La liberté dans la démocratie selon Alexis de Tocqueville
Alexis de Tocqueville était un universitaire qui s’est imposé comme l’un des grands penseurs politiques de son époque. Il y a plus d’un siècle et demi, alors que la plupart des gens étaient gouvernés par des rois, il a déclaré que l’avenir appartenait à la démocratie. Il a expliqué ce qui était nécessaire pour que la démocratie fonctionne et comment elle pouvait contribuer à protéger la liberté humaine. Dans le même temps, il a mis en garde contre le fait qu’un État-providence pouvait séduire les gens et les asservir. Il a vu pourquoi le socialisme doit mener à l’esclavage.
Tocqueville a misé sa vie sur la liberté. « J’ai un amour passionné pour la liberté, le droit, le respect des droits », écrivait-il. « Je ne suis ni du parti révolutionnaire ni du parti conservateur. . . . La liberté est ma première passion. »
La passion fondamentale de Tocqueville est donc la liberté et il est dans une situation curieuse car il ne peut pas adhérer purement et simplement à la Révolution française en raison de sa famille. En même temps, il n’est pas capable de rester conservateur et traditionaliste comme sa famille. Finalement, la démocratie représente deux choses selon lui : c’est quelque chose d’inéluctable car elle est voulue par Dieu et en même tempos c’est un phénomène ambivalent au regard de la démocratie. La question est donc d’harmoniser le tout.
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P1- La nature de la démocratie
A- Définition de la démocratie
Tocqueville hésite entre trois définitions possibles de la démocratie et variant selon le fait générateur. La première entend la démocratie comme un état social et donc l’essence de la démocratie est l’égalité des conditions. C’est ce que disait déjà Colar ou Guizot. La deuxième définition entend la démocratie en un sens politique et donc il y a démocratie en cas de souveraineté du peuple. La troisième définition entend la démocratie comme le type de société dans lequel l’opinion publique domine. Ainsi, le politique et le social sont combinés dans la troisième définition car c’est une forme non juridique de la souveraineté.
Il commence par la démocratie sociale car il se rend compte que la démocratie transforme le lien social. Il observe un abandon de ce qu’il appelle le patronage et les influences familiales qui caractérisaient les sociétés aristocratiques (ou société holiste) dans lesquelles l’individu n’est pas libre de sa communauté et ne peut donc pas tout choisir (mariage par exemple). Aux Etats Unis, cela a disparu et c’est ce que Tocqueville observe. A la place, il y a une logique de l’individualisme qui s’est installée et donc dorénavant les actions des hommes n’ont plus que deux sources : la volonté individuelle et la volonté générale (donc les lois auxquelles l’homme est soumis). Le résultat sur le plan sociologique est qu’un Etat social démocratique est un Etat dans lequel il n’y a presque plus d’influence individuelle. C’est aux Etats Unis que Tocqueville comprend la possibilité d’un individualisme absolu parce qu’il est égalitaire. « C’est dans l’ouest qu’on peut observer la démocratie parvenu à sa dernière limite. Les habitants ne se connaissent à peine les uns les autres, chacun ignore l’histoire de son plus proche voisin ». Il poursuit qu’on échappe aux influences mais aussi à la naturelle aristocratie qui découle des lumières et de la vertu. « Les nouveaux Etats de l’ouest ont déjà des habitants. La société n’y existe point ». La démocratie à son terme est donc la dissolution de la société.
B- L’opposition démocratie/aristocratie
Cette opposition a un double rôle chez Tocqueville car elle lui permet de rendre compte de l’évolution historique de la société qui sont finies car le modèle aristocratique va disparaître et elle lui permet de maintenir une polarité dans la société démocratique et donc la démocratie va triompher mais Tocqueville pense qu’un élément de l’aristocratie peut survivre. L’aristocratie n’est donc plus quelque chose de social mais quelqu’un qui se défie du pouvoir central. Il y a donc ce côté résistant et finalement Tocqueville, il y a un glissement où il part d’une aristocratie sociale traditionnelle qui a vocation à diriger pour aller vers une nouvelle aristocratie morale donc celle de ceux qui ont le gout de la liberté au point d’être prêt à faire des sacrifices. La question de Tocqueville est donc de savoir comment maintenir un élément aristocratique dans la société démocratique.
La démocratie est le régime social dans lequel rien ni personne un doit échapper au pouvoir de la société sur elle même. Le pouvoir social n’est donc que l’expression de la société qui s’impose aux individus.
