LES RÉGIMES POLITIQUES AUTORITAIRES
Un régime autoritaire est un « régime politique caractérisé par le refus de tolérer l’expression publique de désaccords politiques importants » (Dictionnaire de Science politique).
La notion de régime politique recouvre essentiellement la sphère des institutions et des acteurs politiques donc le pouvoir législatif, exécutif et judiciaire mais aussi l’administration, les partis politiques, voire les groupes de pressions en les appréhendant tant dans leurs relations réciproques que dans leurs relations avec les gouvernés.
Section 1 : qu’est-ce qu’un régime politique ?
Sous cette notion de régime politique, on désigne le mode de gouvernement d’une société c’est-à-dire en général les principes de légitimité sur lesquelles reposent le pouvoir politique, les modalités de la relation gouvernant/gouverné, la structure des institutions politiques, le système des partis etc…
Cette notion de régime politique permet aussi de situer les uns par rapport aux autres les modes de gouvernement étatique qui diffèrent entre eux tant du point de vue de leurs règles constitutionnelles que du point de vue de leur fonctionnement pratique, effectif. Ce second critère (pratique du régime) est d’ailleurs le plus important pour les politistes car un régime peut très bien avoir une forme constitutionnelle démocratique et dans les faits fonctionner comme un régime de dictature totalitaire (exemple : dans l’URSS de Staline, la constitution était formellement démocratique mais le régime était en pratique d’un des exemples les plus achevés la dictature totalitaire).
Si de nombreux types d’organisation politique ont existé au cours de l’histoire, les régimes politiques contemporains peuvent être ramenés à trois :
Le critère qui permet de distinguer ces trois régimes est celui du degré de conscience s’exigé des gouvernés.
Section 2 : Les régimes autoritaires
En simplifiant, on peut dire qu’un régime autoritaire se reconnaît à deux éléments :
Plusieurs éléments distinguent fondamentalement les régimes autoritaires de cette autre forme de régime politique : le régime totalitaire.
A la différence des régimes totalitaires, les régimes autoritaires sont des dictatures politiques reposant en premier lieu sur l’appareil d’État traditionnel.
De même, alors que les régimes totalitaires exigent une adhésion sans faille et publiquement exhibée à leur idéologie, les régimes autoritaires, eux, se contentent d’une adhésion de façade, voire de l’indifférence généralisée de la population. Ceci est totalement impensable dans le régime totalitaire où ce genre d’attitude peut être considéré comme un délit.
A) Monolithisme politique
Le verrouillage des institutions est la première caractéristique de tout régime autoritaire.
– Une première manière d’opérer consiste à interdire purement et simplement toutes les activités politiques organisées : celle des partis politiques mais également celles d’autres organisations éventuelles (syndicats, associations de civiques, comités d’intellectuels). La conséquence d’une telle situation est bien entendu l’absence de toute consultation électorale. Pour être efficace cependant, une telle politique suppose l’inexistence dans la culture de la société concernée d’une forte tradition politique de participation.
Dans le cas contraire (dans les pays qui ont une tradition politique de participation) cela implique un climat de violence étatique susceptible d’intimider les opposants au régime. Ce genre de régime ne dure pas longtemps la plupart du temps, il n’existe aucune légitimité populaire.
Exemple : la Grèce des colonels (1967-1974)
– Une seconde manière d’opérer consiste à laisser subsister une vie politique mais à la contrôler étroitement par le biais par exemple d’un pseudo pluripartisme (élections avec de faux concurrents). Le pluripartisme est rependu dans les pays d’Amérique latine et dans certains pays d’Afrique.
Dans ce cadre-là, les élections ont lieu mais elles ne concernent pas le chef effectif du régime qu’il soit un monarque héréditaire (ex : le roi du Maroc) ou un chef investi d’un mandat à vie (ex : chef tunisien).
Si des élections ont effectivement pour objet le renouvellement du mandat des dirigeants, elles sont si étroitement contrôlées, voire truquées que l’issue du scrutin ne fait de doute pour personne. (Ex : les pays d’Afrique noire)
Pour assurer le maintien d’un régime autoritaire, il ne suffit pas d’interdire de manipuler les élections, il faut également contrôler entièrement l’appareil d’État en particulier l’armée et la police (pilier du pouvoir dans ce type de régime politique).
