Le rôle du président et du congrès dans le régime présidentiel américain
Le cadre institutionnel de la Constitution américaine du 17 septembre 1787 repose sur une organisation tripartite des pouvoirs, conçue pour établir un équilibre entre les différentes branches du gouvernement fédéral. Cette architecture institutionnelle, inspirée des théories de la séparation des pouvoirs de Montesquieu, distingue clairement les fonctions exécutive, législative et judiciaire. Dans un autre cours, nous étudierons le pouvoir judiciaire : la Cour Suprême dans le régime présidentiel américain
1. Le pouvoir exécutif : le président américain
Le président des États-Unis incarne l’exécutif. Chef d’État et chef de gouvernement, il dispose de pouvoirs étendus, mais agit dans le cadre d’un système de contrepoids qui limite ses prérogatives :
2. Le pouvoir législatif : Le Congrès
Le Congrès est une institution bicamérale, composée de deux chambres :
Les principales fonctions du Congrès incluent :
3. Le pouvoir judiciaire : La Cour Suprême
Au sommet du système judiciaire fédéral, la Cour suprême incarne le pouvoir judiciaire et garantit la suprématie de la Constitution :
Le président des États-Unis cumule les rôles de chef d’État et de chef de gouvernement, ce qui fait de lui l’un des dirigeants les plus puissants au monde. En vertu de la Constitution, l’intégralité du pouvoir exécutif lui appartient, et il ne le partage avec aucune autre autorité, ni le vice-président, ni les membres de son cabinet. Il s’agit donc d’un pouvoir personnel, renforcé par sa forte légitimité issue d’un suffrage quasi direct.
Le président dispose de prérogatives étendues dans divers domaines :
Pouvoir réglementaire :
Le président exerce un pouvoir réglementaire, soit directement sur la base de la Constitution, soit par délégation du Congrès.
Exemple : Les décrets présidentiels de Joe Biden (2021-2022). Dès son entrée en fonction, le président Joe Biden a signé une série de décrets présidentiels (executive orders) pour revenir sur les politiques de Donald Trump. Parmi eux :
Ces exemples montrent comment le président peut utiliser son pouvoir réglementaire pour gouverner rapidement, sans passer par le Congrès. Cependant, ce pouvoir reste limité, car les décrets peuvent être annulés par son successeur ou contestés en justice.
Chef de l’administration fédérale :
Il supervise l’ensemble des départements ministériels, dirigés par les secrétaires qu’il nomme avec l’approbation du Sénat.
Exemple : La gestion de la pandémie de Covid-19 sous Biden et Trump
En 2021, Joe Biden a mis en œuvre une vaste campagne de vaccination et imposé des mesures fédérales pour contrer la pandémie, notamment l’obligation vaccinale pour les employés fédéraux.
Sous Donald Trump, des tensions ont émergé entre l’exécutif et certains départements, comme le CDC (Centers for Disease Control), sur la gestion des recommandations sanitaires, montrant les défis du leadership exécutif en période de crise.
Commandant en chef des forces armées :
Le président est le chef des armées, mais il ne peut pas déclarer la guerre ni engager durablement les troupes à l’étranger sans l’accord du Congrès. Toutefois, il peut prendre des décisions militaires urgentes, par exemple pour des interventions limitées (60 jours maximum sans validation du Congrès).
Exemple : Le retrait d’Afghanistan (2021)
En août 2021, Joe Biden a supervisé le retrait des troupes américaines d’Afghanistan, mettant fin à 20 ans de guerre. Cette décision, bien qu’appartenant au président en tant que commandant en chef, a suscité des critiques au Congrès, notamment sur la gestion chaotique de l’évacuation.
Exemple : L’assassinat de Qassem Soleimani (2020)
Sous Donald Trump, une frappe ciblée a éliminé le général iranien Qassem Soleimani en Irak. Cette action militaire, prise sans consultation préalable du Congrès, a ravivé le débat sur les limites du pouvoir présidentiel en matière d’engagement militaire à l’étranger.
Responsable de la politique étrangère :
Le président définit les grandes orientations diplomatiques, en collaboration avec le secrétaire d’État (équivalent du ministre des affaires étrangères). Il négocie et signe les traités internationaux, qui doivent être ratifiés par le Sénat à une majorité des deux tiers.
Exemple : L’accord trilatéral AUKUS (2021)
En septembre 2021, Joe Biden a conclu un partenariat stratégique avec l’Australie et le Royaume-Uni (AUKUS) pour contrer l’influence de la Chine dans l’Indo-Pacifique. Ce traité a renforcé les alliances des États-Unis, mais a suscité des tensions diplomatiques, notamment avec la France, qui a perdu un contrat de sous-marins avec l’Australie.
Exemple : La guerre en Ukraine (2022)
Joe Biden a coordonné les efforts internationaux pour soutenir l’Ukraine face à l’invasion russe, en fournissant une aide militaire et économique massive, tout en imposant des sanctions économiques sévères contre la Russie. Ces actions soulignent son rôle central dans la politique étrangère américaine.
