La révolution de 1848 et ses conséquences

La révolution de 1848

Tocqueville dit « Voilà donc la monarchie de Juillet tombé sans lutte en présence que plutôt que sous le coup des vainqueurs aussi étonnés (…)

La révolution de 1848 est aussi surprenante que celle de 1830. Elle surprend tout le monde. C’est une manifestation (banquet) dans laquelle un soldat tire : on a fait couler le sang du peuple, Louis Philippe ne peut plus rester.

Ils ont retenu la leçon de 1830 : il ne faut pas se faire voler la Révolution par les conservateurs.

Ainsi le 24 février 1848 Paris se couvre de barricades, le Roi s’enfuit et à l’Hôtel de Ville, lieu traditionnel des révolutions parisiennes, un gouvernement provisoire se forme et proclame la République.

La révolution de 1848 a comme celle de 1830 et de 1789 des répercussions dans toute l’Europe. Sauf qu’en 1830, l’Europe de la Ste Alliance avait plutôt bien résisté. En 1848 dans chacun des pays (Pologne Allemagne Autriche Italie Hongrie) c’est le Printemps des peuples.

C’est une révolution romantique car elle est portée par un optimisme romantique « changeons tout, aimons nous tous » c’est la Révolution de la fraternité de la réconciliation. On a planté des arbres de la liberté à la Révolution, ct un rituel de fête révolutionnaire qui prenait le contre-pied des fêtes religieuses et des cérémonielles de l’Ancien Régime, et les arbres de la liberté de 1848 seront bénis par les prêtres.

Paragraphe 1 : le gouvernement provisoire de la République

Pour légitimer son autorité, le gouvernement provisoire s’empresse de publier une affiche dans laquelle il donne l’interprétation des événements.

Ce que dit l’affiche : un gouvernement oligarchique a été renversé après avoir fait couler le sang du peuple = ce que l’on dénonce c’est le caractère resserré du régime de la Monarchie de Juillet, son caractère censitaire. Oligarchie =/= démocratie.

Ce que le GPR dit : il faut éviter que les troubles se perpétuent, son rôle est donc de stabiliser les choses. Le gouvernement provisoire n’est pas un gouvernement révolutionnaire, c’est un gouvernement conservatoire destiné à maintenir l’ordre public. Ceci est la réponse à l’image léguée de la République en France qui est celle de la Terreur, la République c’est le régime conventionnel → c’est le désordre.

Le GPR dit que la République peut se faire et peut naître dans la stabilité. Il ne s’est pas tant produit une Révolution complète qu’un renversement de régime. Il ne faut pas révolutionner la France, il faut juste une fois que le gouvernement est tombé, maintenir la stabilité dans l’attente de la mise en place des futures institutions. Pour ne pas se faire avoir le GPR proclame déjà la République mais qui doit être ratifiée par le Peuple. C’est à dire que si le GPR d’ores et déjà impose le gouvernement républicain pour éviter un nouveau 1830 ils ne s’établissent pas en comité insurrectionnel ou en comité de Salut Public car les élections qui vont permettre de désigner une Assemblée Nationale Constituante permettront la validation par les électeurs du régime républicain.

La proclamation annonce aussi la composition du GPR, qui pour simplifier, comporte 3 groupes politiques :

  • le groupe autour du journal modéré et réformiste le National
  • celui autour du journal républicain démocrate radical qui s’appelle la Réforme
  • deux personnages au milieu : Ledru-Rollin, conciliateur entre les deux groupes et le poète Alphonse de Lamartine passé du légitimisme dans les années 1820 à une position de républicain rallié en 1848, et il mérite d’être présenté car il a publié dans le courant des années 40 une histoire des girondins → il cherche à réhabiliter les Girondins les présentant comme la République qui était possible et modérée, elle n’est pas nécessairement jacobine, terroriste, et du coup l’histoire des Girondins sont une œuvre de réhabilitation, il s’agit que les Français ne craignent pas que la République ramène la Terreur.
    En 1830 les députés qui ont permit de confisquer la Révolution, avait fait passer le message que la République était la Terreur, l’anarchie. Les lois de 1835 qui avaient conduites les Républicains à se « cacher » derrière l’appellation de radicaux ou de démocrates avaient aussi contribué à nuancer l’expression publique du discours républicain, cela aurait conduit à des sanctions à des condamnations.

Enfin, il n’y a qu’un seul ouvrir : Albert, qui est un meneur socialiste.

