Histoire de l’économie monétaire

L’évolution vers l’économie monétaire

En fait, et on peut dire sur le plan historique, on peut repérer deux processus d’évolution sensiblement différents qu’il faudrait distinguer dans un premier temps, et qui vont faire l’objet de deux paragraphes.

  • 1 : L’évolution par le troc indirect

Notre exemple de départ peut être illustré par notre exemple avec A B C et leur bien I II et III (ou l’inverse). Ce point de départ est un cas de troc direct ou isolé. A partir de là, on peut imaginer toute une série de progrès qui ont un caractère incontestablement institutionnel.

Un premier progrès peut provenir du fait que les individus peuvent décider de se rencontrer en des périodes déterminés et en des endroits déterminés. C’est ce que l’on peut appeler le principe du champ de foire. Il est clair que ce principe à un rôle fondamental : il diminue les coûts de transactions, et aussi plus particulièrement les coûts de recherche.

Si on part de notre exemple à trois individus et trois biens et qu’on introduit ce principe du champ de foire. Est-ce que ce seul ajout permet de débloquer la situation ? Non. Il est tout de même vraisemblable que certains échanges pourront être effectués. Evidemment, le champ de foire c’est bien, mais cela est insuffisant. Il faudrait que les agents économiques puissent se rencontrer plus fréquemment et de manière plus continu. Un deuxième progrès a alors été effectué : le fait que les individus puissent se rencontrer sur un lieu déterminé, comme par exemple la place du village, où l’on se rencontrait pour faire des échanges. Dans notre cas de figure, là encore il est tout à fait clair que là encore les coûts d’informations vont diminuer, tout comme les coûts de recherche. Si dans notre exemple à trois individus et trois biens on imagine ce principe des places d’échanges qui s’ouvrirait tous les jours, on imagine ici trois stands, mais les échanges ne se feront pas pour autant, vu les différentes demandes. Si on imagine un grand nombre d’individus avec un grand nombre de biens, la probabilité qu’il y ait des échanges en plus grand nombre va augmenter, mais on va encore se confronter à l’absence de double coïncidence des désirs. Néanmoins, cette deuxième étape va avoir un effet fondamental, mais il faut encore quelque chose de plus. Ce troc par place d’échange va tout de même jouer un rôle fondamental.

Imaginons que I et III se rencontrent, I cède à III une unité du bien C. cependant, III ne peut donner en contrepartie que du bien B. imaginons alors que I accepte ce bien B. dans le cas où I et II se rencontrent, I a acquis une unité de B lors de la première étape va pouvoir remettre à II cette unité de B. en contrepartie de cela, l’individu II donne à I l’unité de A qu’il désire.

Clairement, dès lors que ces deux premières étapes sont effectuées, on s’aperçoit que chaque individu obtient ce qu’il désirait. De fait, ici, les échanges ont pu s’effectuer avantageusement pour tout un chacun, et au fond, le résultat général de Walras est atteint : les échanges se sont effectués de telle sorte que chacun a pu obtenir ce qu’il souhaitait. Cependant, il faut bien comprendre que si ces deux étapes se sont enclenchées, c’est qu’un certain nombre de conditions ont été réuni.

L’économie monétaire n’est que la généralisation et la banalisation de ce principe de bien intermédiaire d’échange. Mais pour en arriver à ce niveau, il faut encore satisfaire d’autres exigences.

Ici, il y a un individu qui a joué un rôle un peu particulier : l’individu I que l’on retrouve aux deux étapes. Qu’est ce qui a poussé l’individu I à agir de cette façon ? C’est son intérêt personnel. Si I a pu agir ainsi, c’est qu’il savait par avance que II détenait du A et que ce dernier était prêt à lui céder du A à condition qu’il ait en contrepartie du B. au fond, I n’était pas vraiment parti à l’aventure, mais il avait pu capter une information qu’il a exploiter. I a agissent en entrepreneur, et au fond il a avantagé tout le monde. Dans l’évolution des choses, ce rôle entrepreneurial a été un ferment de l’évolution. Evidemment, si nous étions dans une économie à trois individus et trois biens, d’emblée nous pourrions dire que nous sommes dans une économie monétaire. Mais évidemment, c’est un exemple simpliste, et il faut maintenant généraliser ce que nous venons de voir, avec un très grand nombre de biens et un très grand nombre d’individus. Ce qu’il faut comprendre, c’est que si on se plonge dans ce cas réaliste, alors nous sommes dans une économie un peu spéciale : c’est une économie de troc indirect. En réalité, ici, les économistes appellent cela un échange triangulaire. On peut donc imaginer que s’il y a un nombre N de biens, toute une série de ce type d’échange peut prendre vie. Une économie de troc indirect, c’est une économie où on a toute une série d’échanges triangulaires.