Le rôle du vice-président :
Le vice-président, élu en même temps que le président dans le cadre d’un ticket, a un rôle essentiellement symbolique. Ses deux fonctions constitutionnelles sont de :
Le cabinet présidentiel :
Contrairement au système britannique, où le cabinet est une instance collégiale de décision, le cabinet américain n’a qu’un rôle consultatif. Composé de 16 secrétaires à la tête des départements fédéraux (Défense, Santé, Économie, Affaires étrangères, etc.), ses membres sont des collaborateurs du président, responsables uniquement devant lui. Leur nomination nécessite toutefois l’approbation du Sénat.
Exemple : Kamala Harris, vice-présidente (2021)
Première femme vice-présidente et première personne issue des minorités à occuper ce poste, Kamala Harris a un rôle symbolique important. En tant que présidente du Sénat, elle a joué un rôle décisif en brisant l’égalité dans un Sénat divisé à 50-50 pour faire adopter des lois majeures comme le plan de relance économique de 2021.
Exemple : Le rôle consultatif du cabinet
Bien que non collégial, le cabinet reste un outil crucial pour le président. Par exemple :
Le président est élu pour un mandat de quatre ans, renouvelable une seule fois, afin de prévenir une concentration excessive de pouvoir et d’éviter qu’il ne prenne l’ascendant sur le Congrès.
Critères d’éligibilité :
Processus électoral complexe :
L’élection présidentielle comporte deux étapes principales :
La désignation des candidats par les partis :
Chaque grand parti (républicain et démocrate) désigne son candidat à l’occasion d’une convention nationale. Cette convention est formée de délégués élus lors des primaires, qui se tiennent dans chaque État entre février et juin.
L’élection par les grands électeurs :
Le président est officiellement élu par un collège de 538 grands électeurs, désignés dans chaque État en fonction des résultats du scrutin populaire. Chaque État dispose de grands électeurs équivalents au nombre de ses représentants au Congrès (sénateurs + représentants).
Le président élu prête serment et prend ses fonctions le 20 janvier suivant l’élection.
Exemple : L’élection présidentielle de 2020. L’élection opposant Joe Biden et Donald Trump a mis en lumière les particularités du système électoral américain :
Exemple : L’élection présidentielle de 2020. En 2024, L’élection présidentielle américaine de 2024, qui s’est tenue le 5 novembre, a vu la victoire du candidat républicain Donald Trump face à la démocrate Kamala Harris. Trump a obtenu 301 grands électeurs contre 226 pour Harris, dépassant ainsi le seuil requis de 270 pour remporter l’élection
Bien que le président dispose de prérogatives étendues, son pouvoir est encadré par des contrepoids institutionnels, notamment le Congrès.
Initiative législative :
Le président n’a pas le droit de déposer directement des projets de loi ni d’assister aux débats législatifs. Il peut cependant influencer les parlementaires en leur proposant des textes ou en exposant ses priorités lors du discours sur l’état de l’Union.
Pouvoir budgétaire :
Le Congrès contrôle les finances publiques, ce qui permet de bloquer les crédits nécessaires à la mise en œuvre de la politique présidentielle.
Procédures d’information et d’investigation :
Le Congrès surveille l’action du président à travers des commissions d’enquête et peut initier une procédure d’impeachment en cas de crimes ou délits graves.
Le président tire sa légitimité démocratique du suffrage universel quasi direct. Bien que formellement élu par les grands électeurs, les Américains perçoivent leur vote comme une élection directe, ce qui confère au président un statut de leader national.
En pratique, l’élection présidentielle est presque exclusivement disputée par les candidats des deux grands partis :
Les candidats indépendants ou issus de partis tiers peuvent concourir, mais ils n’ont jamais remporté l’élection en raison du système bipartite profondément enraciné.
Exemple :
Le président américain est incontestablement l’un des dirigeants les plus influents au monde, grâce à ses vastes pouvoirs exécutifs et à sa position de chef d’État. Cependant, il agit sous le contrôle rigoureux du Congrès et dans le cadre d’un système conçu pour maintenir un équilibre entre les pouvoirs, conformément aux principes de la Constitution.
Le Congrès (United States Congress) constitue la branche législative du gouvernement fédéral des États-Unis. Parlement bicaméral, il se compose de deux chambres :
Composition et élection :
Chaque État est représenté par deux sénateurs, assurant une représentation égalitaire indépendante de la taille ou de la population de l’État. Les sénateurs sont élus pour un mandat de six ans, mais leur renouvellement s’effectue par tiers tous les deux ans, garantissant une continuité dans les travaux de la chambre.
Indépendance vis-à-vis de l’exécutif :
Le Congrès ne peut pas être dissous, conformément au principe de la séparation stricte des pouvoirs. Les élections législatives se déroulent donc à intervalles réguliers, assurant un renouvellement démocratique des membres.
Rôle des dirigeants :
Le Sénat est officiellement présidé par le vice-président des États-Unis, mais cette fonction est généralement déléguée à un sénateur. Le véritable acteur central du Sénat est le leader du parti majoritaire, qui détermine l’ordre du jour et organise les débats.
