Coran, Sunna, idjma… les sources du droit en Islam

Les sources de la tradition juridique islamique.

Dans la tradition sunnite on enseigne que le droit islamique repose sur 4 piliers, le Coran, la tradition du prophète (sunna), le consensus des savants (idjma) et l’analogie (qyas). L’analogie est plus une technique juridique faite pour interpréter d’autres sources du droit. On distinguer le Coran et la tradition du prophète du consensus et de l’analogie, le premier ploc étant supérieur.

Les shiites ne reconnaissent que le coran et les manifestations des personnes guidées par dieu. Mahomet a transmis ses révélations de façon orale et ce sont ses compagnons qui se sont mis à les transcrire par écrit. Au début la transcription s’est faite en ordre dispersé, et ce n’est qu’ensuite qu’elles ont été rassemblées à l’initiative des Califes Omar et Othman. La transcription s’est achevée aux alentours des années 650.

1. Le Coran

Il est subdivisé en 114 sourates ou chapitres, chaque sourate comporte un certain nombre de verset (6000 au total). L’ordre des sourates ne respecte pas l’ordre chronologique des révélations, la classification se fait par ordre de taille décroissant et en pratique cela revient à suivre l’ordre inverse de l’ordre chronologique. Les révélations les plus récentes se retrouvent ainsi au début du coran. Chaque sourate a un titre (exemple : le pèlerinage à la Mecque).

Il y a à peine 600 verset qui traitent de que qu’on appelle « droit ». Bien que se voulant complet il y a cependant un handicap face à la multitude des cas juridiques comparé au peu de verset traitants de questions juridiques.

Le coran peut parfois être obscur.

Les versets apparaissent parfois se contredire. Sur la question de la polygamie, le verset 3 admet le principe sous condition que l’homme ne soit pas injuste envers ses femmes, mais un autre verset dit qu’on ne peut traiter équitablement ses femmes même si on le souhaitait, ce qui laisse à croire que la polygamie serait à proscrire.

D’autres sources vont ainsi aider à interpréter le coran.

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2. La tradition du prophète, la sunna.

La première source de la sunna est Mahomet lui-même. Choisit par Allah, on considère l’ensemble de ses actions comme exemplaires. On en déduit que les règles se fondent sur les paroles et les actions du prophète.

Les témoignages sur la vie du prophète sont les hadiths. L’authenticité des témoignages n’est pas certaine, et on définit des critères pour trier les vrais des faux témoignages.

On prend ainsi en compte :

  • L’identité des témoins, plus c’est un proche de Mahomet plus la crédibilité du témoignage est forte.
  • Le nombre de témoins, plus il est important, plus le témoignage est solide.
  • Pour les témoignages indirects, l’identité de la personne rapportant les propos d’un témoin est aussi importante. On va se demander s’il s’agissait d’une personne proche du compagnon de Mahomet ou de la famille du prophète ou du prophète lui-même.

La sunna va revêtir la forme même d’un hadith, chacune comporte 2 parties.

La première partie est l’Islad, qui a une fonction de preuve.

L’autre partie est le Matn, qui est le contenu du témoignage.

Le rassemblement des hadiths a eu lieu u 9ème siècle. Mais les auteurs ne s’entendent pas pour reconnaitre l’authenticité des plus de 300.000 témoignages.

Ceratins auteurs feront plus autorité que d’autres. Al Bukhari et Muslim ont une grande autorité et leurs ouvrages ne concluent qu’à l’authenticité que de 8.000 témoignages (pour le premier).

La sunna shiite est sensiblement différente, car les shiites privilégient les membres de la famille du prophète. Les shiites donnent un très grande importance aux témoignages rapportés par Ali et son épouse Fatima, fille du prophète.

L’interprétation des hadiths n’est pas la même chez les sunnites et les shiites, de plus certains hadiths sont considérés vrais par les uns et faux par les autres.

Mahomet a dit qu’il laissait 2 biens précieux, le livre de dieu et sa descendance et les 2 ne peuvent être séparés. L’interprétation entre sunnites et shiites de ces paroles est bien différente.

Les shiites estiment que les imams sont aussi des messagers de dieu. En conséquence les paroles et les actions des imams s’ajoutent à la sunna. L’ouvrage de référence a été rédigé au 10ème siècle par Kolayni.

3. Le consensus des savants, l’Idjma.

Elle complète le coran. En théorie la vrai source complémentaire du coran devrait être l’Umma, consensus de la communauté des croyants, très difficile à constater comme à obtenir. On se contente donc à se référer à l’Idjma.

Les savants sont versés dans l’étude du Coran et de la sunna.

Comment ce consensus se manifeste-t-il ?

Les 4 grandes écoles ont été développées par les théologiens fondeurs. Le consensus des juristes savants renvoi au consensus des 4 grands théologiens fondateurs des 4 grandes écoles.

Les conclusions de ces 4 grands savants convergent très largement.

La théorie du consensus a pour conséquence qu’une grande part des travaux des 4 écoles vont accéder au rang de règle de droit obligatoire, du fait de la convergence entre les 4 grands auteurs.

Peut-on aujourd’hui se fonder sur le consensus d’autres juristes pour en déduire d’autres règles de droit ?

La réponse est négative, car il a été décidé au 10ème siècle que l’effort d’interprétation du coran et de la sunna mené par ces 4 écoles était suffisant. C’est ce qu’on appelle la « fermeture de la porte de l’effort » ou Hitjiad.

Aucun ouvrage d’interprétation du droit musulman ne va donc pouvoir voir le jour, ce qui va entrainer une rigidification de l’islam.

Cela rend ainsi impossible une interprétation autonome du coran. Ainsi l’Idjma va devenir une source première du droit musulman.

La théorie de la fermeture de la porte de l’effort est rejetée par l’école Hanbalite (essentiellement suivie en Arabie Saoudite, où les juristes peuvent donc donner leur propre interprétation du coran). La critique se fonde sur la critique de la réalité historique de la fermeture de la porte de l’effort. Cette théorie est également inapplicable aux chiites. En dépit de cette fermeture chez les sunnites, le droit musulman peut évoluer, grâce à la possibilité de se référer à la coutume (Dalloz les grands systèmes de droit contemporain).

Cette théorie est inapplicable aux chiites, qui à l’inverse se reconnaissent le droit d’interpréter le coran et la sunna chiites. Ici les théologiens occupent une place particulière. A partir du 18ème siècle est apparu un clergé au sein duquel est apparue une hiérarchie. Il y a les simples Mollah, qui interprète la loi islamique seulement pour les prescriptions claires, puis il y a les ayatollahs, qui sont des groupes de mollahs qualifiés, leurs décisions s’imposent aux mollahs et à la communauté. En Iran l’idée s’est installée selon laquelle un chef suprême pouvait exister au sommet de la hiérarchie, c’est un guide infaillible (c’est le statut qui a été donné à Khomeni en 1977). Ces mollahs et ayatollahs ont un pouvoir normatif et d’interprétation de la sunna. C’est un islam plus autoritaire et hiérarchique que l’islam des sunnites.