La naissance du volontarisme juridique (tradition juive, chrétienne, grecque…)

La construction philosophique du volontarisme juridique : l’héritage antique.

2 grandes théories à la base de 2 courants antagoniques.

Emprunt à traditions juive et grecque -> se retrouve dans Occident médiévale dans contexte chrétien avec >< naturalisme et volontarisme.

Hébreux conçoivent monde à partir de la création par Dieu >< Grecs qui conçoivent monde comme un cosmos existant de toute éternité (dieux # créateurs). Pour Hébreux, Dieu = éternel mais pas le monde -> Grecs = contraire (univers = éternel mais dieux # nécessairement éternels.

A) L’enseignement vétérotestamentaire.

1) La Torah.

Sources du droit pour Juifs de l’Antiquité = dans la Torah (terme hébreu signifiant « loi »). Pour chrétiens, Torah = 5 premiers livres de l’Ancien Testament qu’on appelle Pentateuque. Textes = compilation de plusieurs auteurs et qui datent à peu près du 5ème siècle avant JC mais textes dont origines géo = diverses. Eléments les + saillants = les Dix Commandements (reçus par Moïse au Mont Sinaï). Dans Deutéronome, on retrouve code de l’alliance et sacerdotale -> synthèses de lois écrites par Moïse. Ce qu’il faut comprendre, dans tradition juive, droit = révélé par Dieu.

2) Le théocentrisme juif.

Idée que Dieu = au centre et à l’origine de tout -> Dieu = 1er et monde= sa créature. Mais Dieu est hors du monde (au-dessus/à l’extérieur) et tout puissant donc il peut agir sur sa créature. Dieu # créateur seulement le jour de la création mais à chaque instant. Il peut agir sur hommes donc il est législateur -> Dieu n’a pas seulement inspirée lois mais aussi formulées à travers prophètes (Moïse). Lois = immuables mais interprétation peut varier pour s’adapter à évolution des temps. Ordres/commandements = lois divines et hommes = tenus de les respecter. Lois se présentent sous forme grammaticale impérative. Lois inscrites à tout jamais dans tables de la loi confiées par Yahvé à Moïse.

  • Législateur = extérieur au monde et créateur du monde.
  •  Jugements des hommes n’ont valeur que s’ils sont conformes aux lois divines.
  • Lois divines = ordres rédigés à impératif -> observation d’une règle juridique signifie obéissance.
  • Ordres = ici directives -> ordre du monde = produit d’un commandement. Si désobéissance, on aboutit au désordre/à la désorganisation/anarchie (conception reprise par islam).

B) Le legs de la philosophie grecque.

Grecs ont conception du mot « ordre » différente.

1) Ordre de l’univers et ordre dans l’univers.

Dans monde grec, cosmos # création de Dieu. Cosmos n’a ni début ni fin -> il est éternel >< conception juive. Dans monde grec, cosmos = système ordonné dans lequel chaque chose est à sa place (homme, animal, végétal…). Mais ne signifie pas forcément que hommes connaissent cet ordre -> il en connaît une partie et en ignore une autre. Ils sont invités à rechercher ordre dans la nature -> ordre qu’ils sont capables de connaître au moins en partie. Ici ordre invite à la connaissance -> recherche de l’ordre de la nature, en rechercher nature profonde pour en comprendre le fonctionnement. Lois au sens quasi scientifique du terme. Découverte de la place que l’homme doit occuper dans la nature. Hommes doivent obéir à ces lois pour s’inscrire en harmonie avec ce cosmos. Grande confiance accordée à raison humaine -> homme peut par sa raison/son intelligence découvrir les lois. Hommes = individus qui ne font pas qu’obéir mais qui peuvent aussi découvrir.

  1. 2) Immanence de la justice.

relation à la transcendance. L’Homme est invité à obéir à des lois venant de l’extérieur, de Dieu. Grecs pensent justice de manière immanente. Ils n’imaginent pas existence humaine en dehors de la cité (polis en grec), d’une entité politique de taille assez réduite. Philosophes grecs ne conçoivent droit qu’à l’intérieur des cités donc qui s’adressent aux citoyens. Loi de fonctionnement de ces cités = justice car pas de justice sans cité et inversement (posture idéale). Mais Grecs savent hommes = injustes et ont tendance à rechercher bien propre que bien général. Idée que les hommes doivent tendre vers justice. Justice = recherche sur soi/d’une posture/manière d’être morale. Vertu de justice = moyen d’établir relations harmonieuses les uns avec les autres. La justice peut de rétablir équilibre entre les hommes. Justice corrige distorsion entre les hommes en cas d’injustice. Manière d’être juste se réalise par éducation. Pour Grecs, droit n’est pas dans loi mais dans justice. Pas de distinction entre justice humaine (imparfaite) et justice divine (parfaite) car dieux # en dehors de la cité.

