Le concept d’État selon Hegel et Marx

Le concept d’Etat-Sujet : de l’adhésion au rejet

Au début du 20e siècle on a une forme de redéfinition de la place de l’Etat du concept de l’Etat, il y a plusieurs théories qui semblent intéressantes,

  1. La pensée Hégélienne ou l’apothéose de l’état-sujet

L’idée que l’Etat puisse devenir l’acteur principal au cœur de l’Histoire des Hommes, est appelé l’Etatisme. Ce sont les étudiants d’Hegel (Marx, Stirner, etc.) qui vont remettre en cause l’Etatisme de leur maitre tout en conservant la méthodologie de Hegel. La pensée d’Hegel est la pensée la plus influente du 19e siècle, toutes les philosophies vont s’intégrer à la pensée d’Hégélienne. On parlera d’Hégélien conservateur, hégélien libéraux, hégéliens de gauche, et hégélien anarchiste. Pour Hegel l’Etat est élevé au rang de sujet de l’Histoire, d’acteur principal de l’Histoire, cette pensée va s’organiser autour d’un ouvrage qui porte un double titre « Droit naturel et science de l’Etat – Principe de la philosophie du droit » cet ouvrage est le résumé des cours que donnait Hegel. C’est le premier manuel qui va porter sur ce genre de considérations pour les juristes.

 

Il y a un mouvement de la pensée, et il y a un trajet de réalisation qui nous emmène du concept jusqu’au concret, pour Hegel tout ce qui est défendu fait sens. Tout ce qui peut sembler contradictoire politiquement, peut être réuni, envisagé de manière globale et Hegel essaie d’envisager à travers ce regard unitaire à la fois les contradictions et les avancées de son temps. Pour Hegel à partir du moment où on peut penser une notion c’est que elle est déjà présente, elle existe déjà parmi nous dans les discours, dans les faits. C’est pour ça qu’il aura cette formule « ce n’est qu’au début du crépuscule que la chouette de Minerve prend son envol ». Hegel va essayer de former une lecture de l’Histoire.

 

  • a. L’Etat comme liberté en acte

 

Pour Hegel, l’Etat va être la matrice de la liberté et de la raison dans les sociétés humaines. La définition Hégélienne de l’Etat va en faire une organisation rationnelle où se réalise l’Histoire, pour Hegel la raison règne dans l’Histoire et la construction de l’Etat constitue la réalisation de la liberté.

 

  • n. L’Etat comme « universel concret »

 

Pour Hegel l’Etat va être la condition dans laquelle la liberté va se réaliser, donc tout ce que l’Homme est, il le doit à l’Etat, et c’est seulement dans l’Etat que l’Homme a une existence conforme à la raison. L’Etat va être l’organisation qui va permettre à chaque homme d’être en prise avec le mouvement de réalisation de la raison, et pourtant cet Etat pourrait être considéré comme une construction très abstraite. Cet Etat est paradoxalement très concret pour chacun d’entre nous. C’est sans doute la notion la plus abstraite et la plus universelle. Hegel tire la conclusion que le droit de l’Etat l’emporte que tous les droits subjectifs des particuliers. Cette vision sera contestée.

 

  1. La démocratie ou l’individu contre l’Etat

Marx et Stirner ont été étudiants de Hegel, ils font partie de ceux qui pensent qu’il y a dans l’Histoire une forme dialectique, ils ne vont pas tirer les mêmes conclusions qu’Hegel.

 

  • a. Marx

 

Il va construire une réflexion dans laquelle la démocratie authentique peut être contraire à l’Etat. Marx va mettre ce moteur de l’Histoire à travers le modèle de la lutte des classes. L’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de luttes dans lesquelles oppresseurs et opprimés ont été en lutte constante. Chaque classe sociale est habitée par de multiples subdivisions de classes. Dans la vision de Marx l’Etat n’est pas le moteur permanent de l’Histoire, il va même envisager l’hypothèse à terme d’un dépérissement de l’Etat. Cette critique est concomitante à une autre critique, celle de Stirner.

 

  • b. Stirner

 

Lui va écrire un ouvrage, et lui va envisager le déni total de l’Etat. Il sera le fondateur d’un nouveau mouvement de pensée qu’on appelle l’anarchisme. Stirner va incarner la contre pensée étatique par excellence. Il va nier complètement l’Etat « Quelle cause n’ai-je pas à défendre ? Avant tout ma cause, c’est la bonne cause, la cause de Dieu, de la vérité, ma cause à moi. » Dans cette hypothèse l’anarchie est ce qui va se défendre contre tout système, contre la morale, Dieu, l’Etat. Etymologiquement, « anarchie » c’est l’absence de tout commandement.