En France, l’élaboration et le contrôle des lois reposent sur un équilibre institutionnel entre le gouvernement et le Parlement. Le gouvernement, organe exécutif, propose les lois qui organisent la vie publique et dirige l’action de l’État, tout en étant responsable devant le Parlement, garant de la représentation démocratique. Ce dernier, composé de l’Assemblée nationale et du Sénat, joue un rôle essentiel dans la discussion et le vote des lois, ainsi que dans le contrôle de l’action gouvernementale.
Le rôle du gouvernement dans l’élaboration des lois. Le gouvernement est à l’origine de la majorité des textes législatifs soumis au Parlement. Les projets de loi, préparés par les ministères, sont examinés en Conseil des ministres avant leur présentation aux assemblées. Cette capacité législative place le gouvernement au centre de la vie législative, tout en le rendant responsable devant le Parlement :
Le Parlement : une double fonction de législation et de contrôle. Le Parlement exerce une double mission essentielle dans la démocratie française :
Aux termes de l’article 24 de la constitution, le Parlement contient l’assemblée Nationale et le Sénat. Le Parlement français est donc composé de deux chambres distinctes : l’Assemblée nationale et le Sénat, formant un système bicaméral.
A. L’Assemblée nationale
Composition : L’Assemblée nationale est constituée de 577 députés élus au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans.
Renouvellement : Elle se renouvelle intégralement à chaque élection législative générale.
Dissolution : Le Président de la République détient le pouvoir de dissoudre l’Assemblée nationale, une prérogative utilisée en juin 2024 par Emmanuel Macron, entraînant des élections législatives anticipées.
Prééminence : En raison de son élection directe par les citoyens, l’Assemblée nationale est perçue comme l’organe parlementaire le plus représentatif de la volonté populaire.
Pouvoirs spécifiques :
B. Le Sénat
Composition : Le Sénat comprend 348 sénateurs (nombre actualisé), élus au suffrage universel indirect pour un mandat de six ans.
Renouvellement : Le Sénat est renouvelé par moitié tous les trois ans, assurant une continuité institutionnelle.
Rôle spécifique : Chargé de représenter les collectivités territoriales de la République, le Sénat joue un rôle clé dans la décentralisation et la prise en compte des intérêts locaux.
Stabilité institutionnelle : Grâce à son mode de renouvellement et à sa composition, le Sénat apporte une stabilité au processus législatif, servant de contrepoids aux fluctuations politiques de l’Assemblée nationale.
A. Suppléance parlementaire
Principe : Conformément à l’article 25 de la Constitution, lors des élections législatives, des suppléants sont élus pour pallier les vacances de sièges, évitant ainsi la tenue d’élections partielles.
Modalités :
B. Incompatibilités parlementaires
Objectif : Assurer l’indépendance des parlementaires en évitant les conflits d’intérêts entre le mandat parlementaire et d’autres fonctions publiques ou privées.
Incompatibilités spécifiques :
Sanctions : En cas de violation des règles d’incompatibilité, le parlementaire concerné peut être déclaré démissionnaire d’office par le Conseil constitutionnel, sur saisine du bureau de l’assemblée concernée ou du Garde des Sceaux.
C. Immunités parlementaires
Irresponsabilité : Les parlementaires bénéficient d’une protection contre les poursuites civiles ou pénales pour les actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions, cette immunité perdurant même après la fin de leur mandat.
Inviolabilité : Cette protection vise à empêcher toute mesure privative de liberté à l’encontre d’un parlementaire sans l’autorisation de l’assemblée dont il est membre, sauf en cas de flagrant délit ou de condamnation définitive.
Ces dispositions visent à garantir l’indépendance et l’intégrité des parlementaires dans l’exercice de leurs fonctions, tout en assurant une représentation fidèle des citoyens et des collectivités territoriales au sein du Parlement français.
A. Les réunions parlementaires
Législature : La législature désigne la période qui s’étend entre deux élections générales de l’Assemblée nationale. Elle constitue le cadre temporel des travaux parlementaires, mais sa durée n’est pas directement fixée par la Constitution. L’article 25 renvoie à une loi organique pour définir ses modalités.
Sessions parlementaires :
B. Formations parlementaires
Groupes politiques : Les parlementaires se regroupent par affinités politiques pour faciliter les débats et influencer les décisions. Un groupe doit compter au moins 20 membres à l’Assemblée nationale et 15 membres au Sénat. Les groupes jouent un rôle majeur dans l’organisation des ordres du jour et le contrôle gouvernemental.