C) La tentative de synthèse chrétienne.

Christianisme = héritier de ces 2 conceptions et va tenter de le synthétiser. Christ ne remet pas en cause l’Ancien Testament mais, en même temps, chrétiens pensent que Dieu, par sa sagesse et sa bonté, a créé monde ordonné et rationnel. Dans ces conditions, hommes = invités à suivre loi divine vétérotestamentaire ainsi que les quelques éléments normatifs contenus dans l’Ancien Testament. Hommes tenus d’obéir à loi de l’Ancien Testament. Mais hommes sont aussi invités à découvrir lois de nature pour les observer et les suivre. Coexistence dans christianisme de droit divin et de droit naturel -> en surplomb du droit positif.

1) La tentation pélagienne.

Pour Pélage, tout chrétien peut accéder à sainteté par ses propres forces, son propre libre-arbitre. Pélagiens âprement combattus par doctrine qui aurait succès pendant 1000 environ -> doctrine de St Augustin.

2) La réplique augustinienne.

Augustin va, >< Pélage, va mettre accent s/ Dieu législateur dans logique proche du centrisme juif (capacité des hommes à découvrir secrets de la nature). Pour Augustin, raison humaine = très sévèrement dégradé à cause du péché originel d’Adam (1er homme) qui, après Eve (1ère femme), a mangé fruit défendu de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Péché originel associé par St Augustin au désir charnel. Homme par désir charnel succombe à une passion -> incapacité à savoir, à connaître le bien et à rejeter le mal. Tout homme est marqué du péché originel du fait de sa naissance. Même à l’intérieur du mariage, acte sexuel = péché car procréation = reproduction du péché originel. Tout homme va mourir physiquement à cause du péché mais l’âme pourra être sauvée lors du Jugement dernier par pardon accordé aux élus et refusés à d’autres. Vie terrestre ne se conçoit avec Augustin comme un passage, une étape à la vie éternelle que l’on obtiendra peut-être. Mort physique = naissance où hommes = libérés de leur corps de chair qui est le siège des passions. Il faut tout faire pendant passage sur Terre pour obtenir vie éternelle. La raison humaine = obscurcie par jouissance physique. Hommes ne doivent pas renoncer à tendre vers justice. Malgré efforts, hommes pas forcément capables de faire régner droit et justice à la perfection. // Avec philosophie grecque -> tendre vers justice idéale = idéal suffisant. Mais Augustin le conteste car justice ne règne jamais ici bas -> philosophes grecs ont fait fausse route mais Augustin ne les juge pas responsables du fait de leur non-chrétienté. Justice de Dieu qui existe dans l’au-delà mais qui à aussi existé dans l’ici-bas au moment de l’ « Etat d’innocence » (avant péché originel). Désormais, hommes = égoïstes, inévitables à cause de cette passion. Si corps sont incapables de justice, pouvoir est là pour contrôler débordements. Gouvernements maîtrisent ça par violence (légitime) et ne règnent pas selon la justice -> ils font régner ordre et paix sans lesquels on ne peut pas se préparer à la vie éternelle. Répartition des rôles (St Augustin) : manière douce (pastorale) et coercition (manière violente). Bonheur individuel pour St Augustin et bonheur social ne peuvent pas provenir du droit humain -> ils ne peuvent venir que par foi et grâce divine. Grecs pensaient perfection = inaccessible mais que les cités pouvaient accéder au bien (relatif mais suffisant) => bien commun. St Augustin dévalorise cette idée avec des nuances. Conception augustinienne du monde domine pensée médiévale dans Occident chrétien jusqu’au 13ème siècle. A cette époque, rois = quasiment pas législateurs -> coutumes qui dirigent => reflet d’opinion augustinienne (droit va venir spontanément des habitudes). Eglise = seul législateur qui fabrique/produit du droit appelé « droit canonique ». Conception augustinienne du monde = réorientée très puissamment par un autre théologien St Thomas d’Aquin.