Personne morale et personne physique en droit pénal

LES PERSONNES POURSUIVIES : 

 

PERSONNES MORALES OU PHYSIQUES

 

 Depuis l’entrée en vigueur en 1994 du nouveau Code pénal, deux catégories d’agent pénal peuvent être aujourd’hui poursuivies : les personnes physiques (I) mais aussi les personnes morales (II).

 

I ) LA PERSONNE PHYSIQUE

 La personne physique peut être l’auteur matériel de l’infraction(section 1), le coauteur (section 2), ou le complice (section III).

 

Section I :: L’auteur

 L’article 121-4 Code pénal dispose : « Est auteur de l’infraction la personne qui commet les faits incriminés ». L’auteur est donc celui qui a matériellement accompli les faits incriminés.

 Comme  le  dit  l’article  121-1  Code  pénal:  « Nul  n’est  responsable  que  de  son  propre  fait ».  La responsabilité pénale collective n’est pas concevable.

 

 

Section II : Le coauteur

 Le coauteur est d’abord un auteur et est puni en tant que tel.

 Mais la pluralité d’auteurs est parfois un élément constitutif de l’infraction. Certaines infractions supposent en effet un groupement : par ex. les groupements en vue de préparer des crimes contre l’humanité (article 212-3 C.  pén.), les attentats contre les institutions ou l’intégrité nationale (article 412-2

  1. C.pén.).

 Elle est parfois purement fortuite : plusieurs personnes commettent ensemble une infraction qui aurait pu  l’être  seul.  Chacun  est  auteur  s’il  remplit,  par  son  activité  personnelle,  les  conditions  de l’infraction.

 Parfois, la jurisprudence traite certains complices comme des auteurs à part entière. Ainsi, pour retenir la circonstance aggravante de réunion (vol commis à deux ou plusieurs selon l’ancien Code pénal), la Chambre criminelle considère que celui qui fait le guet est un coauteur. De même, pour retenir la qualification de parricide, la jurisprudence a retenu la qualification de coauteur à l’égard de celui qui n’était en réalité que complice.

 Le coauteur est un auteur à part entière. Sa responsabilité pénale est personnelle et ne dépend pas de celles des autres coauteurs. Il peut être poursuivi seul.

 

Section III : Le complice

Pour être complice, il faut la réunion de trois éléments :

     Un fait principal punissable  : ainsi la complicité de suicide n’est pas punissable car  le suicide n’est pas une infraction. C’est la raison pour laquelle le législateur a parfois créé de nouvelles infractions (ex. : délit de provocation au suicide, article 223-4 C.  pén.) Il n’est pas, en revanche, nécessaire que l’auteur du fait punissable ait été effectivement puni. Il suffit que le fait commis soit punissable.

 

     Un acte matériel de complicité : l’article 121-7 Code  pénalprévoit deux catégories d’actes de complicité : l’aide ou l’assistance et l’instigation. En effet, celui qui, par don, promesse, menace,  abus  d’autorité  ou  de  pouvoir  aura  provoqué  une  infraction  ou  donné  des instructions pour la commettre est complice de cette infraction. L’investigateur est traité comme  un  complice  et  non  comme  l’auteur  de  l’infraction.  Encore  faut-il  que  la provocation ait été directe et suivie d’effet, faute de quoi, elle ne sera pas punissable.

 

     Une intention de complicité : le complice doit agir en connaissance de cause, c’est-à-dire en connaissance de l’accomplissement par l’auteur du fait principal punissable.

 

Le complice est assimilé par le Code pénal à l’auteur principal du point de vue de la répression. L’article 121-6 Code pénal dispose : « Sera puni comme auteur le complice de l’infraction ». Les peines encourues par l’auteur et le complice sont donc les mêmes. La complicité de crime et de délit est toujours punissable.

 

Il  est  pourtant  parfois  nécessaire  de  distinguer  le  complice  de  l’auteur.  Ainsi,  s’agissant  des contraventions, seule la complicité par instigation est punissable et non la complicité par assistance. De  plus,  la  condamnation  de  la  complicité  suppose  la  constatation  d’une  infraction  principale punissable (il n’y a pas de complicité de suicide). C’est la raison pour laquelle, devant la Cour d’assises, la question de la culpabilité est posée différemement.

