Résumé de la vie politique française

VIE POLITIQUE : résumé des grandes tendances récentes de la vie politique en France

    • De la « France pour tous » à la fin de l’État social (1995-1997).
    • 1997-2002, une cohabitation inattendue ?
    • 2002-2007 : la Vème République bousculée.
    • 1981-2007 : Un système partisan en recomposition.
    • Le Front national, un parti « hors système » ?
    • La question écologiste.
    • La gauche, un pôle fracturé ?
    • Conclusion générale
    • 2007 – 2012 : le renouvellement du personnel politique.
    • Une amplification des tendances de la vie politique française :
    • Personnalisation, médiatisation et prégnance des logiques d’opinion.
    • Bipolarisation et présidentialisation de la vie politique française.
    • La féminisation inachevée de la vie politique
 

  • 1995-2007 : le retour de la droite par l’élection présidentielle, une nouvelle alternance ?

En mai 1995 Chirac accède enfin à la présidence. Il devra affronter la crise économique, les affaires, et la difficile construction de l’Europe.

On assiste à la montée des contestations.

Les présidentd de la 5 eme république : grandes tendances de la vie politique française
  • De la « France pour tous » à la fin de l’État social (1995-1997).

Chirac va essayer de marquer sa différence par rapport au discours libéral de Balladur. Il développe la thématique de la lutte contre la fracture sociale. On lire cela comme un retour au Gaullisme. C’est un discours d’attention aux citoyens. L’ouvrage de Chirac « la France pour tous » tiendra lieu de programme politique. Le pommier présent sur la couverture sera un élément de campagne important.

Les guignols de l’info deviennent un acteur important au cours de la campagne, Chirac y apparait avec un couteau planté dans le dos, et on lui met dans la bouche l’expression « manges des pommes ». En réponse les militants chiraquiens distribueront des pommes. Cela révèle la place croissante de la TV dans l’espace politique.

Le deuxième tour ne sera pas entre Chirac et Balladur. Jospin arrive en tête et fédère les forces de gauche (PS, MRG, Verts, PCF…). Chirac grâce au bon report de voix des balladuriens sera finalement élu avec 52,6% des suffrages.

Fort d’une belle majorité Chirac décide de ne pas dissoudre l’assemblée nationale, par crainte d’un revirement des balladuriens.

Dès l’automne 1995, Chirac décide d’abandonner son combat contre la fracture sociale. En octobre on s’engage à nouveau vers l’austérité. Nous sommes en fait à 5 ans de l’entrée en vigueur de l’euro et il est demandé au pays adhérents de respecter les critères de convergences (maitrise de l’inflation, de la dette publique, de l’inflation, de stabiliser les taux de changes, et de travailler à la convergence des taux d’intérêt). Dans ce contexte toute idée de relance est abandonnée.

Juppé, 1er ministre, mènera une politique de réforme de la sécurité sociale, de réforme d’uniformisation des régimes de retraites, et du gel des salaires des fonctionnaires.

Des affaires vont également ressurgir, notamment autour du financement du RPR Parisien. On s’interroge sur le rôle de l’ancien maire de Paris et de Jean Tiberi.

En novembre 1995 un grand mouvement social se met en place avec 700.000 grévistes et 2 millions de manifestants.

Robert Castel (sociologue) explique que la société des années 1990 voit la montée d’une insécurité sociale qui s’installe à mesure que l’état perd de sa consistance. Il explique que le statut de salarié n’est plus un garant de sécurité sociale. Le système de protection collective s’est effrité et domine dès lors la crainte de la précarité et d’une lente désocialisation. S’en est suivi un processus d’individualisation et de décollectivisassions des rapports sociaux, phénomène encouragé par des politiques de modernisation des entreprises et de l’état.

Ainsi est mis en cause la pacte politique.