Pouvoirs spécifiques :
Exemple : l’Accord de Paris sur le climat (2015, 2021)
Exemple : opposition à des nominations présidentielles
Sous Donald Trump, plusieurs nominations à des postes clés ont été bloquées ou contestées par le Sénat, y compris des juges fédéraux. Sous Joe Biden, des nominations comme celle de Neera Tanden pour diriger le Bureau de la gestion et du budget ont également échoué en raison de l’opposition sénatoriale.
Le fonctionnement du Congrès repose largement sur le travail de ses commissions, qui jouent un rôle fondamental dans :
Exemple : l’enquête sur l’assaut du Capitole (6 janvier 2021)
La commission spéciale de la Chambre des représentants a enquêté sur l’attaque du Capitole par des partisans de Donald Trump. Cette commission a recueilli des témoignages et présenté des rapports détaillant les responsabilités, y compris celles de l’ancien président. Ces travaux ont eu un impact médiatique considérable et illustrent la capacité du Congrès à exercer un contrôle rigoureux sur l’exécutif et à défendre les institutions démocratiques.
Exemple : les auditions sur la crise des opioïdes
Plusieurs commissions du Congrès, notamment au Sénat, ont convoqué les dirigeants des grandes entreprises pharmaceutiques pour s’expliquer sur leur rôle dans la crise des opioïdes, une épidémie qui a causé des milliers de morts. Ces auditions ont permis de mettre en lumière des pratiques douteuses et de forcer des réformes.
Initiative législative et pouvoir budgétaire :
Le Congrès est le seul à pouvoir initier et voter les lois, le président n’ayant pas le droit de déposer un projet ni d’assister aux débats. De plus, il détient le pouvoir budgétaire, permettant de refuser les crédits nécessaires à la mise en œuvre de la politique présidentielle, ce qui constitue un levier majeur face à l’exécutif.
Exemple : l’Inflation Reduction Act (IRA) de 2022
Cette loi historique, adoptée par le Congrès et signée par le président Joe Biden, est un exemple de la capacité législative du Congrès. Ce texte vise à réduire les coûts énergétiques, lutter contre le changement climatique et améliorer l’accès aux soins de santé. Son adoption a nécessité d’intenses négociations, notamment au Sénat, où la majorité démocrate était extrêmement mince (50 sièges plus la voix décisive de la vice-présidente Kamala Harris).
Exemple : Le blocage du projet « Build Back Better » en 2021
Ce vaste programme d’investissement proposé par Joe Biden a été bloqué au Congrès, malgré une majorité démocrate dans les deux chambres. L’opposition interne de certains sénateurs démocrates, comme Joe Manchin, illustre la difficulté pour un président de faire adopter des lois même avec un Congrès majoritairement aligné sur son parti.
Bicamérisme égalitaire :
Les deux chambres disposent de pouvoirs équivalents en matière législative. En cas de désaccord, une commission de conciliation est convoquée, mais si aucun compromis n’est trouvé, le projet de loi est abandonné.
Exemple : désaccords sur le relèvement du plafond de la dette (2021)
Les désaccords entre la Chambre (à majorité démocrate) et le Sénat (divisé) sur le relèvement du plafond de la dette fédérale ont failli provoquer un défaut de paiement des États-Unis en 2021. Le Congrès a finalement trouvé un accord in extremis, illustrant la complexité du bicamérisme égalitaire en période de crise.
Exemple : l’Affordable Care Act (2010)
L’adoption de cette réforme majeure de la santé par l’administration Obama a nécessité des négociations ardues entre les deux chambres. Le texte a été adopté grâce à une courte majorité au Sénat et a subi plusieurs attaques judiciaires et législatives par la suite, montrant les défis du bicamérisme.
Pouvoir constituant :
Le Congrès peut réviser la Constitution par amendement, ce qui en fait le garant ultime de l’évolution des institutions américaines.
Procédure d’impeachment :
Le Congrès peut engager une procédure d’impeachment pour destituer le président, ses collaborateurs ou d’autres hauts responsables fédéraux, y compris les juges.
Exemple : les deux impeachments de Donald Trump (2019 et 2021)
Exemple : l’impeachment de Bill Clinton en 1998
Le Congrès a voté l’impeachment de Clinton pour parjure et obstruction à la justice dans le cadre de l’affaire Monica Lewinsky. Là encore, le Sénat n’a pas voté en faveur de sa destitution, mais cette procédure a marqué une étape importante dans l’histoire politique américaine.
Le Congrès est conçu pour exercer un contrôle rigoureux sur le président et l’administration :
En définitive, le Congrès incarne l’un des piliers fondamentaux du régime présidentiel américain, avec des pouvoirs législatifs, budgétaires et de contrôle significatifs. Il agit comme un véritable contre-pouvoir face au président, garantissant ainsi l’équilibre institutionnel prévu par la Constitution des États-Unis.
Conclusion : Une architecture fondée sur la séparation des pouvoirs
La Constitution américaine instaure un système de checks and balances (freins et contrepoids) pour éviter toute concentration excessive de pouvoir :
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