Les auteurs modernes du réalisme : Morgenthau, Carr…

Les penseurs modernes de la conception réaliste des relations internationales

Plusieurs auteurs ont contribué à l’approfondissement et à la systématisation du réalisme classique. Mais trois retiendrons notre attention compte tenu de leur influence particulièrement déterminante il s’agit de :

  • · HANS MORGENTHAU
  • · EDWARD HALLET CARR
  • · HEDLEY BULL

Hans Morgenthau est considéré comme l’un des « pères fondateurs » de l’école réaliste du XXe siècle. Cette école de pensée considère que les États-nations sont les principaux acteurs des relations internationales et que l’étude du pouvoir est la principale préoccupation de ce domaine. Morgenthau a souligné l’importance de « l’intérêt national » et, dans « Politics Among Nations », il a écrit que « le principal repère qui aide le réalisme politique à trouver son chemin dans le paysage politique international est le concept d’intérêt défini en termes de pouvoir ». Morgenthau est parfois qualifié de réaliste classique ou de réaliste moderne afin de différencier son approche du réalisme structurel ou du néoréalisme associé à Kenneth Waltzmorgenthau carr et niebuhr, 3 auteurs modernes du réalisme dans les relations internationales

1-HANS MORGENTHAU

Il est considéré comme le principal successeur contemporain de Machiavel et Hobbes en raison de sa contribution majeure à la conceptualisation et à la systématisation de la pensée réalisme classique. Le réalisme politique selon lui est basé sur six principes fondamentaux.

La politique comme la société en générale est gouverné par des lois objectives qui ont leur racine dans la nature humaine.

Il est donc possible de développer une théorie rationnelle qui reflète au moins partiellement ces lois objectives.

En d’autres termes il est aussi possible d’établir une distinction entre ce qui est vrai objectivement et rationnellement (c’est-à-dire soutenu par l’évidence et éclairé par la raison) et l’opinion.

La loi objective fondamentale qui gouverne les relations internationale est le faite que les États agissent dans le but de défendre leur intérêt ou leur puissance politique bien qu’ils prétendent souvent agir au nom de motivations morales, humaniste etc.…

Les conditions dans lesquelles s’exerce la politique étrangère peuvent variée mais non la finalité de cette dernière

Le réaliste est conscient de l’inéluctable tension entre l’impératif moral et les exigences de l’action publique mais il considère le respect de ces dernières comme la vertu suprême en politique.

Le réalisme refus d’identifié les aspirations morale particulières d’un État avec la morale universelle

La sphère politique est autonome bien que d’autres sphères ne sont pas moins importantes.

 

Réalisme et politique entre les nations (1948)
De récentes évaluations scientifiques de Morgenthau montrent que sa trajectoire intellectuelle était plus compliquée qu’on ne le pensait à l’origine. Son réalisme était empreint de considérations morales et, pendant la dernière partie de sa vie, il a favorisé le contrôle supranational des armes nucléaires et s’est fortement opposé au rôle américain dans la guerre du Vietnam Son livre Scientific Man versus Power Politics (1946) s’est prononcé contre une trop forte utilisation des sciences et technologies comme solutions aux problèmes politiques et sociaux.

A partir de la deuxième édition de Politics Among Nations, Morgenthau a inclus dans le chapitre d’ouverture une section intitulée « Six principes du réalisme politique »:

Les principes, paraphrasés, sont :

  • Le réalisme politique croit que la politique, comme la société en général, est régie par des lois objectives qui ont leurs racines dans la nature humaine.
  • Le principal indicateur du réalisme politique est le concept d’intérêt défini en termes de pouvoir, qui infuse l’ordre rationnel dans l’objet de la politique et rend ainsi possible la compréhension théorique de la politique[30] Le réalisme politique évite les préoccupations liées aux motifs et à l’idéologie des hommes politiques. Le réalisme politique évite de réinterpréter la réalité pour l’adapter à la politique. Une bonne politique étrangère minimise les risques et maximise les avantages.
  • Le réalisme reconnaît que le type d’intérêt déterminant varie selon le contexte politique et culturel dans lequel la politique étrangère, à ne pas confondre avec une théorie de la politique internationale, est élaborée. Elle ne donne pas à « l’intérêt défini comme pouvoir » un sens qui est fixé une fois pour toutes.
  • Le réalisme politique est conscient de la signification morale de l’action politique. Elle est également consciente de la tension entre le commandement moral et les exigences d’une action politique réussie. Le réalisme soutient que les principes moraux universels doivent être filtrés à travers les circonstances concrètes du temps et du lieu, car ils ne peuvent être appliqués aux actions des États dans leur formulation universelle abstraite.
  • Le réalisme politique refuse d’identifier les aspirations morales d’une nation particulière aux lois morales qui gouvernent l’univers.
  • Le réaliste politique maintient l’autonomie de la sphère politique ; l’homme d’État demande : « Comment cette politique affecte-t-elle le pouvoir et les intérêts de la nation ? Le réalisme politique repose sur une conception pluraliste de la nature humaine. Le réaliste politique doit montrer où les intérêts de la nation diffèrent des points de vue moraliste et légaliste.

