Quelles sont les causes de l’inflation ?

Les causes de l’inflation :

La définition retenue habituellement de l’inflation est la hausse des prix générale, durable et autoentretenue.

Au lieu de se centrer sur les biens, on peut se centrer sur la monnaie et donner une autre définition. L’inflation peut être définie comme la baisse du pouvoir d’achat de la monnaie.Cette dernière définition permet de mieux cerner les causes de l’inflation.

Les causes de l’inflation sont multiples et variées. Elle peut venir :

  • D’une hausse excessive de la quantité de monnaies : On parlera dans ce cas d’inflation monétaire. Cette forme d’inflation est due à l’augmentation de la masse monétaire (billets, pièces, dépôts à vue, bons du trésor…) par la Banque Centrale qui émet des billets de banques. Ce type d’inflation est souvent lié à la mauvaise gestion de l’Etat qui recourt souvent à la technique de la « planche à billets » afin de réduire le montant de la dette publique à rembourser.
  • D’une augmentation des coûts de production. On parle alors d’inflation par les coûts ou encore d’inflation importée. Cette inflation peut être liée à l’augmentation du prix des matières premières importées ou des produits finis importés.
  • D’une hausse excessive de la demande. Les économistes parlent dans ce cas d’inflation par la demande. Cette forme l’inflation provient d’un déséquilibre entre l’offre et la demande pour un ou plusieurs produits. En effet, si la demande est supérieure à l’offre, alors les prix augmenteront mécaniquement afin qu’un point d’équilibre soit trouvé. La rareté du produit entrainera donc une augmentation des prix ce qui créera donc de l’inflation.
  • D’une indexation des salaires sur l’inflation. Cette inflation par indexation a beaucoup existé dans les pays occidentaux où les salaires, les pensions étaient indexées sur l’inflation. Les syndicalistes réclament régulièrement que les salaires et pensions soient indexés sur l’inflation afin que les salariés maintiennent leur pouvoir d’achat dans la durée. Toutefois, à chaque hausse de l’inflation, l’État devra augmenter les salaires, augmentation qui accroit les pressions inflationnistes (inflation liée aux couts, voire monétaire).
  • D’un manque de confiance en la monnaie : La valeur d’une monnaie dépend également de la confiance qu’on lui accorde. Sur les marchés financiers, le manque de confiance en une monnaie se traduit par la chute de son cours de change.
  • D’une politique monétaire : La baisse des taux directeurs par la banque centrale augmente mécaniquement l’inflation car
    • la monnaie va se déprécier car la devise devient moins rémunératrice
    • les banques commerciales vont emprunter massivement auprès de la banque centrale (le coût de l’argent étant moins élevé).
    • les banques commerciales vont elles-mêmes prêter davantage aux acteurs économiques ce qui créera d’autant plus d’inflation.

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  • 1 ) L’inflation et la monnaie :

Jean BODIN attribuait la hausse généralisée des prix dans l’Europe du XVIème siècle à l’afflux d’or et d’argent d’Amérique . La théorie quantitative de la monnaie s’en est inspirée pour établir son raisonnement : le niveau des prix augmente lorsque la quantité de monnaie augmente elle-même et , inversement , il diminue lorsqu’elle baisse . L’économiste américain Irving FISHER (1907) a repris cette formulation sous la forme de l’équation suivante :

MV = PT avec M , le volume de la masse monétaire

  • V , la vitesse de circulation de la monnaie
  • P , le niveau des prix
  • T , le volume des transactions

L’équation peut s’expliquer ainsi : partons d’une situation d’équilibre où la quantité de monnaie exprimée en termes réels , c’est-à-dire en pouvoir d’achat demandée par les agents économiques est égale au stock de monnaie en circulation . Supposons à présent que les autorités monétaires décident, unilatéralement , d’augmenter le volume de la masse monétaire ( M ) . La réaction des agents économiques sera un accroissement de leur demande de biens et services ( T ) . Mais l’offre de ces biens et services est rigide à court terme : l’offre devient donc d’un niveau inférieur à la demande d’où une hausse des prix jusqu’à ce que ces derniers aient suffisamment augmenté par rapport à la valeur réelle des encaisses au niveau désiré par les agents .