L’aristocrate est le fait d’être membre d’un corps aristocratique qui porte et rend indépendant du pouvoir du moment. Un aristocrate n’est ni sujet ni législateur selon le schéma de Rousseau ais il est indépendant de la société dans laquelle il vit car il peut la diriger ou l’influencer et donc la société n’a pas de prise sur lui. La définition de la liberté pour un aristocrate est don un sentiment exalté de son indépendance.
L’homme démocratique est quelqu’un qui est indépendant de toute influence individuelle, en raison du principe d’égalité, mais, néanmoins, il obéit à la volonté de tous. Chez l’homme démocratique, la liberté est un droit naturel et imprescriptible et égal de vire indépendant de ses semblables.
Ayant ces deux définitions, Tocqueville note un paradoxe entre la définition aristocratique et démocratique de la liberté. La définition aristocratique est fausse car l’aristocrate ne veut pas de l’égalité mais elle donne tout de même de bons résultats car c’est une idée juste de vouloir l’égalité. Au contraire, la définition démocratique ne donne pas de bons résultats. L’explication est intéressante chez Tocqueville car il remarque que la définition aristocratique de la liberté est immédiatement politique car c’est une définition de la liberté considérant que l’homme est libre tout de suite en tant que citoyen donc membre de la société alors que la définition démocratique n’est pas oolitique car c’est la liberté naturelle de l’homme et donc la liberté confondue avec l’indépendance. Le paradoxe est que la liberté démocratique rend plus difficile l’éclosion des vertus physiques au moment où on en a le plus besoin. La vertu physique est le fait de savoir commander et de savoir obéir.
La société démocratique est prise entre un mouvement naturel et artificiel. Le mouvement naturel est la disparition des influences formant le lien démocratique et social. Le mouvement artificiel est un mouvement de reconstruction du lien social par le moyen de l’association volontaire. La démocratie veut donc fabriquer le line social qui existe déjà mais différemment.
C- Le portrait politique de Tocqueville
Il essaye de comprendre l’homme nouveau de l’Amérique et trois caractéristiques en découlent.
C’est d’abord un homme isolé et de façon forte Tocqueville perçoit le renouveau de l’individualisme. Il dit de se méfier car l’individualisme n’est pas la même chose que l’égoïsme car ce dernier dessèche toutes les vertus alors que l’individualisme dessèche seulement les vertus politiques. Mais il estime qu’à la lingue le résultat est le même. L’homme isolé s’isole de la grande société pour vire dans la petite société formée de sa famille et de ses amis. Cet isolement vient du sentiment de la valeur de l’homme en tant qu’individu et de ses intérêts personnels. Mais, il vient surtout de la rupture des liens sociaux car l’homme moderne n’est pas tenu par des liens sociaux s’accrochant à lui. C’est une société hiérarchisée dans laquelle l’homme a le sens des liens personnels et ignorant l’humanité. Dans la démocratie, l’homme a conscience de ses rapports avec les autres et Tocqueville observe que l’homme démocratique a un sentiment fort des devoirs envers l’humanité.
Ensuite, c’est un homme qui a la passion du bien être. Tocqueville ne nie pas que c’est une passion qui a toujours existée mais il dit que dans la démocratie elle prend une forme particulière. L’égalisation des conditions surexcite l’envie des hommes selon Tocqueville. Les hommes s’attachant à tout pour conquérir des jouissances, les retenir qui sont incomplètes et fugitives. Cette passion du bien être a des effets sur la société démocratique selon Tocqueville. Il est intelligent en disant que ce désir de jouissance n’est pas source de désordres et de guerres civiles car il est au contraire une source formidable d’ordre. Cela favorise l’industrie. « Ce que je reproche à l’égalité ce n’est pas d’entrainer les hommes à la poursuite de jouissances défendues, c’est de les absorber entièrement dans la recherche des jouissances permises ».
Enfin, il y a la douceur et la mollesse dans les temps démocratique. Il n’y a pas d’écart tranché avec de grandes révolutions ou de grands sacrifices. On retrouve donc l’idée de grandeur. La douceur de la société démocratique a l’effet de provoquer un déclin du sentiment de la différence entre les hommes au produit d’un sentiment de similitude. Chacun étant le semblable de l’autre, chacun sait tout de suite de que ressentent les autres. Tocqueville en tire l’idée que dans les sociétés démocratiques il observe une grande facilité de la compassion générale pour tous les membres de l’espèce humaine.