Face au sentiment d’incertitude, le Président Chirac va décider de dissoudre l’assemblée nationale, car, en fait, il choisit d’anticiper les législatives de 1998, annoncées comme un défaite assurée de la droite. C’est une première depuis 1877 (dissolution de confort).

  • 1997-2002, une cohabitation inattendue ?

En mai 1997, lors des législatives anticipées, la gauche va rassembler 44,4%, la droite 35,5% et le FN 15% des suffrages. Le bon score du FN va provoquer de nombreuses triangulaires qui auront pour effet de renforcer la victoire de la gauche.

La nouvelle majorité de la gauche plurielle s’installe alors. Chirac nommera Jospin 1er ministre. Il s’apprête ainsi à vivre la cohabitation dans une nouvelle posture et cette fois pour 5 longues années.

Le gouvernement Jospin va afficher sa politique de rupture en réhabilitant le volontarisme étatique. On met en place les emplois jeunes et la réforme des 35 heures.

Mais très vite le gouvernement va mener une politique libérale sous la contrainte européenne du traité d’Amsterdam, la maitrise des déficits publics. C’est le retour d’un dogmatisme gestionnaire avec Strauss-Kahn et Fabius son successeur.

Dans ce contexte, l’extrême gauche va connaitre de bons résultats électoraux, tandis que l’extrême droite profitera de l’alternance et de l’échec des politiques menées. Ces extrêmes vont alors développer des thématiques porteuses.

  • 2002-2007 : la Vème République bousculée.

Tous ces évènements déstabilisent le régime et commence à se développer l’idée que la 5ème république est atteinte du mal de la crise de la représentation, marquées par la défiance des citoyens à l’égard de leurs élus. L’abstention va s’installer comme un mode d’expression. Les partis traditionnels sont menacés par la montée en puissance de nouveaux acteurs, de nouveaux partis, qui se construisent comme les seules alternatives crédibles.

L’élection de 2002 sera révélatrice. L’abstention atteindra des records historiques avec 28% des électeurs inscrits. Le candidat arrivé en tête ne recueille que 20% des suffrages. Un nombre de candidats importants avec 12 candidats rejoint le record de 1974. Le système des parrainages mis en place en 1974 ne fonctionne donc pas pour en limiter le nombre.

Une partie des élus qui refusaient autrefois de donner leur parrainage aux extrêmes jouent désormais le jeu sans plus avoir la crainte d’éventuelles sanctions.

Tout cela explique l’absence du candidat de gauche au second tour (pas arrivé depuis 33 ans. Si le Pen arrive au second tour il le doit à une décroissance de la droite et de la gauche, lui-même n’ayant pas progressé en chiffre. Ce n’est donc pas un séisme électoral, il y a juste eu une ventilation différente des scores, avec le bon score aussi de l’extrême gauche.

La cohabitation aura révélé que le FN pouvait être une alternative politique face l’incapacité des partis traditionnels.

Chirac l’emportera avec 82% des suffrages.

Un nouveau parti l’UMP sera créé en 2002, à l’époque c’est l’union de la majorité présidentielle qui deviendra l’union pour un mouvement populaire, il remplace le RPR.

Bayrou se positionnera en marge de ce mouvement.

L’UMP sera une nouvelle machine politique. Aux législatives de 2002 il obtient 358 sièges. L’UMP marque la montée en puissance de Sarkozy (ancien soutien de Balladur l’ennemi de Chirac). Il effectuera un travail efficace de renouvellement des dirigeants et des militants interne au parti.

Les présidentielles de 2002, depuis le référendum de 2000 (68% d’abstention), sont marquée par le quinquennat qui doit éviter la cohabitation. En novembre 2001 on a aussi inversé le calendrier électoral, ce qui permet d’organiser dans la foulée les législatives (cci est fait par Jospin qui pense pouvoir gagner les présidentielles). Désormais les présidentielles seront synchrones avec les législatives, on envisage désormais les présidentielles comme l’élection cardinale, les législatives étant là pour la confirmer. On fait ainsi disparaitre l’hypothèse d’une cohabitation.

