Les différents procédés d’élaboration des lois
En droit français, plusieurs procédés permettent de créer et organiser des lois. Les deux principaux modes sont :
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L’adoption d’une loi isolée
Ce procédé consiste à élaborer et adopter un texte législatif unique, destiné à répondre à un besoin spécifique, à régir une situation particulière, ou à introduire de nouvelles règles dans un domaine précis. La loi isolée est généralement proposée par le gouvernement sous la forme d’un projet de loi ou par des parlementaires sous forme de proposition de loi. Une fois adoptée par les deux chambres (Assemblée nationale et Sénat), elle est promulguée par le Président de la République, publiée dans le Journal Officiel et entre en vigueur selon les règles légales d’application. -
La codification
La codification regroupe plusieurs règles juridiques dispersées au sein d’un ensemble cohérent et thématique, comme le Code civil, le Code pénal, ou le Code du travail. La codification peut prendre deux formes :- Codification à droit constant : Les règles existantes sont simplement regroupées et ordonnées, sans modification de fond.
- Codification rénovée : Elle inclut des adaptations et révisions de la législation pour moderniser ou clarifier les règles existantes.
Ce processus vise à améliorer la lisibilité et accessibilité du droit en limitant les risques de contradictions entre les textes.
Les lois en France ne sont pas toutes contraignantes de la même manière et peuvent varier en fonction de leur caractère impératif ou dispositif :
- Introduction au droit (L1)
- Histoire du droit français
- Les sources juridiques (loi, jurisprudence, coutume…)
- La séparation entre droit privé et droit public
- Quelles sont les différentes branches du droit ?
- Quelle est l’organisation des juridictions civiles en France?
- Quels sont les caractères et sources du droit objectif ?
I- l’adoption d’un texte de loi isolée
II-la codification
La codification est un processus central dans la structuration et l’organisation du droit. Elle vise à ordonner et rendre plus accessibles les textes juridiques existants, avec une finalité de simplification et de rationalisation. Deux grandes formes de codification se distinguent : la codification réformatrice (ou innovatrice) et la codification de regroupement à droit constant.
1. La codification réformatrice ou innovatrice
La codification réformatrice représente une entreprise d’envergure qui aboutit à la création d’un nouveau corpus de règles cohérentes, souvent en réponse à des bouleversements politiques ou sociaux. Contrairement à une simple mise en ordre, elle modifie en profondeur l’état du droit, réformant les normes en vigueur pour répondre aux nouvelles exigences d’une société en évolution.
Objectifs de la codification réformatrice :
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Politique : La codification réformatrice est souvent un outil de souveraineté politique, affirmant la puissance de l’État dans la réorganisation juridique. C’est un moyen d’uniformiser et d’affirmer une vision juridique centralisée.
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Social : En temps de crise ou de transformation sociale, la codification peut servir à établir un « nouvel ordre social » et à clarifier les règles du jeu sociétal. L’exemple historique en est le Code Napoléon de 1804, destiné à instaurer une société fondée sur l’égalité et à marquer une rupture avec l’Ancien Régime.
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Technique : La dispersion des normes peut être un obstacle à l’accessibilité et à la compréhension du droit. La codification permet de regrouper les textes pour en faciliter la consultation par les citoyens et les juristes.
Les caractéristiques et limites de la codification réformatrice :
Une codification réformatrice traduit un changement profond dans la structure sociale et juridique ; elle est donc censée être exceptionnelle. Cependant, elle doit viser une stabilité durable, bien qu’aucune loi ne puisse être réellement perpétuelle. Portalis, un des rédacteurs du Code Napoléon, soulignait que la stabilité est cruciale pour trois raisons principales :
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Sociale : « La loi est la source des mœurs », c’est-à-dire qu’elle joue un rôle dans la formation de la culture et des valeurs collectives.
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Économique : La stabilité juridique est le « palladium de la prospérité », car elle favorise la prévisibilité des relations économiques.
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Politique : La loi garantit la paix publique ; elle permet de prévenir les troubles en assurant un cadre juridique accepté et respecté.
Méthodes pour garantir la stabilité :
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Philosophique : Cette approche fonde le droit sur des principes universels ou sur le droit naturel, perçu comme valable pour tous les individus, indépendamment des contextes locaux. Cette philosophie s’oppose à celle du droit positif, où les règles sont créées en fonction de situations spécifiques.
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Réalisme : Les législateurs cherchent à s’appuyer sur l’expérience passée, limitant les innovations pour éviter des bouleversements législatifs constants.
Le caractère abstrait et général de la loi permet aux règles de droit de s’appliquer dans divers contextes futurs, reconnaissant que les législateurs ne peuvent prévoir toutes les évolutions. Dans cette perspective, le rôle du législateur est de formuler des principes fondamentaux, tandis que le juge est chargé d’adapter l’application de ces règles aux cas particuliers.
2. La codification de regroupement ou à droit constant
Cette forme de codification est plus administrative et pratique, consistant simplement à rassembler les textes existants pour en faciliter l’accès et la consultation sans en modifier le contenu. Elle vise à rationaliser la structure juridique en regroupant des règles de même nature dans un code, sans introduire de nouvelles normes ni changer l’interprétation des règles en vigueur.