P2- Les dangers de la démocratie
On peut résumer d’un mot le danger de la démocratie : le despotisme car le sentiment d’égalité a une puissance très forte en démocratie. Cette puissance de l’égalité démocratique vient de la passion infinie que les hommes ont pour l’égalité. Tocqueville observe cela dans la vie des américains qui vivent dans une agitation permanente qu’il explique par le fait que quand on a un peu de liberté on peut en jouir sans inquiétude alors que pour l’égalité elle n’est jamais satisfaisante pour l’homme. Il pense que l’égalité parfaite n’est pas possible et donc le citoyen démocratique apercevra toujours quelque qui le domine d’une façon ou d’une autre et une simple différence est insupportable selon Tocqueville.
Deuxième étape, cette puissance de l’égalité se voit dans sa possibilité de reformate la société. Tocqueville décrit donc une grande transformation des sociétés humaines combinant plusieurs choses. Il y a d’abord un phénomène de masse, de rapprochement et de réduction de tous les écarts types. Au fond, on peut dire que la réduction de ces écarts types est une forme de médiocrité, dans le sens du moyen car tout le monde est sur le plan d’une valeur moyenne. Il n’y a donc plus de grandes figures.
Troisième étape, c’est une puissance particulière du souverain. Tocqueville observe que dans les peuples démocratiques, non seulement les idées mais aussi les sentiments portent ces peuples à concentrer le pouvoir. Une des raisons est la haine pour les moindres privilèges qui favorise la puissance de l’Etat. Finalement, le souverain est le seul que les temps démocratiques acceptent sans contestations possibles. Il subsiste quand même une différence importante entre l’Etat et la masse. Il y a un désir de pouvoir unique et simple et donc le refus de complexifier les sociétés démocratiques, ce qui permet à Tocqueville de critiquer la France. La haine des privilèges est d’autant plus grande dans les sociétés démocratiques qu’elles sont moins nombreuses. Du coup, Tocqueville craint que cette puissance de l’égalité conduise ay despotisme.
Le despotisme a toujours les mêmes effets quelque soient ses origines car il détruit la liberté et le lien social entre les hommes. Tocqueville observe que le despote est quelqu’un de craintif car il cherche sa sécurité dans l’isolement des hommes. « Un despote pardonne aisément au gouverné de ne point l’aimer, pourvu qu’ils ne s’aiment pas entre eux ». Ceux qui s’intéressent à la chose commune sont des gens dangereux selon Tocqueville. La terreur produit donc un isolement social et inversement la signification positive que prend l’intérêt des individus pour la chose sociale. Précisément, Tocqueville craint que la démontrait ne favorise que les vices que le despote tente d’encourager : la dépolitisation. La démocratie dépolitise de la même façon que le despotisme, mais un volontairement alors que l’autre non.
Première remarque, la démocratie ne modifie pas les effets du despotisme mais la nature selon Tocqueville. Il note trois différences essentielles avec le despotisme traditionnel. D’abord, le despotisme nouveau des temps démocratique a une puissance incomparablement plus grande car il peut administrer toutes les parties d’un Etat. Mais en même temps, il est beaucoup doux et étendu que le despotisme traditionnel car ce dernier est violent mais uniquement sur quelques personnes. Le despotisme moderne est plus doux et étendu et donc il a une bien moindre visibilité. Autre différence, le despotisme moderne déprave les hommes sans les tourmenter. Tocqueville observe aussi que l’égalité favorisant le despotisme nouveau le tempère aussi.
Seconde remarque, l’analyse de ces différences permet à Tocqueville de dire qu’un nouveau genre de pouvoir est apparu et il appelle cela le pouvoir tutélaire plutôt qu’un pouvoir tyrannique. Contrairement au despote, le pouvoir titulaire veut faire le bonheur des hommes et donc il se présente sous un jour favorable mais aussi c’est un pouvoir qui veut en être l’unique agent et le seul arbitre. Le pouvoir demande donc eux individus de donner leur liberté. La crainte de Tocqueville est donc que l’homme perde l’usage de sa liberté. L‘homme n’a donc plus aucune individualité car il devient le membre d’un troupeau d’animaux timides. Il fait donc une distinction implicite entre l’individualisme démocratique et l’individualité aristocratique qui est de la masse faite de différences, de liberté et non pas d’indépendance. Or, Tocqueville observe que le pouvoir démocratique a des choses qu’il n’aime pas dans l’homme et l’interdit : les esprit les plus originaux, les âmes les plus vigoureuses, des volontés.