La montée en puissance de l’UMP avive les tensions entre Chirac et Sarkozy. Ce mandat de Chirac sera marqué par un nouveau référendum en 2005 avec la victoire du NON, lu comme l’expression d’une défiance à l’égard de l’Europe libérale, mais aussi comme le symbole d’une autonomisation et une clôture du champ politique sur lui-même. Les acteurs politiques et les médias feront campagne pour le OUI, mais il y a un désajustement face au discours tenu par la société civile. Le non exprime donc aussi un recul par rapport aux élites politiques. En marge s’installe la montée en puissance du FN. Le référentiel est désormais axé sur un ethnicisme. La poussée de l’extrême gauche renvoie elle sur la réhabilitation d’une rhétorique de la lutte des classes.

Ces percées des extrêmes et la victoire du Non à l’Europe ont entrainées des prises de conscience au sein des élites politiques. Sarkozy développera ainsi une thématique sécuritaire, pensant que l’UMP pourra récupérer une partie de l’électorat du FN. A gauche on fera le même travail, le PS va développer une thématique anti européenne, menée par Laurent Fabius qui fera campagne pour l’investiture aux présidentielles de 2007, face à Ségolène Royale (il perdra).

III. 1981-2007 : Un système partisan en recomposition.

Au cours des 2 mandats de Mitterrand de nouveaux partis vont émerger ou acquérir une audience nouvelle.

Les grands partis s’étaient stabilisés au cours des années 1970, mais ils apparaissent désormais en crise.

L’apparition des partis émergeants, FN, les Verts, et l’Extrême gauche plus erratique, peut s’analyser en considérant les différents facteurs de la vie politique. On en retient 4 :

  • Le contexte économique (les partis traditionnels étant impuissants)
  • Le phénomène d’alternance qui a conduit à la radicalisation de la droite et au recentrage du PS qui a déçu une partie de son électorat. Cela libère une place pour les extrêmes.
  • Un contexte idéologique, avec la tendance à penser qu’il y a une atténuation des tendances doctrinales entre la gauche et la droite.
  • Un contexte institutionnel. L’extension de la gamme électorale avec l’apparition de nouvelles élections, converties à la représentation proportionnelle qui donne plus de chance aux petits partis. Au-delà de cela, apparaissent aussi les législations sur le financement des partis politiques (loi de 1988 renforcée par la suite en 1991 et 2013). On va faire en sorte que les partis soit plus financer par l’état que par les grandes entreprises, donc par les impôts des citoyens (attribué en fonction du nombre de voix obtenues, puis en fonction de nombre de sièges obtenus lors des législatives). Les partis vont alors augmenter le nombre de candidatures aux législatives. Mécaniquement le coût de la vie politique va augmenter. Le financement des partis crée de nouvelles attentes citoyennes, ces derniers demandant des comptes.

Un des éléments important de la période 1981 à 2007 est le développement du phénomène abstentionniste. Cette abstention a un effet sur les résultats électoraux, elle renforce le poids relatif de petits partis. D’une élection à l’autre les personnes qui s’abstiennent ne sont pas les mêmes. On estime que seulement 10% des électeurs s’abstiennent de manière constante. Ces facteurs expliquent l’enracinement des partis qui captent les attentes des électeurs déçus par l’offre partisane traditionnelle. Ce sont les partis écologistes et extrêmes qui vont capter ces voix.

  • Le Front national, un parti « hors système » ?

Cela fait en fait longtemps que ce parti appartient au système politique français.

Il est créé en 1972, mais son audience restera confidentielle jusqu’au début des années 1980. Le Pen sera élu président du parti en 1972 bien qu’il ne soit pas à l’origine de la création du parti, c’est un ancien du Poujadisme. Le parti va rassembler des orientations politiques très variées et différentes.

