Une naissance chaotique et marquée par les échecs passés : La Troisième République, instaurée définitivement par les lois constitutionnelles de 1875, est le fruit d’un processus complexe et d’un compromis entre monarchistes et républicains. Ce régime émerge après 80 années d’instabilité (1789-1870) au cours desquelles la France a expérimenté presque toutes les formes de gouvernement : deux républiques, deux monarchies et deux empires, avec des résultats souvent désastreux.
L’histoire des régimes précédents a laissé des enseignements majeurs :
Les grandes leçons de 1870 : Trois tendances essentielles s’imposent au moment de concevoir la Troisième République :
La légitimité populaire :
La question de la souveraineté bascule en faveur du peuple ou de la nation. Depuis 1848, le suffrage universel masculin est irréversible. Même des régimes autoritaires comme le Second Empire se sont appuyés sur cette base pour tenter de légitimer leur pouvoir. Ce principe exclut de facto les monarchistes et les bonapartistes, désormais affaiblis par leurs divisions et leurs échecs successifs.
Le rôle central de la Chambre des députés :
Cette assemblée devient l’incarnation de la volonté populaire. Elle a été le lieu de l’opposition sous la monarchie de Juillet et le Second Empire. Avec le suffrage universel, elle bénéficie d’une légitimité accrue. De plus, l’expérience électorale a montré que le suffrage universel, souvent redouté comme un facteur de révolution, s’est révélé plutôt conservateur, éloignant les craintes de bouleversements sociaux radicaux.
Une organisation des pouvoirs inspirée du parlementarisme :
Les monarchies (notamment celle de Juillet) et l’Empire ont amorcé une collaboration entre exécutif et législatif. L’idée d’un gouvernement responsable devant les chambres, bien que limitée jusqu’alors, s’est peu à peu imposée, préparant le terrain pour un régime parlementaire.
Un compromis laborieux
Le chemin vers la République est long et semé d’embûches. Entre 1870 et 1875, la France traverse une phase de transition marquée par :
Les lois constitutionnelles : une République pragmatique
Les lois de 1875 organisent le régime, sans grandiose déclaration idéologique. Leur pragmatisme est visible dans leur structure :
Avec seulement 34 articles, ces lois ne comportent ni préambule ni principes fondamentaux. Elles sont plus proches d’un manuel de fonctionnement institutionnel que d’une grande œuvre constitutionnelle.
Une République qui emprunte à la monarchie parlementaire
Ces lois instaurent un régime marqué par deux institutions fortes :
Le Président de la République :
Il est élu pour sept ans par les deux chambres réunies et dispose de pouvoirs considérables, notamment celui de dissoudre la Chambre des députés (avec l’accord du Sénat). Ces prérogatives rappellent celles d’un monarque constitutionnel, à l’image de la Charte de 1830.
Le Sénat :
Conçu comme une institution conservatrice, il est élu au suffrage universel indirect par des grands électeurs locaux, favorisant une représentation rurale et conservatrice. Il joue un rôle clé dans la dissolution de la Chambre des députés.
Cependant, la République reste fragile jusqu’à son ancrage définitif en 1879, marqué par l’élection d’une majorité républicaine au Sénat et la démission de Mac-Mahon.
La période qui suit la capitulation de Sedan (2 septembre 1870) est marquée par une effervescence révolutionnaire à Paris, une ville ayant une tradition d’insurrections depuis 1789, et réitérées en 1830 et 1848. Cet héritage laisse présager une nouvelle révolte face à l’effondrement du Second Empire. C’est dans ce contexte qu’émergent la Troisième République et la Commune de Paris, deux événements clés mais opposés, qui dessinent l’avenir de la France.
4 septembre 1870 : Après la capture de Napoléon III à Sedan, les députés républicains de Paris proclament la déchéance de l’Empire et instaurent la République. Un gouvernement provisoire, dit de défense nationale, est formé sous la présidence du général Trochu, militaire prudent et peu audacieux, symbolisé par le jeu de mots moqueur « trop choir » pour qualifier sa gestion hésitante.
Face à la division entre monarchistes et républicains, la priorité de l’Assemblée est la négociation de la paix, sans aborder la question du régime. Cette stratégie, connue sous le nom de pacte de Bordeaux (février-mars 1871), est pilotée par Adolphe Thiers, élu chef du pouvoir exécutif le 17 février 1871.
La Commune adopte une organisation politique novatrice, mêlant démocratie directe et réformes sociales :
Ces propositions inspireront des mouvements révolutionnaires ultérieurs, notamment le socialisme révolutionnaire et la révolution bolchevique de 1917. La Commune de Paris devient un symbole de pouvoir populaire, mais son existence reste éphémère.