Troisième remarque, le paradoxe de la souveraineté démocratique est à souligner. Dans l’homme démocratique, il y a deux passions contradictoires selon Tocqueville : envie de rester libre & besoin d’être conduit. Tocqueville observe donc une combinaison très curieuse de centralisation et de souveraineté du peuple en France. Il souligne donc une fois de plus ce qui lui paraît être le paradoxe de la société moderne : sujétion (tous les jours, dans toutes les petites affaires) et liberté (choix des représentants, usage rare et cours du libre arbitre).
Tocqueville en conclut qu’n système comme celui la est un monstre éphémère. Il dénonce que la France est républicaine par la tête mais monarchique par le reste. Il y voit deux solutions : création d’institutions plus libres ou s’étendre au pied d’un seul maitre.
En conclusion, Tocqueville craint que l’homme perde son individualisme. Selon lui, on perd l’usage de la liberté quand on l’utilise rarement. Pour être un homme, il doit être libre.
P3- Les remèdes dans la démocratie
La question est de savoir comment limiter la démocratie sans la détruire. Au fond, pour Tocqueville, il s’agit de limiter la passion infinie des hommes pour l’égalité qui aboutit à détruire la nature humaine. Il passe en revue des moyens lui paressant capables de limiter la démocratie de l’intérieur.
Le premier moyen est le rôle de la religion dans la démocratie. Il a le sentiment que seule la religion est capable de limiter les excès de l’égalité démocratique car elle reste extérieure à la définition de la démocratie ainsi qu’à sa nature. La religion sert donc à fixer des règles morales et les meurs familiales. Tocqueville dit clairement que l’importance n’est pas de faire triompher une vraie religion mais que chaque homme ait une religion. Cela est important car le dogme religieux permet au citoyen d’avoir son opinion alors que l’home démocratie ne se fit pas à l’opinion des autres. « La religion l’empêche de tout concevoir et lui défend de tout oser ». Il y a cependant un paradoxe central à toute approche d’utilité de la religion. La force de la religion chez Tocqueville n’est pas liée à la transcendance de la religion mais au fait que l’opinion publique attache de l’importance à la religion. Et donc, en réalité, Tocqueville a observé que c’est l’opinion démocratique qui pose le dogme et qui fixe donc elle même ses propres limites. Le rôle de modérateur de la religion est donc dépendant de l’opinion publique qui peut changer d’avis à tout moment et donc bannir la religion.
Le deuxième moyen est la passion de la liberté politique. L’enjeu fondamental pour Tocqueville est que c’est parce qu’il y a absence de liberté politique que la logique tend vers la contrainte et le despotisme. Pour empêcher cela, il faut développer des remèdes qui sont d’abord des institutions voulues par les hommes mais en réalité le remède ultime est de sauvegarder en l’homme le gout de la liberté politique.
A- Le développement d’institutions libres
Tocqueville se rend compte qu’avec des institutions libres les américains ont réussi à sauvegarder la liberté. Il résume cette observation dans l‘avant chapitre de son livre avec deux remarques complémentaires. Il commence par dire qu’il ne faut pas rêver à retourner vers une société aristocratique. Il faut faire sortir la liberté de l’intérieur de la démocratie. L’autre remarque est qu’ok faut développer le gout de l’association, des libertés locales, de la liberté de la presse, le pouvoir judiciaire.
Concernant le gout de l’association, Tocqueville est fasciné par la liberté d’association aux Etats Unis. Il dit que le fait de s’associer combat la première des conséquences néfastes de l‘individualisme égalitaire. L’association est donc le moyen de lutter contre l’isolement involontaire de l’individu face à l’Etat. Il rappelle pourquoi le citoyen indépendant est quelqu’un de faible dans un état démocratique car il ne peut presque rien faire par lui même et surtout il ne peut contraindre aucun de ses semblables de lui prêter assistance au concours. En conclusion, « ils tombent donc dans l’impuissance s’ils n’apprennent à s’aider librement ». Tocqueville en conclut que si l’on souhaite que les hommes restent ou deviennent individualisés, il fat développer l’art de s’associer dans les mêmes proportions que l’égalité. « Les simples citoyens, en s’associant, peuvent y constituer des êtres très opulents, très influents, très forts, en un mot des personnes aristocratiques ».
Concernant les libertés locales, elles sont l’avantage de rapprocher les hommes sur des questions les concernant directement. Tocqueville recommande don de charger les hommes de leurs petites affaires car c’est là qu’ils vont découvrir la chose commune et le lien social. Les libertés locales constituent donc le moyen de tisser un lien social entre les hommes car il s’agit de ramener l’homme vers les autres et donc apparait le lien entre l’intérêt particulier et l’intérêt général.