Par conséquent , si le volume des transactions ( T ) et la vitesse de circulation de la monnaie (V) sont constants , toute augmentation de la quantité de monnaie (M) se traduit par une augmentation des prix dans le même sens et dans la même proportion . La demande excédentaire de biens trouve ainsi son origine dans une augmentation de la masse monétaire , ce qui fait dire à FRIEDMAN que l’inflation est toujours un phénomène monétaire .

  • 2 ) L’inflation par la demande :

Pour l’essentiel , l’inflation par la demande correspond à l’analyse keynésienne . Pour autant , il ne faut pas confondre l’origine de l’inflation par la demande et les mesures de soutien à la demande effective que préconise KEYNES lorsque la conjoncture économique l’exige . Pour être précis , les mécanismes auto-régulateurs du marché ne permettent pas de trouver un équilibre de plein emploi de façon permanente . Ce serait d’ailleurs un hasard que de se retrouver en situation d’équilibre . A partir de ce constat , il faut qu’une impulsion exogène soit donnée afin de relancer l’activité économique ; cette impulsion doit consister en un soutien de la demande effective . L’Etat peut également soutenir l’emploi par une politique de grands travaux ( cf le New Deal de ROOSEVELT ) … toutes ces mesures à un niveau macroéconomique ont pour objectif de soutenir l’activité des entreprises qui , conscientes des efforts entrepris et constatant que la demande des ménages tend à augmenter , vont décider de produire en utilisant pleinement leurs capacités productives puis en investissant . Leurs demandes d’investissement seront d’autant plus fortes que les taux d’intérêt d’emprunt seront bas et que l’efficacité marginale du capital sera élevée .

Ces mesures qui représentent autant de soutiens à la demande peuvent entraîner des tensions inflationnistes ; cela ne signifie pas pour autant que l’analyse keynésienne y soit favorable . Cela ne signifie pas non plus que l’inflation par la demande ait nécessairement pour origine une politique de relance d’inspiration keynésienne . Dans un contexte économique tel que celui que nous venons de décrire , il est tout à fait possible que l’offre puisse satisfaire la demande nouvellement émise ; en d’autres termes , l’élasticité de l’offre peut être suffisante pour que la demande accrue n’engendre pas un écart inflationniste substantiel . Le gap inflationniste peut être réel mais limité .

L’inflation par la demande peut également provenir d’un surcroît de dépenses des ménages qui préfèrent consommer qu’épargner . S’ils désépargnent , la demande de biens et services accrue peut alimenter l’inflation . Là également , la plus ou moins forte élasticité de l’offre ainsi que l’élasticité des importations peuvent accroître les tensions inflationnistes .

  • 3 ) L’inflation par les coûts :

Il convient de distinguer l’inflation par le coût du facteur travail et celle par le coût du facteur capital . Cela revient à distinguer l’inflation par les salaires et l’inflation par le profit .

L’inflation par les salaires peut résulter d’une situation d’un marché du travail où les offres d’emploi des entreprises sont supérieures aux demandes d’emploi des actifs . Toutes choses égales par ailleurs , ces derniers peuvent accepter ou chercher des emplois plus rémunérés . Dans nos sociétés actuelles , ce cas de figure n’est pas dominant et ce , non pas exclusivement du fait du chômage mais encore parce que les salaires ne sont pas tous déterminés par le marché. Un certain nombre de salaires sont administrés : les salaires des fonctionnaires mais également les bénéficiaires des salaires minimaux ( cf le SMIC en France ) ou des salariés qui , au sein de leurs entreprises , disposent de conventions collectives dont celles relatives aux rémunérations . Il existe également des accords réguliers entre syndicats pour établir chaque année les grilles salariales eu égard à divers indicateurs internes et externes à l’entreprise (productivité , chiffre d’affaires , profitabilité , part de marché , inflation … ) ; les exemples allemands peuvent en témoigner . Certains économistes libéraux ont d’ailleurs dénoncé ces pratiques car ils considèrent que les négociations et / ou les conventions collectives dans un contexte de pression syndicale finissent par aboutir à une rigidité du taux de salaire à la baisse . En fait , la hausse des salaires peut être réelle dans un contexte d’accroissement de productivité . Une part de celui-ci revient aux salariés . Dans ces conditions , il n’y a pas de tension inflationniste par les salaires . Si en revanche , la hausse des salaires se produit en dehors de toute pénurie de main d’oeuvre ; si en plus , elle est supérieure à l’accroissement de la productivité , les coûts de production des entreprises augmentent . Les entreprises n’ont aucune raison objective d’accepter une diminution de leur marge et sont donc amenées à répercuter la hausse des salaires sur leurs prix . Le risque de la spirale inflationniste est alors grand . En effet, la nouvelle hausse des prix « décidée » par les entreprises ampute d’autant le pouvoir d’achat des ménages lesquels peuvent réclamer une autre augmentation de leurs salaires . Les entreprises réagiront de nouveau …

