Les théories du contrat social (Hobbes, Locke…)

Les théories du contrat social

Hobbes revendiquera ouvertement l’héritage de Guillaume d’Occam. Il va donc appliquer les théories nominalistes à la science de l’Etat.

L’accès à la connaissance passe par les sens et ensuite, la raison ne fait que raffiner.

Locke est l’un des premiers auteurs à être parti sur les bases du sensualisme. Locke imaginera le contrat social pour faire une théorie libérale.

Hobbes quant à lui imaginera le contrat social pour faire une doctrine absolutiste.

Jusqu’à Hegel, le contractualisme prospérera même s’il va dénoncer cette façon de penser l’hétéronomie. De Hobbes à Hegel, la pensée juridique et philosophique a conçu l’Etat en terme de contrat.

Hobbes est un philosophe du XVIIème siècle qui est considéré comme le philosophe de la peur. Il fonde l’obéissance aux lois sur la peur. Le droit servirait à nous protéger de notre appétit à nous porter offense. Il est le philosophe qui le premier, va enterrer de façon définitive Aristote. Aristote pensait que l’Homme est naturellement porté à la politique, c’est un animal politique. Selon Hobbes l’Homme n’est pas fait pour vivre en politique.

Pour Hobbes, par nature, l’Homme hait l’Homme. Seul l’Homme est capable de tuer l’Homme et d’aimer l’Homme.

L’Homme est un animal métaphysique pour Schopenhauer, il est capable de s’émanciper de son déterminisme pour créer des lois qu’il est capable de transgresser.

Hobbes est né dans un siècle dur, qui se remet à peine des guerres de religion. Ce qui compte avant tout chez Hobbes ce n’est pas l’Etat mais l’individu, car l’Etat n’est que le fruit d’un contrat, c’est un moyen, théorie libérale et individualiste.

Au XVIIème siècle, on assiste à une révolution épistémologiste. Le XVIIème siècle est le siècle de la lumière, le siècle de la révolution du savoir, de la clarté. Hobbes va développer sa théorie contractualiste de l’Etat. Cela signifie qu’au XVIIème siècle, les Hommes ne conçoivent plus le monde de façon finalisée et harmonieuse, le monde est enfin conçu comme un monde définalisé, absurde et comme un monde infini, comme si dans la nature il y avait un dessein. On peut alors concevoir le droit autrement qu’à travers une finalité naturelle.

Nous avons, à partir du XVIIème siècle, une vision du monde totalement différente, qui s’appauvrie puisqu’on nous propose un monde qui n’a ni début ni fin. L’ouvrage de A. Koyré, Du monde clos à l’univers infini parle du changement de vision de la nature.

Si la nature est définalisée, il est évident qu’il ne peut pas y avoir d’ordonnancement dans la nature. Même les scientifiques disent qu’il n’y a pas de causalité.

La science est un échafaudage d’hypothèses.

Avec un tel contexte il est évident que la philosophie politique est un arte fact destiné à conjurer le chaos de l’état de nature et c’est le rôle du contrat social. Il n’y a rien d’étonnant à ce que Hobbes pessimiste conçoive l’Etat de cette manière. Alors il va utiliser pour ce faire, une méthode qu’il va emprunter à Galilée.

Le résultat du contrat social correspond à la phase compositive. Le mécanisisme est tributaire du contexte épistémologique dans lequel écrit Hobbes. Il tourne le dos à Aristote puisque l’état de nature en question n’est pas un ordre normatif, il n’y a pas de norme, c’est anarchique. Ce qui fait que ce à quoi va se livrer Hobbes dans le rapport entre droit subjectifs et objectifs. Jusqu’au XVIIème siècle, c’était le droit objectif qui était réputé naturel.

Avec Hobbes, le droit objectif devient artificiel, c’est le fruit du contrat social. Ce qui est réputé naturel ce sont les droits subjectifs, ils sont réputés précéder les droits objectifs. Le droit objectif qui sera le résultat du contrat social va permettre la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ce n’est plus une fin mais un moyen le droit objectif alors que c’était une fin chez les anciens car l’Homme était un homme politique.