Concernant la liberté de la presse, Tocqueville estime qu’elle soigne la plupart des maux que l’égalité produit. Elle est une arme puissante à côté de chacun, elle permet d’appeler à l’aide alors que l’égalité nous sépare. Le journal, comme l’association, permet à l’homme de stabiliser son jugement. Tocqueville attend du journal qu’il parle à chacun des lecteurs au nom de tous les autres.
Concernant le rôle du pouvoir judiciaire, ce dernier a un rôle fondamental dans les droits et libertés. Tocqueville insiste énormément sur le respect des formes car le premier intérêt du Droit est de poser des formes et procédures. « Leur principal mérite étant de servir de barrière entre le fort et le faible, le gouvernant et le gouverné… de retarder l’un et de donner à l’autre le temps de se reconnaitre ». Tocqueville estime que c’est dans la démocratie que l’on a le plus besoin de formes car l’individu et faible et pourtant on ne les respecte pas car la volonté générale se moque des formes. Le pouvoir judiciaire est donc fondamental en démocratie car il manifeste le souci e prise en compte des questions particulières.
B- Le goût de la liberté politique
Ce qui sauvegardera la liberté dans la démocratie est la conservation du gout de la liberté politique selon Tocqueville. Ce gout de la liberté est le désir de la liberté pour elle-même et pas pour le bonheur ou la richesse. Le gout de la liberté est donné par Dieu mais elle reste accordée à une petite élite. On ne connait donc pas les origines de la liberté politique.
Tocqueville fait donc apparemment dépendre la chose la plus importante de la démocratie d’un don de la nature ou de Dieu. Les hommes n’ont donc pas de prise dessus. On pourrait même parler d’une sorte de prédestination, ce qui est paradoxal pour un libéral. On peut même se demander si ce n’est pas un retour en force de l’aristocratie.
En réalité, la position de Tocqueville permet de réconcilier deux conceptions de la liberté : une conception comme privilège de l’aristocratie et une conception comme droit commun de la démocratie. Il les fait réconcilier car dans l’exercice de la liberté politique les hommes entrent dans un espace public et dans cet espace ce qui est dit et fait met les hommes en contact les uns avec les autres. L’égalité de convention ou l’inégalité de convention ne compte plus car ce qi compte dans l’action est ce que chacun est capable de faire ou de dire. On mesure chaque individu en fonction de ce qu’il a dit et fait. D’une certaine manière, on peut dire que l’espace public démocratique permet à la nature humaine de réapparaitre par delà toutes les conventions sociales. La nature humaine est ce que chacun veut et est capable de produire. C’est donc la capacité de s’affirmer et de faire ses preuves.
Ce gout de la liberté politique et donc de participer à la vie collectivité nous oblige à distinguer plus clairement indépendance et liberté. « On a tord de confondre l’indépendance avec la liberté, il n’y a rien de moins indépendant qu’un citoyen libre ». Il s’agit tout simplement pour Tocqueville de reprendre l’idée de Montesquieu. Le dogme de la souveraineté du peuple et donc de la démocratie s’inspire de l’idée d’indépendance individuelle. Le dogme démocratique est l’idée que l’homme n’a pas à subir d’influence si elle n’est pas personnelle ou e vient pas de la volonté générale. A contraire, la liberté politique n’est pas exclusive de liens sociaux. Au fond, la liberté démocratique, donc l’indépendance individuelle, ne devient une liberté politique que parce que les hommes ne peuvent pas échapper aux nécessités de la vie commune. L’importance fondamentale de la liberté politique est qu’elle correspond à ce moment où la volonté des hommes recompose ce lien social. C’est donc le mouvement d’une société qui cherche constamment à être légitime.
La liberté politique est donc le travail qui consiste à reproduire indéfiniment le tissu social que l’égalité tend à détruite non moins constamment. Finalement, l’immense danger du dogme démocratique est d’empêcher les hommes de voir ou comprendre la grandeur de la liberté politique. Au fond, le dogme démocratique stipule l’indépendance de l’homme dès la naissance. Le dogme démocratique est que chaque homme possède en lieu le fond d’humanité. La vieille tradition politique considère l’humanité de l’homme non pas donné naturellement dès le départ mais un accomplissement ultime et fragile. La démocratie le pose comme commencement nécessaire. Finalement, la tradition politique à laquelle se rattache Tocqueville est de considérer que vivre libre ce n’est pas donnée immédiatement mais c’est le résultat d’un exercice rigoureux des vertus civiques et des vertus morales.