L’affirmation de la souveraineté du Roi par les capétiens

Les rois capétiens : La restauration des pouvoirs royaux.

les premiers Capétiens restent faibles face aux seigneurs locaux et leurs armées sont souvent battues par de simples châtelains. Du 11ème au 13ème siècle le pouvoir passe d’une nature féodale à une nature souveraine. Au XIIIème siècle, la monnaie (la chambre des comptes) et la justice (parlement) s’imposent face aux pouvoirs des seigneurs. Philippe Auguste fait de Paris sa capitale. L’ancienne cour du roi y est progressivement remplacée par une administration animée par les légistes qui sont des spécialistes de la loi.

§ 1. Le roi féodal.

A. Le roi seigneur.

Le roi capétien est d’abord un roi féodal chez lui, mais il a aussi un comportement féodal hors de son domaine où il est suzerain.

Dans son domaine, il est seigneur au sein de quelques territoires en région parisienne. Il a des vassaux directs.

a) Les organes de gouvernement
1. L’hôtel du roi.

C’est là que se retrouvent l’ensemble des services administratifs et domestiques. Les officiers : comme le sénéchal (lointain successeur du maire du palais et qui commande l’armée du roi), ou le chancelier qui est toujours un clerc (chargé de la chapelle du roi et de la confection des actes royaux, il détient les sceaux et authentifie les actes du roi), ou le connétable (comte chargé de la cavalerie de guerre qui a aussi des pouvoirs de police)

2. La curia regis.

C’est la cours du roi et l’ensemble des conseillers qui entourent le roi, ils peuvent être nombreux. Le roi invite tant des nobles (de l’île de France) que des roturiers légistes (maitres des requêtes de l’hôtel), mais on n’y trouve plus de grands nobles. Commence à apparaitre des spécialisations, dans la justice et la comptabilité publique. C’est de là que sortiront la Cour des Comptes de Paris et le Parlement de Paris.

b) Le domaine.

Ce domaine au début est fortement réduis, or les revenus du roi sont avant tout domaniaux.

1. Accroissement

Les capétiens vont développer une politique patiente d’accroissement territorial, par grignotage. Le plus célèbre de cette politique du pré carré fut Louis VI qui fit de nombreuses guerre à ses voisins féodaux. Un étape est franchie sous Philippe le Bel qui est le premier à prendre pied en terre d’empire, lorsque les bourgeois de Lyon se placeront sous sa tutelle, à cause du prestige de la royauté, en 1312 deux ans avant sa mort (il annexe aussi les châtellenies de Lille, Douai et Béthune grâce au traité d’Athis sur Orge, après sa victoire en 1304 à Mons en Pévèle).

2. Gestion

La gestion s’améliore grâce à la comptabilité publique. C’est une bonne gestion des revenus domaniaux, qui repose sur les sanctions du droit féodal (commise et saisine). Le plus habile ici fut Philippe Auguste, qui quadruplera le domaine et c’est sous son règne que le roi prend pied dans le midi à l’occasion de la croisade contre les albigeois (contre l’hérésie Cathare vers 1220-50).

Ce domaine est géré par des prévôts qui administrent, gère et juge. Très vite ces prévôts seront supplantés par les baillis, au ressort territorial plus grands.

B. Le roi suzerain

Le roi va s’affirmer comme tel.

a) Les droits du roi vis-à-vis de ses vassaux directs.

En île de France pas de problème, mais en province cela est plus difficile car il s’agit de grands nobles territoriaux. Dans ce cas imposera que les grands nobles lui prêtent l’hommage lige et une fois cet hommage généralisé, le roi pourra se présenter comme le seigneur de ses seigneurs. C’est un travail juridique qui aboutira dans la maxime : « le roi grand fiefeux du royaume ».

b) Les droits du roi vis-à-vis des vassaux de ses seigneurs.

Ceux-là n’ont pas prêté d’hommage au roi et ils ne considèrent que leurs seigneurs. A l’origine le vassal d’un seigneur n’est pas le vassal du seigneur de son seigneur. Cette position féodale donne une certaine indépendance aux vassaux que le roi veut combattre.

On va alors réclamer la fidélité négative de ces vassaux, ils ne doivent jamais porter tort au roi dans leurs actions. Une fois cette position acquise, les légistes avancent d’un pas et exigent la fidélité positive, c’est une dénaturation du droit féodal et le roi sort ainsi du cadre féodal.

§ 2. Le roi souverain.

C’est la suite logique mais peut-être plus ancienne. Dès l’origine ces rois ont l’impression d’être investis d’un pouvoir qui n’est pas d’origine féodale, mais souveraine. Ce sera le fil conducteur des légistes, qui savent que le roi est un peu le véritable successeur des empereurs romains. Ceci s’explique de 2 façons, par les fonctions du roi et leur exercice.

A. Le roi exerce une fonction.

Les thèmes ne sont pas nouveau, ils ont été mis à jour par les carolingiens. Les capétiens vont consolider l’expression de la mise en œuvre de ces fonctions.

a) Les missions.

Le roi doit assurer 2 fonctions, le commun profit (le bien commun) et la paix et la concorde.

1. Le commun profit.

Il doit gérer dans cette optique. C’est à travers la pensée d’Aristote et de Saint Augustin.

2. La paix et la concorde.

Sur la base de Cicéron qui a revisité Platon et Aristote ; il s’agit de faire régner la paix et la concorde au moyen de la justice et par la guerre.

b) La sacralisation.

