La naissance du socialisme
Le socialisme est apparu plus tardivement que le libéralisme et donc son cycle historique est plus court. Il est lié au développement de la société industrielle, donc en 1830 en France. On peut distinguer 4 grands cycles.
Il y a d’abord la période 1830 – 1880, période de constitution des idées socialistes. Pendant cette période, on a à faire à des idées philosophiques et abstraites que Marx a qualifié d’utopiques. C’est l’époque de la constitution idéologique du socialisme. Le rythme de cette constitution est lié à celle de l’évolution de la société industrielle mais surtout du prolétariat qui porte le socialisme.
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- Karl Popper, ses idées
- Le libéralisme
- Marx, la lutte des classes et le socialisme
- Marx, le prolétariat et le communisme
- Proudhon, sa vie, ses idées
De 1880 à 1917, c’est l’époque de croissance du socialisme pendant laquelle le socialisme tente de s’organiser. En France, le socialisme tente de se reconstituer après son échec. Cela est marqué par la croissance remarquable de la société industrielle. On a une tendance forte dans le socialisme à l’internationalisation de la classe ouvrière et donc l’idée commence à se réaliser en 1864 avec l’association internationale des travailleurs. Elle est constituée à Londres en présence de Marx. Après les années 1870, les idées marxistes deviennent le pivot du socialisme européen. A la fin du XIXe siècle, ca socialisme connaît une crise de croissance dominée par Manstein qui pose la question de la sincérité du socialisme. En effet, la théorie ne se retrouvait pas vraiment en pratique. Une deuxième question est posée, celle de l’intégration dans la démocratie parlementaire, ainsi qu’une troisième, celle de la révolution ou de la démocratie.
La troisième période est de 1917 à 1989. C’est le siècle du triomphe de la révolution léniniste de 1917. Le communisme est devenu l’horizon de toute la pensée de ce siècle. Du coup, le socialisme européen est profondément divisé et donc profondément affaibli. On distingue deux hypothèses : la conquête du pouvoir par une révolution violente (Mao, Lénine) & l’exercice du pouvoir dans le cadre d’une démocratie représentative, parlementaire et libérale.
A partir de 1989, on peut se poser la question d’une crise du socialisme. On observe la fin des totalitarismes communistes et le rejet de ce modèle révolutionnaire car les gens ne se révoltent plus de cette manière. C’est aussi une crise de la sociale démocratie qui a abandonné l’idéal du XIXe siècle, perdu son modèle keynésien. Si le socialisme a été si profondément lié à la classe ouvrière, on peut se demande ses chances de survie quand cette classe ouvrière disparait.
L’affrontement entre le libéralisme et le socialisme à l’aube du XXIe siècle
Dès 1830, le socialisme conteste chez les libéraux l’individualisme et le caractère formel des libertés. Sa volonté est donc de proposer une alternative au libéralisme et de le remplacer. A la fin du XXe siècle, son ambition de le remplacer a échoué pour le moment. Le socialisme a revendiqué l’héritage des droits de l’Homme mais alors il n’a rien de nouveau et de plus à dire que le libéralisme. La seule différence est l’utilisation de la démocratie directe mais les socialistes l’utilisent pour critiquer le libéralisme et non pas comme moyen de substitution. Sur le plan économique, le socialisme subit une double cirse face au libéralisme : une crise de sa critique du libéralisme économique et une crise de l’Etat providence.
Le problème du socialisme est qu’il a oublié les idées intelligentes et inventives de Marx. Marx avait comprit que le capitalisme est un système social dynamique capable de nombreuses adaptations. Le socialisme, qui a manqué de réflexion là dessus, s’essouffle à comprendre ce capitalisme et proposer des variations.