2- EDWARD HALLET CARR

Il a également apporté une contribution majeure au développement de la pensée des précurseurs du réalisme il s’est demander pourquoi la paix établie par le traité de Versailles en 1919 n’a duré que 20 ans selon lui la réponse se trouve chez machiavel Hobbes et Thucydide.

Par l’étude de l’histoire (travaux de Thucydide et Machiavelli) et la réflexion et le profond désaccord épistémologique avec l’idéalisme, la théorie dominante des relations internationales, Carr a contribué à la fondation du réalisme classique.

Dans cette optique il affirme que la première guerre mondiale a été déclenchée par les puissances européennes (Autriche-Hongrie, Allemagne) qui craignaient un affaiblissement de leur position au profit d’autres puissances rivales (Russie, France et Grande-Bretagne).

Au départ les états victime d’agression ont riposté pour protéger leur sécurité mais progressivement ils sont devenu de plus en plus véhicule et ont cherché à poursuivre la guerre dans le but d’affaiblir leur ennemi et de réalisé de nouvelle conquête.

Suite a leur victoire ils ont imposé à l’Allemagne de très lourdes réparation, inspiré d’un esprit revanchard plutôt que réaliste, ce qui a contribué a alimenté le ressentiment le réarmement et une nouvelle agression de l’Allemagne en 1939.

Selon lui si les puissances victorieuses de la première guerre mondiale avaient adoptées une attitude réaliste et approuvées des traités qui défendaient leur intérêt tout en respectant ceux des puissances vaincues la seconde guerre mondiale n’aurait pas eu lieu.

3- HEDLEY BULL

Il soutient que la société internationale est anarchique dans le sens ou les États qui la composent sont entièrement libre d’agir selon leurs intérêts égoïste, n’étant soumis a aucune autorités supérieure.

Cela ne signifie pas cependant que le fonctionnement de la société internationale soit dénué de toutes formes d’ordres ;

Ces ordres est créé par les États eux même ce sont notamment les rapports de forces (la crainte de subir) et des normes coutumières de comportement établies par les dirigeants politique ainsi que les normes morales communes auxquelles adhère les États.

 

En 1977, Bull publie son ouvrage principal, The Anarchical Society. Il est largement considéré comme un manuel clé dans le domaine des relations internationales et est également considéré comme le texte central de l' » English School » des relations internationales. Dans ce livre, il soutient que malgré le caractère anarchique de l’arène internationale, elle se caractérise par la formation non seulement d’un système d’États, mais d’une société d’États. Pour qu’une entité soit qualifiée d’État, elle doit revendiquer la souveraineté sur (i) un groupe de personnes, (ii) un territoire défini, et elle doit avoir un gouvernement. Les États forment un système lorsqu’ils ont un degré suffisant d’interaction et d’impact sur les décisions des uns et des autres, de sorte qu’ils » se comportent – au moins dans une certaine mesure – comme des parties d’un tout « . Un système d’États peut exister sans être aussi une société d’États. Une société d’États naît « lorsqu’un groupe d’États, conscients de certains intérêts et valeurs communs, forment une société dans le sens où ils se conçoivent comme étant liés par un ensemble commun de règles dans leurs relations les uns avec les autres et participent au fonctionnement d’institutions communes ».

La société des Etats est un moyen pour Bull d’analyser et d’évaluer les possibilités d’ordre dans la politique mondiale. Il poursuit son argumentation en donnant le concept d’ordre dans la vie sociale, et les mécanismes de : l’équilibre des pouvoirs, le droit international, la diplomatie, la guerre et les rôles centraux des grandes puissances. Il conclut enfin que, malgré l’existence d’autres formes possibles d’organisation, le système étatique est notre meilleure chance de rétablir l’ordre dans la vie politique mondiale.