Le libéralisme, sa naissance, son idéologie

LIBÉRALISME À L’AUBE DU XXIe SIÈCLE

Le libéralisme et le socialisme : C’est le couple à l’avènement de notre monde moderne. C’est un couple mais en réalité ce sont des frères ennemis. Le socialisme se constitue comme une réponse quasi immédiate au libéralisme en 1830. Le socialisme est donc le petit frère du libéralisme. Ils ont en commun des idées philosophiques tout de même car ils ont un noyau central. Ils partagent les droits de l’Homme, l’individualisme, une image de l’Homme,… Mais ils s’affrontent avec des hauts et des bas. C’est un couple qui permet de toucher à beaucoup de questions.

P1- L’ascension du libéralisme

Le libéralisme est aussi une question politique et pas seulement économique. Cela commence à la Révolution, car le libéralisme nait de la fin de la Révolution. Il faut coupler l’histoire des idées avec les variations de l’histoire politique. Le libéralisme peut être présenté par périodes pour montrer comment il s’intègre.

La philosophie politique libérale au XIXe siècle existe déjà. C’est un triple héritage.

Il y a d’abord celle des anglais qui sont les premiers à être confrontés à une véritable révolution. Il s’agit de John Locke, théoricien de la Glorieuse Révolution en 1648. Il ne faut pas oublier Hobbes qui est individualiste et positiviste sur le plan juridique et politique.

Le deuxième héritage est celui des Lumières du XVIIIe siècle qui est un mouvement complexe à distinguer selon les pays. Notamment, les Lumières écossaises avec David Hume, Adam Smith, Ferguson,… sont très célèbres et vont avoir une grande importance sur la pensée économique libérale et l’utilitarisme.

Le troisième héritage concerne les révolutions du XVIIIe siècle. Les révolutions américaine et française sont sous la question des droits de l’Homme qui est un thématique qui va marquer le XIXe siècle par un échec. C’est quelque chose de fort qu’on ne peut pas recréer à chaque fois.

Il faut aussi souligner l’héritage immédiat de l’échec de la Révolution française.

P2- La constitution de l’idéologie libérale au XIXe siècle

Le libéralisme politique ne reprend pas les idées des XVIe et XVIIe siècle et donc on est dans un monde nouveau. La Révolution marque une rupture avec l’idéalisme du XVIIIe siècle. On a notamment une rupture avec le rationalisme. Les premiers libéraux rompent avec cela.

Un autre événement doit être prit en compte, l’époque du romantisme qui est marqué par la reconstruction du christianisme après la Révolution. La grande figure est Châteaubriand avec Le Génie du christianisme.

Un autre élément marquant apparaît, le souci pragmatique d’organisation politique, administrative, au moment où le libéralisme triomphe politiquement donc en 1830.

Cette origine du libéralisme est marqué profondément par la pensée française pour une raison simple : la France n’a pas encore résolu le problème de son rapport à la Révolution et donc son régime politique n’est pas stable. Les français ont des difficultés encore à penser le nouveau régime politique qu’ils veulent. Un bon exemple est Histoire de la révolution française – 1775/1875 de François Furet.

La première période est la conquête du pouvoir et de la société. C’est un libéralisme de lutte et de conflits et donc il s’agit de personnes en lutte contre la Restauration et qui vont même jusqu’à utiliser la violence. Cela donne une coloration doctrinale et intellectuelle au libéralisme. C’est un libéralisme très hostile au pouvoir et qui donc le critique. On a ensuite un libéralisme soucieux des droits et donc de résistance. On retrouve ici Benjamin Constant.

La deuxième période est la constitution et l’organisation du pouvoir en 1830. C’est la monarchie du Juillet et les libéraux sont au pouvoir. Le libéralisme se colore alors différemment car il est plus soucieux de la réalisation pratique. Etant au pouvoir, il découvre les problèmes de la pratique du pouvoir. Les libéraux ont les moyens de la réalisation pratique et vont donc faire des choses. Ils vont développer les libertés mais pas tous car ils deviennent conservateurs et se méfient d’une trop grande liberté. On souhaite donner des libertés aux élites mais pas au peuple. On retrouve donc la liberté d’enseignement notamment. C’est l‘époque aussi où les libéraux se mettent à réfléchir sur l’organisation du pouvoir politiquer et de la société. On a donc un développement de la réflexion sur le régime constitutionnel. On a donc des personnes qui théorisent comme Tiers, qui était un journaliste (« le roi règne mais ne gouverne pas »). Mais le premier de tous est Benjamin Constant avec un cours de politique constitutionnelle en 1818.