  

II : LA PERSONNE MORALE

 Lorsqu’une   personne   physique   commet   une   infraction   dans   l’exercice   de   ses   fonctions   de représentation d’une personne morale, elle peut être poursuivie personnellement. Le problème s’est posé de la responsabilité pénale des personnes morales à côté de celle des personnes physiques.

 

Pendant longtemps a été retenu le principe de l’irresponsabilité des personnes morales. Responsables civilement, les personnes morales ne pouvaient pas l’être pénalement aux motifs principaux que la peine ne peut pas remplir ses fonctions et que la personne morale est dépourvue de volonté propre, l’infraction supposant toujours l’intervention d’une personne physique.

 

Le nouveau Code pénal entré en vigueur le 1er mars 1994 admet la responsabilité pénale des personnes morales. Cependant cette responsabilité n’est pas tout à fait mise en jeu dans les conditions applicables aux personnes physiques. En effet, l’article 121-2 Code pénal précise que « les personnes morales sont responsables pénalement, selon les distinctions des articles 121-4 à 121-7 et dans les cas prévus par la loi et les règlements, des infractions commises pour leur compte, par leurs organes ou représentants. »

 

Seules certaines infractions peuvent donc être commises par une personne morale (section I) dont la loi détermine le régime de responsabilité (section II).

 

Section I : Les infractions visées

 La loi a posé un principe de spécialité. Cela signifie que les personnes morales ne peuvent être poursuivies pénalement que si un texte l’a expressément prévu. Néanmoins, il ressort de l’étude du Code pénal que de nombreux textes prévoient la responsabilité des personnes morales.

 

Sont  ainsi  susceptibles  d’être  commises  par  une  personne  morale,  notamment  les  infractions suivantes  :  les  crimes  contre  l’humanité,  l’homicide,  les  violences  involontaires,  les  atteintes  à l’intégrité  physique,  vol,  escroquerie,  abus  de  confiance,  recel,  destruction,  actes  de  terrorisme, corruption active, fausse monnaie, provocation à la discrimination raciale, etc…

 

Une loi d’adaptation du 16 déc. 1992 a modifié certains textes extérieurs au Code pénal dans le but d’admettre la responsabilité des personnes morales. Tel est le cas des infractions de concurrence, la banqueroute, la contrefaçon, les infractions en matière de recherche biomédicale, les infractions en matière de pollution, etc… Il ne reste que les droits des sociétés commerciales, de la consommation, de  la  presse  ou  de  la  communication  audiovisuelle  qui  restent  étrangement  épargnés  par  la responsabilité des personnes morales. Sur le plan pratique, les mises en cause des personnes morales interviennent le plus souvent en matière d’accident du travail, de travail clandestin, de marchandage et de contrefaçon.

   

Section II : Le régime de responsabilité applicable

 S’agissant des personnes morales dont la responsabilité pénale peut être engagée, la loi fait une distinction entre les personnes de droit public et les personnes de droit privé.

     Parmi  les  personnes  de  droit  public,  la  loi  exclut  l’Etat.  Les  collectivités  territoriales

(régions, départements, communes) ne peuvent être poursuivies pénalement que pour les infractions commises dans l’exercice d’activités susceptibles de faire l’objet de conventions de délégation de service public

 

     Quant aux personnes de droit privé, elles sont susceptibles d’être pénalement poursuivies si leur siège social est situé en France. Entrent notamment dans le champ d’application de la loi  :  les  associations,  les  sociétés  civiles  ou  commerciales,  les  groupements  d’intérêt économique, etc…

 

La responsabilité pénale de la personne suppose la réunion de deux conditions :

 

     L’infraction doit être commise pour le compte de la personne morale. Cela signifie que les infractions accomplis pour le compte du dirigeant ou d’une autre personne n’engage pas la responsabilité de la personne morale  ;

 

     L’infraction doit être commise par les organes ou par les représentants de la personne morale. Ne sont pas inclus les salariés ou les préposés. La responsabilité pénale de la personne morale ne semble pas pouvoir être engagée par l’action d’un simple dirigeant de fait.

 

Concernant la poursuite de la personne morale, elle est «prise en la personne de son représentant légal à l’époque des poursuites  ».

 

La  responsabilité  pénale  de  la  personne  morale  ne  fait  pas  obstacle  à  la  mise  en  cause  de  la responsabilité de personnes physiques. Comme l’enseigne l’article 121-2 al. 3 Code pénal., « la responsabilité pénale des personnes morales n’exclut pas celle des personnes physiques, auteurs ou complices des mêmes faits ».

 

 

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