Les Rois Carolingiens

Les Rois Carolingiens (751-987).

Les roi Francs (les rois mérovingiens) ont gouverné au moyen d’agents, les maires du palais. Leur surnom était les roi fainéant, les maires du palais étant les seuls à agir.

Les Carolingiens viennent d’une dynastie de maires du Palais, qui ont compris qu’ils étaient les seuls à faire le travail et que de ce fait c’était à eux de prendre le pouvoir.

Pour opérer ce changement, il fallait des appuis forts, qu’ils trouveront auprès de l’église et du Pape. Les rois mérovingiens sont incapables de gouvernés sont légitimes, les Carolingiens ont donc besoin de la bénédiction de l’église, en échange de quoi ils s’engagent à protéger l’église et à faire régner la sécurité et la prospérité.

Cela suppose une christianisation du pouvoir politique.

Il y a un dans la royauté Mérovingienne un handicap. Juridiquement et diplomatiquement, ils sont sous l’empereur. Ils manquent d’une dimension leur permettant d’obtenir le respect des gallo-romains. Il leur faut une dimension impériale.

L’église imagine cette nécessité, afin que le pouvoir en France soit fort et respecté. Cette sorte de feu vert accordé à Pépin le Bref changera les choses.

 

La liste des rois carolingiens

PortraitNomDébut du règneFin du règneNotes
Pépin le Bref
(vers 715 – 24 septembre 768)
novembre
751
24 septembre
768
Devient maire du palais de Neustrie à la mort de son père Charles Martel, en 741, puis d’Austrasie après le retrait de son frère Carloman. Il dépose Childéric III et est élu roi des Francs en novembre 751. Sacré par Boniface de Mayence en 752.
Carloman Ier
(vers 751 – 4 décembre 771)
24 septembre
768
4 décembre
771
Fils cadet de Pépin le Bref et de Bertrade de Laon. Sacré avec son père et son frère aîné Charles en 754. Le royaume est partagé entre les deux frères à la mort de Pépin, Carloman obtenant l’Austrasie, l’Alémanie, la Thuringe, et les pays tributaires.
Charlemagne (« Charles le Grand »)
(2 avril 742 – 28 janvier 814)
24 septembre
768
28 janvier
814
Fils aîné de Pépin le Bref et de Bertrade de Laon. Sacré avec son père et son frère cadet Carloman en 754. Le royaume est partagé entre les deux frères à la mort de Pépin, Charles obtenant la Neustrie, la Bourgogne et l’Aquitaine. La mort de son frère en 771 lui permet de réunifier le royaume. Il est sacré empereur d’Occident par le pape Léon III à Rome le 25 décembre 800.
Louis « le Pieux » ou « le Débonnaire »
(778 – 20 juin 840)
81420 juin
840
Fils de Charlemagne et d’Hildegarde de Vintzgau. Couronné empereur d’Occident associé par son père le 11 septembre 813, sacré par le pape Étienne IV à Reims le 5 octobre 816. Déposé le 7 octobre 833 par son fils Lothaire, restauré le 15 février 835.
Charles II « le Chauve »
(13 juin 823 – 6 octobre 877)
840877Benjamin des fils de Louis le Pieux, le seul par sa deuxième femme Judith de Bavière. En 843, il reçoit la Francie occidentale par le traité de Verdun qui divise l’empire franc. Sacré à Orléans le 8 juin 848. Après la mort de son neveu Louis II d’Italie, il est sacré empereur d’Occident par le pape Jean VIII à Rome le 25 décembre 875.
Louis II « le Bègue »
(1er novembre 846 – 10 avril 879)
87710 avril
879
Fils aîné de Charles II et d’Ermentrude d’Orléans. Sacré à Compiègne le 8 décembre 877.
 Louis III
(vers 864 – 5 août 882)
8795 août
882
Fils aînés de Louis II et d’Ansgarde de Bourgogne. Ils sont élus pour succéder conjointement à leur père. Sacrés à Ferrières en septembre 879. Louis III meurt sans descendance, et Carloman II devient seul roi jusqu’à sa propre mort, également sans descendance.
Carloman II
(vers 867 – 6 décembre 884)
8796 décembre
884
Charles « le Gros »
(839 – 13 janvier 888)
juin
885
novembre
887
