exécutifs : il nomme les ministres, propose et promulgue les lois, et a le pouvoir de consulter le peuple par plébiscite. Cette structure de pouvoir, bien que fondée sur le suffrage universel, limite fortement l’influence des assemblées, caractérisant le régime comme un « césarisme démocratique ».

À partir de 1861, le Second Empire évolue vers un « Empire libéral » avec des réformes politiques qui visent à instaurer un consensus et préparer une possible succession impériale. Parmi ces réformes :

  • 1867 : le Sénat gagne en indépendance.
  • 1868 : les libertés de la presse et de réunion sont élargies.
  • 1870 : Emile Ollivier, opposant de l’Empire, rejoint le gouvernement, et un régime parlementaire plus strict prend forme, adoptant peu à peu une organisation de type britannique.

Cependant, le Second Empire s’effondre sous le poids de la guerre avec la Prusse :

  • Le 19 juillet 1870, la Prusse de Guillaume I et Bismarck déclare la guerre à la France.
  • 2 septembre 1870 : l’armée française capitule à Sedan, et deux jours plus tard, la Troisième République est proclamée.
  • Janvier 1871 : après un siège de plusieurs mois, Paris capitule. Le traité de Francfort officialise la perte de l’Alsace et de la Lorraine.

La période de l’après-guerre met en place un régime provisoire mais compliqué par les tensions entre républicains et monarchistes :

  • Le 8 février 1871, une nouvelle Assemblée nationale, favorable à la paix, est élue. Adolphe Thiers devient chef de l’exécutif, mais fait face à une résistance républicaine, notamment avec la Commune de Paris (18 mars 1871), réprimée brutalement.

  • Les monarchistes, divisés mais influents, élaborent un cadre constitutionnel adaptable à une future restauration monarchique. En 1873, Thiers démissionne et est remplacé par le maréchal de Mac-Mahon. Par la loi de septembre 1873, la présidence est fixée à sept ans, pour donner le temps au comte de Chambord de se décider à prendre le trône.

 

Laisser un commentaire