A l’origine il rassemble les anciens de l’Algérie française (appelés le « nationaux »), d’anciens collaborationnistes vichyssois et des crypto-nazis. Mais aussi des jeunes radicalisés à l’extrême droite après 1968, que l’on retrouvera aussi au RPR.

La percée électorale démarre aux municipales du début des années 1980, notamment à Dreux en septembre 1983. J.P. Stirbois obtiendra 16% des voix et se maintiendra au second tour en s’alliant avec une liste de droite, ce qui lui permettra d’entrer au conseil municipal de la ville de Dreux. En 1980 le nombre d’adhérents au parti était de 270 individus.

Le Pen ne sera pas présent aux présidentielles de 1981 du fait de son impossibilité de recueillir les 500 signatures.

En 1984 le parti obtiendra 10 élus au parlement européen, dont Le Pen. En 1986 le FN fait une entrée à l’assemblée nationale avec 35 députés, du fait de la proportionnelle instaurée par Mitterrand. Aux présidentielles de 1988 le Pen est présent et obtient 14,4%.

On assiste à une radicalisation de l’électorat de droite, car le FN répond et crée aussi cette demande électorale.

Au début des années 1980 son électorat est composé de classes moyennes surtout commerçantes. Le FN s’encre sur un électorat traditionnel. A la suite des succès de 1984 et 1986 son audience s’étend auprès de couches populaires, surtout à partir de 1988. Les classes populaires, jusqu’à 1980-90, étaient plutôt portées à gauche (ouvriers et chômeurs), puis elles vont être tentées par le FN. On estime que c’est à partir de 1995 que le survote à gauche est terminé, pour s’orienter sur l’abstention et le vote en faveur du FN.

Si le FN augmente son audience sur ces classes populaire, c’est qu’il bénéficie de l’abstention. Il y a un sas électoral qui passe d’abord par l’abstention et c’est par la suite que ces gens se tournent vers le FN.

Le vote FN est très difficile à analyser, du fait d’un électorat très changeant et varié. C’est un vote sporadique. Ainsi, le FN est en fait stable et non en progression. On constate schématiquement qu’on a dans l’électorat, des individus très marqués à droite (discours souverainiste et nationaliste comme xénophobe), mais aussi des individus marqués par l’option « ni ni » qui sont charmés par le discours « tous pourris ». Ceci explique le discours très plastique du FN qui s’adapte en permanence à son électorat mouvant.

Localement on constate que le FN peut mobiliser 30% des électeurs.

Aujourd’hui du fait de ses résultats c’est le 3ème parti politique français, mais il a du mal à transformer sa capacité d’attraction en fonction élective concrète. Il profite des scrutins à la proportionnelle, et d’élections insularisées.

C’est un parti comme les autres où existent des déchirements et des tensions sur la rhétorique dominante et la mainmise de la famille Le Pen. En 1998 il y aura une tentative de putsch interne avec Bruno Mégret, qui créera en réaction le MNR. Cette scission n’a affaiblit le FN que temporairement. En 2002 le FN parviendra au second tour des présidentielles. Chirac obtiendra le soutien de tous, sauf du FN bien sûr, du MNR et de Lutte Ouvrière.

Lors des présidentielles de 2007, le Pen verra son score décroitra et perd 1 million de suffrage, alors que le contexte était très favorable, du fait d’un nombre de candidat plus faible qu’avant et du fait de la disparition du MNR. La candidature de Sarkozy et son discours très marqué à droite, permettra un détournement des voix du FN.

Sarkozy s’est constitué une force de par son parcours au ministère de l’intérieur et son discours très marqué.

  • La question écologiste.

La question environnementale comme enjeu politique émerge dans les années 1960. Les associations naturalistes existaient déjà auparavant.

La défense de la nature contre le productivisme est un thème nouveau qui émerge dans les années 1960. Dans le tournant des années 1960-1970, la notion d’environnement apparait dans le langage courant et dans le débat politique. Les mouvements qui s’en saisissent vont être moins tournées vers la contemplation de la nature, on davantage réfléchir sur la place de l’homme et les interaction de ses activités sur la nature. On va réfléchir sur l’aménagement. En 1971 sera créé le premier ministère de l’environnement.