Conclusion : un tournant pour la République : L’épisode de la Commune et sa répression marquent une étape décisive dans la construction de la Troisième République. Si la Commune propose une vision révolutionnaire et décentralisée du pouvoir, elle est écrasée au profit d’une République conservatrice, acceptée par les monarchistes pour son caractère autoritaire et son opposition aux mouvements populaires. Cet écrasement scelle l’avenir d’une république tempérée, fondée sur l’ordre et la stabilité, mais profondément marquée par les fractures sociales et politiques de cette période.
Le choix de la République en 1875 marque une étape fondamentale dans l’histoire constitutionnelle française, avec l’affirmation d’une République permanente en remplacement d’un régime transitoire. Ce processus, issu de compromis entre républicains et monarchistes, montre une transformation progressive des institutions, marquées par des tensions idéologiques mais aussi par des solutions pragmatiques.
Après la chute de la Commune en 1871, la République provisoire s’impose dans un climat d’incertitude. L’Assemblée nationale, dominée par les monarchistes, reste favorable à une restauration, mais se heurte à plusieurs obstacles :
Adolphe Thiers, chef de l’exécutif depuis 1871, reçoit le titre de Président de la République par la loi Rivet du 31 août 1871. Cependant, ce titre reste lié à un régime provisoire, en attente d’une éventuelle restauration monarchique. L’autorité de Thiers est fragilisée par une Assemblée de plus en plus hostile, dominée par des monarchistes impatients.
La situation bascule en 1873, lorsque Thiers, perçu comme trop favorable aux républicains, est renversé par une majorité monarchiste. Le 24 mai 1873, l’Assemblée élit le maréchal Patrice de Mac-Mahon, monarchiste convaincu, comme Président de la République. Son mandat, fixé à sept ans par la loi du 20 novembre 1873, est conçu comme une période transitoire en attendant une restauration.
Cependant, l’obstination du comte de Chambord sur la question du drapeau rend toute restauration impossible. Les monarchistes, divisés et incapables de trouver une solution, laissent le terrain aux républicains, dont la force croît progressivement.
Face à l’impasse monarchique, une commission spéciale, dite Commission des Trente, est chargée de préparer un cadre constitutionnel durable. Les débats révèlent des divisions profondes sur la nature du régime, mais deux moments clés permettent d’avancer vers une République permanente :
Cet amendement est adopté à une voix près (353 pour, 352 contre), marquant un moment fondateur : la République cesse d’être liée à un homme (comme Thiers ou Mac-Mahon) pour devenir une institution permanente. Ce passage du pouvoir personnalisé au pouvoir institutionnalisé établit la République comme régime durable.
Le compromis de 1875 : Avec le vote de l’amendement Wallon, les monarchistes perdent leur dernier espoir de restauration. Le reste des débats, bien que technique, aboutit rapidement à la rédaction des lois constitutionnelles de 1875, qui établissent les bases de la Troisième République.
Le compromis de 1875 marque un tournant essentiel dans l’histoire constitutionnelle française, en établissant une République qui cherche à satisfaire à la fois les aspirations des républicains et les exigences des monarchistes. Le défi réside dans la création d’un régime républicain acceptable pour une assemblée à majorité monarchiste. Le résultat est un compromis institutionnel qui, tout en affirmant la République, intègre des éléments rappelant les mécanismes d’une monarchie parlementaire évoluée.
En 1875, l’Assemblée nationale, dominée par les monarchistes, est confrontée à un choix difficile : rétablir une monarchie divisée entre les partisans des Bourbon et des Orléans, ou accepter la République. La solution trouvée est de structurer la République sur des bases susceptibles de plaire aux monarchistes, notamment en introduisant un Sénat conservateur destiné à tempérer l’influence de l’Assemblée. Pour les républicains, l’enjeu principal est d’assurer la suprématie d’une assemblée élue directement par le peuple, ce qui les conduit à accepter le compromis du bicamérisme.
Ce compromis aboutit à l’adoption de trois lois constitutionnelles, souvent désignées comme la Constitution de la Troisième République :
Ces lois, qui totalisent 34 articles, n’ont ni préambule ni déclaration de principes, à la différence des constitutions précédentes. Elles se concentrent exclusivement sur les mécanismes institutionnels, faisant de la constitution de 1875 un « mode d’emploi » institutionnel, comme l’ont souligné plusieurs historiens.