B) Polycentrisme des pouvoirs et (relatif) pluralisme culturel
Polycentrisme : refus du pluralisme politique, de la concurrence
Si les régimes autoritaires sont monolithiques sur le terrain politique, ils s’accommodent d’un relatif pluralisme idéologique au sein de la société tant que ce pluralisme ne se déplace pas sur un terrain directement politique.
Cette différence est essentielle avec le régime totalitaire.
Le polycentrisme des pouvoirs se manifeste par exemple dans le fait que les régimes autoritaires d’Asie, Afrique ou Amérique latine laissent toute l’autonomie d’action dans les milieux financiers et industriels avec lesquels ils sont souvent liés par un pacte de soutien réciproque plus ou moins explicite.
Les régimes autoritaires contrôlent étroitement les informations et la communication en muselant la presse, la radio, la télé mais ils tolèrent un relatif pluralisme idéologique en faisant survivre une relative liberté d’expression, un certain pluralisme culturel dans des domaines qui n’entretiennent pas de rapport direct avec la politique (culture, religion…).
A la différence du totalitarisme, les régimes autoritaires n’ont pas une idéologie très élaborée à prétention révolutionnaire, ils n’ont pas l’ambition de transformer les croyances profondes mais seulement de maintenir l’ordre et en général (mais pas toujours) la tradition. En bref, ces régimes s’accommodent fort bien de l’apathie des masses et de l’indifférence bienveillante des élites, à l’opposé des régimes totalitaires qui reposent sur une mobilisation ultra encadrée des masses et qui exigent une adhésion « explicite et enthousiaste » au régime, à son idéologie révolutionnaire. Dans un tel cadre, toute forme de disensus est criminelle.
c) La question de la violence physique
Les régimes autoritaires peuvent être très violents. Leur légitimité est souvent précaire et pour imposer leur pouvoir et pour faire face à l’émergence d’une opposition, les dirigeants ont souvent recours aux services d’une police politique (souvent choisie). Police politique dont l’action est complétée par une justice à un solde du régime. Les procès sont importants dans ce type de régime car ils découragent l’opposition
Exemple : Pinochet.
II) La diversité des régimes autoritaires
Au-delà de ces aspects communs, les régimes autoritaires présentent une assez grande diversité dans l’espace et le temps.
Ainsi on trouve dans cette catégorie des sociétés dans lesquelles l’État n’est que faiblement institutionnalisé et où la distinction entre les ressources privées du détenteur du pouvoir et les ressources publiques n’est pas clairement établie. C’est le cas par exemple d’un certain nombre de monarchies du Golf où le prince concentre les pouvoirs institutionnels et n’est soumis à aucun contre pouvoir institutionnel. Il décide seul pour le pays et distribue de façon discrétionnaire des avantages (promotion) pour stimuler le loyalisme des fidèles.
Dans ce type de régime, les princes s’enrichissent de façon parfois considérable du seul fait que ce qui relève du budget de l’Etat est un peu confondu avec le porte monnaie des dirigeants.
A l’inverse, on met dans la catégorie des régimes autoritaires, des dictatures reposant sur de puissantes bureaucraties et donc sur des appareils étatiques très développés voire hypertrophiés.
Ex : dans l’URSS poste stalinienne, ou la démocratie populaire de l’Allemagne de l’Est
Dans ces pays, un parti unique contrôlait l’ensemble des activités politiques officielles ainsi que l’attribution des charges et des emplois dans l’appareil d’État. Toutefois le dispositif de contrôle de la population au fil du temps s’est bureaucratisé et routinisé. On favorise un développement à la marge de certaines libertés individuelles et il s’est accompagné d’accommodements à l’égard de certaines forces sociales indépendantes comme les églises, un certain nombre d’intellectuels…
Cela a débouché en fin de régime sur l’émergence d’un certain pluralisme qu’on tolérait compte tenu de la compatibilité avec le régime.
Le pluralisme limité et le relâchement du dispositif de contrôle sur la société se différenciaient ces sociétés du fonctionnement du régime soviétique à l’époque stalinienne.
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