LA LIBERTÉ SELON STUART MILL

 

Il a publié à Londres en 1859 On Liberty qui est rapidement traduit en français. Il est né en 1806 et meurt en 1873. Il est le fils de James Mill qui est un des chefs de file de l’école philosophique utilitariste. Stuart Mill a reçu une éducation stricte car il était vu comme l’héritier de cette école philosophique.

 

En réalité, il va se libérer de cet utilitarisme. Pour en sortir, il a subi des influences libérales. La première est d’un grand savant allemand appelé Humboldt qui a publié une œuvre. L’autre grande influence est celle de Tocqueville. En 1861, il écrit Le Gouvernement représentatif. On Liberty est très influencé par Tocqueville. Stuart Mill a même demandé à Tocqueville de développer la démocratie sur le plan social qui intervient avant la démocratie politique.

 

L’apport de Stuart Mill est triple : une modernisation de la liberté, une définition logique et rigoureuse de la liberté et de ses limites et une apologie d’individualité et de l’originalité.

 

Il y a trois apports originaux de Stuart Mill à la question de la liberté :

  • modernisation de la problématique de la liberté
  • définition logique et individualiste de la liberté
  • apologie formidable de l’originalité

 

            Section 1- Une actualisation du problème de la liberté

 

Stuart Mill est con scient i faut donner une nouvelle ampleur au problème de la liberté : comment la protéger contre le Pouvoir ? Il fait remarquer qu’on ne peut plus se contenter d’une vision monarchique du problème c’est-à-dire l’idée qu’il faut protéger la liberté contre le Pouvoir et donc réduire la question à cela. Il insiste sur le fait qu’il faut penser la protection de l’individu et de sa liberté contre également la nouvelle tyrannie. La nouvelle tyrannie est ce qui se passe lorsqu’une société devient démocratique. On retrouve donc le schéma libéral classique : protéger l’individu et la liberté contre le risque d’oppression de la liberté. Son originalité est d’aller au delà de l’aspect politique de la question de liberté et donc lui donner un aspect sociologique voir culturel.

 

P1- Aspect politique

 

Stuart Mill le fait avec une clarté parfaite. Il refuse l’identification démocratique entre trois choses : le peuple, la majorité, l’individu gouvernant. Il refuse qu’on con sidère que la majorité représente le peuple. C’est donc une fiction juridique qui permet seulement de justifier la majorité. Sociologiquement et philosophiquement, c’est donc quelque chose de faux. « La nation n’avait pas besoin d’être protégée contre sa propre volonté. Il n’y avait pas à craindre qu’elle se tyrannisa elle même ». L’idéal de la démocratie est une identification des gouvernants et des gouvernés mais les libéraux ne l’acceptent pas dans une démocratie représentative mais la démocratie directe n’est pas possible. Stuart Mill critique donc la théorie de Rousseau mais qui admettait lui même que la démocratie n’est pas possible.

 

Il faut donc limiter tout gouvernement, même démocratique, puisque cette fiction n’est pas acceptable. Il faut donc admettre la tyrannie de la majorité même en démocratie.

 

P2- Aspect sociologique

 

On retrouve l’influence fondamentale de Tocqueville aussi. Stuart Mill dit que la tyrannie de la majorité ne s’exprime pas seulement par les actes politiques et il craint davantage la tyrannie sociale. « La société peut exécuter et exécute elle même ses propres décrets ». La tyrannie sociale contrôle donc tous, même mieux que le Législateur. Rien ne lui échappa car elle pénètre bien plus dans les détails de la vie et enchaine l’âme elle même selon Stuart Mill. La hantise de Stuart Mill est donc que la société démocratique par le biais de l’opinion publique empêche l’émergence de l’individualité. C’est donc ne peur de l’uniformité.

 

Stuart Mill donne des exemples. Notamment, Stuart Mill accuse l’intolérance sociale non pas de tuer les hommes et de détruire les opinions mais de les contraindre à cacher leurs opinions ou de ne faire aucun effort pour les étendre. Devant cette tyrannie, Stuart Mill que le sacrifice complet de tout le courage moral de l’esprit humain est le prix. Stuart Mill dénonce donc une totale démoralisation de la société et donc une société qui vit dans le mensonge total. Un parallèle peut donc être fait avec le régime communiste russe. Stuart Mill dit qu’aux Etats Unis la morale contrôlait les lois somptuaires, donc les lois chargées de contrôler les dépenses des femmes. Il y adonc un effet de domination du désir de consommation et Stuart Mill dit que l’opinion publique ne peut pas dicter une manière de vivre. On a donc chez Stuart Mill un refus de domination de la vie privée.

Il faut donc faire face à une nouvelle menace pour l’individu en conclusion. Stuart Mill perçoit au fond ce qu’on appelle aujourd’hui un changement d’époque car on est entré dans l’air des masses. L’air des masses est une époque où les masses gouvernent directement par le biais des institutions démocratiques et elles gouvernent indirectement par une opinion conformiste et intolérante. L’urgence de Stuart Mill est donc de définir la liberté individuelle et dire comment la protéger dans une société démocratique.