C’est une pratique qui remonte aux carolingiens et qui est affirmée nettement par les capétiens. Emerge ainsi un rite de sacralisation de la politique qui est érigée au plus haut niveau comme un don de dieu confié au roi pour être géré le mieux possible. Elle a pour objet de donner au roi une grâce politique spéciale. Cette cérémonie prend de la consistance pendant le règne des capétiens, elle fait du roi une sorte de personnage à part à mi-chemin entre les laïques et les clercs.

Au plan rituel, le sacre comporte 2 moments forts.

1. Le serment

Il y a d’abord un serment sur les écritures,

2. L’onction

Puis une onction au moyen d’une huile qui donne au roi cette grâce et cette force.

B. Le roi exerce un pouvoir.

a) Les moyens
1. Normatifs.

Le roi est empereur en son royaume, il fait les lois et reprend à son compte la maxime législative des empereurs romains « ce qui plait au prince a force de loi ». Tous en Europe ne parviennent pas à cela.

2. Judiciaires.

Le roi dispose de moyens judiciaires de nature supérieure puisqu’il s’affirme comme source de toute justice (Saint Louis rendant la justice sous un chêne). C’est par ce moyen, le plus emblématique, qu’il fait régner la paix et la concorde. C’est une monarchie justicière plus que guerrière ou féodale.

b) Les représentations.

Ce pouvoir est représenté de façon symbolique par 2 objets fondamentaux.

1. La main de justice, l’épée et l’anneau.

La main de justice et l’épée représentent la justice. L’anneau représente l’union mystique du roi et de la nation. Ces objets sont donnés au roi dans le cadre de la cérémonie du sacre tout comme la couronne

2. La Couronne, préfiguration de l’Etat.

Cet objet va prendre de plus en plus d’importance, elle va préfigurer l’Etat. Elle représente le pouvoir dans son abstraction, elle est titulaire abstraite du pouvoir d’agir, c’est l’expression de la puissance et de la force. L’Etat qui va apparaitre montre que le pouvoir est détenu par la couronne.

Petit à petit le roi fonde et constitue un pouvoir d’une autre nature grâce aux légistes et tout en faisant son devoir féodal.

Dans notre pouvoir actuel il n’y a pas de différence de nature.

 

 

 

 

 

Philippe II « Auguste »
(21 août 1165 – 14 juillet 1223)
18 septembre
1180
14 juillet
1223
Seul fils de Louis VII et d’Adèle de Champagne. Sacré à Reims le 1er novembre 1179 comme roi associé. Il est le premier à utiliser le titre de roi de France.
Louis VIII
« le Lion »
(5 septembre 1187 – 8 novembre 1226)
14 juillet
1223
8 novembre
1226
Fils aîné de Philippe II et d’Isabelle de Hainaut. Sacré à Reims le 6 août 1223. Mort de dysenterie.
Louis IX
« Saint Louis »
(25 avril 1214 – 25 août 1270)
8 novembre
1226
25 août
1270
Quatrième fils de Louis VIII et de Blanche de Castille, il succède à son père sous la régence de sa mère jusqu’à sa majorité, en 1235. Sacré à Reims le 29 novembre 1226. Mort de dysenterie devant Tunis. Canonisé en 1297.
Philippe III
« le Hardi »
(30 avril 1245 – 5 octobre 1285)
25 août
1270
5 octobre
1285
Deuxième fils de Louis IX et de Marguerite de Provence. Sacré à Reims le 30 août 1271.
Philippe IV
« le Bel »
(1268 – 29 novembre 1314)
5 octobre
1285
29 novembre
1314
Deuxième fils de Philippe III et d’Isabelle d’Aragon. Sacré à Reims le 6 janvier 1286. Également roi de Navarre sous le nom de « Philippe Ier » par son mariage avec Jeanne de Navarre.
Louis X
« le Hutin »
(4 octobre 1289 – 5 juin 1316)
29 novembre
1314
5 juin
1316
Fils aîné de Philippe IV et de Jeanne de Navarre. Sacré à Reims le 24 août 1315. Également roi de Navarre sous le nom de « Louis Ier ». Mort en laissant un enfant à naître ; son frère cadet Philippe de Poitiers assure la régence.
Jean Ier
« le Posthume »
(15 novembre 1316 – 19 novembre 1316)
15 novembre
1316
19 novembre
1316
Fils de Louis X et de Clémence de Hongrie, il meurt après quelques jours de vie et de règne. Il est le seul roi de France à avoir régné de sa naissance à sa mort, mais il est aussi, de tous les chefs d’État français, celui qui est resté en fonction le moins longtemps. Également roi de Navarre sous le nom de « Jean Ier ».
Philippe V
« le Long »
(17 novembre 1293 – 3 janvier 1322)
19 novembre
1316
3 janvier
1322
Deuxième fils de Philippe IV et de Jeanne de Navarre, frère cadet de Louis X et oncle de Jean Ier. Les États généraux de 1317 évincent de la succession Jeanne, la fille de Louis X. Sacré à Reims le 11 janvier 1317. Également roi de Navarre sous le nom de « Philippe II ». Mort sans descendance mâle.
Charles IV
« le Bel »
(18 juin 1294 – 1er février 1328)
3 janvier
1322
1er février
1328
Troisième fils de Philippe IV et de Jeanne de Navarre, frère cadet de Louis X et de Philippe V. Sacré à Reims le 21 février 1322. Également roi de Navarre sous le nom de « Charles Ier ». Mort sans descendance mâle, il est le dernier Capétien de la branche aînée.

 

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