Machiavel, sa vie, ses idées

MACHIAVEL (1469-1527)

Au XVIe siècle, l’absolutisme est encouragé par tous : catholiques, protestants et un homme qui prend volontairement des distances avec la religion et la morale, Machiavel. Il conçoit un Etat purement laïque sans fondements religieux ou moraux.

Machiavel a développé sa théorie dans le but de faire l’unité italienne qui serait le seul moyen de se défendre contre les armées française et germanique qui se font sans cesse la guerre sur le territoire italien. Machiavel est le premier fondateur de la théorie de l’Etat et donc la science politique.

  • A) La personnalité de Machiavel

Machiavel est un être à part, il n’est pas comme les autres. Ce n’est pas un intellectuel et qui vit dans l’étude. C’est un bon bourgeois qui a exercé des fonctions administratives et diplomatiques. Il voue sa vie à être un fonctionnaire de haut niveau. Le hasard a fait qu’il a été exilé et donc obligé de vivre retranché dans sa maison de campagne. Il s’est donc mis à écrire. Il a écrit pro plaire au prince en entrer en grâce. Il donne une recette du Pouvoir.

Il souhaitait faire l’unité italienne afin de permettre au prince d’avoir les armes nécessaires pour faire l’unité italienne. Il est donc caractérisé par son patriotisme.

L’opportunisme

Il fait partie d’une bourgeoisie. Il a grandis à Toscane, à Florence, à une époque ou l’Etat de Toscane est dominé par la famille des Médicis. C’était une famille très riche. Les Médicis s’étaient emparé du pouvoir et se le transmettait de père en fils. Le Pouvoir de Toscane s’est transformé en un pouvoir princier grâce auquel le prince exerce une dictature.

Il existe quatre pivots en Italie qui ne cessent de se déchirer. Les princes payent des mercenaires et se battant tant que leur rémunération leur suffit. Ils changent régulièrement de camps en fonction de la rémunération. Le but était de faire fonctionner les guerres en Italie. A la fin du XVe siècle, l’Italie est en proie à des guerres internes.

En 1495, un soulèvement populaire a lieu à Florence et les Médicis sont chassés. On veut apporter de la morale à Florence et c’est un moine qui prend le pouvoir, Savonarole. Il va instaurer une démocratie en droit mais une démocratie dictatoriale dans les faits, mais aussi théocratique et puritaine. Il y a effectivement de la morale mais trop. La démocratie est fondée sur des principes religieux trop stricts. En 1498, Savonarole est tué et la République traditionnelle est rétablie mais pas avec un Médicis. C’est Soderini qui devient chef du gouvernement.

C’est à ce moment que Machiavel entre dans cette administration florentine. Il commence comme agent administratif. Il a voyagé pour le compte de l’administration et a été mis en contact avec des princes. Il a connu la France de Louis XVII, l’Allemagne de Maximilien mais surtout Borgia qui est le fils naturel du pape. Homme très riche, Borgia envisage de créer un Etat italien. A partir de la, Machiavel a l’idée d’unir l’Italie. Malheureusement, le pape est mort trop tôt et l’œuvre de Borgia s’est interrompu et n’a pas pu se rendre maitre de la Toscane.

A 43 ans, la vie de Machiavel est renversée par le fait que les Médicis reprennent le pouvoir en 1515 avec Laurent de Médicis II. Ce dernier est le père de Catherine de Médicis. Les Médicis vont purger l’administration de tous les éléments républicains. Machiavel est donc chassé de son emploi. Il est exigé dans sa campagne et se donne à l’écriture. Il a notamment écrit entre 1512 et 1519 un livre d’historien sur Tite-Live appelé Les Discours sur la première décade de Tite-Live. L’œuvre Le Prince est commencé en 1513 et achevé en 1514.

Dans le Prince, Machiavel pose la science politique. On dit qu’il est l’inventer de la science politique. Cette œuvre est dédiée à Laurent II de Médicis car il veut entrer en grâce et reprendre du service. C’est en cela qu’il est un opportuniste. Il pense reconnaitre en Laurent II le principe dont il dresse le portrait dans son œuvre, c’est-à-dire celui qui pourra faire l’unité italienne.

Finalement, en 1521, il obtient satisfaction mais son retour en grâce est court car il meurt peu de temps après.