Kant parlera de l’insociable sociabilité de l’Homme. Naturellement, il est porté à la guerre. Parce que nul ne sait ce qui est juste et injuste, pour faire société on est obligé de construire artificiellement l’Etat. C’est la raison pour laquelle il est injuste d’attribuer la paternité des dérives totalitaires à Hobbes parce qu’on sait qu’il est le théoricien des monarchies absolues. Cette paternité est totalement injuste et erronée parce que les doctrines fascistes et nazis ne sont pas mécanisistes, elles ne voient pas l’Etat comme un arte fact mais comme un tissu organique à l’intérieur duquel les individus ne sont que les maillons au service du tout.

Le pessimisme épistémologique de Hobbes, il ne croit pas en l’aptitude de la raison humaine à discriminer entre le juste et l’injuste. Si l’on veut une justice objective on doit la concevoir artificiellement en investissant le Prince de la souveraineté. En raison de ce pessimisme épistémologique on ne peut savoir ce qui est juste. Cela a permis à Hobbes de nous proposer une conception métaphysique et absolutiste. Elle est métaphysique d’abord car il y a eu un renversement par rapport aux anciens.

Parce qu’il n’y a pas de définition de ce qui est juste, chacun pourra user de ces droits de manière illimitée avant le Léviathan. Le jus naturale ce sont les droits naturels que tous peuvent utiliser, ce sont des droits en terme de devoir être.

La lex naturale c’est la loi naturelle au terme de laquelle si chacun use de son jus naturale de manière absolue cela est contre productif, il ne peut qu’anéantir les droits naturels. Pour les préserver il faut les sacrifier.

Le contrat social de Locke, rédigé dans le gouvernement civil de 1790, a été fait pour faire apologie de la monarchie constitutionnelle, du libéralisme économique. Dans son traité du gouvernement civil il fait l’éloge de la monarchie anglaise. John Locke a une conception moins radicale que Hobbes, parce que sa pensée n’est pas aussi subjectiviste que celle de Hobbes. Il considère que la raison peut connaitre, circonscrire ce que sont les droits naturels subjectifs. Pour Locke, le droit de propriété est sacré. Il considère donc qu’il y a une connaissance possible des droits subjectifs que l’on peut opposer à l’Etat, et que l’on peut invoquer contre l’Etat.

Le juge, qui pourtant n’est pas élu, qui n’a aucune légitimité démocratique, il est capable de connaitre les droits et quand il les oppose à la loi il ne fait pas oeuvre de volonté mais de connaissance. Il ne faut donc pas craindre les pouvoirs du juge.

Locke est un peu cognitiviste, il pense qu’il y a une connaissance du devoir être. Il croit naïvement à une connaissance de droits. Il n’y a rien à redouter du pouvoir du juge. La philosophie de Locke préfigurera le constitutionnalisme.

Il est possible de contester le contrat social, de le résilier lorsqu’on s’aperçoit que le bénéficiaire méconnait les clauses de ce contrat, le Prince doit respecter les clauses. Il y a au dessus de la volonté subjective du Prince, une connaissance possible des droits dont le juge est le garant. Sans que cette opposabilité ne soit la manifestation d’un quelconque pouvoir objectif.

Hobbes, lui, pessimiste et radicalement subjectiviste, considère que seul le législateur peut savoir ce qui est juste. Hobbes préfigure le légicentrisme. Tandis que Locke préfigure le constitutionnalisme.

La philosophie des droits fondamentaux consiste à confier les droits au juge qui serait au dessus, capable de se soustraire de ses préjugés.

Montesquieu est le contre-exemple de Hobbes. Sous la bannière de la nature, la féodalité s’impose sans être décrétée.

Avant même que l’on eut tracé de cercle tous les rayons n’étaient pas égaux. Il existe des valeurs indépendantes de toute manifestation de souveraineté. Montesquieu, en tant qu’aristocrate avait tout intérêt à défendre les théories du contrat social étant donné qu’elles sont en faveur de la bourgeoisie, en concentrant dans les mains de l’Etat l’imperium.

Montesquieu a été modernisé lorsqu’on a instrumentalisé sa théorie de la séparation des pouvoirs. Le sociologisme de Montesquieu est un héritage d’Aristote.

Puisque la philosophie individualiste, pessimiste, subjectiviste de Hobbes constitue à ne confier qu’à la loi ce qui est juste objectivement, le XVIIIème siècle va être imprégné par ce légalisme et il va prospérer tout au long du XIXème siècle.