Qu’est ce que la consommation? définition, structure, lois d’Engel

La notion de consommation

L’INSEE définit la consommation de la manière suivante : La consommation finale représente la valeur des biens et services utilisés pour la satisfaction directe des besoins humains que ceux-ci soient individuels (consommation finale des ménages) ou collectifs (consommation finale des services non marchands par les administrations publiques et privées).

La consommation est , avec la production et l’investissement , un concept économique fondamental . Est-il besoin d’en apporter une multitude de preuves alors que la littérature économique et sociologique ne cesse d’employer le terme désormais consacré de « société de consommation » ? .

Ce chapitre dont l’objectif est l’étude de la consommation comprend deux parties. La première fournit les principaux points de repère sur la notion de consommation . La deuxième est consacrée à la fonction de consommation et permet de se familiariser avec les différentes théories faisant apparaître les relations de dépendance entre la consommation finale des ménages et certaines variables explicatives .

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1 ) La définition de la consommation :

La consommation d’un bien est la quantité de ce bien qui par usure ou destruction permet de satisfaire directement les besoins des agents économiques intéressés sans concourir à l’accroissement de la production .

La consommation dont il est question ici ne vise que la consommation finale de biens et de services et n’a rien à voir avec la consommation intermédiaire .

La consommation finale au niveau d’un pays regroupe la consommation des ménages , des administrations publiques et des administrations privées .

La ventilation de la consommation pour 2005 selon les secteurs institutionnels est fournie par le tableau 1 .

Tableau 1 : Ventilation de la consommation finale par secteur institutionnel en 2005 ( en pourcentage ) .

Ménages

76,84 %

Administrations publiques

21,32 %

Administrations privées

1,83 %

Total

100 %

2 ) L’importance de la consommation des ménages en France

La consommation finale des ménages est composée de l’ensemble des biens ( à l’exception des logements ) et services marchands utilisés par les ménages pour la satisfaction de leurs besoins individuels accrue des services domestiques (non marchands) qu’ils produisent pour eux-mêmes en tant qu’employeurs de personnel domestique salarié et augmentée des paiements partiels aux administrations publiques et privées pour les services non marchands qu’elles leur fournissent .

La consommation finale des ménages qui vient d’être présentée n’est pas capable d’appréhender toute la réalité de la consommation . La notion de « consommation élargie » permet d’obtenir une vision plus complète . Pour l’évaluer , il faut ajouter à la consommation finale des ménages une évaluation des services produits par les administrations publiques et privées ( éventuellement les entreprises ) dont bénéficient directement et gratuitement les ménages .

La consommation élargie de la population est donc égale à la somme de la consommation finale des ménages résidents et de la consommation finale non marchande des administrations publiques et privées , culturels et sportifs .

3 ) Les structures de la consommation :

Nous décomposerons la consommation des ménages par fonction .

Le rapport annuel des comptes de la Nation présente une ventilation de la consommation des ménages distinguant plusieurs postes de consommation.

Avant de passer à l’analyse des tableaux , il convient auparavant d’expliciter directement la notion de coefficients budgétaires , celle-ci se définit comme suit:

Coefficient budgétaire = Dépenses relatives à un poste de consommation / Total des dépenses .

Cette classification est fondée sur la nature des besoins ou types de besoins à satisfaire : se nourrir , s’habiller , se soigner , etc. Elle regroupe des produits complémentaires ( se soigner implique des services de médecine et des produits pharmaceutiques ) et substituables ( voyager peut se faire par train et par avion).

Tableau 2 : L’évolution des différents postes de consommation en France depuis 1960 jusqu’à 2005 ( coefficients budgétaires en % ) .

POSTES DE DEPENSES

1960

1970

1980

1990

2005

Produits alimentaires, boissons et tabacs

33, 3

26, 0

21, 4

19, 3

17,00

Articles d’habillement et chaussures

11, 0

9, 6

7, 3

6, 5

4,90

Logement, chauffage et éclairage

10, 4

15, 3

17, 5

19, 0

24,70

Meubles, matériel ménager, articles de ménage et d’entretien.