Commissions parlementaires :
Offices et délégations parlementaires : Institués pour fournir des expertises approfondies sur des sujets complexes, ils peuvent inclure des experts externes et sont saisis par les bureaux ou commissions des assemblées. En 2022, ces structures ont été sollicitées pour examiner les impacts de la crise énergétique.
Assemblée plénière : Formation normale de l’Assemblée nationale et du Sénat, où se prennent les décisions législatives et de contrôle. C’est dans ce cadre que sont votées les lois, après discussions en commissions et en séances.
A. Élaboration des lois
Collaboration entre les pouvoirs : La loi, bien que votée par le Parlement, est souvent préparée en amont par le gouvernement. La coordination entre les deux pouvoirs est essentielle, comme lors des réformes sur les retraites discutées en 2023.
Rôle du gouvernement :
B. Responsabilité du gouvernement devant l’Assemblée nationale
Engagement de la responsabilité :
Motion de censure :
C. Relations lors du vote des lois
Pression gouvernementale : Le Premier ministre peut engager la responsabilité du gouvernement sur un projet de loi pour en accélérer l’adoption, comme l’utilisation répétée de l’article 49.3 de la Constitution en 2023.
Commissions mixtes paritaires : En cas de désaccord entre les deux chambres, cette commission joue un rôle de conciliation, bien que la procédure d’urgence limite parfois les échanges approfondis, comme lors du débat sur les lois climatiques en 2022.
Contrôle parlementaire : Même en période de crise, le contrôle exercé par le Parlement demeure essentiel pour éviter une concentration excessive du pouvoir exécutif. Cependant, les motions de censure restent rares en raison de la cohésion des majorités gouvernementales.
La dissolution de l’Assemblée nationale est l’un des pouvoirs propres conférés au président de la République par l’article 12 de la Constitution de 1958. Ce mécanisme, pensé à l’origine pour résoudre les blocages institutionnels dans un régime parlementaire, a évolué pour devenir un outil stratégique de recomposition politique. Si le président de la République dispose d’une grande liberté dans l’exercice de ce droit, certaines limites et contextes encadrent son usage.
1.1 Une dissolution autonome et non conditionnée par des conflits
Contrairement aux régimes parlementaires classiques, où la dissolution résulte souvent d’un conflit entre l’exécutif et le législatif, la Constitution de 1958 permet une dissolution pleinement autonome, à l’initiative exclusive du président de la République. Cette conception marque une rupture avec les précédents régimes français et renforce la prééminence présidentielle.
1.2 Une responsabilité politique indirecte
Bien que la dissolution n’engage pas la responsabilité politique ou pénale du président, son usage peut être perçu comme une prise de position active. Dans un régime où le président est élu au suffrage universel direct, une dissolution contestée ou mal acceptée par l’opinion publique pourrait affaiblir sa légitimité.
2.1 Dissolutions liées à des conflits
Lorsque le président estime que l’Assemblée nationale n’est pas en phase avec son orientation politique, il peut choisir de dissoudre pour recomposer une majorité. Ce type de dissolution est souvent utilisé après une élection présidentielle.
2.2 Dissolutions stratégiques et calculées
Certaines dissolutions sont utilisées à titre préventif ou opportuniste pour éviter des périodes défavorables. Elles visent à raccourcir une législature ou à profiter d’un moment perçu comme favorable pour renforcer la majorité présidentielle.
2.3 Dissolutions pour sortir de la cohabitation
En période de cohabitation, une dissolution peut être envisagée pour tenter de sortir de cette configuration institutionnelle, souvent perçue comme une anomalie politique. Cependant, ce scénario demeure rare :
3.1 Une procédure encadrée
Une fois la décision de dissolution prise :
3.2 Une influence durable sur la dynamique politique
La dissolution a des implications profondes :
Conclusion : un pouvoir entre souplesse et risques. La dissolution, bien qu’autonome et libre dans son usage, est un outil à double tranchant. Si elle permet au président de réaffirmer son autorité et de résoudre des crises institutionnelles, elle peut également se retourner contre lui en cas d’erreur stratégique. Sous la Cinquième République, cette prérogative a contribué à faire évoluer le régime vers un présidentialisme majoritaire, tout en préservant les équilibres fondamentaux entre le président et le Parlement.
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