Le président de la République est une figure centrale dans le système de 1875. Il est élu pour sept ans par l’Assemblée nationale, c’est-à-dire les deux chambres réunies. Il est rééligible sans limitation et, bien que politiquement irresponsable (il ne peut être renversé par les assemblées), il peut être jugé en cas de haute trahison.
Ses pouvoirs sont comparables à ceux d’un monarque constitutionnel :
Le président exerce une autorité importante, mais la réalité de son pouvoir est modulée par l’équilibre fragile entre les chambres et son rôle au sein d’un système parlementaire.
Le Sénat, institué par la loi du 24 février 1875, est conçu pour être un contrepoids à l’Assemblée des députés, avec un rôle protecteur pour les monarchistes.
Le Sénat joue un rôle crucial dans le contrôle de l’équilibre institutionnel :
La Chambre des députés, qui représente le peuple, est intégralement renouvelée tous les quatre ans. Les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire par arrondissement, renforçant le lien entre les élus et les territoires locaux.
Cependant, la Chambre des députés est contrainte par le droit de dissolution détenu par le président de la République, en accord avec le Sénat.
Le régime mis en place en 1875 est un système de parlementarisme dualiste, où le gouvernement doit bénéficier de la confiance du président de la République et des assemblées. Cette double confiance s’inspire des pratiques orléanistes et favorise un équilibre entre les pouvoirs.
Cependant, cet équilibre bascule rapidement :
Le compromis de 1875 crée une République parlementaire fortement influencée par des mécanismes monarchistes. Cependant, cette structure montre rapidement ses limites :
Le compromis de 1875 jette les bases d’une République durable, mais il hérite des tensions idéologiques et institutionnelles du XIXe siècle. Cette constitution pragmatique, sans ambitions programmatiques, laisse une grande marge d’interprétation aux acteurs politiques, conduisant à une République qui oscille entre stabilité institutionnelle et crises parlementaires.
Le cours complet de droit constitutionnel est divisé en plusieurs parties :
Une trajectoire institutionnelle inédite : La Troisième République est le régime le plus long de l’histoire de France, durant 65 ans (1875-1940). Pourtant, elle évolue considérablement au fil des décennies, passant d’un équilibre entre exécutif et législatif à une domination quasi-exclusive des assemblées.
Le tournant de 1877 :
La crise politique entre Mac-Mahon et la Chambre des députés aboutit à l’abandon du droit de dissolution par le Président de la République. Cette capitulation inaugure la « Constitution Grévy », du nom du président qui succède à Mac-Mahon. Désormais, le Président s’efface devant le pouvoir législatif, marquant le triomphe du parlementarisme.
L’enracinement républicain :
Les premières décennies de la Troisième République voient la consolidation des institutions républicaines, en particulier après 1918 avec la récupération de l’Alsace-Moselle. La République triomphe des monarchistes et des bonapartistes, devenus marginalisés.
Les failles du régime :
À partir des années 1920, l’instabilité ministérielle chronique affaiblit le régime. Cette fragilité culmine lors de la Seconde Guerre mondiale, avec l’effondrement de 1940 et la remise des pleins pouvoirs au maréchal Pétain.
Le compromis institutionnel de 1875, conçu pour être acceptable par des monarchistes majoritaires, se heurte rapidement aux réalités politiques. Dès 1876, les républicains commencent à dominer les institutions :
Un équilibre fragile s’installe, avec un gouvernement républicain dirigé par Jules Simon, mais le conflit latent entre Mac-Mahon et la majorité républicaine éclate en 1877.
Le déclencheur : la « question cléricale »
En mai 1877, des tensions éclatent autour de la place de l’Église, qui refuse de reconnaître la République. Lors d’un débat houleux à la Chambre, Léon Gambetta, figure majeure des républicains, déclare : « Le cléricalisme, voilà l’ennemi ! », illustrant l’opposition entre républicains laïcs et conservateurs catholiques.
Mac-Mahon, profondément catholique, envoie une lettre de blâme à son Premier ministre républicain, Jules Simon, qui démissionne immédiatement. Cela illustre une double dépendance du chef du gouvernement, soumis à la confiance du président et de la Chambre, propre au parlementarisme dualiste.
La dissolution de la Chambre
Mac-Mahon nomme alors un gouvernement monarchiste dirigé par le duc de Broglie, symbolisant une tentative réactionnaire d’imposer l’« ordre moral ». Face au refus de collaboration de la Chambre, Mac-Mahon ajourne celle-ci un mois (18 mai 1877) et, le 25 juin, dissout l’Assemblée avec l’accord du Sénat (149 voix contre 130).