Le fait de passer d’un échange triangulaire à un autre coute cher. Grâce aux intermédiaires d’échanges, la courbe C diminue.

Historiquement, cela se fait avec l’expérience, avec des tâtonnements.

Si on considère le cas de la France jusqu’en 1928, on remarquera que le pays était bimétalliste. Il y avait deux intermédiaires d’échanges : l’or et l’argent.

Théorie de Brunner et Meltzer : on ne converge pas toujours vers le choix exclusif d’un seul bien.

Cela a été un processus de découverte, au sens plein du terme, c’est-à-dire qu’il y a eu une progression. Cela dit les traces d’économie monétaires sont essentiels, mais c’est encore la preuve que ce n’est pas le fruit d’une invention.

A partir de là il ya un certain nombre de remarques qui mérite d’être faites. Ces biens qui servent d’intermédiaire d’échange sont amenés à rendre des services supplémentaires aux agents économiques, en particulier puisque ce ou ces biens se retrouvent systématiquement dans tous les échanges, quel qu’ils soient. De plus, l’acte d’échange peut se décomposer dans le temps, alors chaque individu peut aujourd’hui par exemple vendre un bien en contrepartie de l’intermédiaire d’échange (premier acte de l’échange) et il peut garder cet intermédiaire d’échange un certain temps, et deuxième acte de l’échange : se servir de cet intermédiaire pour choisir un autre bien qu’il désire. Si l’économie s’est monétarisé, ce n’est pas parce que l’on a introduit une fonction d’unité de valeur, mais grâce à cette fonction d’unité d’échange.

La deuxième remarque est que l’économie monétaire continuera d’évoluer par la suite, et cela on l’a déjà noté dans les quelques considérations historiques que l’on a pu faire, à savoir qu’ici l’évolution va être telle que le bien intermédiaire d’échange lui-même va se trouver concurrencer par d’autres pratiques d’échange, et ce à quoi on a déjà assisté, c’est un phénomène de dématérialisation de la monnaie.

Evidemment, cela ne veut pas dire que les systèmes que nous connaissons à monnaie immatérielle soit plus monétaire que ne l’était les précédents. Le passage d’une monnaie matérielle à une monnaie immatérielle n’a pas pu se faire de façon instantanée. C’est ce passage, cette évolution dans les technologies qui s’est fait parce que nous tous lui avons trouvé des avantageuses. C’est vrai que pour nous il est plus pratique de faire des paiements en utilisant de la monnaie immatérielle. Faire des échanges en utilisant de la monnaie immatérielle procure des avantages. Lorsque l’on utilise de la monnaie sous forme métallique, il faut produire ces pièces, et il y a un coût en travail et en capital. Si à la place on utilise de la monnaie dématérialisée, on libère du travail et du capital que l’on va utiliser pour produire des biens de consommation.

Reste la question importante : encore faut il que nous ayons confiance en cette monnaie, et c’est là que l’on s’aperçoit que pour les producteurs de monnaie cela pose un problème. De fait, cette monnaie immatérielle nous est proposée à nous, utilisateurs de monnaie. De fait, on s’aperçoit pour ceux qui produisent cette monnaie immatérielle, leur cout de production ne peut pas être nul, car il faut produire de la confiance. Lorsque les monnaies étaient matérielles, pour les producteurs de ces monnaies, il y avait un cout élevé en capital et travail, et pratiquement il n’y avait aucun cout de création de confiance. A l’inverse, plus la monnaie se dématérialise, et plus le cout en travail et capital va baisser, mais en même temps va augmenter pour les créateurs de monnaie les couts de création de confiance et de maintien de la confiance des utilisateurs de la monnaie.