Troisième fils de Louis le Germanique, fils cadet de Louis le Pieux. Les grands du royaume de Francie occidentale refusent de reconnaître pour roi le jeune Charles le Simple, dernier fils de Louis II, et font appel à l’empereur d’Occident Charles le Gros pour assurer la régence en son nom. Il est déposé par la diète de Trebur en novembre 887.
Eudes
(vers 860 – 1er janvier 898)
8881er janvier
898
De la dynastie des Robertiens, il est élu roi des Francs après la mort de Charles le Gros. Sacré à Compiègne le 29 février 888, puis à Reims plus tard dans l’année.
Charles III « le Simple »
(17 septembre 879 – 7 octobre 929)
1er janvier
898
29 juin
922
Troisième fils de Louis II, le seul par sa deuxième femme Adélaïde de Frioul. Il est écarté de la succession de son frère Carloman II en 884 en raison de son jeune âge, au profit de Charles le Gros, puis d’Eudes. Sacré à Reims le 28 janvier 893, alors qu’Eudes règne encore, il ne devient réellement roi qu’à sa mort. Les grands du royaume le déposent et élisent le comte de Paris Robert pour le remplacer. Il est capturé après la bataille de Soissons en 923 et meurt en captivité.
Robert Ier
(vers 866 – 15 juin 923)
29 juin
922
15 juin
923
De la dynastie des Robertiens, frère d’Eudes. Il se révolte contre Charles le Simple avec plusieurs nobles. Sacré à Reims le 30 juin 922. Tué à la bataille de Soissons.
Raoul
(vers 890 – 15 janvier 936)
92315 janvier
936
De la dynastie des Bosonides, est élu par les grands du royaume à la mort de Robert Ier, les grands du royaume refusant de rendre la couronne à Charles le Simple. Sacré à Soissons le 13 juillet 923. Mort de pédiculose corporelle sans laisser d’enfant mâle.
Louis IV « d’Outre-mer »
(920 ou 921 – 10 septembre 954)
93610 septembre
954
Seul fils de Charles le Simple et d’Edwige de Wessex, il ne peut devenir roi qu’après la mort de Raoul. Sacré à Laon le 19 juin 936. Mort des suites d’une chute de cheval.
Lothaire
(941 – 2 mars 986)
10 septembre
954
2 mars
986
Fils de Louis IV et de Gerberge de Saxe, il succède à son père sous la régence de son oncle Brunon de Cologne jusqu’en 961. Sacré à Reims le 12 novembre 954.
Louis V « le Fainéant »
(vers 967 – 22 mai 987)
2 mars
986
22 mai
987
Fils de Lothaire et d’Emma d’Italie. Sacré à Compiègne le 8 juin 979 comme roi associé. Mort des suites d’un accident de chasse, sans descendance.

A. Le roi chrétien.

Il convient de savoir par quel processus intellectuel on est parvenu à cette situation.

a) La doctrine théocratique.

Elle prend forme au 8ème siècle dans l’entourage des premiers Carolingiens, mais elle prend ses racines dans l’œuvre de Saint Augustin au 4ème siècle. Il a procédé à une synthèse de l’antiquité développé dans son ouvrage « la cité de Dieu ». 2 pouvoirs se trouvent ainsi face à face, l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi (fondement de la cité céleste) et l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu (fondement de la cité terrestre). Ces 2 approches concernent la société et chaque individu. Pour St Augustin ces 2 approches sont liées, elles coexistent. La fin va cependant dans le sens de la cité céleste, elle finalise et donne un sens à l’autre cité, qu’elle doit pétrir progressivement.

Ce qui va changer c’est que la théorie va muter en approche politique. Les penseurs vont considérer qu’à ces 2 cités correspondent 2 pouvoirs, celui du sacerdoce (évêques et pape) et celui du roi. Le pouvoir du sacerdoce est supérieur, il a le devoir d’exercer une responsabilité vis-à-vis du pouvoir terrestre, c’est l’augustinisme politique. Ceci légitime l’avènement d’un nouveau pouvoir dans cette situation ; le nouveau pouvoir carolingien devra exercer ses responsabilités dans le cadre de cet augustinisme politique.