Le mouvement écologiste comme le FN est très divers, on y retrouve les défenseurs de la nature, mais aussi des ingénieurs et des aménageurs soucieux de l’écosystème, mais aussi des tiers-mondistes, des pacifistes. C’est donc au début un mouvement associatif qui s’appuie sur des critiques du matérialiste, du productivisme et du consumérisme, mais aussi de la technique sur la vie moderne. Le mouvement va donc porter des revendications diverses. L’écologie politique représentera une partie de la mouvance.

A la présidentielle de 1974 on assistera à la candidature de René Dumont, mais son score très faible n’entrainera pas une mobilisation partisane. Ce n’est qu’en 1984 que divers groupes vont se fédérer et s’institutionnaliser avec la création du parti « les Verts ». Ce parti est très hétérogène, il va rassembler des militants de l’extrême gauche, des militants qui refusent le système partisan, des naturalistes également.

En s’invitant dans le jeu électoral, il y a l’acceptation des règles partisanes, mais au sein des Verts il y a un refus de la professionnalisation politique et de la centralisation du pouvoir. Ils sont aussi attachés au non cumul des mandats, tant sur le plan géographique que temporel. Son fonctionnement est favorable à la rotation des mandats, ce qui pose problème pour leur candidature aux présidentielles.

Il est également difficile pour les Verts de se positionner dans le clivage gauche/droit. Il faudra attendre 1994 pour qu’ils se positionnent à gauche de l’échiquier ce qui leur permettra de participer aux gouvernements de gauche. Cette expérience laissera un goût amer tant aux militants qu’à leurs représentants.

Tout ceci explique que régulièrement se font des négociations intenses pour réfléchir sur les investitures et les tractations avec les socialistes.

Ils sont aussi fortement pro-européens, même si l’aile gauche a voté Non au référendum de 2005 sur une constitution européenne. Ils sont favorables à l’instauration d’une 6ème république comme Arnaud Montebourg.

La force militante est très faible (environ 8000 militants). Il y a 12 sénateurs et 17 députés écologistes actuellement.

FN et Verts constituent une double échappée pour des groupes sociaux qui avant étaient favorables à la gauche. Les verts y grappillent les classes sociales moyennes supérieures instruites (ceci explique la victoire à Grenoble lors des municipales).

  • La gauche, un pôle fracturé ?

Au-delà du problème que peuvent lui poser le FN et es alliances avec les Verts, cette gauche n’est pas unifiée. Le PS est le seul à avoir obtenu la mandature suprême. Le PCF s’est étiolé et les partis d’extrême gauche sont fortement minoritaires.

L’hégémonie du PS ne peut donc être contestée par les autres partis de gauche, mais elle est cependant fracturée.

La présidentielle de 2002 avec 12 candidats a eu la particularité de réunir 3 candidats d’extrême gauche. Ces 3 candidats recueilleront 10,5% des suffrages exprimés. Individuellement éloignés des grands candidats de gauches et de leur score, leur influence a été forte. Une partie de l’électorat de Jospin a ainsi fuit vers l’extrême gauche. Elle pèse ainsi sur les résultats électoraux.

En 2012 le Front de Gauche de Mélenchon (rassemblement ponctuel entre le parti de gauche et le PCF, obtiendra le score inespéré de 11,10%. Mélenchon n’a pas devancé Marine Le Pen, mais il est devenu un allié possible du PCF. Sur des élections médiatisé et dans un contexte de crise, le PS n’est jamais assuré de pouvoir être présent au second tour des présidentielles.

Ces partis marginaux et extrêmes appartiennent en fait depuis des années au système politique qu’il conteste, et ils sont capables de se positionner comme arbitre depuis fort longtemps.

