Valéry Giscard d’Estaing : la présidence de VGE

La vie politique sous Giscard

  • Les années Giscard, entre libéralisation et temps de « crise ».
  • L’élection présidentielle de 1974.
  • La présidence de Giscard d’Estaing : un tournant politique ?
  • Conclusion sur la transformation de la structure du capital politique et l’unification des marchés politiques.

1974 – 1981 : Les années Giscard

Ø  Le 5 mai 1974 : premier tour de l’élection présidentielle. Le 1er tour des élections présidentielles de 1974 positionne Mitterrand en tête des scrutins (43,2 %), suivi par VGE (32,6). Chaban-Delmas n’obtient que 15,1 % des suffrages. L’agronome René Dumont, premier candidat écologiste à une élection présidentielle atteint 1,3 % et Jean-Marie Le Pen fait 0,7%. 

Ø  Le 10 mai 1974 : débat télévisé entre VGE et Mitterrand : « Vous n’avez pas le monopole du cœur ».  

Ø  Le 19 mai 1974 : second tour de l’élection présidentielle. Valéry Giscard d’Estaing est élu président de la République avec 50, 8% des suffrages. 

Ø  Le 27 mai 1974 : Jacques Chirac est nommé Premier Ministre. 

Ø  Le 28 mai 1974 : formation du gouvernement Chirac. 

Ø  Le 5 juillet 1974 : l’âge de la majorité civile et politique est baissée de 21 à 18 ans. 

Ø  Du 12 au 13 octobre 1974 : Assises du socialisme. Les militants du PSU (Michel Rocard), de la CFDT et des chrétiens de gauche rejoignent le Parti Socialiste de Mitterrand. 

Ø  Le 29 novembre 1974 : adoption de la loi qui légalise l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG), présentée par Simone Veil. 

Ø  Le 15 décembre 1974 : Jacques Chirac prend le contrôle de l’UDR. 

Ø  Le 17 janvier 1975 : la loi de légalisation de l’IVG est promulguée (elle paraît au Journal Officiel). 

Ø  Le 6 juillet 1975 : les Comores accèdent à l’indépendance. 

Ø  Le 25 août 1976 : Jacques Chirac démissionne.  

Ø  Le 27 août 1976 : VGE nomme Raymond Barre Premier Ministre. 

Ø  Le 5 décembre 1976 : Jacques Chirac créé le RPR (Rassemblement Pour la République). 

Ø  Le 13 et 20 mars 1977 : élections municipales. L’Union de la gauche est la principale gagnante de l’élection. Jacques Chirac est élu maire de Paris. 

Ø  Le 27 juin 1977 : Djibouti accède à l’indépendance. 

Ø  Le 23 septembre 1977 : l’Union de la gauche se brise. 

Ø  Le 1er février 1978 : création de l’UDF par Jean Lecanuet, qui unit le CDS, le parti républicain, le mouvement démocrate-socialiste et le parti radical valoisien. 

Ø  Le 12 mars 1978 : premier tour des élections législatives. Quatre partis sont au coude à coude : le PC (20,6 %), l’union PS-MRG (25 %), l’UDF (23,9 %), et le RPR (22,8 %). Pour la première fois, le PS passe devant le PC. 

Ø  Le 19 mars 1978 : deuxième tour des élections législatives. La majorité sort vainqueur des urnes. La droite est reconduite face à une gauche divisée.  

Ø  Le 3 avril 1978 : Jacques Chaban-Delmas redevient Président de l’Assemblée Nationale. Il le restera jusqu’à 1981. 

Ø  Le 8 septembre 1978 : première utilisation du droit de réponse offert aux formations politiques après une communication gouvernementale à la télévision. 

Ø  Du 6 au 8 juin 1979 : Congrès de Metz du PS, opposant François Mitterrand à Michel Rocard et Pierre Mauroy. 

Ø  Le 10 juin 1979 : Première élection de l’Assemblée européenne au suffrage universel. 

Valery giscard d'estaing et la Vème République : la vie politique en France

Les années Giscard, entre libéralisation et temps de « crise ». 