Paragraphe 2 : Élan démocratique et social

La République avait forgé sous la Révolution en 1792, les principes de liberté, égalité, fraternité, mais ce n’est qu’en 1848 que la liberté, égalité et la fraternité deviennent le trio gagnant de la République, deviennent la métaphore, le programme, la vocation même de la République.
La République est libératrice, le GPR abolit la prison pour dettes, abolit les châtiments corporels du droit pénal. On abolit la peine de mort en matière politique, les mesures liberticides (presse), la liberté de la presse et de réunion sont proclamées, les clubs sont protégés, l’esclavage dans les colonies est aboli.

La République est égalitaire → on supprime les titres de noblesse et surtout on proclame le suffrage universel. Enfin, la République est fraternelle, la fraternité est le principe à l’origine d’un droit à créance qui se manifeste par le droit au travail qui implique de l’État qu’il fournisse un travail aux chômeurs.

Quant au suffrage universel, décret du 5 mars 48 doublé d’une instruction du 8 mars qui l’organise. Le principe essentiel est celui du suffrage universel et direct. Pourquoi direct ? Car on a pratiqué depuis la Révolution un certain nombre d’élections à un, deux, trois voire quatre degrés. Or, l’intérêt du suffrage universel direct est de lier directement les élus aux électeurs, l’élection prend une dimension plus importante, plus directe. Ce qui évidemment, va favoriser une démocratisation de la classe politique.

Le suffrage universel n’est pas une nouveauté, il avait été mis en place par la Convention montagnarde mais cette dernière avait d’abord utilisé un suffrage universel indirect et surtout elle avait considéré que le suffrage devrait être public. La nouveauté en 1848 : il est direct et secret.

Les électeurs peuvent se présenter aux bureaux de vote avec un bulletin déjà fermé. On vote sur des listes départementales plutôt que de voter par des collèges.

Conséquence : cela facilite la formation de plateforme politique car en effet, pour appartenir à une liste départementale on va former petit à petit des partis politiques et donc on commencera à voter pour des orientations plus que pour des personnes.

L’élection cesse d’émaner des délibérations électorales ne devenant plus que le lieu de comptabilisation des votes.

Enfin, le suffrage universel s’établit très largement : il faut avoir 21 ans, on est éligible dès l’âge de 25 ans et 6 mois de résidence seulement sont nécessaires pour pouvoir être inscrits sur les listes électorales. Lorsqu’une personne travaille à plusieurs endroits ils choisissent de voter dans l’un de leur lieu d’exercice ou de résidence, ils ne sont pas exclus du vote par leur détachement à la terre : le vote se détache du caractère foncier.

Du coup, en mars 1848, la France sera la plus grande Démocratie du monde en terme numérique.

Quelques ombrages naissent dès les 6 premiers mois : les embarras financiers, les hommes d’affaires se méfient du régime → augmentation des impôts de 45% ; retenus sur salaire des fonctionnaires. Cela crée un certain mécontentement.

Ensuite il y a des troubles sociaux qui sont liés à la crise économique. A partir de 46 47 c’est un cycle de décroissance → chômage avec beaucoup d’influence.

La fraternité a imposé le droit au travail ainsi on va augmenter la capacité des ateliers nationaux → fermeture des râteliers nationaux.

Pendant ce temps là, Louis Blanc et Albert, forment le premier comité de réflexion au palais du Luxembourg pour mettre en place un début de législation sociale et de droit du travail.

Il s’agit d’organiser les prémices d’un ministère du travail. La commission va être prise en otage en mai et en juin au moment de troubles politiques.

Ces troubles découlent de deux éléments : la situation économique et le positionnement politique des différents groupes vis à vis du suffrage universel. Les Républicains sont réticents vis à vis du suffrage universel (République =/= démocratie). Ils craignent que le peuple ne soit pas suffisamment formé pour utiliser son droit de vote en particulier dans la province rurale.

Pour sauver la République proclamée en Février, et qui doit être confirmé par l’Assemblée, il faut se prémunir d’un vote réactionnaire dans la province rural.

Le gouvernement va tenter d’orienter les électeurs. Il envoie des circulaires au commissaire de la république sui ont remplacé les préfets ? Pour faire pression en faveur du vote républicain ; la pression consistait essentiellement à rassurer les électeurs pour le dure que le régime de juillet était vraiment terminé et qu’il ne fallait pas craindre un retour des hommes politiques déchus.

A l’extrême gauche des républicains c’est à dire chez les radicaux, on considère qu’il faut reporter le scrutin. Dès le mois de Mars, Auguste Blanqui demande le report des élections. Le Gouvernement qui ne tenait sa légitimité que du peuple parisien et qui donc à une légitimité fragile accepte le report de l’élection du 9 au 23 avril.

