La hiérarchie des normes structure l’ordre juridique en plaçant les règles de droit dans un cadre pyramidal, où chaque norme inférieure doit respecter celles qui lui sont supérieures. La hiérarchie des normes est une théorie juridique développée par Hans Kelsen, juriste autrichien, au début du XXe siècle. Cette conception établit une structure pyramidale dans laquelle les normes juridiques sont classées en fonction de leur force juridique et de leur rapport de subordination. À son sommet se trouve la Constitution, qui est la norme suprême. Chaque norme doit respecter celle qui lui est supérieure dans cette pyramide pour être valide.
Kelsen a introduit cette idée dans son ouvrage fondamental, « Théorie pure du droit » (Reine Rechtslehre), en expliquant que chaque norme tire sa validité de sa conformité avec une norme supérieure, jusqu’à atteindre la Constitution, qui est le fondement de tout l’ordre juridique.
Voici les niveaux principaux, illustrés par des exemples des dix dernières années.
La Constitution établit les principes fondamentaux de l’organisation de l’État, les droits des citoyens et les pouvoirs publics. Elle inclut le bloc de constitutionnalité, intégrant la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen (1789), le Préambule de 1946, la Charte de l’environnement (2004), et les principes fondamentaux reconnus par les lois de la République (PFRLR).
Exemple récent : En 2023, le Conseil constitutionnel a validé la réforme des retraites tout en censurant certains articles pour non-conformité à la Constitution.
Les traités internationaux et les normes européennes ont une valeur supérieure aux lois nationales, sous réserve de conformité à la Constitution. Les règlements européens et les directives doivent être transposés dans le droit interne des États membres.
Exemples récents :
Les lois organiques précisent les modalités d’application de la Constitution, tandis que les lois ordinaires régissent des matières variées. Elles doivent respecter les normes supérieures.
Exemple récent : La loi Climat et Résilience (2021), issue de la Convention citoyenne pour le climat, a introduit de nouvelles obligations pour limiter les émissions de gaz à effet de serre.
Les règlements (décrets et arrêtés) permettent l’application des lois. Ils incluent les décrets ministériels et les arrêtés préfectoraux ou municipaux.
Exemples récents :
La jurisprudence émane des décisions des juges. Elle joue un rôle central dans l’interprétation et l’évolution du droit. Les hautes juridictions, comme le Conseil d’État ou la Cour de cassation, orientent les pratiques juridiques.
Exemple récent : En 2022, le Conseil d’État a annulé des décrets sur l’expulsion de ressortissants étrangers, les jugeant contraires aux droits fondamentaux.
Bien que rare en droit interne, la coutume conserve une importance en droit international. Elle repose sur des pratiques acceptées comme obligatoires.
Exemple récent : Les pratiques coutumières ont influencé les négociations lors des conférences climatiques COP26 et COP27 (2021-2022), notamment sur la question des « pertes et dommages » pour les pays vulnérables.
La doctrine, constituée des analyses des juristes, influence l’interprétation et l’évolution du droit, bien qu’elle ne soit pas une source contraignante.
Exemple récent : Les travaux d’experts ont nourri les débats sur la réforme des retraites en 2023, notamment en analysant l’article 49.3 de la Constitution.
La suprématie constitutionnelle établit la Constitution comme la norme suprême de l’ordre juridique. Tous les actes juridiques inférieurs doivent y être conformes.
Ce principe garantit la cohérence de la hiérarchie des normes, assurant que les règles de droit inférieures respectent les règles supérieures. La Constitution est ainsi le fondement de l’ordre juridique.
Exemple récent : En 2023, le Conseil constitutionnel a censuré partiellement la réforme des retraites en vertu de sa non-conformité à certains principes constitutionnels.
La théorie de la supra-constitutionnalité postule qu’il existe des principes supérieurs à la Constitution elle-même, qu’elle ne pourrait pas modifier ou contredire. Ces principes sont parfois assimilés à des droits naturels ou à des normes intangibles.
Exemple théorique :
Le droit à la vie pourrait être considéré comme une règle supra-constitutionnelle. Toutefois, cette conception entre en conflit avec le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), protégé en France depuis la loi Veil de 1975.
Exemple historique :
Si en 1789 le droit de propriété avait été jugé intangible, il aurait été impossible d’adopter les lois de nationalisation de 1946.
Caractéristique | Suprématie constitutionnelle | Supra-constitutionnalité |
---|---|---|
Fondement | Constitution comme norme suprême | Principes supérieurs (droits naturels, règles intangibles) |
Révision | Constitution révisable selon les procédures définies | Certaines règles sont intangibles |
Souveraineté | Respect de la souveraineté populaire | Limitation implicite de la souveraineté populaire |
Exemple d’application | Censure de la réforme des retraites (France, 2023) | Pas d’exemple pratique en France |
Critiques | Nécessite des gardiens (juges) pouvant interpréter la Constitution | Difficulté d’identifier les principes intangibles et leur garant |
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