 

Section 2- La définition de la liberté

 

Les principes que suit Stuart Mill sont assez classiques et ce qui est intéressant chez lui c’est qu’il pousse plus loin la logique de l’individualisme.

 

P1- Le principe de liberté

 

Dès le début de son essai, Stuart Mil définit le but de façon proche de Constant : trouver les limites contre le despotisme politique et contre l’action de l’opinion politique. Stuart Mill pose des principes simples :

  • On ne peut trouver la liberté d’action d’autrui que pour se protéger soi-même.
  • Une communauté ne peut utiliser légitimement la force que pour empêcher un individu de nuire aux autres.
  • On ne peut jamais intervenir au nom du bien de l’individu, soit physique soit moral.

 

Stuart Mill apporte des précisions. D’abord, il dit que le principe de liberté ne peut s’appliquer à un type de société antérieur au moment où la société devint capable de s’améliorer par une libre et équitable discussion. Avant cette époque, il dit qu’on a le droit d’utiliser la force et le despotisme pour gouverner les hommes. Le despotisme est justifié si le but est atteint donc améliorer les hommes et stopper la barbarie. C’est argument est difficile car il est facile de se bloquer derrière cela et donc de bloquer la société. Mais, à un moment dans l’histoire humaine, les sociétés et les hommes évoluent autrement selon Stuart Mill, une fois que la libre discussion apparaît. Les hommes peuvent alors changer et progresser par le moyen de la seule persuasion et de la liberté. « Tout change quand le genre humain peut aller au progrès par la conviction ou la persuasion ».

 

Une question se pose : à partir de quand cette condition se réalise et est elle définitive ou peut on la remettre en cause ? Ce sont des questions qui se posent sans cesse en matière de droits et libertés.

 

Autre précision, Stuart Mill nuance cette définition purement négative de la liberté qu’il a adopté. Il reconnaît qu’il n’y a pas seulement un aspect négatif mais il y a aussi parfois une obligation positive de ne pas porter atteinte à autrui. Il pose le principe que ce n’est qu’exceptionnellement qu’on pet rendre quelqu’un responsable de ne pas avoir empêché quelque chose à autrui. L’optimisme de Stuart Mill est que si on laisse les hommes libres il y a une richesse culturelle qui se développe.

 

P2- La question de la liberté d’opinion et d’expression

 

Concernant la liberté, c’est l’exemple le plus caractéristique selon Stuart Mill de ce qu’il craint. La liberté d’opinion est la plus fragile dans l’optique de la tyrannie sociale. Il rappelle que le pouvoir du gouvernant est encore plus nuisible quand il agit avec l’opinion publique au lieu d’agir contre elle.

 

Selon lui, il n’y a aucune raison de faire interdire l’expression d’une opinion. « Imposer silence à l’expression d’une opinion c’est voler l’espèce humaine, la postérité, aussi bien que la génération existante, ceux qui s’écartent de cette opinion encire plus que ceux qui la soutiennent ». Il y a donc une richesse pour tous dans la richesse des opinions.

 

Il y a quatre motifs de ne pas interdire une opinion :

  • Une opinion que l’on réduirait au silence peut très bien être vraie. Il y a une probabilité que la vérité soit établie entre plusieurs.
  • Une opinion interdite qui serait une erreur peut néanmoins contenir une part de vérité. C’est l’opinion classique d libéralisme car l’opinion dominante n’est pas entièrement la vérité. La vérité n’a de chance d’être connue que par la corrosion des opinions adverses.
  • Même si l’opinion reçue contient toute la vérité et que donc elle puisse faire taire les autres, il ne faut pas faire taire les autres car elle deviendrait un préjugé et donc une opinion non reconnue par la raison. Une opinion entièrement vraie doit donc accepter d’être discutée vigoureusement et d’être démontrée.
  • Une doctrine est affaiblie et privée de son effet vital si elle n’accepte pas la critique. Elle devient alors dogmatique, c’est-à-dire qu’elle devient une formule peut être vraie dans la nature mais purement inefficace pour le bien. C’est inefficace pour le bien car les dogmes ne permettant pas la naissance d’une idée fondée sur la raison.

 

Cette argumentation nous situe donc où est le point cœur de la liberté. La liberté d’expression touche à la question de la vérité. Il y a une ligne d’affrontement au XVIIIe siècle avec toutes les églises, surtout protestante. Stuart Mill rappelle donc les liens entre la philosophie libérale et la question de la liberté. Le seul moyen de connaître la vérité est la libre discussion qui correspond à la Raison. Stuart Mill rappelle donc que le libéralisme élimine tous les arguments d’autorité, qu’ils soient politiques ou religieux. La vérité ne sera connue que progressivement. Autre idée, personne ne peut être assurée de connaître à soi seule la liberté. A supposer l’inverse, personne ne pourra discuter de la vérité et des opinions erronées. Il faut donc laisser les autres s’exprimer afin d’accéder à la vérité. Stuart Mill met an avant un souci de la diversité et d’un sentiment de la richesse de cette diversité. Pour lui, les affrontements dans l’opinion sont quelque chose de bénéfique. Il fat briser la masse compacte d l’opinion aveugle selon Stuart Mill.

