LA SECONDE REPUBLIQUE 1848 – 1852
—> La seconde république instaure en France le suffrage universel masculin et ceci de façon à peu près définitive mais à côté de cet aspect positif il faut bien dire que la seconde république souffre de graves faiblesses. Assez rapidement on assiste à une désaffection d’une bonne partie de l’opinion publique à l’égard du nouveau régime puis on constate l’apparition d’un conflit entre le président de la république et l’assemblée législative, conflit qui finalement entraînera la chute de la seconde république.
L’INSTAURATION DE LA DEMOCRATIE POLITIQUE
A) Le Gouvernement provisoire
—> A la suite de l’abdication de Louis Philippe, on peut dire que toutes les institutions du régime en place s’effondrent et en conséquence à moins de laisser s’établir un climat d’anarchie il est nécessaire de constituer un gouvernement provisoire c’est à dire en attendant de mettre en place de nouvelles institutions. Ce gouvernement provisoire, sans aucun fondement constitutionnel, est constitué en partie sous la pression des insurgés et ce gouvernement provisoire qui comporte 11 membres naît sous forme de compromis car on y trouve d’une part des représentants qu’on appelle les républicains modérés et d’autre part les républicains socialistes ou socialisants mais revendiquant le nom de démocrates socialistes (double sens du mot démocratie avec la démocratie politique c’est à dire le suffrage universel et la démocratie sociale).
- Président et gouvernement sous la 3ème République
- Le parlement de la 3ème République
- La naissance des institutions de la 3ème République
- IIIème République : origine et début de la IIIème République
- Le Second Empire : l’Empire libérale (1850 – 1870)
- Le Second Empire : l’Empire autoritaire (1852 – 1870)
- Le régime politique de la Seconde République
=>Ce gouvernement dispose donc provisoirement à la fois du pouvoir législatif qu’il exerce sous forme de décret (loi) et du pouvoir exécutif en particulier la direction de l’administration.
—> Il est ce qu’on appelle un exécutif collégial (comme le directoire en 1795) mais en même temps certains membres ont un poste de ministre donc la tête d’une administration. La 1ère initiative prise par ce gouvernement provisoire est précisément de proclamer la république autrement dit de la proclamer avant qu’on est voté une constitution républicaine, les républicains ayant participé à la révolution de 1830 s’étant sentis frustrés par le maintien de la monarchie. Cette initiative est acclamée par toute l’opinion publique mais on doit distinguer les vrais républicains de ce qui se disent républicains sans l’être vraiment car cette 2e catégorie est composée surtout de légitimistes et pour marquer cette différence on invente 2 expressions que sont les républicains de la veille (de la révolution) pour qualifier les vrais républicains et les républicains du lendemain (de la révolution) pour qualifier les pseudos républicains. La proclamation de la république entraîne un véritable enthousiasme populaire marqué par le romantisme mais également beaucoup d’illusions, on a le sentiment en effet que la liberté s’est installée définitivement en France et s républicains se veulent pacifiques car on veut écarter le souvenir de la Terreur.
=>Instauration du suffrage universel mais en même temps on affirme les libertés publiques notamment la liberté de la presse, la liberté de réunion et de constituer des associations politiques
B) Le suffrage universel masculin
—> A l’époque, ce n’est pas une nouveauté radicale car d’abord la première expérience a eu lieu sous la Convention et la 2e expérience dans les Etats fédérés aux Etats-Unis, le suffrage universel n’existant pas encore dans la fédération américaine. Le suffrage universel en France en 1848 a une portée considérable car c’est la 1ère fois qu’on établit au niveau national le suffrage universel masculin et ceci de façon stable voire libéral. Pour être électeur, il suffit d’avoir 21 ans et avoir 6 mois de résidence dans sa commune ce qui entraîne une augmentation du nombre d’électeur (supérieur à 9 millions d’hommes électeurs). En 1848 on instaure un scrutin plurinominal c’est à dire un scrutin de liste mais une liste dont la composition n’est pas imposée à l’électeur, c’est l’électeur lui-même qui la compose à partir des noms des candidats.
=>A l’époque pas de partis politiques qui pourraient composer des listes et cela permet aussi de limiter l’influence sur l’électeur des notables traditionnels (grands propriétaires fonciers)
C) Les élections à l’Assemblée constituante
—> Le gouvernement provisoire était un gouvernement d’exception qui ne devait pas durer et être remplacé rapidement par des institutions fondées sur une constitution donc la première chose à faire était de convoquer une assemblée constituante, première assemblée élue au suffrage universel en 1848.
—> Cette assemblée constituante a pour première fonction de rédiger et de voter une constitution mais il va de soi qu’elle est en même temps assemblée législative (vote éventuel de lois) et son élection à lieu le 23 avril 1848 (climat religieux), date essentielle dans l’histoire du suffrage en France puisqu’on peut dire que c’est la première expérience authentique de suffrage universel. Ceci n’a pas empêché le conflit entre les vrais républicains et les conservateurs qui vont chacun essayer d’exercer leur influence sur les électeurs pour obtenir le plus de voix possible, or beaucoup d’électeurs sont encore illettré et on constate de fait que beaucoup d’adultes sont incapables de lire les affiches électorales ou les noms des candidats aux élections.
