La théorie marxiste.
Karl Marx (5 mai 1818 à Trèves en Rhénanie, alors dépendante du royaume de Prusse (aujourd’hui en Allemagne) – 14 mars 1883) est un philosophe et théoricien, célèbre pour sa critique du capitalisme et sa vision de l’histoire comme résultat de la lutte des classes – opposant les capitalistes et le prolétariat – à l’origine du marxisme qui Idéologie politique de gauche élaborée par Karl Marx et Friedrich Engels.
Le marxisme est à la fois une explication de la société capitaliste et une critique de celle-ci.
- L’élément central du marxisme réside dans l’idée que les moyens de production (usines, entreprises, etc.) sont contrôlés par des minorités dominantes (bourgeoisie dans le cas du capitalisme, aristocratie dans le cas du féodalisme). Selon cette idéologie, les classes dominantes contrôlent le pouvoir politique et l’utilisent pour mieux exploiter les masses populaires et s’assurer de leur soumission. La domination politique trouverait donc sa cause première dans la domination économique d’une classe sur les autres.
- Le deuxième élément important de la pensée marxiste est l’idée qu’il existe une alternative à la société de classes, soit la propriété collective des moyens de production. L’économie de marché serait donc remplacée par l’économie collective. Pour passer du capitalisme au communisme (une société sans État et sans classe sociale), les marxistes estiment, contrairement aux anarchistes, que l’État doit néanmoins jouer un rôle important.
Les classiques ont assisté à la naissance du capitalisme ; ils y ont vu un facteur de progrès et de libération. MARX verra surtout toutes les tensions sociales qu’il engendre, les chômeurs, « l’armée industrielle de réserve » exclus des campagnes qui s’entassent dans les villes, les conditions de travail inhumaines. Il suffit de lire le rapport VILLERME de 1840 ou les livres de ZOLA pour comprendre ce qu’était la condition ouvrière à cette époque.
On comprend dans ce contexte que naisse une économie politique qui ne soit pas l’apologie du libéralisme et de la propriété privée et qui développe l’idée qu’un autre système, le socialisme, puisse ou doive se substituer au capitalisme. MARX voudra donner au socialisme un contenu scientifique et, de ce fait, s’opposera aux socialistes utopiques du début du XIX ème siècle (Saint-Simon, Sismondi, Fourier,Proudhon).
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Philosophe, sociologue, économiste, MARX fournira une oeuvre immense dont on peut extraire : Le manifeste du parti communiste (1847) et Le capital (1867). MARX reprendra un certain nombre de thèmes déjà présentés par l’analyse classique et, à partir de ceux-ci, il développera une nouvelle analyse économique.
Quel est le but du communisme ? Quelle est l’idéologie de Karl Marx ? Qui est Karl Marx ? Qu’est ce que le marxisme?
1 ) La reprise des thèmes classiques.
MARX développe une approche macro-économique : ce n’est pas le comportement de l’individu en tant que tel qui l’intéresse mais ce sont les comportements de classes qu’il convient d’étudier. La société est divisée en classes, chacune d’entre elles joue un rôle spécifique et a une place particulière dans le mode de production capitaliste. Entre ces classes vont se nouer des relations antagoniques, vont exister des flux ; c’est ce qui doit être au coeur de l’analyse économique.
MARX fera de la valeur-travail la base de son analyse ; il se différenciera cependant de RICARDO en reprenant le concept de travail socialement nécessaire et celui de force de travail. Cela lui permettra de déboucher sur la notion de plus-value et d’exploitation.
MARX soutiendra qu’il n’existe pas de lois économiques universelles mais uniquement des lois sociales. Ce ne sont pas les mêmes lois qui peuvent expliquer le comportement de Robinson sur son île et celui de l’homme socialisé dans le capitalisme. Ce sont donc ces lois spécifiques au capitalisme qu’il convient d’étudier.
2 ) Une nouvelle approche de l’économie.
Nous retiendrons ici que les principaux éléments de cette nouvelle approche.
A ) L’exploitation
A partir de la plus value, MARX mettra en évidence la notion d’exploitation. La plus-value est un prélèvement d’une partie de la valeur créée par le travail de l’ouvrier; c’est parce que l’ouvrier ne reçoit pas toute la valeur qu’il a créée par son travail qu’il y a exploitation.
B ) Accumulation et baisse tendancielle du taux de profit.
Comme RICARDO, MARX pense qu’il existe une tendance de longue période à la baisse du taux de profit. Pour RICARDO cela ne mettait pas en cause la survie du système capitaliste mais devait mener à l’état stationnaire par manque d’incitation à investir de la part des entreprises du fait de la baisse du taux de profit. A la différence de RICARDO, MARX est convaincu que la baisse tendancielle du taux de profit engendrera l’effondrement du système capitaliste.
Le taux de profit correspond chez MARX au rapport entre la plus-value et le capital total avancé par le capitaliste c’est-à-dire à la fois le capital variable V (salaires avancés par le capitaliste pour payer les ouvriers) et le capital constant C ( machines et matières utilisées dans la production), on a donc :
taux de profit r = Pl / C+V
MARX appelle taux de plus-value le rapport entre la plus-value et le capital variable soit :
Pl / V
Le taux de profit peut donc s’exprimer de la manière suivante :
r = Pl /V // C/V + V/V
La concurrence entre les capitalistes met chacun d’eux devant le choix suivant : croître en accumulant le capital (c’est-à-dire en réinvestissant une partie de la plus-value dans des machines et en substituant ainsi du capital constant C au capital variable V) ou disparaître.