11, 0

10, 2

9, 6

8, 0

5,80

Services médicaux et de santé

5, 0

7, 1

7, 7

9, 5

3,5

Transports et communication

11, 6

13, 4

16, 6

17, 0

17,70

Loisirs, Spectacles, enseignement et culture

6, 0

6, 9

7, 3

7,6

10,00

Autres biens et services

11, 7

11, 5

12, 6

13 ,1

16,4

TOTAL

100 %

100 %

100 %

100 %

100 %

Le tableau 2 mérite un certain nombre de commentaires , le premier a pour cadre l’évolution de la consommation en fonction des principaux postes sur une longue période , ainsi , on peut constater:

– Il existe des postes qui voient leur part relative diminuer et d’autres postes qui voient leur part relative augmenter entre 1960 et 2005.

– Parmi les postes qui voient leur part diminuer, le poste « alimentation » est celui qui voit sa part diminuer le plus, suivi en cela par le poste « article d’habillement » et enfin le poste « meubles, matériel ménager « .

– Parmi les postes qui augmentent le plus, on peut classer les dépenses liées au logement, celui lié au poste « services médicaux et de santé » , le poste « transports et communication » et enfin le poste « loisirs et spectacles » .

On peut avancer diverses explications concernant cette évolution, concernant le poste « alimentation » , elle se réfère ici directement à la première loi d’ENGEL (nous y reviendrons dans le paragraphe suivant ) . Cette loi implique que l’augmentation du revenu s’accompagne d’une baisse relative des dépenses consacrée à l’alimentation qui correspond avant tout à la satisfaction d’un besoin primaire. On peut avancer le même type d’explication concernant le poste « habillement » qui correspond également à un besoin primaire qui finit par être satisfait lorsque le revenu augmente . A un degré moindre, l’explication concernant le poste « meubles et matériels ménagers » peut trouver sa source dans ce genre d’argument, bien qu’une autre explication peut être également avancé , celle de la baisse sur le long terme du prix relatif de ces produits liée en fait au développement de la consommation de masse et l’existence d’économie d’échelle.

Si l’on s’intéresse à présent à l’évolution des postes qui connaissent une croissance continue de leur part relative, il nous faut nous arrêter un instant sur le poste « logement », selon ENGEL, ce poste connaît une croissance parallèle à celle du revenu du consommateur. Or il apparaît ici clairement que cela n’est pas le cas. L’explication que l’on peut avancer est la suivante, à l’époque où ENGEL développe sa théorie (à la fin du XIXème siècle) , les dépenses pour le logement sont très faible ( les habitants vivent le plus souvent dans des conditions de vétusté très importante ) . Concernant l’évolution de la France depuis 1960 , l’explication que l’on peut avancer , réside ici dans le fait que de très nombreux habitants sont devenues propriétaires de leurs logement entraînant par la même occasion , une augmentation conséquente des dépenses .

Une autre explication peut également être avancé ayant trait directement à la hausse des loyers.

Si l’on prend en considération, les dépenses de santé et les dépenses relatives aux transports et à la communication, il apparaît ici qu’elles se référent directement à la troisième loi énoncé par ENGEL, celui-ci stipule que les dépenses des autres postes croissent plus vite que le Revenu, entraînant ainsi une augmentation de leur part relative. Ainsi, concernant les dépenses de communication et de transports, elles sont liés pour la plupart à l’existence d’une forte urbanisation et au fait qu’il existe maintenant des familles très éloignées géographiquement. Concernant les dépenses de santé, elles témoignent si besoin en était d’une évolution de la société vers une société de type quaternaire

4) Les propensions à consommer et les lois d’ENGEL

Si l’on rapproche l’évolution des différentes consommations de celle du Revenu National, on peut en tirer deux catégories d’informations concernant les propensions à consommer et les lois d’ENGEL .

