Les théories de Lévi-Strauss (structuralisme, parenté…)

Lévi-Strauss

Claude Lévi-Strauss est un anthropologue et ethnologue français.

Il a étudié les peuples amérindiens du Brésil au cours de missions ethnographiques dés 1935. Il a consacré de nombreux à l’étude des tribus primitives.

Claude Lévi-Strauss a observé les sociétés humaines lors de ses voyages et missions. Il s’est employé en particulier à étudier comment celles-ci se représentaient de façon très diverse les liens de parentés (famille proche et éloignée). Il y voit des logiques bien établies qui structurent les relations humaines et la façon dont les gens se situent les uns par rapport aux autres dans chaque société. De ce fait, sa pensée et ses méthodes dans ce domaine ont été appelées l’anthropologie structurale. Il décrit qu’il y a par exemple dans de nombreuses sociétés des mariages interdits ou recommandés selon des règles complexes.

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I – Problématique de la parenté

Constat évident et insoluble : la prohibition de l’inceste est à la croisée de deux fondements : – loi qui repose sur du biologique

– une règle sociale qui fait que certains parents sont interdits et d’autre pas (cet interdit varie selon les sociétés)

Deux courants anthropologiques ont essayé de cerner la logique de l’interdit de l’inceste :

– l’historicisme a essayé de reconstituer l’origine de l’interdit de l’inceste. Dans un premier temps, où et comment cette prohibition a-t-elle commencé et deuxième temps comment s’est-elle diffusé dans les autres sociétés. Cet historicisme s’est trouvé confronté à des limites donc très vite a abandonné ses recherches

– fonctionnalisme : pourquoi l’interdit de l’inceste ? Ce courant s’est trouvé confronté à une énigme : dimension de la relativité de cet interdit, sa variabilité dans les différentes sociétés

L-V laisse de côté l’argumentation bio : on entend souvent dire que les sociétés « primitives » -> formes de dégénérescence et c’est qui peut expliquer l’interdit de l’inceste. C’est une interprétation qui ne tient pas pour LV. Il est impensable pour lui que les sociétés traditionnelles aient pu faire ce constat empirique en dehors de toute connaissance sc sur la question, sur la génétique. Par ailleurs, la biologie n’explique pas pourquoi certains parents sont prohibés et d’autres pas. Donc On évacue la dimension biologique.

II – Influence de Marcel Mauss (1872,1950 sur sa conception de la parenté

Neveu et disciple de Durkheim. Il n’a pas fait de terrain mais a battu ses travaux sur des travaux de seconde main. Il s’est intéressé au don et chez lui le don repose sur un triptyque bien précis :

– obligation de donner

– obligation de recevoir

– obligation de rendre

C’est une forme d’échange qu’on trouve dans toutes les sociétés et il n’existe pas de don gratuit selon Mauss. Mais pour lui on a attend toujours quelque chose en retour lorsque l’on donne de façon symbolique. Ce n’est pas la valeur matérielle de ce qu’on donne qui est important, ce n’est pas une théorie matérialiste. Lorsqu’on accepte un don, on accepte alors d’être en relation avec la personne qui nous fait ce don. Donner, recevoir = être en relation. Et donc refuser un don = refus d’être en relation avec quelqu’un (ex : principe de la dette). C’est sur cette forme d’échange qu’on entre dans une cohésion de la société « archaïque ». Il a construit sa théorie à partir de certaines ethnographies sur le don. « Un fait social total » : fait social à travers lequel se donne à voir la logique d’une cohésion social d’une société (en parlant de la koula).

III – Le principe du don chez Lévi-Strauss

Dans les sociétés amazoniennes qu’il étudie, il constate que les tribus s’échangent un bien très particulier -> les femmes car au cœur du processus de la reproduction. Dès lors que je ne peux pas épouser une femme de mon clan je vais chercher une femme dans un autre clan. Et donc je devrais à l’avenir lui céder une femme de mon clan => « règles d’alliance ». A partir de là on va faire un retour sur le débat nature culture. Ce processus aboutit finalement à une règle. La nature ne prescrit qu’une seule chose : nécessité du conjoint. Mais elle ne dit rien sur le choix du conjoint. Le choix du conjoint = règle social qui prend appui sur une donnée de la nature pour en faire un élément culturel. Ce qui est une nécessité naturel devient un choix et c’est comme ça que se mettent en place les règles d’alliance. On peut ainsi établir la finalité de la prohibition de l’inceste : rendre le groupe exogame, de le soustraire à l’enfermement biologique et c’est ce qui fait que pour lui la prohibition de l’inceste n’a rien à avoir avec la sexualité et repose sur la nécessité de faire des alliances matrimoniales (contrairement à la théorie de la sexualité de Freud). On peut ainsi expliquer que certaines populations tolèrent certaines conduites incestueuses. Ce n’est pas la relation sexuelle qui prime mais la règle d’alliance, dès lors que l’inceste ne perturbe pas la règle de l’alliance, il peut être toléré. Les règles d’alliance : ceux par quoi la société existe. D’autant qu’un groupe qui cède une femme se retrouve dans un déséquilibre démographique qui peut affecter l’existence même, l’équilibre ne pourra être rétabli dès lors que le groupe aura reçu une femme en retard, une reproductrice. Donc l’interdit de l’inceste chez Strauss est de permettre d‘instaurer des règles d’alliances, des liens sociaux.

IV. Influence de la linguistique de la parenté de Lévi-Strauss

C’est une influence méthodologique. LEVI-STRAUSS n’envisage pas de faire une étude linguistique des échanges verbaux concernant la parenté mais dit que la parenté est comme un langage. Selon lui, les règles de la parenté sont comme un langage. Ce qu’il cherche à travers la linguistique structurale, notamment chez Saussure, c’est un modèle d’analyse. Il transfère les méthodes de la linguistique structurale vers l’anthropologie de la parenté. Ce qui s’échange, ce sont des symboles. On va s’intéresser à quelques éléments de la linguistique structurale :

– principe de l’immanence : l’ici et le maintenant, on ne recours pas à une analyse historique, ni aux motivations psychologiques des locuteurs, on ne se focalise que sur la langue, ce qui compte c’est la dimension synchronique (et non diachronique). La langue doit être considérée comme un ensemble clos, on ne s’intéresse pas aux influences extérieures. On s’intéresse aux unités substituables -> se focaliser sur les multiples combinaisons qui donne à une langue sa structure propre. Toute modification d’un élément à des répercussions sur l’ensemble de la structure. Comment il transpose ses principes méthodologiques sur l’étude de la parenté :

tout objet (groupe social) doit être regardé comme un système clos (pour en dégager sa logique propre),

primauté du tout par rapport aux parties (les éléments d’un ensemble n’ont pas de significations lorsqu’ils sont pris isolément, ils doivent être envisagés dans leur rapport réciproque),

– la modification d’un élément entraine la modification de l’ensemble de la structure. Si on change une seule règle d’alliance ça va nécessairement avoir des répercussions sur l’ensemble des règles de la parenté.

Cette méthode est opératoire pour étudier les sociétés figées et closes comme le sont les sociétés primitives amazoniennes et c’est une démarche qui montre ses limites dès lors que l’on s’intéresse à des sociétés complexes (des sociétés en perpétuelle mouvement, évolution). C’est ce qui explique en partie que l’anthropologie structurale s’est marginalisée à mesure que les sociétés primitives formée se sont progressivement éteintes.