Stuart Mill relève une question : toutes les opinions peuvent elles toutes s’exprimer sans risques, notamment sans risques pour la liberté ? La question s’est posée à différentes reprises : face au totalitarisme, face à la religion, les parties extrémistes,… Stuart Mill maintient une liberté d’opinion totale. Pour lui, on combat bien mieux ce qui se dit au grand jour au lieu d’enterrer les choses. Si les choses sont au grand jour, il sera possible de les discuter alors que les enterrer ferait qu’on oublierait de les combattre. Stuart Mill rappelle que personne ne soutient que les actions doivent être aussi libres que les opinions et donc on retrouve la différence entre opinion et action. Il y a une totale liberté des opinions mais il n’y a pas de liberté d’action totale. L’opinion perd son immunité lorsque son expression est l’instigation à un acte nuisible selon Stuart Mill. La question est de savoir à partir de quel moment une expression devient une action. C’est notamment le cas de l’injure ou de la diffamation car cela cause un mal à l’honneur de quelqu’un donc c’est un acte. Mais cela reste une difficulté de déterminer à partir de quand l’expression devient une action.

 

En conclusion, le libéralisme de Stuart Mill est philosophique et politique et moins économique. Il a une vision de la liberté qui représente à une société que le philosophe juif Karl Popper a appelé la société ouverte. C’est une société constamment ré ouverte par des nouveautés de l’esprit des hommes. C’est donc une société constamment en mouvement et qi est obligée de bouger et donc c’est le contraire d’une société stable qui repose sur des dogmes. Le monde peut donc bouger s’il y a encore des individualités. La liberté d’expression va donc permettre à la société de se perfectionner.

 

Section 3- L’apologie de l’individualité

 

Il y a encore un lien entre Stuart Lill et Tocqueville ici. Chez Tocqueville, il fallait distinguer l’individualité qui est quelque chose de fort de l’individualisme qui discourt la société constamment et la ramène sous la tutelle. Stuart Mill est plus optimiste sr l’individualisme dans la démocratie. Il y a donc une apologie de l’ex centrisme chez lui. L’apologie que Stuart Mill de cela vient se sa crainte de l’uniformité.

 

Stuart Mill traite de façon psychologique cela. Dans une lettre de 1840 adressée à Tocqueville, il dit que ce qu’il craint le plus dans la démocratie est la stagnation et une immobilité chinoise. Pour lui, le monde stationnaire relève de la médiocrité car la masse est médiocre. ? L      a masse tente toujours à réduite et faire disparaitre l’indépendance de l’individu. C’est donc un côté aristocratique dans cette vision. Il craint donc une indifférenciation sociale qui vient de la tyrannie sociale de l’opinion. Chez Stuart Mill, l’indifférenciation n’est donc pas liée à l’égalité mais au refus de l’individualité.

 

L’affirmation centrale de Stuart Mill est que la liberté permet le plus grand épanouissement des facultés individuelles. Tout individu qi développe ses facultés individuelles en fait nécessairement profiter l’ensemble de la société. Il faut donc se séparer de la masse pour développer ses facultés individuelles. Il fat donc se servir de son intelligence et de ses désirs et impulsions donc l’ensemble de ses capacités selon Stuart Mill.

 

Stuart Mill attend donc de la liberté une éclosion d’individualités riches et donc avec un profit pour l’ensemble de la société. L’apologie de l’individualité n’est donc pas une apologie du sur homme. L’individualité est la même chose que le développement pour lui au fond. Stuart Mill montre donc le lien entre l’individualité et le progrès social. Il montre une originalité qui permet de découvrir des choses nouvelles. C’est donc l’image d’une société qui n’est renouvelée que par des individualités et donc il n’y a pas de recherches collectives. Stuart Mill fait donc confiance aux génies qui sauvent selon lui le monde de l’entropie et de la médiocrité.

 

Le problème est que dans une société démocratique l’individualité va connaitre des difficultés plus nombreuses que dans les sociétés anciennes. Dans une société démocratique, les éminences sociales permettant de mépriser l’opinion n’existent plus. On retrouve donc encore Tocqueville. Ainsi, Stuart Mill craint qu’il devienne impensable en démocratie de résister à la volonté du public qui devient une volonté positive dans la démocratie car elle peut se retrouver dans la Loi.

 

Conclusion :

La société dont rêve Stuart Mill est une société ouverte donc capable d’évoluer et qui n’est pas prévisible. La nouveauté viendra des individualités. Or, Stuart Mill craint que dans une société démocratique le pouvoir central ne se laisse guider que par des présomptions générales. Ce sont seules les individualités qui sont capables de s’adapter. Le pouvoir central en démocratie ne permet donc pas la société ouverte et donc la confiance de Stuart Mill repose sur l’individu. Il distingue deux secteurs dans la société : celui des rapports avec autrui qui est soumis à des règles et donc à la sécurité et celui des intérêts particuliers où il faut préserver le libre exercice de la spontanéité individuelle. Mais il n’est pas difficile de distinguer les deux.

 

Isa Germain

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Isa Germain

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