Une vision politique dégagée de la morale

Il n’a pas peur d’être amoral. La lecture de Le Prince est étonnante car Dieu n’est pas présent. Cela est inédit. Son ouvrage est consacré non pas à la finalité du Pouvoir mais à la technique du Pouvoir. La question qu’il se pose : comment acquérir le Pouvoir ? Comment maintenir le Pouvoir ? Pourquoi on perd le Pouvoir ?

Le but de l’ouvrage est donc pragmatique : donner à Laurent II des règles pratiques pour maintenir et affirmer soin pouvoir à Florence. Il fait donc abstraction de ses préférences personnelles. Cependant, dans son œuvre de Discours, il prend partie pour la République. Il est pour la République mais pour l’unité italienne il recommande un Pouvoir absolu.

Il trouve une solution technique et pratique. Il n’y a pas d’esprit de synthèse. De ce fait, son ouvre ne contient aucun détail d’ordre thétique. Tout est très concret.

Un patrio tisme sincère

Son patriotisme éclate dans le dernier chapitre de son œuvre. A l’époque, l’Italie est déchirée par des querelles internes mais aussi par des guerres entre des Etats externes. Machiavel veut libérer les Etats italiens de cette domination extérieure. Il veut établir la paix entre les Etats italiens.

Pour cela, il recommande l’unité italienne. Il est animé par cet objectif. D’ailleurs, pour lui un obstacle est le pape : que faire de lui ? S’il passe sous silence la religion, ce n’est pas un hasard car il veut faire comprendre que la religion doit être subordonnée et que donc le pape doit être traité comme un chef d’Etat.

Le seul moyen de réussir l’unité est que l’unificateur soit un dictateur. Il espère le trouver dans la famille des Médicis, plus particulièrement Laurent II auquel il dédicace son livre.

  • B) Les recettes du Pouvoir selon Machiavel

Le livre contient de recettes afin d’accéder au Pouvoir, acquérir une principauté et conserver le Pouvoir.

  1. Le postulat à acquérir une principauté

Au préalable, Machiavel fait des distinctions avec comme objectif de savoir quel est le type de principauté le plus simple à acquérir et conserver.

Il fait une première distinction entre les principautés héréditaires et celles qui ne le sont pas, les nouvelles.

Pour les principautés, héréditaires, la tache du prince est simple. Il suffit de ne pas dépasser les bornes posées par les prédécesseurs.

Concernant les principautés nouvelles, Machiavel ne se pose pas la question de la légitimité du Pouvoir. Son problème est l’accession et la conversation. Parmi les principautés nouvelles, il faut distinguer celles entièrement nouvelles et celles ajoutées à un Etat héréditaire. Dans le second cas, il suffit de suivre les règle que le roi a suivit antérieurement. Concernant les principautés nouvelles, il fait une nouvelle distinction en fonction du mode de gouvernement des aciers dirigeants. Lorsque la principauté nouvelle était despotique, Machiavel estime qu’elle est difficile à conquérir car tous les sujets sont esclaves du despote. Ils sont accoutumés à l’obéissance et se servent autour du prince. Concernant les principautés aristocratiques, l’acquisition est bien plus facile car il y a toujours de grands mécontents près à comploter contre le prince est faciliter la victoire d’un ennemi. Concentrant la principauté républicaine, elle vit sous les lois et c’est le type de régime qui applique la liberté républicaine. Machiavel exclut l’idée de république car pour lui le prince doit exercer l’absolutisme. C’est la meilleure forme de gouvernement pour li mais comme il veut l’unité italienne il exclut la république qui ne peut pas aboutit à l’unité italienne.

En résumé, pour faire l’unité italienne, le prince devra acquérir une principauté nouvelle non héréditaire et gouvernée sous un mode aristocratique.

  1. Les ingrédients nécessaires au prince

Il faut savoir utiliser la force, s’adapter à une notion antique fortuna en vertu de la virtu, recourir à la raison d’Etat et être indifférent au bien et au mal c’est-à-dire mettre la religion de côté. Machiavel met de côté la morale chrétienne et inventer la science politique comme simple technique du Pouvoir sans considérations morales.

  • Savoir utiliser la force

Il faut acquérir la principauté par ses propres forces. La première des forces caractérisant le principe est la virtu, une sorte de force intérieure. Le principe doit avoir les qualités requises pour espérer acquérir une principauté. La virtu est une notion antique, un ensemble de qualités caractérisant le chef. C’est la force physique, morale, l’énergie, le talent, la résolution. Ce sont toutes ces qualités qui caractérisent un chef. Il faut au préalable pour acquérir une principauté être un chef et donc être animé de virtu.