En mai 1973 des rumeurs se répandent sur la santé de Pompidou. Le 02 avril 1974 il décède en cours de mandat. Ceci va permettre de voir émerger des batailles décisives entre gaullistes et néo-gaullistes. Il n’y a pas de candidat naturel à la succession de Pompidou, ce qui favorise la candidature de VGE qui est soutenu par les Républicains indépendant, les centristes de Lecanuet et par une partie de l’UDR, au sein duquel Chaban-Delmas, considéré trop à gauche, ne bénéficie pas du soutien de tous. 

Chirac (membre de l’UDR), par l’appel des 43, décide de prendre position pour VGE. VGE sera élu en 1974. 

  1. L’élection présidentielle de 1974.

VGE va mettre l’accent sur sa jeunesse durant la campagne présidentielle. Il n’a que 48 ans face à Chaban-Delmas qui en a 59. Il incarne le changement et veut incarner le renouveau politique en insistant sur ses compétences de technocrate et d’économiste. C’est un changement des représentations du métier de politique. VGE insiste sur l’aspect technocratique (aristocratique dans le sens du meilleur), plus que sur des ressources partisanes. Il joue la compétence face à l’idéologie. 

Avec 43,2% des voies face à 32,6% pour VGE, Mitterrand arrive en tête du 1er tour. L’incertitude est renforcée par la place que va prendre la télévision au cours de cette campagne et par le fait que, trahis et mais de Mitterrand, Chaban-Delmas n’apportera probablement pas son soutien à  VGE. Le fameux débat télévisé d’entre deux tours sera introduit ici et sa portée sera déterminante, VGE lancera à Mitterrand « vous n’avez pas le monopole du cœur ! ». VGE sort vainqueur avec 50,8% seulement des suffrages exprimés. 

Il va nommer Chirac 1er ministre, et en même temps il souhaite casser l’état UDR. Les centristes seront majoritaires au sein du gouvernement, dont il ouvre des postes à des personnalités de la société civile. Il donnera des consignes aux ministres reléguant Chirac à un second plan. En 1976 Chirac démissionne directement par télévision interposée. 

A la suite de cette démission, Chirac va tenter de refonder l’UDR et d’en faire une force pour ses ambitions propres. Il créera le RPR en décembre 1976. Il le crée comme une machine électorale apte à s’opposer à la gauche et à devenir hégémonique au sein de la droite. 

En 1976 la majorité est divisée entre VGE et Chirac. Raimond Barre deviendra 1er minsitre. 

  1. La présidence de Giscard d’Estaing : un tournant politique ?

Le mandat de VGE marque un tournant sur les plans culturel, économique et institutionnel. Ses actions se dérouleront dans un contexte de crise économique. 

La libéralisation culturelle : 

VGE entend incarner un nouveau style plus moderne. Il va utiliser les médias pour construire l’image d’un président proche des français (il s’invite à manger chez eux). Il va s’engager dans de grandes réformes. Il abaisse la majorité légale. Le 29/11/1974 une loi, présentée par Simone Veil, légalise l’IVG. 

La libéralisation politique : 

Il entend être un président citoyen, mais si dans la pratique le présidentialisme est toujours d’actualité. Il faut redonner de la légitimité à la fonction présidentielle, il faut accompagner les citoyens dans le choix de leur président. Il réforme l’accès à l’élection présidentielle par l’instauration de l’obligation de réunir 500 signatures. 

Il réforme l’ORTF, souhaitant libéraliser l’accès à l’information. 

Il ouvre la saisine du conseil constitutionnel à 60 députés ou sénateurs. L’opposition pouvant dès lors avoir un rôle renforcé. 

L’ensemble de ces réformes a introduit un important clivage entre gaullistes et giscardiens. Entre 1974 et 1976 Chirac est engagée dans un premier plan de refroidissement de l’économie française, qui connait la première rigueur du fait de la crise. 

Raimond Barre ne fera que renforcer l’austérité face à la crise. 

On limite les salaires de fonctionnaire, on bloque les prix. C’est aussi une période de licenciement massive. Les inégalités sociales vont creuser et générer un mécontentement comme nourrir le clivage entre gaullistes et giscardiens. 