La période 1981-2007 a ainsi été très riche au niveau national, du fait de l’évolution du système partisan (tripartition de l’espace politique français), de l’installation de l’abstention, du poids des crises économiques, et de la montée des questions relatives à l’environnement.

L’installation de l’Europe a aussi été un élément de la vie politique, comme le terrorisme.

La construction européenne a menée à l’utilisation du processus référendaire. La question européenne se construit comme un nouvel espace d’opposition politique qui transcende les repères en terme de gauche et de droite.

Bibliographie complémentaire :

  • Robert Castel, L’insécurité sociale, Paris, Seuil, 2003.
  • André Blais, « Y a-t-il un vote stratégique en France ? » in Bruno Cautrès, Nonna Mayer (dir.), Le nouveau désordre électoral, Paris, Les Presses de Sciences Po, 2004.
  • Gérard Grunberg, Etienne Schweisguth, « Vers une tripartition de l’espace politique en 1995 », in D. Boy, N. Mayer (dir.), L’électeur a ses raisons, Paris, Presses de Sciences Po, 1997.

Conclusion générale

La vie politique est-elle en rupture ou s’inscrit-elle dans la continuité historique de la vie politique française ?

Les élections présidentielles de 2008 et de 2012 marquent un renouvellement de la vie politique.

  1. 2007 – 2012 : le renouvellement du personnel politique.

Les 2 dernières élections présidentielles marquent un changement important du personnel politique et du type de candidature. C’est l’arrivée de nouveaux entrants dans la compétition présidentielle. On peut supposer qu’ils ont connu des socialisations différentes et que leur vision du monde est très distincte de leurs prédécesseurs.

Ces leaders politiques sont nés dans l’après-guerre. Ils ont connu l’expansion économique, l’ouverture des marchés, l’expansion du chômage, les crises économiques et surtout ils ont fait toute leur carrière sous la 5ème république. C’est le cas de Sarkozy, de Royal, de Bayrou, de Marine Le Pen. Leurs prédécesseurs ont connu la guerre froide et la décolonisation et ont débuté leur carrière sous la 4ème république.

Ce renouvellement du personnel s’accompagne aussi d’un renouvellement des pratiques et des discours. Ces nouveaux comportements s’inscrivent dans une stratégie de démarcation, de distinctions par rapports aux candidats précédents.

C’est la stratégie de démocratisation des partis pour désigner les candidats aux présidentielles, ou à la direction des partis, avec les primaires, qui ne sont pas si efficaces que cela. La volonté est de donner plus de transparence aux partis politiques.

C’est aussi le changement du style présidentiel, surtout depuis 2007. A l’origine, il est demandé au Président de prendre de la hauteur, mais avec Sarkozy en 2007, une distance sera prise avec les règles implicites qui régulent la fonction présidentielle. On lui reprochera de se comporter comme s’il était encore le chef de l’UMP et son langage. C’est la démarcation aussi d’avec la culture lettrée des prédécesseurs. Ce mode de fonctionnement contribuera à une perte de prestige de la fonction présidentielle et Hollande continue de se situer dans cette mouvance.

Il y a aussi chez Marine Le Pen une volonté de rompre avec le style et la rhétorique de son père, donc des prédécesseurs. Le discours des journalistes sur la dédiabolisation du FN est d’abord porté par le FN lui-même. Le but est de capter un électorat conservateur qui ne serait pas à priori attiré par les idées de fond du FNN.

Ce changement global ne s’accompagne pas d’un changement substantiel des propriétés sociales des dirigeants politiques. En effet la filière technocratique demeure prépondérante pour accéder aux fonctions politiques. On retrouve aussi les filières de recrutement traditionnelles (avocats).

Les fils de ruptures sont donc en fait très ténus.

  1. Une amplification des tendances de la vie politique française :

La séquence 2007-2012 amplifie les phénomènes précédemment observés.