La question de la réflexion sur le poids de l’administration dans la société est un échec pour les libéraux. Ils souhaitent une administration moins autoritaire mais une fois au pouvoir ils ne le feront pas car ils trouveront cela commode. Ils vont à peine décentraliser les autorités locales.

C’est l’époque aussi où le libéralisme se lie avec la révolution industrielle et donc on retrouve le libéralisme économique. Un des plus grands économistes est alors Bastiat qui va jusqu’à souhaiter la disparition de l’Etat.

La troisième période est liée à la conservation du pouvoir. Les libéraux vont se sentir en danger face à la montée du socialisme qui tente de bouleverser les rapports entre les Hommes, notamment les rapports du travail. On a donc une crispation libérale qui a surtout lieu en matière économique. Il y a un débat central en septembre 1848 sur le thème du droit au travail lancé par les socialistes et les libéraux montent au créneau immédiatement. Tocqueville réplique et dresse l’opposition entre le socialisme et le libéralisme dans ce domaine.

P3- Les variations du libéralisme au XXe siècle

A- Une double crise au début du XXe siècle

Il y a une crise politique car la révolution de 1917 va détruire le prestige de l’unique Révolution de 1789. Lénine met donc en place une révolution qui met fin au mythe de la Révolution française. Les libéraux sont en crise et en 1929 il connaît une crise économique importante. Les défenseurs du libéralisme au sens strict vont être réduit à un petit groupe appelé les néolibéraux dans les années 1930 et tentent de sauvegarder leur œuvre. Cette crise se termine avec le retournement de situation dans les années 1980. Une addition de causes marque un retour vers le libéralisme.

Le premier élément qui fait bouger les choses est la réflexion sur le totalitarisme. Ce ne sont pas des libéraux mais la réflexion alimente la réhabilitation des grandes libertés : Anna Arindt, Claude Lefort, Castoriadis. Il y a tout de même une réflexion purement libérale qui profite de cette réflexion pour reprendre de l’avant. Notamment, Armond réintroduit Tocqueville dans ses cours de sociologie au collège de France.

Le deuxième élément est l’échec du modèle de la révolution de 1917. Ce modèle est tombé seul en 1989.

Le troisième élément est la crise de l’Etat providence qui avait rassemblée beaucoup des gens. Ce modèle s’épuise car les choses ont changé et donc cela était devenu inadapté.

Tout cela ensemble fait que le modèle qui triomphe en 1945 bouge en 1989 et alors on a une flambée du néolibéralisme. Par exemple, à la mort de Armont en 1983, il devient l’homme juste qui a bien vu et qui n’a pas été complice du totalitarisme. Dans les années 1980, cela se traduit aux Etats Unis avec l’arrivée au pouvoir de Reagan qui s’est entouré de néolibéraux. On retrouve notamment Robert Hozick qui plaide une quasi disparition de l’Etat.

B- Un triomphe total à la fin du XXe siècle

En Europe et aux Etats Unis, les idées libérales au sens large n’ont pratiquement plus aucun concurrent sérieux, que ce soit en économie ou en politique. Le libéralisme devient l’unique pensée. C’est le thème célèbre du livre de l’américain Francis Fukuyama qui prend le thème de la fin de l’Histoire. Il ne voulait pas dire que le libéralisme triomphe partout mais que nous n’avons pas d’autre horizon idéologique pensable pour les Hommes. On peut constater que le triomphe du libéralisme est total et universel : droit de l’Homme, individualisme, démocratie représentative, propriété, liberté économique, Etat de Droit. Il y a donc une dynamique du libéralisme et on voit qu’il a gagné sur le totalitarisme. Il reste peu de régies totalitaires, notamment celui de Cuba est entrain de disparaître même si la Corée du Nord demeure.

Le libéralisme a gagné aussi contre le socialisme et l’idéal révolutionnaire. Cela ne veut pas dire que le socialisme a disparu ou va disparaitre car le socialisme dispose en commun d’un noyau d’idées communes avec le libéralisme. La démocratie sociale a avoué qu’elle partage des idées avec le libéralisme, notamment les principales libertés ou l’alternance au pouvoir. Le plus grand échec dans l’immédiat est peut être l’idéal révolutionnaire que le socialisme a longtemps porté mais il a fini par le dissoudre en un simple réformisme. Le libéralisme n’a pas le sens de l’Histoire et donc il accepte le suffrage universel et l’alternance, ce qui fait qu’il ne peut pas prédire son triomphe définitif.

Le dernier élément du triomphe du libéralisme est le refus d’une idéologique d’une classification rationnelle de la société. C’est l’idée que la liberté est meilleure pour organiser la société que le rationalisme. L’Etat central n’est pas le meilleur organisateur de la vie en société car la société est plus riche dans le règne de la liberté.