La campagne électorale violente
Les élections législatives d’octobre 1877 sont marquées par une campagne féroce.
Le résultat est clair : bien que les républicains perdent quelques sièges, ils conservent une majorité confortable (323 contre 208 conservateurs). La tentative de Mac-Mahon pour restaurer un pouvoir exécutif fort échoue.
La fin de l’autorité présidentielle
Après la défaite électorale, Mac-Mahon hésite à tenter une nouvelle dissolution, mais le Sénat, désormais moins favorable, s’y oppose. Le Président forme un gouvernement provisoire (Rochebouët), que la Chambre refuse de reconnaître. Finalement, en décembre 1877, Mac-Mahon cède et nomme un gouvernement républicain dirigé par Dufaure.
La bascule au Sénat en 1879
Le renouvellement partiel du Sénat, le 5 janvier 1879, donne une majorité républicaine (179 contre 121). Privé de tout appui institutionnel, Mac-Mahon se résigne et démissionne le 30 janvier 1879. Jules Grévy, une figure républicaine modérée, lui succède avec un message fort de soumission à la volonté parlementaire.
L’engagement de Grévy
Dans son discours d’investiture, Jules Grévy affirme :
« Je n’entrerai jamais en lutte contre la volonté nationale exprimée par ses organes constitutionnels. »
Cette déclaration marque un tournant dans la pratique institutionnelle :
Passage au parlementarisme moniste
La crise de 1877 et la déclaration de Grévy transforment le régime parlementaire dualiste de 1875 en un parlementarisme moniste, dominé par la Chambre des députés :
Ce régime, caractérisé par la soumission de l’exécutif au législatif, s’installe durablement. Le droit de dissolution tombe en désuétude, créant un déséquilibre qui contribuera à l’instabilité gouvernementale de la Troisième République.
La crise de 1877 et la Constitution Grévy jettent les bases de la stabilité politique de la Troisième République, tout en instituant un modèle de parlementarisme qui, malgré ses succès initiaux, se révélera plus tard vulnérable à l’instabilité.
Avec le départ des monarchistes de l’Assemblée nationale et la mort du comte de Chambord en 1883, la question du régime est définitivement réglée : la République s’impose comme le régime politique de la France. Les monarchistes disparaissent progressivement de la scène politique, et les élections législatives qui se tiennent tous les quatre ans confirment systématiquement une large majorité républicaine. Désormais, les clivages politiques ne se structurent plus autour de la monarchie, mais au sein même du camp républicain, entre :
Les socialistes, autrefois révolutionnaires, commencent également à jouer un rôle parlementaire important au tournant du siècle. La politique française devient donc une confrontation entre une droite républicaine et une gauche républicaine, laissant de côté les anciennes querelles institutionnelles.
Les réformes emblématiques
Les années 1880 et 1890 sont marquées par une série de réformes majeures qui définissent le visage de la République :
Révision constitutionnelle de 1884
Une révision mineure mais symbolique intervient en 1884. Elle :
Ces ajustements renforcent la nature républicaine et démocratique des institutions.
Le général Georges Boulanger, républicain populaire et charismatique, devient ministre de la Guerre en 1886. Sa posture nationaliste et son surnom de « général revanche » (en référence à la reconquête de l’Alsace-Lorraine) le rendent immensément populaire. Soutenu par des courants néo-bonapartistes et nationalistes, il incarne une opposition à la République, jugée faible et corrompue après le scandale Wilson (vente de décorations par le gendre du président Grévy).
Le boulangisme s’effondre, mais il révèle une crise de confiance envers la République. Néanmoins, la République en sort renforcée et capable de résister aux tentations autoritaires.
En 1894, le capitaine Alfred Dreyfus, officier juif de l’armée, est accusé à tort de trahison et condamné au bagne sur des preuves falsifiées. L’affaire devient un symbole des luttes politiques et sociales :
En 1898, l’affaire prend un tournant décisif avec la publication de « J’Accuse ! » d’Émile Zola, dénonçant la falsification des preuves. Après 12 ans de combat judiciaire, Dreyfus est réhabilité par la Cour de cassation en 1906.
L’affaire Dreyfus ébranle profondément la République, mais elle renforce aussi son engagement pour la justice et l’égalité. Elle conduit à une consolidation des institutions républicaines et à une avancée de la gauche.
La République face à la guerre
La Grande Guerre est une épreuve sans précédent pour la République. Malgré les divisions sociales et politiques, une « union sacrée » se forme autour du gouvernement pour faire face à l’invasion allemande. Cette union inclut même les socialistes, qui rejoignent le gouvernement malgré leur tradition pacifiste.