  1. Personnalisation, médiatisation et prégnance des logiques d’opinion.

On constate une certaine personnalisation de la vie politique caractérisée par la focale des médias sur les personnes les plus populaires. Est aussi associée une starisation des hommes et des femmes populaires, que l’on voit dans des émissions généralistes, dans des journaux people. C’est donc plus un intérêt pour un personnage que pour la politique.

Il y a aussi un recul des débats d’idées au profit des petites phrases et des opinions à l’emporte-pièce, tels ceux de Nadine Morano. Il faut à tout prix occuper l’agenda médiatique. L’effet d’annonce fait loi désormais.

Les frontières entre vie privée et vie publique se meuvent aussi considérablement. Il s’agit de donner une image de simplicité et de proximité de l’homme politique. Cette instrumentalisation des médias est aussi une arme à double tranchant.

La montée en puissance des explications psychologiques des phénomènes politiques est aussi à considérer. De nombreux articles ont ainsi été publiés en ce sens sur Sarkozy pour tenter d’analyser son comportement. Actuellement ceci est manifeste sur le retour de Ségolène Royal qui serait justifié du fait du cocufiage de Mme Trierweiler. Ceci est favorisé par la médiatisation et l’usage récurrent des sondages. Il faut bien passer dans les médias et ceci est aujourd’hui essentiel. De véritables stratégies de médiatisation sont ainsi mises en place. En retour, les médias construisent leur notoriété, ils ne sont pas neutre, car ils sont devenus des acteurs à part entière du champ politique, ce sont des agents de visibilité du personnel politique. Ces stratégies de médiatisation sont très anciennes. L’amplification de la médiation permet de cultiver une image de modernité et permet de faire oublier que les hommes politiques sont surtout des hommes (pas des femmes) et des hommes âgés. Cela permet aussi d’entretenir une proximité factice avec les citoyens dans un contexte de crise de la représentation.

Le recours au sondage date de 1936 aux USA puis en France après-guerre. Aujourd’hui plus de 900 enquêtes sont publiées chaque année en France. Ils mesurent la visibilité des hommes politiques plus que les intentions de vote et participent ainsi à la personnalisation de la vie politique. Les enquêtes d’opinions ont été déterminantes dans les choix des candidats et des vainqueurs. Le cas Strauss-Kahn est parlant car ce sont les sondages qui l’avaient investi candidat vainqueur des futurs présidentielles. L’usage des sondages n’est non plus neutre. Pierre Bourdieu explique que les opinions individuelles sont très changeantes, en fonction du moment ou de la personne à laquelle on s’adresse. Dès lors le sondage crée artificiellement les opinions. Les sondages participent aussi à une dramatisation de la vie politique. Les résultats des sondages sont souvent fantaisistes (exemple de la victoire annoncée de Balladur alors qu’il a perdu). Dans « l’ivresse des sondages », on compare la pratique à une maladie appelée la sondomanie. L’auteur explique que notre société a besoin de tout mesurer pour attribuer une valeur à une chose ou à une personne. Les professionnels de la politique sont devenus eux-mêmes accros aux sondages.

La personnalisation de la vie politique court-circuite les rapports traditionnels. Elle s’accompagne aussi d’un renforcement de la collectivisation et de l’emprise des partis politiques.

  1. Bipolarisation et présidentialisation de la vie politique française.

Sous la 5ème république on assiste à la bipolarisation.

En 2007 à la suite de la victoire de Sarkozy, les journalistes se sont fait les gorges chaudes d’une hyper présidentialisation. Mais ceci n’est qu’un effet de manches, car la présidentialisation apparaît dans les années 1960 et est le fait de la constitution de 1958, de l’élection au suffrage universel direct du Président, de l’arrivée du scrutin majoritaire et de la rationalisation du parlementarisme.

La recomposition de la droite avec la création de l’UMP en 2002, le déclin du projet centriste et l’imposition à gauche du PS, tout cela a favorisé l’apparition de 2 partis dominants dont la vocation essentielle est de désigner des candidats aux présidentielles.