C’est ainsi que la royauté carolingienne se présente comme une théocratie royale qui veut trouver son autonomie dans ce cadre théologico-politique. Jonas d’Orléans, Alcuin, justifient le nouveau pouvoir en place, pour eux la royauté est investie d’une mission divine, c’est une institution (Jonas d’Orléans, l’exprime comme quelque chose qui dure) divine voulue par Dieu. Le pouvoir institué à une fonction, une mission, qu’elle reçoit de Dieu, cette mission étant celle du bien commun et de sa recherche. C’est la nouvelle notion de la Res Publica romaine.

Pour exercer cette fonction, le roi Carolingien, comme Charlemagne, a besoin d’une grâce, d’un don de Dieu.

b) Le rite sacralisant.

Le sacre est un sacrement, il permet l’effusion de la puissance de Dieu dans le personnage qui le reçoit. Ici le sacre est politique, c’est la politique qui est sacrée. En 751 Pépin se fait sacré, puis une seconde fois en 754 à Saint Denis, ainsi que ses 2 fils.

Cette cérémonie est une nouveauté inspirée de l’ancien testament (saint crème). Le roi entre dans une sorte d’état quasi ecclésiastique. Il est accompagné d’une profession de foi conforme à la doctrine de l’église. Le rite sacralisant est un élément essentiel de ce nouveau pouvoir.

Les rois vont l’utiliser à leur profit en faisant grandir leur théocratie contre l’église, c’est le cas de Charlemagne. Louis le Pieux, autrefois dit le Débonnaire, se trouvera d’avantage soumis aux évêques des Gaules, qui estiment que l’Empereur commet des fautes morales, ils imposeront à Louis des pénitences publiques. C’est l’autre face, celle qui tourne en 1 siècle à l’avantage du sacerdoce et surtout des évêques.

B. L’Empereur Romain.

La couronne est le signe de la puissance et de la légitimité de l’Empereur. Les penseurs ont jugé utile de transformer les rois francs en empereurs. C’est un véritable pari, c’est ambitieux, car il faut transformer ces rois aux mentalités franques en véritable empereur romain.

a) Le couronnement.

A Rome, les empereurs étaient couronnés par le patriarche de Constantinople, c’est une pratique tardive qui s’est renforcée à l’époque de l’empire chrétien. C’est une démarche, un tentative d’encadrement par l’église.

C’est un symbole du pouvoir et un symbole chrétien.

Pourquoi ne pas répéter l’opération en occident. En l’an 800 le pape couronne Charlemagne, Rex Francorum en Empereur. Est-ce suffisant pour instaurer une restauration impériale ?

b) La restauration.

Elle est plus qu’incertaine. On se demande si ce couronnement fait à Rome a bien été compris en tant que tel par Charlemagne.

Cela n’a pas fait entrer Charlemagne dans la romanité. Il a compris que cela devait bien servir à quelque chose. La restauration romaine n’aura pas lieu, quelques dizaine d’années après le système se délitera. Il n’y a pas eu de volonté pour cela. Les rois ont conservé leur supériorité germanique. Les seuls à y avoir cru furent les gallo-romains, mais cela ne fut pas suffisant. La réalité du pouvoir, les souches de la noblesse se trouve chez les francs.

Peu à peu les carolingiens vont perdre du pouvoir, en 843 le royaume sera divisé en plusieurs part, Lothaire gardera le titre d’empereur au sein de la part centrale où sont concentrées les richesses de l’empire. L’empire, gardera la couronne ballotée par les évènements, on la retrouve vers 900 sur Otton III qui restaurera l’Empire Romain, bientôt on adoptera le droit romain, cela fondera le Saint Empire Romain Germanique qui est une suite de l’épisode narré ici.

A l’échelle française la restauration a échouée mais pas à l’échelle européenne.