Quelles sont les théories du sociologue Howard Becker ?

La sociologie d’Howard Becker :

(1928). Il commence ses études de sociologie à l’université de Chicago et donc va être très marqué par ce courant de l’école de Chicago. Ses principales influences sont Everet, Hume, Robert Park, William Thomas etc.

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Deux dimensions fondamentales qu’il a héritées de l’école de Chicago :

  • une importance centrale accordée au terrain
  • l’interactionnisme (la dimension méthodologique)

Avant de commencer ses études, il était un jeune pianiste de Jazz, donnait des petits concerts dans des bars de Chicago et donc ce qui est devenu pour lui une véritable opportunité pour constituer ses objets d’enquête. Mais aussi, ses œuvres ont connus un succès sans précédent, premier grand succès qui dépasse la réalité des sociologues. Deux raisons pour cela :

  • ses objets d’études, notamment dans l’ouvrage « Outsiders », il étudie les populations de la marge de la société, à la marge du système. Les musiciens de Jazz et les fumeurs de Marijuana.
  • la très grande accessibilité de ses ouvrages, très agréable à lire, empirique

I – L’interactionnisme de Howard

Pour lui, l’ordre social est issu des interactions entre les acteurs. L’ordre social ne préexiste pas aux interactions mais se diffusent à travers les interactions. L’interaction ‘n’est pas une activité solitaire mais sociale, c’est-à-dire qu’elle ne saurait se réduire à deux personnes (sinon configuration psychologique) mais plutôt un groupe d’individus étant impliqués dans une même dimension sociale.

Les principes de l’interaction selon lui : 3 choses essentielles :

— les êtres humains sont actifs : dans le sens où ils n’attendent pas que quelque choser les pousse à agir, Becker n’est pas dans une position déterministe, pas de déterminisme social dans ce point de vue-là. Ils cherchent tout le temps les moyens afin d’accomplir leurs projets.

— la conduite humaine n’est jamais automatique, continue : dans le cadre d’une interaction, les acteurs ont toujours la possibilité de faire une pause ou plusieurs, durant laquelle(s) les acteurs peuvent réfléchir à l’action en cours et réfléchir à ce que les autres acteurs en jeu sont en train de faire.

— Durant ces pauses, l’acteur pense à la manière dont les autres vont réagir à ce qu’il est en train d’envisager et il adapte plutôt son action pour orienter son action.

Becker prend comme comparaison le jeu d’échec ou on essaye de deviner les réactions de l’adversaire de façon à pouvoir adapter une stratégie. Notion de stratégie très importante pour Becker. Les acteurs sont sans cesse en train de mettre en place des stratégies en fonction de ce qu’ils peuvent percevoir des réactions des autres.

L’acteur tient compte de toutes les personnes impliquées dans l’action dans le sens où l’interaction est toujours collective. Pour lui la culture se donne ç voir à travers interactions et Becker prend l’exemple des besoins primaires (alimentaires et sexuels). Ces besoins primaires doivent être appréhendés comme des désirs c’est-à-dire qu’ils ne peuvent être satisfaits que d’une certaine manière. Et cette manière est apprise dans le cadre d’interactions avec l’environnement. De ce point de vue-là, la structure sociale, la culture, l’ordre social sont produits dans et à travers l’interaction.

II – La déviance

La déviance est une transgression des normes. C’est un peu la même définition que le crime. On a des transgressions à des activités illégales (fumer de la marijuana, voler) et mêmes légales (le mode des vies des musiciens de Jazz) qui sont marginales. Tout comme le crime la déviance ne se définit pas quant à l’acte lui-même = un acte peut être considéré comme étant déviant dans une société et non dans une autre société. Les normes sont relatives et contingentes.

La conception de Becker de la déviance = la déviance est un construit social. Pour Durkheim les normes permettent d’étudier le social. Becker se focalise sur la transgression des normes. Le terme déviance est très récent dans la langue française et vient principalement de la tradition sociologique anglo-saxonne et surtout sociologie criminelle anglo-saxonne. Pour Becker, c’est deux choses : la transgression des normes et la stigmatisation que suscite cette transgression. Donc comme pour le crime, l’acte transgressif n’est pas déviant à lui-même mas c’est la réaction à cet acte qui le considère comme déviant.

Premier grand concept de Becker : l’étiquetage : une personne est déviante dès lors qu’elle est repérée comme telle par d’autres personnes, qui l’étiquettent comme étant déviante, on lui colle cette étiquette de déviante. La déviance : un processus d’interactions entre des transgresseurs de normes et ceux qui cherchent à faire appliquer les normes (les entrepreneurs de morale, ils le font par l’intermédiaire d’appareils idéologique comme l’Etat, des journalistes, journaux qui mènent ce que Becker appelle des croisades pour le respect de certaines normes).

L’exemple de l’erreur judiciaire : Becker nous dit lorsqu’on est accusé à tort et que les autres croient en notre culpabilité il arrive que l’on endosse le rôle de coupable et que l’on agit comme un coupable (d’où la force d’étiquetage) mais on peut en sortir. La déviance est un construit social fabriqué par la société et elle peut avoir une fonction sociale (cf. fonctionnalisme) comme dans le fait de chercher des bouc-émissaires à travers laquelle la société affirme son identité.

III. Les fumeurs de marijuana

Pour Becker, pour comprendre une activité sociale, il faut l’examiner dans toute sa complexité et donc de l’intérieur. Si on ne sait rien sur l’usage de la drogue, si on n’a jamais fréquenté des consommateurs, il est beaucoup trop facile de la considérer comme une activité bizarre, exotique ou scandaleuse. Or il nous dit que lorsqu’on fréquente ce genre de personnes, on se rend compte » qu’il s’agit d’individus out à fait normaux, ne se conduisent pas de manière différente, ils ne diffèrent pas des autres. Le point essentiel est que pour lui on ne devient pas du jour au lendemain, et seul dans son coin, fumeur de marijuana. C’est un apprentissage qui est assez long nous dit-il. Ce sont des fumeurs réguliers -> apprentissage long. Il y a en gros 3 étapes :

  1. lorsqu’on fume, il faut cerner le fait qu’il se passe quelque chose
  2. cerner que si quelque chose se passe, alors cela est l’effet de la drogue
  3. cerner que cet effet est agréable

En gros le plaisir est quelque chose qu’on apprend. Il faut donc tout un apprentissage pour capable d’identifier la sensation de planer. Celui-ci se fait par le biais d’interaction sociale.

L’entrée dans une carrière déviante : celle-ci se fait à travers la socialisation à un groupe de fumeurs expérimentés. Il se passe deux choses en même temps : d’une part le déviant acquiert les codes, les normes du groupe de fumeurs et d’autre part il relativise les normes sociales en place. Déviant ne veut pas forcément dire activité illégale.

Pour conclure : retenir que l’interaction est collective, qu’elle correspond à des nécessités (on ne peut pas agir sans interactions dans la société), mais pour autant n’est pas automatique. Par ailleurs, la posture interactionniste consiste à refuser un déterminisme social dans les actions sans pour autant considérer que les interactions sont le fruit du hasard.