L’affirmation de la discipline partisane est aussi l’acteur majeur de la bipolarisation du système politique. Le financement public renforce aussi la suprématie des 2 grands partis qui en captent l’essentiel. En 2012 le PS recevra 26 millions par an de l’état, l’UMP passera de 34 millions à 23 millions, le modem passe de 4 millions à 1,4 millions et le FN passe de 1,83 millions à 6 millions. Il y aurait une entente des grands partis pour se répartir la donne.

La loi de 1988 prévoit que chaque parti qui obtient 1% des suffrages exprimés est éligible à l’aide publique. Plus un parti a de candidats, plus ses chances à financement sont fortes.

On donne au parti 1,68€ par voix obtenue, c’est la première fraction. La seconde dépend du nombre de parlementaire d’un parti. Chaque siège rapporte environ 42.000 euros au parti dont le parlementaire est l’élu. Ces montants peuvent être amputés d’une partie en cas de non-respect de la règle paritaire.

  1. La féminisation inachevée de la vie politique

Il faut attendre 2007 pour qu’une femme ait autant de chance qu’un homme à être élu à la présidence de la république.

La féminisation demeure cependant encore fragile.

Elle a été favorisée par la modification de la constitution de 1999 et par la loi de 2000.

Dès 1970 des mouvements féministes vont faire pression pour qu’on facilité l’égal à accès des hommes et des femmes aux fonctions politiques.

A la fin des années 1990, les hommes politique ont souhaité promouvoir la parité, car la démocratie représentative était à bout de souffle (crise avec hausse de l’abstention, montée des affaires politiques et des scandales). L’entrée en politique des femmes, tournera autour de l’idée selon laquelle les femmes rénoveraient la vie politique de par leur vision novatrice et différente.

La représentation des femmes est ainsi passée de 25% à 47%.

Certaines institutions résistent cependant, comme l’assemblée nationale (26%), le sénat (22%) et les conseils généraux (13,1% de femmes). Ceux qui ont voté la parité sont ceux qui siègent au parlement. En fait la loi de 2000 n’impose pas la parité mais tente seulement de la favoriser. De plus la parité n’est pas présentes dans les modes de scrutins qui favorisent les hommes Pour contourner la parité on préfère payer des amendes ou mettre les candidates femmes dans des endroits où elles n’ont que peu de chance d’être élues.

Même si la féminisation progresse elle signale encore le particularisme français. L’entrée des femmes en politique ne s’accompagne pas forcément d’une transgression des règles. Les femmes ont tendance à se conformer aux rôles sociaux qui leur sont dévolus. Lorsqu’elles accèdent à des hauts postes, on leur attribue souvent des fonctions en rapport avec la maternité. A l’inverse, les postes les plus techniques et de pouvoirs demeurent réservés aux femmes. C’est une sorte de double discrimination. Le fait que ces postes dévalorisés soient confiés aux femmes contribue aussi à dévaloriser les femmes elles-mêmes. Il existe encore un plafond de verre, au sens où les femmes accèdent rarement aux fonctions prestigieuses. Seulement 14% des maires de France sont des femmes.

Il est difficile d’estimer les résultats de la féminisation. Le premier effet est que parmi les ressources politiques se trouve la ressource féminine, à laquelle on attribue l’image d’Epinal selon laquelle les femmes sont plus tempérées et plus douce, ce qui est faux et déplacé (exemple candidature de Ségolène Royal face à celle de Sarkozy en 2007).

L’autre effet est l’accentuation des tensions autour des questions de genre. Le fait d’être une femme aujourd’hui peut donner un coup de pouce pour démarrer une carrière politique et accéder à des fonctions, et cela crée des tensions. Ceci a été très visible lors des dernières élections municipales, car l’obligation de la parité y a été largement appliquée, il a fallu faire sortir des listes des hommes, vieux loups de la politique, pour faire la place aux femmes.