Les prix augmentent sous une double pression : celle des salariés et celle des entreprises . Les premiers augmentent leur niveau de consommation ou , à défaut , ils le maintiennent ; les secondes cherchent à maintenir leurs profits . Ces tendances peuvent encore engendrer ce qu’on appelle un effet perroquet : le souhait de maintenir une parité de salaire avec une autre branche de l’économie au sein de laquelle des augmentations ont été accordées .

L’inflation par les profits correspond à l’augmentation des marges bénéficiaires en dehors de toute croissance de la demande ou , plus globalement , en dehors de toute fluctuation du marché . Une situation de monopole ou d’oligopole peut inciter une entreprise à accroître ses prix de vente . Dans un contexte inflationniste dû à diverses causes , certaines entreprises peuvent être également incitées à « la valse des étiquettes » . On peut imaginer , par exemple , qu’un accroissement du prix d’un ou de plusieurs inputs , entrant dans la combinaison productive d’une entreprise , soit répercuté sur le prix au détail avec une légère majoration .

Il est admis que l’inflation par les profits est moins importante que l’inflation par les salaires . Maurice ALLAIS ( 1965 ) soutient en effet que « la poussée par les profits est probablement plus faible parce qu’ils constituent une part plus réduite du prix et , en partie , parce qu’une telle poussée intervient une fois pour toutes , alors que les poussées salariales sont plutôt continues » .

On pourrait penser que l’inflation est finalement l’expression des rapports entre les groupes sociaux qui constituent la Nation étant entendu que chacun cherche à préserver ses acquis et à les élargir .

  • 4 ) L’inflation importée :

On discerne deux causes essentielles : celle relative à la hausse des coûts , celle relatives aux fluctuations de change . Les producteurs de certains produits importés , matières premières , énergies ou encore produits alimentaires , peuvent décider une augmentation du prix de leurs exportations , à moins que ce ne soit le cours de la marchandise qui s’emballe sous un effet de mode par exemple . La pression peut également trouver son explication dans les variations du cours des devises . Soit il y a hausse du cours de la devise dans laquelle sont libellés les contrats, soit la devise nationale perd de sa valeur sur les marchés en système de changes flottants , soit elle est dévaluée en système de changes fixes.

Les augmentations du prix du pétrole dans les années 70 constituent un bon exemple : sur décision du cartel des exportateurs de pétrole désireux de compenser la perte de leur pouvoir d’achat due à l’inflation croissante dans les pays capitalistes industrialisés , les pays importateurs ont subi de plein fouet par deux fois le renchérissement du prix de la matière première . « Un troisième choc pétrolier » leur a été imposé en 1983 , non pas , cette fois-ci à cause de l’augmentation du prix du produit . Chaque hausse de la matière première importée est répercutée sur les prix intérieurs , soit au niveau de la consommation , soit au niveau de la production ce qui a entraîné des effets de propagation et d’amplification .

On perçoit immédiatement que ce type d’inflation importée peut engendrer une inflation par les coûts et , en fin de compte , déclencher la spirale inflationniste . Dans une telle conjoncture , il convient au plus tôt d’enrayer le mécanisme . Divers remèdes peuvent être utilisés sans que la solution soit pour autant facile .