LA RESPONSABILITÉ DÉLICTUELLE OU QUASI-DELICTUELLE
La responsabilité civile est un pilier du droit qui vise à indemniser les victimes de dommages causés par autrui. Que ces dommages soient d’ordre matériel (perte financière, dégradation d’un bien) ou immatériel (souffrance morale, atteinte à la réputation), le droit civil offre un cadre pour obtenir réparation.
L’article 1240 du Code civil, anciennement l’article 1382, pose le principe général de la responsabilité civile : « Tout fait quelconque de l’homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ». En d’autres termes, si vous causez un dommage à quelqu’un, vous devez le réparer.
- Responsabilité délictuelle : Elle s’applique lorsque le dommage résulte d’une faute intentionnelle ou d’une négligence.
- Responsabilité quasi-délictuelle : Elle s’applique lorsque le dommage résulte d’une imprudence ou d’une négligence, même sans intention de nuire.
A/ Le dommage
2° La mise en œuvre de la réparation
A) L’action en réparation
Lorsque la victime d’un dommage souhaite obtenir réparation, elle peut s’adresser à deux types de juridictions en fonction de la nature de la faute :
a. La juridiction civile
La juridiction civile est compétente pour traiter les litiges qui relèvent du droit privé. La victime bénéficie d’un délai de prescription de 30 ans pour introduire son action en réparation. Ce délai permet à la victime de demander la réparation du dommage sur une longue période après la survenance de l’événement.
b. La juridiction répressive
Dans certains cas, la faute à l’origine du dommage constitue également une infraction pénale (contravention, délit ou crime). La victime peut alors saisir la juridiction répressive en se constituant partie civile afin de participer à la procédure pénale et de demander la réparation du dommage.
Lorsque la faute est à la fois civile et pénale, plusieurs règles s’appliquent :
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Le délai de prescription applicable est celui de l’infraction pénale. Cela signifie que la victime doit respecter les délais spécifiques en fonction de la gravité de l’infraction (ex : 6 ans pour un délit, 20 ans pour un crime).
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Le principe selon lequel le criminel tient le civil en l’état s’applique : tant que la juridiction pénale n’a pas statué, le juge civil ne peut pas se prononcer. Il doit attendre l’issue du procès pénal.
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L’autorité de la chose jugée en matière pénale s’impose à la juridiction civile. Si le tribunal pénal prononce une relaxe, le juge civil ne pourra pas indemniser la victime pour la même faute. Toutefois, il est possible de chercher à établir une faute civile distincte pour obtenir réparation.
B) Les modes de réparation
La réparation a pour but de faire disparaître les conséquences du dommage subi par la victime. Il existe deux modes principaux de réparation :
a. Réparation en nature
La réparation en nature consiste à remettre la victime dans l’état où elle se trouvait avant le dommage, en réparant directement ce qui a été endommagé.
Exemple : La réparation d’un bien endommagé, comme une voiture après un accident.
b. Réparation par équivalent
Si la réparation en nature n’est pas possible ou adéquate, la victime reçoit une compensation sous forme de dommages et intérêts, qui représentent une somme d’argent destinée à compenser le préjudice.
Exemple : La victime reçoit une indemnité pour compenser la perte financière due à l’incapacité de travailler après un accident.
Le juge doit veiller à ce que la réparation couvre tout le préjudice subi par la victime, mais rien que le préjudice. Cela signifie qu’il ne peut ni sous-évaluer ni surévaluer les dommages.
Aggravation ou amélioration de l’état de la victime
- Si l’état de la victime s’aggrave après l’indemnisation, il est possible de demander une nouvelle indemnisation pour compenser cette aggravation.
- Si l’état de la victime s’améliore, elle n’aura pas à restituer une partie de l’indemnisation initialement perçue.
B/ Le fait générateur de la responsabilité
La Faute : Élément clé de la responsabilité
Pour engager la responsabilité d’une personne, il faut démontrer qu’elle a commis une faute. La faute est un manquement à une obligation préexistante, qu’elle soit légale (violation d’une loi ou d’un règlement) ou générale (défaut de prudence ou de diligence).
- Appréciation de la faute : Le juge apprécie la faute au cas par cas, en tenant compte des circonstances particulières et du comportement de la personne. Il peut comparer ce comportement à celui d’une personne raisonnable placée dans la même situation (« bon père de famille ») ou à celui d’un professionnel exerçant la même activité (« bon professionnel »).
Le lien de causalité : relier la faute au dommage
Pour obtenir réparation, il ne suffit pas de prouver la faute. Il faut également établir un lien de causalité direct entre la faute et le dommage subi. C’est-à-dire que le dommage doit être la conséquence directe et certaine de la faute.
- Difficultés de preuve : Dans certains cas, établir le lien de causalité peut être complexe, notamment lorsqu’il y a plusieurs causes possibles au dommage. Le juge dispose alors de pouvoirs d’appréciation pour déterminer la responsabilité de chacun.
La jurisprudence a évolué pour mieux protéger les victimes et faciliter l’indemnisation des dommages. Par exemple, la Cour de cassation a admis la possibilité d’indemniser la perte d’une chance, même si le dommage n’est pas certain.
Le cours de droit civil est divisé en plusieurs fiches (notion de droit, biens, acteurs de la vie juridique, sources du droit, preuves, responsabilité…)
- Cours complet d’Introduction au droit : sources du droit, notion de droit, droit des biens, droit des personnes…
- La notion de droit
- Les sources du droit
- Les différentes définitions et sources du droit
- Les acteurs de la vie juridiques : les personnes morales
- La responsabilité délictuelle
- Le droit et les biens
- La preuve des actes et des faits juridiques
- Les acteurs de la vie juridique : les personnes physiques
- Copropriété – mitoyenneté – indivision : propriétés collectives