VGE malgré sa victoire aux législatives de 1978 est préoccupé par sa réélection face à un chômage en pleine croissance. Au début des années 1980 on est en plein boum du libéralisme économique (Reagan aux USA et Thatcher en UK). Les recettes économiques de Keynes sont inefficientes depuis la première crise pétrolière de 1973. 

Les tensions sont croissantes entre les acteurs politiques. La rupture est consommée entre UDF et RPR. Raimond barre agitant la menace socialo-communiste parvient cependant à maintenir le cap. Le scandale des diamants de Bokassa entame la crédibilité présidentielle. 

A gauche, des tensions se font aussi jour suite à la rupture du programme commun. Mitterrand entre en conflit avec Rocard. Au congrès de Metz de 1979, une motion rassemblant Rocard et Mauroy manque de renverser Mitterrand. La gauche remet en cause certaines de ses anciennes visions idéologiques. La lutte des classes et l’idée des nationalisations ne sont plus en vogue. 

Le jeu politique parait ainsi dominé par des tensions au sein de chaque camp. A la veille de 1981 on compte 1,6 millions de chômeurs. 

Conclusion sur la transformation de la structure du capital politique et l’unification des marchés politiques. 

Dans les années 1980 la compétition électorale va s’intensifier avec la généralisation des nouvelles techniques de communication. Ceci provoquera l’augmentation du coût de la vie politique. Les professionnels de la politique deviennent plus dépend des ressources collectives allouées par les partis. 

L’unification des marchés politique. 

Elle traduit une atténuation des différences entre champ politique national et local. Les locaux conservent une vraie spécificité. Cette unification est le produit des principaux commentateurs que sont les journalistes et les sondeurs. Les sondeurs sont apparus en 1965. Journalistes et sondeurs s’intéressent surtout à ce qui se passe à Paris, ils réduisent ainsi la vie politique au seul champ central. Ainsi on va considérer la moindre élection, même locale, comme une élection sanction. Ceci jouera sur les acteurs politiques et  les électeurs dans leur manière de s’exprimer dans les urnes. 

Les candidats ont tendance à être de plus en plus dépendant des ressources collectives et cela engendrera le fait majoritaire. 

Le fait majoritaire. 

Désormais le parlement est devenu un lieu de stabilité. Ce fait se manifeste surtout à l’assemblée nationale et un peu moins au sénat. 

Une véritable discipline partisane a été instituée. Si les parlementaires sont moins indépendants qu’avant ce n’est pas parce qu’ils sont plus loyaux mais seulement parce qu’ils sont plus dépendants des ressources du parti. 

Le fait majoritaire favorise le Pdt de la République, qui apparait comme le vrai chef de la majorité parlementaire. Le premier ministre lui doit son poste. La stratégie consiste à se choisir des premiers ministres qui puisse être suffisamment dociles pour servir de paratonnerre. 

Bibliographie pour la séance : 

  • François Bastien, Le régime politique de la Vè République, Paris, La découverte, 2004 (1ère éd. 1998).
  • Jean-Jacques Chevallier, Guy Carcassonne, Olivier Duhamel, Histoire de la Vème République (1958-2012), Paris, Dalloz, 2012.
  • Delphine Dulong, La construction du champ politique, Rennes, PUR, 2010.
  • Jean Garrigues (dir.), Histoire du parlement de 1789 à nos jours, Paris, Armand Colin, 2006.
  • Favrell, « L’européanisation ou l’émergence d’un nouveau champ politique », Cultures et Conflits, n°38-39, automne 2000.
  • Ysmal, Les partis politiques sous la Cinquième République, Paris, Montchrestien, 1989.
  • Hugues Portelli, La Vè République, Paris, Livre de Poche, 1994.
  • Michel Offerlé, « Transformation d’une entreprise politique : de l’UDR au RPR », Pouvoir, n°28, 1983.
  • Michel Winock, La France politique. XIXè – XXè siècle, Editions du Seuil, Points, 2003.
  • Nicolas Rousselier, Le Parlement de l’éloquence, Paris, Presses de Sciences Po, 1997.
  • Nicolas Werth, Histoire de l’Union soviétique, Paris, PUF, 1990.

  

  

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