Types et objectifs :
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Codification par compilation : Il s’agit de regrouper les textes pour des raisons de commodité sans en modifier la substance, permettant ainsi une meilleure accessibilité pour les praticiens et les citoyens. Le Code de la Consommation, par exemple, rassemble les règles sur la protection des consommateurs en un document unique.
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Codification administrative : Cette méthode réunit les textes en fonction de leurs matières respectives et apporte une certaine logique dans leur organisation. Elle est qualifiée d’ »administrative » car, en France, la codification par ordonnance permet d’alléger la charge du Parlement, notamment en matière de réforme technique ou de mise à jour des textes. Ce procédé a été institutionnalisé en 1948, avec la création de la Commission Supérieure de Codification, chargée de rassembler les textes législatifs et réglementaires dans des domaines variés comme le droit du travail ou la santé publique. En 1989, cette commission a été renforcée pour élargir le travail de codification.
Avantages et limites de la codification de regroupement :
L’avantage principal de ce type de codification est la centralisation de normes parfois éparpillées, facilitant ainsi la compréhension et l’utilisation de la loi. Cependant, l’absence de réformes en profondeur entraîne souvent un manque de cohérence dans le contenu des règles regroupées.
En somme, la codification, qu’elle soit réformatrice ou de regroupement, répond à des besoins différents dans l’ordonnancement du droit : l’une crée un nouvel état juridique, répondant à des évolutions sociales et politiques, tandis que l’autre optimise l’accessibilité des textes sans altérer l’ordre juridique établi.
III. Le classement des lois
Le classement des lois s’effectue selon deux critères principaux : l’autorité et l’objet de la loi. Ces catégories permettent de distinguer les différents types de lois et leur portée respective.
Classement des lois en fonction de l’autorité
Le classement par autorité s’intéresse au degré d’impérativité de la loi. Certaines lois sont dites impératives, car elles s’imposent sans possibilité d’exception, tandis que d’autres sont supplétives, ce qui signifie qu’elles peuvent être écartées par un commun accord des parties.
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Les lois impératives sont celles auxquelles il est impossible de déroger, car elles répondent à des impératifs d’ordre public. Elles s’imposent dans des domaines essentiels comme le droit pénal, le droit de la famille, ou les règles de protection des consommateurs.
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Les lois supplétives ou dispositives sont, en revanche, applicables seulement si les parties n’ont pas convenu d’autres règles entre elles. Ce type de loi est courant en droit des contrats, où les dispositions légales s’appliquent seulement si les contractants n’ont pas prévu des règles différentes.
Classement des lois en fonction de l’objet
Les lois votées par le Parlement peuvent avoir différents objets, répartis en quatre catégories principales :
- La loi organique : La loi organique a pour objet de préciser ou compléter les dispositions de la Constitution. Sa particularité réside dans sa capacité à entraîner des modifications constitutionnelles. En raison de son importance, son processus d’adoption est rigoureux et suit les dispositions de l’article 46 de la Constitution.
- La loi ordinaire : Cette catégorie de loi a pour but d’établir ou de modifier une règle de droit dans un domaine spécifique. Elle est encadrée par l’article 36 de la Constitution.
- La loi abrogative : L’objectif de la loi abrogative est de supprimer une loi existante, sans pour autant introduire de nouvelles règles de droit. Elle se distingue des autres lois par sa nature purement abrogative, étant toujours une loi ordinaire.
- La loi interprétative : Destinée à clarifier le sens d’une loi antérieure, la loi interprétative intervient lorsque le législateur souhaite lever une ambiguïté sur une règle de droit existante. Selon la Cour de cassation, deux caractéristiques définissent la loi interprétative : elle doit apporter une clarification sans introduire d’éléments nouveaux. Dans les arrêts soc. du 13 mai 1985 et com. du 2 octobre 2001, la Cour souligne qu’elle vise uniquement à dissiper une controverse sur une loi ancienne sans innovation.
Le cours Introduction au droit français est divisé en plusieurs fiches (notion de droit, patrimoine, organisation judiciaire, sources du droit, preuves…)
- Introduction au droit français La séparation du droit privé et du droit public Les différentes branches du droit Les caractères du droit objectif Les sources juridiques (loi, jurisprudence, coutume…) Définition de la doctrine juridique Conflit entre la Constitution et les traités internationaux L’élaboration de la loi Histoire du droit français Le rapport entre la règle de droit et la morale Le rapport entre le droit et l’équité Le rapport entre le droit et la religion Conflit entre la loi et un traité international Les Principes généraux du droit ( PGD) L’interprétation de la règle de droit Conflit entre la loi et la Constitution Jurisprudence, source du droit? argument pour et contre Conflit temporel de normes juridiques Les sources supralégislatives
- La preuve par l’aveu judiciaire ou extrajudiciaire Définition et objet de la preuve Preuves et sources des droits subjectifs La preuve littérale Le serment (décisoire, supplétoire, estimatoire) La preuve légale, morale ou libre La charge de la preuve : principe et exception
- L’organisation des juridictions civiles en France
- La notion de patrimoine Le droit à l’image Le droit au respect de la vie privée Le Droit au respect du corps humain La distinction droits réels et droits personnels