Cette concession est jugée insuffisante par les radicaux, Louis Blanc et Albert se prononcent même en faveur d’une dictature d’un an pour rétablir la République.

En avril 1848, une manifestation de l’extrême gauche est dispersé par la Garde Nationale aux cris de « A bas les communistes » → divorce entre le GPR et le peuple parisien.

C’est aussi le début du reflux de la Révolution de Février, c’est la fin du rêve romantique, et c’est aussi la mise en avant d’une image dangereuse pour les élections qui associent révolution et République.

Paragraphe 3 : une réaction conservatrice aux élections.

9 millions d’électeurs et 84% de participation.

Les résultats indiquent une condamnation nationale du radicalisme avec l’élection d’une assemblée modérée.

L’Assemblée est composée d’hommes nouveaux et tous ou presque se déclarent Républicains.

Dans cette assemblée dominée par les juristes il y a seulement 26 ouvriers.

La composition de l’Assemblée qui marche la victoire de la République de l’ordre par opposition de la République révolutionnaire, déçoit les ouvriers parisiens, les socialistes de 1848 ont le sentiment d’être comme les Républicains de 1830 à savoir de s’être fait volé la Révolution.

En Mai et Juin, plusieurs journées révolutionnaires sont orchestrées par l’extrême gauche, elles vont déboucher sur une défaite des classes populaires et une réorientation conservatrice du ( ?) qui tourne le dos aux mesures conservatrices du régime.

→ Va changer aussi la figure du chef d’état monosépale.

En Mai 1848, une partie des radicaux envahissent l’Assemblée et dissolvent l’Assemblée, ils organisent un nouveau gouvernement provisoire et décrète un impôt sur la fortune.

Les gardes nationaux du général clément thomas reprennent la situation en main.

Conséquence : la population se méfie des ouvriers et le mouvement républicain socialiste est décapité. Auguste Blanqui, Barbes, Albert sont déportés tandis que Louis Blanc s’enfuit en Angleterre.

Dès le moi de mai réapparaissent les prisonniers politiques alors que l’on avait aboli les délits politiques. Des élections partielles organisées en juin pour pouvoir au siège demeurer vacants en raison des élections multiples vont renforcer les extrêmes.

A paris sur 11 sièges vacants, 6 vont à des monarchistes et 5 à des radicaux.

En Juin, les ouvriers qui voulaient des réformes sociales et mettre en œuvre des droits à créance de la fraternité, sont déçus. Les modérés ont peur du spectre rouge. Le 21 juin, fermeture des ateliers nationaux. L’Est Parisien se couvre de barricades.

Le général Cavaignac ministre de la Guerre, obtient les pleins pouvoirs de l’Assemblée pour réprimer cette insurrection. Il initie la technique reprise au moment de la Commune de Paris en 71, il abandonne le terrain aux insurgés puis les enferme et reconquiert rue par rue la place.

Elle se termine le 26 juin et se solde par un écrasement du mouvement révolutionnaire avec entre 3000 et 6000 morts, 12 000 arrestations 4 000 déportations sans jugement. Le divorce est prononcé entre la province et Paris, entre les modérés et les socialistes, les ouvriers seront considérés comme un danger pour la République. De fait, les ouvriers divorcent de cette République qui a répondu à leurs revendications sociales par le massacre.

→ Explication de la fragilité du régime.

Un décret du 26 juin 1848 charge une commission d’enquête de chercher les causes de l’insurrection du 23 juin. L’enquête remonte à février 1848 et implique directement des membres du GPR. (Ledru-Rollin et Louis Blanc)

Le glissement conservateur va favoriser la formation d’un parti de l’ordre qui est une coalition de la droite orléaniste et la droite légitimiste, les deux étant effrayées par le péril social. 4

Dès le mois de Décembre, deux anciens ministres de Louis Philippe entrent au ministère.

(Intérieur et travaux publics)

Autre conséquence : les émeutes et les mouvements de désordre de mai et de juin ont confirmé une idée : celle qu’il fallait un exécutif unique pour assurer la rapidité et l’efficacité de l’action pour la préservation de l’ordre public. Le général Cavaignac est ainsi le premier républicain à exercer seul une autorité exécutive et est associé à la République conservatrice, de l’ordre. On oppose deux notions : la République sociale révolutionnaire et la République de l’ordre, conservatrice. La droite peut se rallier à une République conservatrice mais elle est très mal vue par ceux qui forment le petit peuple.