Nous entrerons dans la phase de la monnaie électronique. Cela soulève quelques questions. QU’est ce que la monnaie électronique. Aujourd’hui il y a des paiements par voie électronique : Il en existe 2 catégories :

– L’utilisation de la carte de crédit habituelle. Il y a dans ce cas un ordre de transmission électronique à la banque du détenteur de la carte et du commerçant. Les deux banquiers vont alors rentrer en relation et la banque traditionnelle intervient (crédit-débit). La monnaie elle-même reste quand même scripturale (transfert par le banquier) alors que le paiement est électronique.

– Dans ce 2ème cas les banques n’interviennent plus. Pour quelle raison? Pour le commerce électronique. Ici les cyber-échangeurs peuvent acquérir de la monnaie électronique ou e-monnaie auprès d’agents qui peuvent être privés soit en échange d’autre chose (titre, actifs financiers…). Cette monnaie est stockée par eux et elle peut l’être sous 2 formes différentes :

— Le porte monnaie électronique : carte rechargeable (smart cards)

— Stockage dans des fichiers intégrés dans pc

Dans un cas comme dans l’autre, les individus peuvent effectuer entre eux des paiements en transférant leur e-monnaie. Ces transferts st instantanés, directs et à l’échelle planétaire et de plus il y a une sorte de concurrence qui est en train de se développer entre les émetteurs de ces monnaies électroniques (ou virtuelles). Nous en sommes qu’au balbutiement de cette monnaie. Les obstacles st les problèmes de confidentialité et de sécurité.

Si ce système devait de développer : conséquences è autorité monétaire pour l’instant n’a aucune prise dessus et donc impossibilité d’exercer une politique monétaire.

  • 2 : L’évolution par le crédit.

3 individus, 3 biens :

I.

II.

III.

A

+1

-1

0

B

0

+1

-1

C

-1

0

Les individus 1 et 3 se rencontrent pour échanger :

1 cède à 3 une unité de C et en contrepartie 3 ne lui donne rien ou plus précisément il lui remet un papier où il reconnait devoir la valeur de C.

L’unité de compte : le franc et le prix d’1 unité de C = 100 Fcs

Dans une 2ème étape l’individu 3 rencontre 2 : et lui cède une unité de B et même chose que la 1ere hypothèse.

– 1 est toujours créancier de 100 Fcs

– 3 avait une dette de 100Fcs mais il a aussi une créance de 100 Fcs et il paye sa dette avec cette créance : il n’est plus en net endetté no créancier.

– 2 va alors régler sa dette vis-à-vis de 1. Mais il n’a qu’un seul moyen : lui céder l’unité de A qu’il possède et qui vaut 100 Fcs

Conclusion : chacun obtient ce qu’il voulait : équilibre de Walras.

Mais à quelles conditions un tel système peut-il exister? Ici, il n’y a aucune monnaie qui passe de mains en mains.

D’ailleurs certains diront que ce n’est pas une économie monétaire.

3 conditions cumulatives st nécessaires :

– Il faut une unité de compte qui va permettre de libeller, d’exprimer les reconnaissances de dette. Et il faut que cette unité soit stable.

– Il faut une chambre de compensation : chambre d’enregistrement de chaque étape.

– La valeur de la dette doit être validée par une autorité

Ce qu’il faut remarquer c’est que ce système a été pratiqué il y a longtemps malgré son apparente complicité (système des tablettes de Kaldé).

Une autre question peut être posée : pourquoi, en des tps plus proches de nous jusqu’au 19ème, avons-nous utilisé des systèmes plus rudimentaires (lingot, pièces…) ?

Réponse : question de confiance. Quand les échanges se st élargis à travers le monde ils se développaient en même tps que le commerce qui a fait tache d’huile entre des gens qui ne se connaissaient pas bien. Il était donc plus facile de faire confiance à des pièces d’or et d’argent que faire confiance en des personnes.

On peut dire qu’aujourd’hui les systèmes monétaires que nous connaissons, et qui s’appliquent à l’échelle nationale ou internationale, ne st jamais que la combinaison des deux évolutions dont on a parlé dans ces deux paragraphes.