=>Dans les bureaux de vote installés dans les cantons il y eu un certain nombre de manipulation
—> On constate un certain nombre d’initiatives pour peser sur le choix des électeurs, initiative d’abord du gouvernement provisoire dirigé par les républicains (Ledru-Rollin donne des instructions aux préfets pour favoriser les candidats républicains) et ensuite initiative des candidats eux-mêmes.
D) Le rejet de la démocratie représentative par l’extrême-gauche et les journées de juin
—> L’extrême gauche qui se réclame du socialisme n’accepte pas le résultat des élections à la constituante c’est à dire la domination par les républicains modérés et va se référer à la révolution en reprenant spécialement l’idée d’insurrection populaire. En fait les socialistes conçoivent le débat politique comme un conflit de classes sociales et pour eux finalement la vie politique se ramène au combat entre les classes dirigeantes qu’on commence à qualifier de bourgeoisie et le peuple ouvrier en remarquant d’ailleurs qu’on y ignore ou on feint d’ignorer l’importance du monde paysan. Ce rejet de la démocratie politique au sens strict du terme s’est effectuée en plusieurs étapes, les 2 plus importantes étant une à l’initiative des dirigeants de l’extrême gauche et une autre en leur absence.
—> Au lendemain des élections à la constituante, le 15 mai, a lieu une manifestation de rue classique qui se termine par l’invasion de l’assemblée par des insurgés donc menés par les principaux dirigeants socialistes de l’époque et ces insurgés décident le renvoi de l’assemblée, la dissolution du gouvernement puis au sein même de l’assemblée ils préparent l’instauration d’un nouveau gouvernement provisoire.
=>Cependant les forces de l’ordre interviennent et emprisonnent les chefs des insurgés.
—> Ces évènements ont beaucoup frappé l’opinion publique à l’époque car cela a rappelé les évènements de juin de 1793 lorsque les sans culottes ont envahi la Convention pour en chasser les girondins. Les journées de juin 1848, cet évènement a une signification politique très importante et pourtant le point de départ est économique et social car elles trouvent leur origine dans la crise éco qui touche la France en 1847-48 à la fin de la Monarchie de Juillet qui entraîne un chômage très important. Le gouvernement provisoire a eu l’idée pour lutter contre le chômage de créer des ateliers nationaux c’est à dire très concrètement des chantiers sur lesquels travaillent des chômeurs, chantier sans grande valeur éco puisqu’il s’agit de travaux de terrassement pour l’essentiel. Or ces travaux ayant pour but d’occuper les chômeurs sont assez bien payés et par conséquent les chômeurs de Province apprenant la rémunération versée affluent en masse à Paris mais le gouvernement se rend compte du poids financier considérable des ateliers nationaux sans aucune utilité économique. C’est la raison pour laquelle en juin 1848, le gouvernement propose aux chômeurs parisiens de partir en Province sur des chantiers de travail plus utiles et ces derniers pensent immédiatement que cette suggestion n’est qu’un moyen de préparer la fermeture des ateliers.
=>De fait, le gouvernement décide le 28 juin de fermer les ateliers nationaux, cela entraînant une manifestation de masse dans les quartiers est de Paris où se concentre la pop ouvrière.
—> Mais très rapidement ces manifestations de rue se transforment en une véritable insurrection qui va se manifester en particulier par l’élévation de barricades et le gouvernement réagit d’autant plus fermement qu’il est soutenu à la fois par l’assemblée mais aussi par l’opinion publique particulièrement en Province. On fait donc appel aux forces de l’ordre pour réprimer ce mouvement insurrectionnel et cela entraîne donc un conflit armé d’une très grande violence qui va se solder par un nombre considérable de morts (1500 pour les forces de l’ordre et 4000 pour les insurgés). Il faut dire qu’à l’époque où se déclenche l’insurrection, les dirigeants socialistes sont soit en prison soit en fuite à la suite des troubles précédents et donc d’une certaine façon cette insurrection populaire n’a pas de chefs au du moins improvisés issus de la masse. Cette insurrection a une signification politique car elle résulte en quelques sorte de la déception de ces couches populaires qui pensaient que la république mettrait immédiatement en œuvre la démocratie sociale donc une politique de transformation sociale.
—> Au-delà de ces considération, on peut dire que l’insurrection de juin 1848 constitue une véritable guerre de classes (terme repris par Marx) et cette guerre a eu immédiatement des répercussions politiques car l’assemblée et le gouvernement ont été traumatisés par cette insurrection alors ils réagissent en limitant fortement les libertés publiques. C’est ainsi par exemple qu’en matière de presse, le droit de timbre est rétabli et de la même façon on limite la liberté d’association de sorte que les républicains de gauche doivent maintenant reprendre le système de société secrète ne pouvant plus avoir de société légale.
=>Ces phénomènes (insurrections) ont-ils eu des répercussions sur la constitution elle-même ?