A ) Les propensions à consommer :

Définition

On appelle propension moyenne à consommer le rapport de la consommation totale au revenu national :

PMC = C / Y.

De la même manière que si l’on raisonne à partir des accroissements des deux agrégats, on peut introduire la notion de propension marginale à consommer , c, où l’on a C = accroissement de la consommation ,

Y = accroissement du revenu national,

c = propension marginale = C / Y.

On peut noter qu’il existe autant de propensions moyennes et marginales à consommer qu’il existe de façons d’appréhender la consommation et le revenu. Il est possible de calculer la propension à consommer par rapport au revenu national ou au revenu national disponible. Pour le numérateur, on peut retenir les différentes notions de consommation et prendre par exemple : la consommation privée, la consommation publique, la consommation de biens durables , la consommation de biens non durables , etc.

Il faut être donc toujours très prudent quand on analyse une propension et voir les réalités que recouvrent ces rapports.

A titre indicatif, si l’on examine les chiffres de la consommation en France entre 1965 et 2004, on constate que la propension moyenne à consommer par rapport au revenu disponible présente une bonne stabilité autour d’une valeur moyenne de 0,85. Par contre, si l’on examine , la propension marginale à consommer , on remarque qu’elle est beaucoup plus irrégulière , ce qui signifie que le comportement de consommation n’est pas stable en courte période .

On constate également que les propensions calculées par rapport au revenu primaire sont différentes et économiquement moins significatives, car c’est le revenu disponible pour la consommation et la constitution de l’épargne qu’il faut prendre en considération .

B ) Les lois d’ENGEL :

Si on rapproche l’évolution des différentes consommations de l’évolution du revenu national, on s’aperçoit que certaines consommations augmentent plus rapidement que le revenu national, certaines moins , et d’autres au même rythme. Ce sont ces constatations qui furent à l’origine des lois d’ENGEL, du nom d’un économiste allemand qui s’est particulièrement intéressé à ce problème. Elles ont pour objet de classer les différents biens de consommation selon leur coefficient d’élasticité par rapport au revenu.

Définition

On appelle coefficient d’élasticité le rapport des variations relatives d’une variable y aux variations relatives d’une variable x.

La signification de l’élasticité est de nous indiquer, en pourcentage, de combien varie la consommation quand le revenu varie de 1 % .

Par rapport à ces élasticités, on peut dégager trois types de biens que l’on va définir avec précision.

Définition

On appelle biens inférieurs, les biens de consommation dont l’élasticité par rapport au revenu est inférieur à 1, c’est à dire lorsque le revenu augmente de 1 % , la demande de ces biens augmentent de moins de 1 % . Selon ENGEL, on classe dans cette catégorie, les biens alimentaires essentiellement .

On appelle biens supérieurs ou biens de luxes, les biens dont l’élasticité de la consommation par rapport au revenu est supérieure à 1 , c’est à dire lorsque le revenu augmente de 1 % , la demande pour ce bien augmente de plus de 1 % . Selon ENGEL, on trouve surtout les dépenses de santé et les dépenses liées à la Culture et aux loisirs.

On appelle biens « neutres » ou « normaux » , les biens dont les coefficients d’élasticité sont égaux à 1 , impliquant ainsi qu’une augmentation de 1 % du revenu se traduit par une augmentation de 1 % de la consommation du bien neutre . Selon ENGEL, on peut classer dans cette catégorie, les biens suivants :

l’habillement, le logement , le chauffage et les dépenses d’éclairage .

Les lois d’ENGEL permettent d’avoir une vue globale de la structure de la consommation et des comportements des agents économiques face à la variation de leurs revenus. Mais la simplicité du classement en biens inférieurs, neutres et supérieurs, masque la complexité des phénomènes. Il est donc nécessaire d’approfondir cette question par l’étude des fonctions de consommation.