Il faut donc disposer d’une armée. Machiavel innove car il rejette toute idée de condottiere c’est-à-dire ceux qui sont au service du prime et n’hésite pas à les trahir. Le principe doit créer une armée nationale composée de sujets. Cette idée hantait Machiavel.

Pour avoir une bonne armée, il faut avoir les moyens et donc ne pas hésiter à recourir à l’impôt. A l’époque, les princes avaient l’habitude de demander le consentement des sujets avant de prélever un nouvel impôt. Pour Machiavel, un Etat qu’on acquiert doit être un Etat qui s’enrichie. D’ailleurs, derrière tout ça, l’idée est de faire un Etat national et donc il y a des sacrifices à faire. Il fallait que les sujets s’appauvrissent afin d’enrichir l’Etat.

Quand on n’a pas de moyens personnels, on peut avoir recours à la fortuite d’autrui.

Le prince pet faire recoure à la violence et aux cruautés. Il faut que le prince sache se servir de cruautés bien pratiquées. Il faut éviter les cruautés mal pratiquées comme les anciennes. Les cruautés bien pratiquées sont celles commises en début de règne, au début de l’acquisition de la principauté dans le but d’assoir le Pouvoir. Machiavel conseille au prince d’utiliser la persuasion qui selon lui est le meilleur moyen.

  • Savoir s’adopter à la fortuna

Le prince doit pouvoir tirer profit de la fortuna qu’elle soit bonne ou mauvaise. Il doit s’avoir s’adapter à la nécessité. L’Homme doit s’adapter à la situation, à ce qu’il voit et il sent mais il ne peut faire cela que grâce à la virtu. C’est donc un sens moral.

  • Savoir recourir à la raison d’Etat

Pour définir la raison d’Etat, il y a plusieurs idées.

La première est qu’il y a dérogation au droit commun. Cette dérogation est légitime grâce aux buts assignés, l’intérêt de l’Etat.

La deuxième idée est celle de rationalité, de raison. La raison d’Etat est rationnelle. Le prince est doté d’une intelligence supérieure qui fait que la raison d’Etat est rationnelle.

La troisième idée est celle de secret. La raison d’Etat est secrète. Au moment où la raison d’Etat est utilisée par le prince, elle est secrète. L’idée d’efficacité est forcément liée à la dissimulation. La raison d’Etat est connu des sujets ne fois l’action accompli.

La quatrième idée est la force.

La raison d’Etat a besoin de ces quatre clés. La raison d’Etat justifie l’emploi de n’importe quel moyen car ce qui compte est le résultat, bâtir un Etat italien pour Machiavel.

  • Savoir être indifférent au bien et au mal

Le prince doit pouvoir se comporter comme une bête, un animal. Il faut qu’il soit à la fois un renard et un lion.

Il doit être renard pour déjouer les pièges qu’on lui tend, pour avoir recours à l’hypocrisie, pour savoir manier l’opinion publique. Apparait donc ici l’idée de propagande. Il doit donc avoir recours à des ruses sans difficultés. Machiavel insiste sur le fat qu’au plan individuel cela est détestable. Il ne se pose pas à ce niveau là. Au besoin, le prince doit accepter d’être détesté et craint. Pour Machiavel, vaut mieux que le prince soit craint qu’aimé. S’il est aimé, cela dépend des sujets et donc on est dans un lien de dépendance. Si le prince est craint, cela dépend du prince et le sentiment de crainte restera chez les sujets.

Il doit être lion pour dissimuler la ruse. Cela lui permet d’apparaitre comme bon. On a encore ici l’idée de propagande. Se pose alors pour Machiavel le problème de la religion et la question de savoir si le prince doit être croyant. Pour Machiavel, le prince peut être croyant mais il doit pouvoir être capable d’agir contre la morale et donc la religion, être indifférent au bien et au mal. Il doit savoir s’affranchir des limites morales. Le mieux serait donc que le prince ne soit pas croyant mais cela est difficile pour l’époque.

Pour conclure, Machiavel est le premier à évoquer la notion d’Etat. Cette notion va se substituer peu à peu à la notion de res publica. Jusqu’au XVIe siècle, on parlait de res publica. Ainsi, la notion moderne de république va émerger petit à petit comme forme de gouvernement.