Les institutions républicaines résistent aux tensions :
Victoire et réhabilitation de la République
La victoire en 1918 est perçue comme le triomphe de la République. Elle ramène l’Alsace-Lorraine, répondant à un enjeu national symbolique. Ce succès contraste avec l’échec des régimes autoritaires du XIXᵉ siècle, notamment les deux empires.
Cependant, cette victoire marque aussi le début des difficultés à venir. Les pertes humaines et matérielles sont considérables, et les tensions sociales se ravivent. La République, malgré son triomphe, entre dans une période de crise dès l’après-guerre.
Conclusion : un régime consolidé mais fragile : Entre 1879 et 1918, la Troisième République s’enracine durablement grâce à :
Malgré tout, la République reste fragile, marquée par des tensions sociales et des divisions politiques qui réapparaîtront avec force après la guerre, précipitant son déclin dans l’entre-deux-guerres.
Entre 1875 et 1914, les institutions républicaines se sont enracinées, mais un phénomène clé se développe progressivement : l’apparition des partis politiques comme principales structures d’organisation de l’opinion publique. Ce changement s’inscrit dans un mouvement européen, avec la naissance du PS allemand (1875) et l’organisation croissante des mouvements politiques jusqu’en 1905.
Les conséquences sont majeures :
Malgré une rotation rapide des gouvernements (généralement d’une durée d’un an), l’orientation politique reste cohérente, et cette instabilité n’entraîne pas encore de crises graves.
Une droite triomphante mais divisée
Les élections de 1919, marquées par une nouvelle loi électorale mêlant scrutin majoritaire et proportionnel, consacrent la victoire de la droite et du Bloc national, emmené par Clemenceau, héros de la guerre. La SFIO (socialiste) est affaiblie, et en 1920, lors du Congrès de Tours, une scission donne naissance au Parti communiste français (PCF), affilié à l’Internationale communiste.
Cependant, cette période voit émerger une bipolarisation de la vie politique :
L’instabilité chronique et les divisions
Les gouvernements successifs peinent à s’imposer face à des oppositions internes et des crises économiques. Quelques moments marquants illustrent cette instabilité :
En 1932, la victoire des gauches relance les tensions. L’incapacité des gouvernements à répondre aux crises financières, sociales et morales mène à des affrontements violents.
Le 6 février 1934 marque une rupture grave dans l’histoire de la Troisième République :
Des ligues paramilitaires d’extrême droite tentent de marcher sur l’Assemblée nationale, suscitant des affrontements violents avec la police. En réaction, des manifestations antifascistes sont organisées le 12 février, consolidant une alliance à gauche. Le régime semble vaciller, mais un gouvernement d’union nationale dirigé par Doumergue sauve temporairement la République.
En 1936, une alliance des partis de gauche, le Front populaire (socialistes, radicaux, communistes), remporte les élections. Le gouvernement de Léon Blum introduit des réformes sociales majeures :
Cependant, ces réformes se heurtent à :
Le Front populaire s’effondre en 1938, et les radicaux, sous Daladier, rejoignent un camp plus conservateur.
Les derniers mois
Les événements internationaux précipitent la République dans le chaos :
En mai 1940, l’offensive allemande écrase les forces françaises. Le gouvernement de Reynaud, renforcé par l’entrée de Pétain comme vice-président du Conseil, ne parvient pas à enrayer le désastre. Dès le 16 juin, Reynaud démissionne, et Pétain devient président du Conseil. Il demande l’armistice, signé le 22 juin 1940.
L’effondrement institutionnel
Le 10 juillet 1940, l’Assemblée nationale vote les pleins pouvoirs à Pétain, qui instaure un régime autoritaire à Vichy. Ce vote est massif : 569 voix pour, 80 contre, 17 abstentions. La Troisième République s’efface officiellement.
La résistance
En parallèle, Charles De Gaulle, réfugié à Londres, lance son appel du 18 juin 1940 et organise la résistance extérieure. À partir de 1941, une résistance intérieure se développe. L’unification de ces forces sous l’égide de Jean Moulin aboutit à la création du Comité français de libération nationale (CFLN) en 1943, devenu Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) en juin 1944.
La chute de la Troisième République marque la fin d’un régime profondément instable mais fondateur. Pendant ses 65 ans, elle a :
Cependant, son incapacité à stabiliser ses institutions et à répondre aux crises du XXe siècle a conduit à son effondrement, laissant place à la Quatrième République et, plus tard, à une Cinquième République mieux armée contre les écueils institutionnels du passé.
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