Sur le plan social, l’identité du socialisme est incertaine à l’heure actuelle. On risque de voir le socialisme tomber dans le syndrome de la radicalisation à la française. Le socialisme se met donc aujourd’hui à toucher à des questions culturelles : droits de la femme, question du mariage homosexuel,… C’est ce qu’on appelle le gauchisme culturel et donc il s’agit de se fixer sur les réformes culturelles, à défaut de pouvoir agir dans le domaine économique. On a donc bien une crise d’identité pour le socialisme aujourd’hui et l’ancienne doctrine socialiste est silencieuse. On peut donc se demander quelle sera la classe sociale des socialistes. D’ailleurs, les socialistes se disent même aujourd’hui républicains mais c’est un mot très large et on n’utilise plus le mot socialisme. L’idéal républicain est donc devenu tout ce qu’il reste au socialisme. On se demande aussi si le socialisme peut exister sans classe sociale pour le soutenir.
Même si le libéralisme devrait à nouveau triompher, le libéralisme ne peut pas être pensé comme si le socialisme n’avait pas existé auparavant et comme si le socialisme n’avait pas interpellé le libéralisme. Le socialisme reste présent au moins à travers non pas les réponses mais par les questions qu’il pose au libéralisme. Le meilleur des socialistes est le fait de poser des questions au libéralisme triomphant.
La première question touche à l’idée qu’on ne peut séparer le libéralisme économique et le libéralisme politique selon les libéraux. Ainsi, les socialistes demandent dès 1835 qu’est ce que la liberté sans les moyens pour y accéder. Selon les socialistes, il n’y a pas un égal accès à la liberté. Le socialiste dit donc que le libéralisme économique et le libéralisme politique peuvent se séparer.
La deuxième question concerne la devise du trio liberté, égalité et justice. Le libéralisme est partisan de l’égale liberté et donc il est obligé de se situer sur le plan de l’égalité. Aussi, la société souhaite ces trois choses et donc les politiques doivent y toucher pour rester au pouvoir. L’antinomie de la liberté et de l’égalité caractérise les libéraux car ils sacrifient davantage l’égalité. On se demande aussi si la justice peut être assurée par la seule liberté et l’économie de marché.
La troisième question est celle du volontarisme et du laisser faire. Le volontarisme est l’incapacité de croire à des équilibres spontanés et satisfaisants dans la société. C’est l’idée qu’il est impossible d’avoir des résultats bons et justes sur la seule base de l’équilibre du marché. Les libéraux prônent le laisser faire qui est le seul à pouvoir créer des choses et donc créer de l’économie.
La quatrième question est celle de la responsabilité individuelle ou collective. La responsabilité individuelle entend responsabiliser l’individu. En face, le socialisme plaide pour une responsabilité et prise en charge collective. Le socialisme a donc une analyse différente de l’homme dans la société car selon lui il n’a pas à assurer individuellement les défauts de la société. Selon eux, le délinquant n’est pas un défaut individuel mais un défaut de la société. La responsabilité est donc toujours collective chez eux car le mal dans la société vient des structures et non pas de l’individu. Le libéralisme est avant tout un individualisme et donc l’idéal est que les hommes aient le libre usage individuel des biens sociaux.
La dernière question est : l’économique est il le cœur de la vie sociale ? Que ce soit les libéraux ou les socialistes, ils parlent tous les deux de cela. Le libéralisme et le socialisme sont tombés dans une grave erreur : avoir mis au cœur de la réflexion sociale la question économique. C’est une idée de Anna Arindt et selon elle en faisant cela ils ont mis la nécessité et non pas la liberté au cœur de la conception de la société. Ils ont mit la nécessité car l’économie est le cœur de la vie et donc il n’y a pas de choix.
A l’heure actuelle, tout cela est effacé mais il reste des tempéraments et des sensibilités. Il y a un libéralisme anglo-saxon différent du notre car il est très pragmatique et tourné vers l’économie. Le libéralisme français est très individualiste mais différent de celui des anglo-saxon car il est anti clérical donc anti Etat et en même temps il est très égalitaire. Quant au socialisme, le réflexe de base est d’organiser au lieu de laisser faire. Il n’est pas possible de laisser faire des hommes qui ne sont pas regroupés et organisés dans de grandes structures collectives.