Pour ne pas disparaître, les capitalistes sont donc contraints à accumuler du capital constant ; il y a donc une tendance à la hausse de la composition organique du capital C/V d’où il ressort forcément que la taux de profit ne peut que baisser.
Mais il s’agit chez MARX d’une loi tendancielle, elle ne signifie pas que chaque jour depuis que le capitalisme existe, le taux de profit baisse . Des effets peuvent contrecarrer cette baisse et notamment l’augmentation du taux de plus-value soit en faisant travailler plus longtemps les ouvriers ( c’est ce qui s’est passé au début du capitalisme) , soit en augmentant la productivité du travail ce qui diminue la valeur de la force du travail ( le temps qu’il faut pour fabriquer les biens nécessaires à reconstruction).
La baisse du taux de profit peut être aussi freinée par la diminution de C, ce qu’on appelle la dévalorisation du capital, du fait notamment du progrès technique qui diminue la valeur de C ( il faut moins de temps pour fabriquer la même machine).
Pour MARX, les contre-tendances qui freinent la baisse du taux de profit ne peuvent avoir que des effets partiellement compensateurs et, à terme, la baisse du taux de profit est inéluctable : »Alors que la hausse de la composition organique (C/V) peut se poursuivre sans limite apparente, il existe une limite interne aux possibilités d’augmenter la plus value… la tendance à la hausse de la composition organique est dominante.
Cette substitution du capital au travail a pour conséquence le développement du chômage ( la constitution de « l’armée industrielle de réserve »). Il n’est donc pas étonnant que les ouvriers se soient révoltés contre l’introduction des machines dans les usines : révoltes des canuts lyonnnais en 1744. Les exemples de « Ludisme », c’est-à-dire de bris de machines ( du nom d’un certain LUDD, briseur de machines, fameux et peut-être mythique), se multiplient au début du XIX ème siècle.
MARX ne s’opposera pas au machinisme mais mettra en cause la façon dont celui-ci se développe dans le cadre du mode de production capitaliste : »Il faut du temps et l’expérience avant que les ouvriers, ayant appris à distinguer entre la machine et son emploi capitaliste, dirigent leurs attaques non contre le moyen matériel de production mais contre son mode social d’organisation ».
C ) Les crises capitalistes.
Selon l’approche marxiste la crise est inévitable en système capitaliste. La crise provient de l’existence de la production marchande : les biens sont produits non pour l’utilisation immédiate mais en vue de l’échange. Contrairement à RICARDO et à SAY qui considèrent la monnaie comme un voile sans effet sur les échanges, MARX reconnaît les conséquences de la monnaie. La monnaie est l’instrument qui rompt le troc : le schéma « Marchandise-Marchandise » (M-M’) est remplacé par le schéma Marchandise-Argent-Marchandise ( M-A-M’). Cela remet en cause la loi des débouchés ; tout achat ne garantit pas une vente simultanée.
De plus, dans le monde de production capitaliste, la production n’est pas coordonnée; l’investissement est réalisé dans les branches où les taux de profit sont les plus élevés sans qu’il y ait nécessairement adéquation avec les besoins réels. C’est a posteriori que s’exerce la régulation : ce n’est que lorsque les marchandises sont mises en vente sur le marché que l’on constate si on en a trop ou pas assez.
L’absence de coordination a priori, l’anarchie du système de production capitaliste, le profit capitaliste comme seul moteur de l’investissement rendent donc possible en permanence et pour tous les biens un désajustement entre quantités fabriquées et besoins.
Mais, pour l’essentiel, la crise capitaliste doit s’interpréter comme une crise de surproduction de la valeur d’échange, ce qui signifie qu’une partie de la valeur d’échange créée dans la production ne peut être réalisée, c’est-à-dire vendue à sa valeur faute de trouver une contrepartie suffisante sur le marché. Il y a une double origine à cette surproduction :
– d’une part les capitalistes cherchent à limiter le plus possible les salaires (minorer la force de travail) afin de dégager le maximum de plus value. Cela freine les possibilités de réalisation de la valeur ;
– d’autre part, comme on l’a vu, les capitalistes sont contraints par la concurrence à accumuler de plus en plus donc à remplacer du capital variable par du capital fixe ce qui développe le chômage, freine les salaires et limite de la même façon les possibilités de réalisation de la valeur.
Ainsi la crise de surproduction n’apparaît pas parce que les besoins sont satisfaits ; il n’y a pas surabondance de produits par rapport aux besoins.
C’est le profit des capitalistes qui limitent la production, non le besoin des producteurs. La crise se manifeste parce qu’il arrive un moment, dit MARX, où le marché semble trop étroit pour la production ». L’excès d’offre par rapport à la demande effective se traduit pas par la mévente d’une partie de la production d’où baisse des prix et du profit et contraction des échanges. Le taux de profit ayant baissé les capitalistes ralentissent leurs investissements ; ils cessent, partiellement ou totalement, de transformer leur plus-value en capital. La baisse du taux de profit entraîne aussi faillites, fermetures d’usines et licenciements.